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La coalition de centre droit Unité emmenée par le Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis gagne largement les élections législatives en Lettonie

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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4 octobre 2010
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Les électeurs lettons ont déjoué les prévisions des instituts d'opinion en votant de façon massive pour la coalition Unité (Vienotoba) emmenée par le Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis lors des élections législatives organisées le 2 octobre. Unité, alliance de trois partis – Nouvelle ère (JL), parti du Chef du gouvernement dirigé par Solvita Aboltina, l'Union civique (PS), présidée par Girts Valdis Kristovskis, et la Société pour une autre politique (SCP) – a recueilli 30,72% des suffrages et 33 sièges à la Saiema, Chambre unique du Parlement.

Le Centre de l'harmonie (SC), coalition d'opposition de gauche regroupant le Parti de l'harmonie nationale, le Nouveau centre et le Parti social-démocrate dirigée par Janis Urbanovics, est arrivé en 2e position, en progression par rapport au scrutin législatif du 7 octobre 2006, avec 25,69% des voix (29 sièges). Les deux blocs électoraux étaient donnés au coude à coude par les sondages jusqu'à la veille du scrutin.

L'Union des paysans et des verts (ZZS), qui regroupe l'Union des paysans lettons, le Parti vert et Pour la Lettonie/Ventspils, est arrivée en 3e position avec 19,42% des suffrages (22 sièges).

Vient ensuite la coalition Pour une bonne Lettonie qui réunit le Parti populaire (TP) d'Andris Skele, Premier de Lettonie-Voie lettone (LPP-LC) d'Ainars Slesers, Pour une meilleure Lettonie et trois partis régionaux qui a obtenu 7,55% des voix (8 sièges), soit un résultat égal à celui de l'alliance Union nationale composée de l'Union pour la patrie et la liberté (TB/LNNK) de Roberts Zile et du parti d'extrême droite, Tous pour la Lettonie (VL).

Enfin, Pour les droits de l'homme dans une Lettonie unie (PVTCL), parti défenseur de la minorité russophone situé à gauche sur l'échiquier politique, échoue à passer la barre des 5% des suffrages exprimés pour être représenté à la Saiema et ne recueille que 1,41% des voix.

La participation a été très légèrement supérieure à celle enregistrée lors du scrutin législatif du 7 octobre 2006 (+ 0,72 point) et s'est établie à 62,60%. C'est dans les régions russophones (région de Latgale, 52,54%) que les électeurs se sont le plus abstenus. Les Lettons, pourtant très désabusés envers leurs institutions et leurs hommes politiques dans lesquels la grande majorité semble avoir perdu toute confiance, n'ont donc pas boudé le chemin des urnes.

Les électeurs ont donc majoritairement souhaité reconduire leur Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis, homme de la rigueur, car ils estiment que c'est la seule solution pour remettre la Lettonie, très affectée par la crise économique sur la voie de la croissance.

"Je voudrais remercier tous les électeurs qui ont soutenu la coalition Unité. Ils ont clairement voté pour la stabilité et la continuité. Plusieurs partis politiques ont appelé à rejeter le remboursement du prêt de la communauté internationale et le programme de stabilisation économique en promettant toutes sortes de miracles. Mais les Lettons n'ont pas acheté ce programme" a déclaré le Premier ministre. Valdis Dombrovskis a qualifié ce vote de "bonne surprise". Il a indiqué que le gouvernement sortant avait recueilli une "majorité convaincante", ce qui lui donnait "la légitimité de continuer le travail entrepris". Le gouvernement sortant qu'il dirigeait réunissait, outre son parti Nouvelle ère, l'Union des Verts et des paysans, qui a fait partie de toutes les coalitions gouvernementales depuis l'indépendance du pays en 1991, et l'Union pour la patrie et la liberté. "Nous avons discuté de nouvelles opportunités de coopération et sommes prêts à poursuivre notre travail" a indiqué le Premier ministre sortant.

"C'est une victoire énorme pour Valdis Dombrovskis" a déclaré Morten Hansen, directeur du département d'économie à la Stockholm School of Economics de Riga. "Nous avons là la pire récession de l'Union européenne, les mesures d'austérité les plus dures et les gens disent tout de même "nous faisons confiance à cet homme pour qu'il continue"" a-t-il ajouté. "C'est une grande victoire. C'est assez étonnant dans le contexte européen. De quelle façon les électeurs ont-ils réagi à la crise économique ? En votant pour le Premier ministre qui leur promet des mesures d'austérité" a renchéri Nils Muiznieks, professeur de science politique à l'université de Lettonie.

"Nous ne pouvons ignorer ou exclure le Centre de l'harmonie" a affirmé Solvita Aboltina, leader de Nouvelle ère. "Nous devons penser à la façon dont nous pouvons démocratiser le Parlement et nous devons le faire avec l'opposition" a-t-elle souligné. "Nous allons discuter avec tous les partis politiques dont le Centre de l'harmonie Nous ne sommes pas parvenus jusqu'à présent à nous entendre sur plusieurs questions. Mais nous n'avons pas l'intention d'isoler ce parti" a précisé le Premier ministre sortant. "Il est important de comprendre combien il serait déraisonnable d'ignorer le pouvoir et la légitimité que le Centre de l'harmonie a gagné avec son grand nombre de suffrages" a souligné Roberts Kilis de la Stockholm School of Economics de Riga.

Le directeur de l'institut d'opinion Latvijas Fakti, Aigars Freimanis, n'hésite pas à envisager une participation du Centre de l'harmonie à la coalition gouvernementale sortante. "Faire entrer le Centre de l'harmonie au gouvernement permettrait à ce dernier de se protéger de la colère de la population lors des prochaines coupes budgétaires" a-t-il déclaré. Janis Urbanovics, leader du Centre de l'harmonie, a d'ores et déjà averti : "Vous pensez vraiment former un gouvernement sans nous ? Vous voulez des élections anticipées ?" s'est-il écrié, déçu de ne pas voir son parti, qui faisait la course en tête depuis plusieurs mois dans les enquêtes d'opinion, arriver en tête du scrutin.

"Nous avons pris nos responsabilités, nous avons assuré la solvabilité du pays et rétabli progressivement la croissance et nous devons maintenir le cap. Mais la crise n'est absolument pas terminée et nous avons encore un important travail devant nous" répétait encore le Premier ministre sortant en se rendant dans son bureau de vote. "Il n'y a pas de raison d'être euphorique. Il y a encore beaucoup de travail" a-t-il affirmé après l'annonce des résultats. La rigueur et le sérieux de Valdis Dombrovskis ont finalement convaincu les électeurs que le chemin fait de sacrifices importants choisi par le gouvernement sortant était le seul capable de remettre le pays sur pied et d'assurer l'avenir des Lettons.

Le principal parti d'opposition, le Centre de l'harmonie, leur promettait pourtant d'atténuer les conséquences sociales de la politique d'austérité menée par le gouvernement en renégociant les conditions du remboursement du prêt de 5,27 milliards de lats (7,05 milliards €) que le Fonds monétaire international (1,30 milliard €) et l'Union européenne (3,1 milliards €) ont accordé à la Lettonie en décembre 2008. Le Président de la République, Valdis Zatlers, qui désignera le prochain Premier ministre, avait d'ores et déjà fait savoir que le respect du remboursement du prêt alloué au pays par la communauté internationale constituerait un critère déterminant de son choix. Il avait également précisé que le désir du Centre de l'harmonie de mettre un terme à l'intervention militaire de la Lettonie en Afghanistan était incompatible avec l'obtention de postes ministériels.

Physicien et économiste de formation, ancien économiste en chef de la Banque centrale de Lettonie et ex-ministre des Finances (2002-2004), Valdis Dombrovskis, âgé de 39 ans (il est le plus jeune Premier ministre de l'Union européenne), conserve donc le poste de Premier ministre qu'il occupe depuis le 26 février 2009. Elu député aux élections législatives du 5 octobre 2002 après avoir mené une carrière de physicien puis d'économiste, il est nommé ministre des Finances du gouvernement dirigé par Einars Repse (JL) la même année. Il quitte sa fonction en 2004 lors de la démission de la coalition sortante et est élu au Parlement européen le 12 juin 2004, poste dont il démissionnera en février 2009 pour prendre la tête du gouvernement letton.

"Il s'agit du scrutin le plus important depuis l'indépendance car il déterminera de quel côté nous allons nous tourner" avait déclaré Sandra Kalniete, ancienne ministre des Affaires étrangères (2002-2004) et députée européenne, avant le scrutin. Les Lettons ont donc choisi la continuité, synonyme de politique d'austérité douloureuse, et fait preuve de maturité politique en reconduisant la coalition sortante. Il s'agit de la seconde reconduction d'un gouvernement de centre droit en Lettonie après 2006.

Outre les réformes structurelles nécessaires à la consolidation de l'économie lettone, le prochain gouvernement devra parvenir à réduire de 6% le budget de l'année 2011 pour assurer l'avenir du pays, un "travail difficile" selon les propres termes de Valdis Dombrovskis.

Source : Site internet de la Commission électorale centrale de Lettonie (http://www.velesanas2010.cvk.lv )

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