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Le 4 juillet prochain, les Polonais devront départager les deux candidats arrivés en tête le 20 juin lors du 1er tour de l'élection présidentielle : Bronislaw Komorowski (Plateforme civique, PO), maréchal (président) de la Diète, Chambre basse du Parlement, et actuel Chef de l'Etat par intérim, a recueilli 41,2% des suffrages ; Jaroslaw Kaczynski (Droit et justice, PiS), frère jumeau du Président sortant, Lech Kaczynski, décédé dans un accident d'avion le 10 avril dernier, a obtenu 36,7% des voix.
Le leader du principal parti de gauche (Alliance de la gauche démocratique, SLD), Grzegorz Napieralski, est arrivé en 3e position avec 13,7% des suffrages. "Le résultat de Grzegorz Napieralski montre que les électeurs de gauche se réveillent en Pologne" a indiqué le politologue Kazimierz Kik.
L'ancien leader de l'Union de la politique et partisan de la monarchie, Janusz Korwin-Mikke (Liberté et règne du droit, WiP), a obtenu 2,5%, Waldemar Pawlak (Parti paysan polonais, PSL), actuel vice-Premier ministre et ministre de l'Economie du gouvernement dirigé par Donald Tusk (PO) 1,8%, Andrzej Olechowski, candidat indépendant soutenu par le Parti démocratique (SD) 1,4%, Andrzej Lepper (Autodéfense de la Pologne-Samoobrona, S) 1,3%, et Marek Jurek (Droit de la République de Pologne, PR) 1%. Enfin, les deux autres candidats, Boguslaw Zietek et Kornel Morawiecki, sont en dessous de 1% (0.2 et 0.1%).
La participation a été plus importante que lors du 1er tour de la dernière élection présidentielle des 9 et 23 octobre 2005 et s'est élevée à 52%, soit + 2,3 points.
"Je suis heureux et comblé du soutien et de la confiance de millions d'électeurs polonais. Dans la vie comme dans le football et dans toutes les disciplines sportives, c'est la prolongation qui est la plus difficile. Soyons en conscients, mobilisons nos forces et toute notre énergie pour cette finale de la course présidentielle" a déclaré Bronislaw Komorowski.
A priori, le candidat de la Plateforme civique (PO) au pouvoir dispose d'une plus grande réserve de voix que son adversaire pour le 2e tour. L'Alliance de la gauche démocratique et le Parti paysan polonais, allié de la Plateforme civique au gouvernement, devraient, tout comme le candidat indépendant Andrzej Olechowski, appeler à voter en faveur de Bronislaw Komorowski. Selon une enquête d'opinion réalisée par l'institut CBOS au début juin, 52% des personnes se positionnant à gauche sur l'échiquier politique se disaient prêtes à accorder dès le 1er tour leur voix au candidat de la PO (pour seulement 23% qui déclaraient qu'ils voteraient pour Grzegorz Napieralski) dans le but de barrer la route à Jaroslaw Kaczynski.
"La clé de la victoire, c'est la foi, c'est la conviction qu'il est possible et qu'il est nécessaire de gagner. Nous devons gagner pour notre patrie, pour la Pologne" a indiqué Jaroslaw Kaczynski. Le candidat de Droit et justice (PiS), parti tardivement en campagne, a cependant réussi à réduire la distance qui le séparait de Bronislaw Komorowski. Il a mené une campagne fondée sur le thème de la solidarité, en tenant un discours nouveau envers ses ennemis historiques russe et allemand (remerciant les Russes de leurs témoignages de sympathie après le décès de son frère jumeau et se déclarant prêt à coopérer avec la Chancelière Angela Merkel) et cherchant à attirer les électeurs positionnés au centre de l'échiquier politique. "Jaroslaw Kaczynski joue la carte du vieux grand-père affable qui veut se servir de la tragédie nationale (le décès du Président de la République) pour surmonter les vieilles animosités et unir la nation" a indiqué Preston Keat, d'Eurasia Group.
"La campagne électorale sera calme et silencieuse, sans conflit" affirmait Lena Kolarska-Bobinska, députée européenne, quelques jours après l'accident du 10 avril dernier. Elle ne s'est pas trompée. Tout en retenue, la campagne électorale a été particulière. La vive émotion soulevée par le décès accidentel de 96 hautes personnalités polonaises a été amplifiée par les inondations qui ont ravagé le sud-est du pays faisant plus d'une vingtaine de morts et obligeant de nombreuses personnes à abandonner leurs maisons. Les deux principaux candidats ont multiplié les visites aux victimes, se sont recueillis l'un après l'autre devant le tombeau de Lech Kaczynski à Cracovie et ont enfin tous deux achevé leur campagne à Gdansk, berceau du mouvement Solidarnosc.
"La campagne électorale s'est déroulée de manière totalement inhabituelle pour deux raisons: elle a été imposée par l'accident de l'avion présidentiel et a ensuite été marquée par les inondations, une tragédie qui a réellement dominé l'actualité depuis la mi-mai" a indiqué Stanislaw Mocek, politologue à l'Académie polonaise des sciences.
Le 2e tour aura lieu le 4 juillet, période de vacances pour de nombreux Polonais, et notamment pour les partisans de Bronislaw Komorowski, plus enclins à partir à l'étranger durant leurs congés. Dans cette perspective, les autorités ont décidé d'ouvrir des bureaux de vote sur les lieux de vacances préférés des Polonais (Egypte, Turquie, Espagne). Craignant une faiblesse de la participation qui serait favorable au PiS dont les électeurs sont souvent plus mobilisés, le Premier ministre Donald Tusk n'a pas hésité à brandir la menace d'une nouvelle cohabitation à la tête de l'Etat. "C'est une élection très importante du point de vue politique. Plus que jamais, elle peut trancher : soit nous restons figés dans un conflit épouvantable, soit nous continuerons à avancer" a-t-il déclaré en accomplissant son devoir citoyen dans la ville de Sopot. "Un succès de Jaroslaw Kaczynski serait un enfer politique" a affirmé le Chef du gouvernement accusant les partisans du candidat du PiS de mener une campagne de dénigrement visant "à prouver que Donald Tusk collabore non seulement pour la Wehrmacht mais aussi pour l'Armée rouge et que Bronislaw Komorowski est le laquais des grandes puissances menées par la Russie".
Selon toutes les enquêtes d'opinion, Bronislaw Komorowski devrait s'imposer lors du 2e tour de scrutin. Jaroslaw Kaczynski aura-t-il assez de 2 semaines pour créer la surprise ?
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