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La quasi unanimité des Islandais qui sont allés voter le 6 mars par référendum sur la loi sur l'accord Icesave ont rejeté le texte : 93% ont voté "non" pour seulement 2% qui se sont prononcés pour le "oui".
La participation s'est élevée à 54,50% pour cette première consultation populaire organisée dans le pays depuis 1944 (année du référendum sur la proclamation d'indépendance de l'Islande).
La Premier ministre, Johanna Sigurdardottir (Parti de l'alliance social-démocrate), et le ministre des Finances, Steingrimur Sigfusson, avaient annoncé qu'ils ne se rendraient pas aux urnes. La faiblesse de la participation peut également s'expliquer par le fait que ce référendum apparaissait sans grande signification, voire inutile, puisqu'il concernait un texte déjà quasiment obsolète, les deux parties – Islande d'un côté et Pays-Bas et Royaume-Uni de l'autre – étant en cours de négociations pour un nouvel accord. "Nous avons fait des progrès certains, nous nous approchons d'un accord. Je pense qu'un accord significativement meilleur pour l'Islande est proche" a déclaré le ministre des Finances, Steingrimur Sigfusson, le 4 mars. Le lendemain, il faisait paraître un communiqué dans lequel il affirmait que les négociations se poursuivaient et exprimait sa confiance dans le fait que les parties en présence parviendraient rapidement à un nouvel accord. Des propos repris par le ministre des Affaires étrangères, Össur Skarphendinsson.
Le Président de la République Olafur Ragnar Grimsson, à l'origine du scrutin par son refus de signer, le 5 janvier dernier, la loi sur l'accord Icesave, a défendu l'utilité du référendum. "La décision de convoquer un référendum a déjà eu pour résultat que les Britanniques et les Néerlandais se sont crus obligés d'introduire une meilleure offre" a-t-il indiqué.
Le refus du Président Grimsson a conduit le gouvernement à soumettre le texte à référendum comme l'exige la Constitution islandaise. Le 6 mars, les Islandais ont donc suivi leur Chef de l'Etat en votant massivement contre l'accord voté par les députés fin décembre 2009.
Le référendum a été l'occasion de quelques manifestations. Pour protester contre la loi sur l'accord Icesave, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le Parlement à Reykjavik munies pour certaines de casseroles rappelant le mouvement de l'automne 2008 qui avait provoqué la chute du gouvernement dirigé par Geir H. Haarde (Parti de l'indépendance). "Pas d'Icesave. Pas de traîtres au pouvoir. Le pays est innocent" ou "Sauvez plutôt nos maisons", tels étaient les slogans que l'on pouvait entendre. "Cet accord est inacceptable pour toute nation souveraine" a déclaré Magnus Arni Skulason, membre fondateur de l'association Indefence, collectif à l'origine de plusieurs pétitions contre l'accord Icesave. "C'est un accord obtenu sous la contrainte, avec des menaces de la part du Royaume-Uni et des Pays-Bas qui ont utilisé contre l'Islande leur influence au Fonds monétaire international et au sein de l'Union européenne" a-t-il ajouté. "Le résultat peut être interprété comme un cri de défi ou comme une conclusion écrite d'avance" a analysé le ministre des Affaires étrangères Ossur Skarphedinsson à l'annonce des résultats.
Le Fonds monétaire international (FMI) s'est abstenu de tout commentaire. Le ministre de l'Economie, Gylfi Magnusson, avait mis en garde sur le fait que le "non" au référendum risquait d'entraîner un possible retard dans le versement du prêt accordé à l'Islande (le FMI accordé 2,1 milliards $ à Reykjavik en novembre 2008 ; un milliard $ reste à verser).
La Premier ministre Johanna Sigurdardottir, a exclu de démissionner à l'issue du scrutin. "Ce référendum n'a pas d'impact sur la vie du gouvernement" a-t-elle déclaré. "Nous devons continuer et terminer le débat sur Icesave. Nous devons arriver à un accord" a t-elle conclu. Le gouvernement, auquel il est reproché de consacrer beaucoup de temps à l'affaire Icesave, se doit de trouver rapidement un nouvel accord avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas sous peine de se trouver véritablement affaibli et de voir sa candidature à l'Union européenne entravée. La Commission européenne a pris note le 7 mars du "non" massif des Islandais, mais souligné que l'accession du pays à l'Union européenne relevait d'un "processus séparé". Toutefois les Islandais devront bien finir, d'une façon ou d'une autre, par s'acquitter de la dette d'Icesave.
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