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Le parti du Premier ministre sortant, Robert Fico, Direction-Démocratie sociale (SMER-SD), est arrivé en tête des élections législatives le 12 juin en Slovaquie. Il a recueilli 34,79% des suffrages et remporté 62 sièges, soit +12 par rapport au précédent scrutin du 17 juin 2006. Le Parti national slovaque (SNS) de Jan Slota, autre parti du gouvernement sortant, a obtenu 5,07% des voix (9 sièges, - 11) ; quant au Mouvement pour une Slovaquie démocratique (LU-HZDS), dirigé par l'ancien Premier ministre (1993-1998) Vladimir Meciar, partenaire des deux précédents partis au gouvernement, il échoue à franchir la barre des 5% de suffrages obligatoires pour être représenté au Conseil national de la République, Chambre basse du Parlement. Le parti recueille 4,32% des suffrages et perd donc ses 15 députés. Ensemble, SMER-SD et le SNS obtiennent 71 des 150 sièges du Parlement, soit – 4 que la majorité absolue.
Le principal parti de l'opposition, l'Union démocratique et chrétienne-Parti démocratique (SDKU-DS) dirigée par Iveta Radicova, recueille 15,42% des voix (28 sièges). Il est suivi par Liberté et solidarité (SaS), parti créé par Richard Sulik, 12,14% des suffrages (22 sièges), le Mouvement chrétien-démocrate (KDH) de Jan Figel, 8,52% des voix (15 sièges, + 1) et Most-Hid (Pont), nouveau parti représentant les minorités ethniques et dirigé par Bela Burgar, 8,12% et 14 sièges. Ces 4 partis disposent ensemble de 79 sièges au Parlement, soit la majorité absolue. Enfin, le Parti de la coalition hongroise (SMK), présidé par Pal Csaky, est l'un des grands perdants de ces élections législatives. Il recueille 4,33% des suffrages, il est exclu du Parlement et perd ses 20 députés.
On se réjouira de la hausse de la participation, phénomène que l'on a rarement l'occasion d'observer ces dernières années. 58,83% des Slovaques se sont rendus aux urnes, soit + 4,13 points de plus par rapport au scrutin législatif du 17 juin 2006.
"Le changement est à portée de main. Les citoyens ont manifesté leur volonté, ils ont opté pour la voie de la responsabilité, pour une voie qui assurera la solution des problèmes principaux de ce pays. La principale tâche qui nous attend est de parvenir à stopper l'augmentation de la dette publique. Permettez-moi d'exprimer mon souhait que la Slovaquie soit à nouveau qualifiée de "tigre d'Europe" a déclaré la leader du SKDU-DS, Iveta Radicova, à l'annonce des résultats.
"Un changement essentiel se produit en Slovaquie, qui va se manifester dans tous les domaines de la politique" a souligné le directeur de l'Institut des Affaires publiques, Grigorij Meseznikov, qui a ajouté que ce résultat marquait "un retour à la voie empruntée en 1998 qui avait conduit à l'adhésion de la Slovaquie à l'Union européenne et à l'Otan et à l'adoption de réformes de fond". "C'est le point final qui marque la fin d'une évolution anormale depuis la naissance, en 2006, d'une coalition formée de populistes et de nationalistes radicaux" a conclu le politologue. "N'importe quelle alliance vaut mieux qu'un gouvernement avec Robert Fico" a déclaré le leader de Liberté et solidarité, Richard Sulik qui s'est dit prêt à s'allier à autant de partis que nécessaire pour former une majorité parlementaire.
Le Premier ministre sortant, Robert Fico, n'a toutefois pas hésité à utiliser les mots de "succès absolu" pour évoquer le résultat de son parti et celui de ses alliés. Le Chef du gouvernement sortant a estimé que le score de SMER-SD, arrivé en tête du scrutin, lui donnait le droit de former un gouvernement. "Ce résultat nous permet d'accepter du Président de la République la mission de former un gouvernement. Nous y sommes prêts. Il est difficile de prédire ce qui va désormais se passer. Si nous échouons, nous respecterons un gouvernement de droite et nous constituerons une opposition tenace, claire et énergique prête à se combattre tout texte qui aurait pour objectif de modifier les lois sur le travail ou la protection sociale" a-t-il déclaré. Evoquant les 4 partis d'opposition– SKDU-DS, Liberté et solidarité, KDH et Most-Hid – qui pourraient s'unir pour former le prochain gouvernement, Robert Fico a indiqué : "Ce conglomérat n'a aucune chance de survivre". "Robert Fico va essayer d'attirer les autres partis à lui mais le fossé est devenu si profond depuis ces dernières semaines qu'il n'a pratiquement aucune chance d'y parvenir" a souligné le politologue Samuel Abraham. Le 13 juin, le Président de la République, Ivan Gasparovic, proche du Premier ministre sortant, l'a chargé de former le futur gouvernement. "Il y a plusieurs possibilités politiques, mais je veux charger le vainqueur des élections de la tâche former le gouvernement. Je suis convaincu que le parti crédité du plus grand soutien des électeurs mérite cette chance" a indiqué le Chef de l'Etat.
"J'ai envie de pleurer, je suis très triste pour mes Slovaques" a déclaré le leader nationaliste Jan Slota sur la chaîne de télévision TA3. "Si un parti politique hongrois entre au gouvernement, il y aura une autonomie politique du Sud de la Slovaquie durant son mandat" a-t-il précisé.
Née en 1956 et originaire de Bratislava, Iveta Radicova, sociologue de formation, a été ministre du Travail, des Affaires sociales et de la Famille entre 2005 et 2006 dans le gouvernement dirigé par Mikulas Dzurinda (SDKU). Elue députée lors des élections législatives du 17 juin 2006, elle choisit de renoncer à son mandat après avoir été critiquée pour avoir voté au Parlement à la place d'une parlementaire absente, Tatiana Rosova. "J'ai commis une erreur et l'unique manière de me purifier était de renoncer à mon mandat" avait-elle déclaré à l'époque. En 2009, elle est la candidate – malheureuse – de l'opposition à l'élection présidentielle (21 mars et 4 avril) mais recueille un résultat honorable au 2e tour de scrutin (44,46%) où elle affronte le Chef de l'Etat sortant, Ivan Gasparovic qui est réélu à son poste en obtenant 55,53% des voix. En février 2010, elle est élue à la tête du SDKU-DS où elle remplace l'ancien Premier ministre (1998-2006) Mikulas Dzurinda. Celle qui fut la première femme sociologue de son pays pourrait bien également en devenir la première femme Premier ministre.
Les résultats des élections législatives slovaques ressemblent beaucoup à ceux du scrutin de même nature qui s'est déroulé en République tchèque voisine il y a deux semaines (les 28 et 29 mai). Si les sociaux-démocrates sont arrivés en tête des élections, les forces de droite, bien que fragmentées, ont in fine remporté le scrutin. Comme leurs voisins tchèques, les Slovaques ont choisi de faire confiance à des partis de création récente. Comme eux, ils ont exprimé leurs doutes sur la généreuse politique sociale proposée par les sociaux-démocrates à l'heure où toute l'Europe adopte des politiques d'austérité.
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