Analyse
Élections en Europe
Corinne Deloy
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Corinne Deloy
6,5 millions d'Autrichiens renouvelleront le 29 septembre prochain les 183 membres du Conseil national (Nationalrat), chambre basse du Parlement.
Le Parti social-démocrate (SPÖ) du chancelier Werner Faymann et le Parti populaire (ÖVP), dirigé par le vice-chancelier Michael Spindelegger, qui gouvernent le pays depuis 2006, vont-ils poursuivre leur grande coalition ? Telle est la question qui est au cœur du scrutin. S'ils n'obtiennent pas ensemble la majorité absolue, le prochain gouvernement pourrait regrouper 3 partis politiques. Une coalition qui serait toutefois difficile à former, le SPÖ étant opposé à toute collaboration avec le Parti libéral (FPÖ), d'extrême droite dirigé par Heinz-Christian Strache, comme avec l'Equipe Stronach pour l'Autriche, créée par l'homme d'affaires austro-canadien Frank Stronach. Les Verts, conduits par Eva Glawischnig Piesczek, refusent de gouverner avec l'ÖVP. Michael Spindelegger a qualifié de "dangereuse" la formation d'une coalition gouvernementale tripartite. L'arrivée sur la scène politique de l'Equipe Stronach ajoute une incertitude supplémentaire aux élections. Ce parti attire les électeurs mécontents mais refuse, pour l'heure, toute alliance avec les partis de gouvernement. A un mois du scrutin, la poursuite de la grande coalition SPÖ-ÖVP semble néanmoins la configuration la plus probable.
Interrogés par l'institut d'opinion Spectra, 2/3 des Autrichiens (67%) ont déclaré préférer être gouvernés par une coalition de 2 partis. La poursuite de la coalition sortante a recueilli 34% d'opinions favorables, 18% des personnes interrogées se prononçant pour un gouvernement rassemblant le SPÖ et les Verts et 11% l'ÖVP et les Verts. 27% privilégient une coalition rassemblant 3 partis. Dans ce cas, un tiers des interviewés aimeraient voir le gouvernement dirigé par le SPÖ, l'ÖVP et les Verts ; 10% se disent partisans d'ne alliance entre le SPÖ, l'ÖVP et le FPÖ.
1 - La situation politique
a) Panorama de l'Autriche politique depuis 1945
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la vie politique autrichienne est dominée par 2 partis: l'ÖVP et le SPÖ qui se sont formés sur deux clivages : la religion (l'ÖVP est le successeur du Parti chrétien social catholique qui était très lié à l'église catholique) et la classe sociale (le SPÖ est l'héritier du Parti ouvrier social-démocrate). En 1975, ces deux partis rassemblaient 93,4% des suffrages ; 84,4% encore en 1983 mais seulement les 2/3 de l'électorat (66,4%) en 1995 et un peu plus de la moitié (55%) lors des dernières élections du 28 septembre 2008.
En dépit de cette régression continue, le système politique autrichien reste l'un des plus structurés d'Europe. L'ÖVP rassemble la majorité de la classe moyenne tandis que le SPÖ recueille les suffrages de la plupart des ouvriers et des employés. En outre, un tiers des électeurs de chacun de ces partis sont membres du parti auquel ils apportent leur voix, soit l'un des taux d'adhésion les plus élevés parmi les démocraties occidentales.
L'Autriche, qui a jusqu'en 1966 été gouvernée par de grandes coalitions qui rassemblaient l'ÖVP et le SPÖ, fonctionne sur le principe du Proporzsystem, système corporatiste fondé sur le compromis et le partage du pouvoir entre les deux principaux partis ainsi que sur la coopération entre les syndicats et le patronat. Ce système a été un élément clé du retour à la paix sociale et à la stabilité. Des gouvernements monopartisans ont été formés dans les années 1960 sans empêcher le système corporatiste de continuer de fonctionner.
Dans les années 1980, deux phénomènes sont venus modifier le paysage électoral autrichien : l'apparition de nouveaux partis (notamment les verts) et la renaissance d'un ancien parti, longtemps demeuré minoritaire, le FPÖ, créé en 1956. S'en est suivi un affaiblissement des 2 "grands" partis qui ont vu leurs effectifs fondre et leur nombre de suffrages décroître. La baisse de la participation électorale a encore accru cette tendance.
Le jeu politique est alors devenu imprévisible. Longtemps exclu du pouvoir, le FPÖ obtient, en 1975, l'accès au financement public et entre au gouvernement en 1983 (en coalition avec le SPÖ). En 1987, la coalition SPÖ-FPÖ revient au pouvoir. Dirigé par Jörg Haider opposé à tout recentrage, le FPÖ se radicalise et se positionne en opposition aux 2 grands partis. Surfant sur le mécontentement des électeurs, il dépasse, une dizaine d'années plus tard, l'ÖVP en nombre de suffrages et revient au pouvoir en 2000 dans une coalition emmenée par l'ÖVP dirigée par Wolfgang Schüssel.
La percée des verts s'explique par la diffusion des valeurs post-matérialistes et par le déclin concomitant des affiliations partisanes traditionnelles. L'électorat des Verts est majoritairement féminin et plutôt diplômé, soit quasiment l'exact inverse de celui du FPÖ. Les récentes transformations politiques de l'Autriche sont également liées au contexte socioéconomique (libéralisation des mouvements de capitaux et intégration européenne).
b) Le système politique autrichien
Le parlement autrichien est bicaméral. La chambre basse, le Conseil national (Nationalrat), regroupe 183 députés élus pour 5 ans et le Conseil fédéral (Bundesrat), chambre haute, rassemble 64 représentants des 9 Länder du pays.
Les membres du Conseil national sont élus au scrutin majoritaire à Vienne et dans le Land du Vorarlberg et, dans le reste du pays, au scrutin proportionnel au sein des circonscriptions que constituent les Länder, divisés en 43 circonscriptions locales. Un parti doit impérativement recueillir au moins 4% des suffrages exprimés ou encore un mandat direct - soit environ 25% des voix dans l'une des 43 circonscriptions locales - pour entrer au Parlement. Les électeurs disposent de 2 voix : l'une pour voter pour un parti au niveau national et l'autre pour désigner un candidat dans sa circonscription locale.
Le vote est obligatoire dans 4 Länder : la Carinthie, la Styrie, le Tyrol et le Vorarlberg. Chaque ville décide de l'heure de l'ouverture et de la fermeture des urnes le jour du scrutin.
Les partis politiques possédant moins de 3 sièges au Conseil national doivent, pour participer aux élections, obtenir les signatures d'au moins 2600 électeurs. Celles-ci doivent obligatoirement être recueillies dans l'ensemble de l'Autriche : un minimum de 500 en Basse-Autriche et à Vienne, 400 en Haute-Autriche et en Styrie, 200 en Carinthie, au Tyrol et à Salzbourg et 100 dans le Burgenland et le Vorarlberg.
Le Bundesrat représente les Länder. Chaque Land est administré par un gouvernement (Landesregierung) et une Diète (Landtag). Les Länder sont compétents dans tous les domaines ne relevant pas expressément de l'Etat fédéral : aménagement du territoire, protection de l'environnement, occupation des sols, transports. Chaque Land élit à la chambre haute (au scrutin proportionnel) un nombre de représentants proportionnel à sa population (au minimum 3). Vienne, qui constitue la région la plus peuplée, compte 12 représentants. La présidence du Bundesrat revient à un Land différent tous les 6 mois, ceux-ci se succédant selon l'ordre alphabétique.
Depuis le 28 septembre 2008, tout Autrichien âgé de 16 ans est autorisé à voter aux élections. Le scrutin de 2008 a démenti la croyance selon laquelle les plus jeunes sont davantage portés à se prononcer en faveur des partis situés à gauche de l'échiquier politique. En effet, les enquêtes postélectorales ont montré que 43% des 16-29 ans ont voté pour le FPÖ (25% des 16-18 ans). Les plus jeunes avaient d'ailleurs cité l'accueil des étrangers (32,3%) comme l'enjeu principal du scrutin, devant l'éducation (23,7%). Selon les sondages, la défiance des jeunes envers les partis politiques traditionnels ne cesse d'augmenter.
5 partis politiques sont actuellement représentés au Conseil national :
– le Parti social-démocrate (SPÖ), fondé en 1888 et conduit par le chancelier sortant Werner Faymann, compte 58 députés ;
– le Parti populaire (ÖVP), de centre-droit créé en 1945 et dirigé par le vice-chancelier Michael Spindelegger, possède 50 sièges ;
– le Parti libéral (FPÖ), d'extrême droite créé en 1956 et conduit par Heinz-Christian Strache, compte 35 sièges ;
– l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ), d'extrême-droite créé en 2005 et dirigé par Josef Bucher, possède 21 sièges ;
– les Verts (DG), fondé en 1986 et conduit par Eva Glawischnig Piesczek, compte 19 députés.

2 - 7 années de coalition
L'Autriche affiche une relative bonne santé économique. Le pays est le quatrième plus riche d'Europe et possède dans tous les secteurs des indicateurs supérieurs à la moyenne européenne. La croissance du PIB a été de 0,7% en 2012 et devrait augmenter de 1% cette année. Selon les prévisions, le PIB devrait croître de 1,7% en moyenne entre 2014 et 2017. Le déficit budgétaire est au-dessous des 3% exigés par le Pacte de stabilité et de croissance de l'Union européenne et s'élèvera à 2,4% en 2013. La dette s'établissait à 73,4% en 2012. Enfin, le taux de chômage est très faible : 4,4% l'an passé. Selon une étude publiée par l'OCDE. l'Autriche a, comme sa voisine allemande, enregistré une légère baisse des inégalités de revenus (entre 7 et 10%).
Au cours des deux dernières années, le gouvernement du chancelier Werner Faymann a adopté plusieurs mesures d'austérité pour faire face à la crise économique internationale; il a notamment effectué des coupes dans les dépenses publiques, y compris dans les domaines de l'éducation et des aides sociales. En 2012, un plan d'assainissement des finances publiques de 28 milliards € a été adopté. Le gouvernement a également nationalisé 2 banques, pris des participations dans une autre et renforcé 4 de ses 5 principaux établissements bancaires par des injections de capital.
Le 26 juin dernier, le gouvernement a annoncé la mise en œuvre d'un plan de 1,59 milliard € sur 3 ans destiné à relancer l'économie du pays. Les secteurs du bâtiment, de la petite enfance et des soins à la personne sont parmi les principaux bénéficiaires de cet argent public. Les victimes des inondations du printemps dernier recevront une aide financière. La moitié de ce 1,59 milliard € doit être dépensée avant 2014. "Il est important de dire que l'on ne prend pas l'argent sur de nouvelles dettes" a déclaré le vice-chancelier Michael Spindelegger, qui a rappelé que le gouvernement n'avait pas abandonné son objectif d'atteindre l'équilibre budgétaire d'ici à 2016. A quelques semaines des élections et après le dépôt de bilan de la société Alpine Bau GmbH, n°2 de la construction (6 500 employés), le gouvernement a tenu à montrer aux électeurs qu'il était conscient de leurs difficultés économiques.
Le chancelier sortant Werner Faymann fait campagne en s'appuyant sur son bilan à la tête de l'Etat. "Nous avons garanti 1 million d'emplois à travers les exportations" a-t-il affirmé. Soulignant que le capital est, en Autriche, moins taxé que le travail, il a déclaré qu'il souhaitait créer un impôt sur les successions s'élevant à plus d'1 million €.
Comme son allié gouvernemental, l'ÖVP, emmené par Michael Spindelegger, veut assainir l'économie autrichienne. En revanche, il se refuse à toute augmentation des taxes mais promet de diminuer les impôts pesant sur les entreprises, de réduire le coût du travail et de rendre le marché du travail plus flexible. Il estime que les finances publiques peuvent être redressées par la réduction des dépenses publiques. Le vice-chancelier propose de modifier le système actuel de retraites en imposant davantage les personnes souhaitant arrêter de travailler le plus tôt possible et en offrant des réductions fiscales à celles qui acceptent de travailler plus longtemps.
3 - Où en est l'extrême droite ?
Lors du scrutin du 28 septembre 2008, les forces d'extrême droite - le FPÖ et le BZÖ - avaient rassemblé ensemble près d'un tiers des suffrages (29%). Elles étaient arrivées en tête dans les Länder de Salzbourg, du Vorarlberg et de Carinthie.
Comme dans tous les pays européens, les forces d'extrême droite, sans abandonner leur discours sur la défense des droits des "vrais Autrichiens" et leur dénonciation de l'islamisation de la société, ont toutefois, ces dernières années, fait passer leur rhétorique xénophobe au second plan pour mettre en avant les thèmes socioéconomiques, préoccupation n°1 des électeurs. Elles occupent le créneau de l'euroscepticisme. Heinz-Christian Strache se déclare pro-européen mais ce sentiment n'a, pour lui, rien à voir avec l'Union européenne. "L'Union a porté un projet de paix, ce qui est une bonne chose. Mais malheureusement, la paix sociale n'est plus garantie" a-t-il indiqué, ajoutant "Nous ne voulons pas de centralisme ni de nouveau transfert de souveraineté fiscale en faveur de Bruxelles et nous voulons reprendre le contrôle de notre destin économique". Il souhaite que ses compatriotes puissent s'exprimer par référendum sur la crise de la dette en Europe : "Avant que l'euro ne sombre comme l'a fait le Titanic, je demanderai un référendum sur l'Union économique et monétaire (UEM)". Il va même jusqu'à proposer l'organisation d'une consultation populaire "si les Vingt-huit se développent comme un super Etat centralisé, Je préfèrerais faire une alliance avec la Suisse" a-t-il affirmé, se déclarant favorable à l'entrée de la Serbie et de la Russie dans l'Union européenne.
En mars 2009, soit six mois après les élections du 28 septembre 2008 et après la mort, le 11 octobre 2008, de son leader Jörg Haider, qui avait aussi précédemment dirigé le FPÖ (1986-2005), le président du BZÖ du Land de Carinthie, Uwe Scheuch, a tenté un rapprochement avec le FPÖ. Le projet a cependant échoué à se concrétiser ; à la suite de cet échec, le président du groupe parlementaire du BZÖ, Josef Bucher, a pris la tête du parti. Il lui a fait prendre un virage libéral avant d'être à son tour contesté par plusieurs fédérations régionales comme celles de Styrie ou de Carinthie où le BZÖ a finalement fusionné avec le FPÖ. Le parti se bat pour sa survie.
4 - Deux nouveaux venus sur la scène politique
Les Verts (DG) affichent clairement leur objectif : intégrer la prochaine coalition gouvernementale et accéder enfin au pouvoir. "Pour nous, l'objectif est d'atteindre la taille qui nous permettra de former une majorité avec un autre parti" a confirmé Eva Glawischnig Piesczek. Plutôt positionnés à droite sur les questions économiques et sociales, les verts ont plusieurs fois critiqué le SPÖ dont ils jugent les réformes trop faibles. Le parti est divisé entre son aile droite et son aile gauche. Ses électeurs sont parmi les plus diplômés et disposent d'un revenu plus élevé que la moyenne des Autrichiens. S'ils se sont décalés vers la droite, ils diffèrent cependant des électeurs de l'ÖVP en ce qu'ils défendent des valeurs sociétales plus libérales. Selon une enquête postélectorale sur le scrutin régional qui s'est déroulé le 5 mai dernier dans le Land de Salzbourg, les Verts ont su attirer 14 000 électeurs de l'ÖVP et 12 000 du SPÖ.
Le 27 octobre 2012, Matthias Strolz, ancien membre de l'ÖVP, a créé Neos-La Nouvelle Autriche. Les membres de ce parti libéral se recrutent notamment parmi les anciens adhérents (ou anciens proches) des Verts et de l'ÖVP. Neos-La Nouvelle Autriche se bat pour une plus grande participation des citoyens, l'autonomisation du système éducatif, une baisse de 75% du financement des partis politiques, la maîtrise des finances publiques (aucune nouvelle dette) et une baisse des impôts. Le parti est favorable à une Europe fédérale.
Mais le parti qui semble le plus en mesure de perturber le jeu électoral et qui pourrait peser sur le résultat des forces d'extrême droite, est l'Equipe Stronach, fondée le 27 septembre 2012 par Frank Stronach.
Né Franz Strohsack en 1932 à Gutenberg an der Raabklamm (sud du pays), Frank Stronach a quitté l'école à 14 ans et travaillé comme apprenti mécanicien dans un atelier d'outillage avant de partir pour le Canada, où il a fait fortune à la tête de l'entreprise Magna, équipementier automobile (qui fournit notamment BMW, Toyota, Hyundai ou Peugeot) situé à Aurora, près de Toronto. La société possède 256 usines dans 26 pays et emploie 107 000 personnes. La fortune de son dirigeant a été évaluée en 2011 à 1,7 milliard $ par le magazine américain Forbes, ce qui faisait de lui le 21e Canadien le plus riche.
Frank Stronach a tenté - en vain - de démarrer une carrière politique outre-Atlantique en se portant candidat aux élections législatives canadiennes de 1988 sous l'étiquette du Parti conservateur (PCC) où il a été battu. Sa fille Belinda a été députée du parlement canadien en 2004 et, après avoir rejoint le Parti libéral (PLC), est devenue ministre des Ressources humaines dans le gouvernement dirigé par Paul Martin en 2005.
2 députés du BZÖ (Christoph Hagen et Elisabeth Kaufmann-Bruckberger), 1 élu du SPÖ (Gerhard Köfer), les indépendants Robert Lugar et Erich Tadler ainsi que le député Stefan Markowitz ont rejoint l'Equipe Stronach lors de sa création, ce qui a permis au nouveau parti d'avoir un groupe parlementaire (dirigé par Robert Lugar) et de disposer d'une marge de manœuvre au sein du Parlement. Il possède 1 élu au Conseil fédéral (Gerald Zelina).
Le programme du parti est un mélange de libéralisme économique et d'euroscepticisme. S'il se déclare pro-européen, Frank Stronach est opposé à la monnaie unique et qualifie la création de l'euro de "faute gigantesque". Il propose la création d'un euro à taux flexible, soit une monnaie commune flottante, indexée sur le dynamisme économique du pays. Dans ce système, un euro grec ne vaudrait par exemple que 40% d'un euro allemand ou autrichien. Frank Stronach prévoit également de mettre en place un plan Marshall pour les économies défaillantes d'Europe du Sud. Au plan intérieur, son programme s'articule autour de 3 priorités : la réduction de la dette, la simplification du système fiscal et la lutte contre la bureaucratie, qualifiée d'"obèse". Il affirme que l'Autriche est "surgouvernée", "surbureaucratisée" et "suradministrée". Il est favorable à la baisse des taxes pour les entreprises et à l'établissement d'un impôt à taux unique pour la TVA, l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés (flat tax) entre 20% et 40%, ce qui, selon lui, stimulerait la création d'emplois, réduirait la bureaucratie et relancerait la croissance économique.
Frank Stronach souhaite la création d'une nouvelle chambre des représentants qui serait formé par des citoyens tirés au sort et la réduction à 2 du nombre de mandats fédéraux pour les membres de son parti. Favorable à l'immigration choisie, il affirme que "seul celui dont on a besoin en Autriche et qui peut améliorer le bien commun doit être autorisé à y immigrer".
Frank Stronach s'est fixé pour objectif de recueillir au moins 10% des suffrages aux élections. "C'est la première fois en 50 ans que les gens ont la chance de pouvoir voter pour quelqu'un de nouveau". Selon les enquêtes d'opinion, les partis d'extrême droite FPÖ et BZÖ sont ceux qui devraient le plus souffrir de l'arrivée sur la scène politique de l'Equipe Stronach, qualifiée de "création artificielle juste destinée à troubler le jeu politique" par Heinz-Christian Strache. Frank Stronach refuse d'être comparé à Jörg Haider. "Tout d'abord, je suis un entrepreneur doté d'une fibre sociale qui a créé beaucoup d'emplois. Deuxièmement, je suis opposé à toute discrimination. Jörg Haider a probablement contribué à changer le système mais à part cela, je n'ai rien à voir avec lui" a-t-il souligné. "Frank Stronach utilise un sentiment anti-parti et anti-establishment et réussit plutôt bien" a déclaré Markus Wagner, politologue à l'université de Vienne. "Pour beaucoup d'Autrichiens, Frank Stronach a une vie impressionnante et il parle de ce qui intéresse les gens mais sa jeune équipe va devoir en montrer plus avant de devenir un élément important de la politique nationale" affirme David Pfarrhofer de l'institut d'opinion Market.
5 - Quelles leçons tirer des quatre scrutins régionaux de 2013 ?
Depuis le début de cette année, les forces politiques autrichiennes ont eu l'occasion de se mesurer à 4 reprises lors d'élections régionales. Certes, le contexte et les enjeux étaient différents dans chaque Land et ces scrutins ne peuvent être considérés comme prédictifs des élections à venir ; ils nous éclairent néanmoins sur le contexte politique actuel de l'Autriche.
Première observation : l'ÖVP s'est maintenu au Tyrol (28 avril) et en Basse-Autriche (3 mars) où il conserve sa majorité absolue, 2 régions qu'il gouverne depuis 1975. Il a remporté le Land de Salzbourg (5 mai), où le SPÖ a subi un sérieux revers consécutif au scandale financier qui avait ébranlé le gouvernement local et qui avait conduit à ce scrutin anticipé.
Les élections régionales n'ont en revanche pas été très satisfaisantes pour le SPÖ. Seule bonne nouvelle : le 3 mars, il a reconquis la Carinthie, un Land industriel et ouvrier qu'il avait dirigé de 1945 à 1999.
Les forces d'extrême droite enregistrent un recul en Basse-Autriche et au Tyrol. Elles progressent légèrement à Salzbourg mais s'effondrent en Carinthie. Le Parti libéral de Carinthie (FPK), emmené par Kurt Scheuch, a subi un sévère revers en recueillant 16,85% des suffrages. Le BZÖ a obtenu 3,80% des voix. Dans ce Land, l'extrême droite a perdu 26,05 points entre 2009 et 2012.
Enfin, l'Equipe Stronach a recueilli des résultats variés : 11,18% en Carinthie où, conduit par Gerhard Köfer, il a pris des voix à tous les partis mais surtout aux forces d'extrême droite ; 9,8% en Basse-Autriche et 8,3% à Salzbourg. Dans ces 2 derniers Länder, il est entré au gouvernement régional. Il a en revanche échoué au Tyrol, où il a recueilli 3,4% des suffrages.
Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Spectra, le SPÖ devrait arriver en tête des élections du 29 septembre prochain avec 29% des suffrages. Il devancerait l'ÖVP qui recueillerait 27%. Les 2 partis disposeraient ensemble de la majorité absolue et pourraient poursuivre leur alliance à la tête de l'Etat. Le FPÖ occuperaient la 3e place avec 20% suivis des Verts, 15%, et de l'Equipe Stronach,8%. Le BZÖ flirte avec la barre de 4% indispensable pour être représenté au Conseil national. 8 Autrichiens sur 10 (80%) se disent certains de se rendre aux urnes.
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