Elections législatives en Lettonie 2 octobre 2010

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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6 septembre 2010
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Elections législatives en Lettonie 2 octobre 2010

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Le 2 octobre prochain, soit le premier samedi d'octobre comme le prévoit la Constitution du pays, les Lettons sont appelés aux urnes pour renouveler les 100 membres de la Saiema, Chambre unique du Parlement. 64 bureaux de vote seront ouverts dans 24 pays pour ce scrutin qui s'avère particulièrement intéressant pour trois raisons principales. Tout d'abord, parce qu'il intervient à une période difficile et cruciale pour la République balte qui a été le pays de l'Union européenne le plus touché par la crise économique internationale et dans lequel le programme de redressement gouvernemental est vraisemblablement l'un des plus courageux. Ensuite, parce que dans cet Etat de 2,3 millions d'habitants, ces élections législatives sont les premières qui verront voter les personnes nées après l'indépendance (21 août 1991). Enfin, le paysage politique letton s'est quelque peu recomposé. Les principaux partis politiques, nombreux et mouvants dans le pays, se sont regroupés au sein de cinq coalitions pour les élections législatives, ce qui pourrait contribuer à asseoir leur positionnement et leur offrir une plus grande latitude d'action. Le Président de la République Valdis Zalters a indiqué qu'il aimerait que le prochain gouvernement parvienne à se maintenir au pouvoir durant les 4 prochaines années. Il a cité en exemple l'Estonie où Andrus Ansip (Parti de la réforme, RE) occupe la fonction de Premier ministre depuis de nombreuses années et attribué à la stabilité de son gouvernement les raisons de la meilleure santé économique du pays.

1 239 personnes (dont 72% d'hommes et 28% de femmes) inscrites sur 13 listes sont candidates aux élections législatives du 2 octobre prochain, soit le plus faible nombre de listes jamais enregistrées pour un scrutin de ce type en Lettonie. Le regroupement des partis politiques au sein de blocs électoraux explique cette situation. 87% des députés sortants se représentent.

Une sortie de crises ?

La Lettonie a connu durant des années des taux de croissance de son PIB exceptionnels grâce à une forte consommation intérieure, un marché immobilier en effervescence et une politique de crédit facile (les banques scandinaves notamment ont beaucoup prêté – en euro – aux Lettons). Ce pays, à l'économie la plus dynamique d'Europe, a été très fortement affecté par la crise économique de 2008. Alors que le PIB croissait de 12,2% en 2006 et encore de 10,2% en 2007, il s'est contracté de 18% en 2009. Le chômage qui s'élevait à 4,8% en avril 2008 est monté aux environs de 15% ; l'inflation, qui atteignait 9,8% en 2008, est en forte baisse (- 2,8% en avril 2010). Fin 2008, l'économie lettone était revenue à son niveau de 2005. La Lettonie, surnommé jusqu'à il y a peu le "tigre balte", n'a été sauvée de la faillite en décembre 2008 que par les prêts de 5,27 milliards de lats (7,05 milliards €) que lui ont accordé le Fonds monétaire international (1,30 milliard €) et l'Union européenne (3,1 milliards €). Le pays a reçu 1,4 milliard de dollars des pays nordiques, 400 millions € de la Banque mondiale et 500 millions € de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD). Condition de cette aide : un ferme engagement du gouvernement à combler le déficit budgétaire et à stabiliser le secteur bancaire. De fait le gouvernement a mis en œuvre une politique de rigueur sans précédent et, à bien des égards, exemplaire. Le déficit budgétaire devrait, en 2010, être inférieur au plafond fixé par le FMI (7% pour 8,5%).

Le représentant du FMI en Europe centrale et orientale, Mark Allen, a rappelé que la Lettonie devait absolument veiller à ce que ses salaires ne croissent pas plus vite que sa productivité, que l'entreprenariat ne soit pas surtaxé, que les prix n'augmentent pas plus vite qu'à l'étranger et que ses finances publiques restent contrôlées. "Nous sommes très impressionnés par ce qui a été réalisé par le gouvernement actuel et nous ne voudrions pas voir ces efforts réduits à néant par une autre politique" a-t-il déclaré. Une réforme fiscale reste nécessaire à la Lettonie afin d'empêcher un accroissement du déficit public et de la dette du pays.

La crise économique a avivé la crise politique, latente depuis plusieurs mois. En octobre 2006, la coalition sortante, formée par le Parti populaire (TP) et dirigée par le Premier ministre sortant Aigars Kalvitis, avait été reconduite au pouvoir, une première dans l'histoire lettonne. En décembre 2007, Ivars Godmanis (Premier de Lettonie-Voie lettone, LPP-LC) le remplaçait à la tête du gouvernement. Il propose alors, en vain, à l'opposition de droite de rejoindre son gouvernement. Devant la crise économique qui frappe son pays, il choisit de ne pas dévaluer la monnaie nationale et met en place une politique d'austérité (baisse des salaires et des dépenses publiques). Fin 2008 et début 2009, Riga a été secouée par des protestations, les manifestants – salariés, agriculteurs – s'en prenant à l'incompétence des politiques accusés d'avoir laissé le pays s'enfoncer dans la crise. Le 13 janvier 2009, la foule jette des pierres contre des véhicules de police ainsi que contre la façade du Parlement et du ministère des Finances. Le Premier ministre sera contraint à la démission le 20 février 2009 après que deux des membres de sa coalition eurent décidé de lui retirer leur soutien. Le 12 mars 2009, Valdis Dombrovskis (Nouvelle ère, JL) devient Premier ministre. Il accentue la politique d'austérité mise en œuvre par son prédécesseur. Il effectue de sévères coupes budgétaires, diminue de 10% les pensions de retraite et de 35% le salaire des fonctionnaires. Il réduit le nombre des fonctionnaires : en octobre 2009, ils étaient 12 700 de moins qu'à la fin de l'année 2008. Six mois après son arrivée au pouvoir, il augmente les impôts : + 3 points pour l'impôt sur le revenu et + 3 points pour la TVA, qui s'élève désormais à 21%. En mars 2010, le Parti populaire choisit de quitter le gouvernement après avoir échoué à rallier les trois autres partis de la coalition gouvernementale (Nouvelle ère, l'Union pour la patrie et la liberté, TB/LNNK, et l'Union des Verts et des paysans, ZZS) à sa proposition de gel des hausses d'impôt. Valdis Dombrovskis se retrouve donc à la tête d'un gouvernement minoritaire (rassemblant seulement 44 des 100 sièges du Parlement). Si la crise économique a rendu l'exercice du pouvoir difficile, le Premier ministre reste l'homme politique le plus respecté du pays.

La permanence entretenue du clivage Lettons/Russes

La Lettonie possède la minorité russophone la plus nombreuse des trois Républiques baltes. Des Russes installés du temps de l'Union soviétique et qui ne souhaitent pas retourner en Russie où les conditions de vie et de travail n'ont pas bénéficié de l'adhésion à l'Union européenne et de la modernisation du pays. Selon les chiffres officiels datant de juillet 2004, les Lettons dits "de souche" représentent 58,7% de la population et les "Russes", 28,8%. Le letton est la langue maternelle de 58,2%habitants, le russe de 37,5%. La minorité russophone est majoritaire dans sept des huit plus grandes villes du pays dont Riga. Cette division de la population a été exacerbée, largement de l'extérieur, pour en faire un enjeu politique en Lettonie.

Ainsi 400 000 personnes, soit 17,3% de la population (chiffres fournis par le directeur de la Commission électorale centrale de Lettonie, Arnis Cimdars), en majorité de langue maternelle russe, ne possèdent pas la nationalité lettone mais n'étant pas ressortissantes d'un autre pays, sont sans nationalité et la plupart possèdent un passeport de "non-citoyens lettons". Ce statut leur donne le droit de résider dans le pays et l'accès aux services sociaux. Les "non-citoyens" ne sont cependant pas autorisés à voter aux élections nationales et locales ou à travailler dans la police ou l'armée. Ils doivent obtenir un visa pour se rendre dans certains pays.

Lors de l'indépendance du 21 août 1991, seuls les habitants du pays ayant été citoyens lettons avant la Seconde Guerre mondiale (et leurs descendants) ont eu le droit d'acquérir automatiquement la nationalité lettone. De nombreuses personnes, ayant quitté le pays ou immigrée d'Union soviétique, se sont retrouvées apatrides. En 1994, une première loi les autorisait à demander la nationalité lettone par naturalisation. En 1998, une nouvelle loi facilitait l'accès à la citoyenneté. Obtenir la nationalité lettone nécessite des conditions : il est obligatoire de résider dans le pays depuis 5 ans au minimum, naturellement de parler le Letton et de connaître l'histoire, la culture et la Constitution du pays. Enfin, les nouveaux citoyens doivent prêter serment et renoncer à leur ancienne nationalité. En 2008, le Président russe Dmitri Medvedev a signé un décret qui simplifie les demandes de visas pour les anciens citoyens soviétiques résidents en Lettonie et en Estonie, une mesure qui a suscitée de nombreuses critiques dans les deux Républiques baltes et qui met en évidence le jeu trouble joué par la Russie face à ce délicat problème résultant de l'occupation soviétique.

Le professeur d'économie à la Stockholm School of Economics de Riga, Vyacheslav Dombrovski, se montre très critique sur la façon dont a été gérée la situation après l'indépendance. "Soit ils interdisaient aux Russes de voter, soit ils garantissaient le droit de vote à tous sans restriction. Ils ont choisi l'entre-deux alors aujourd'hui, ils ont le vote ethnique" analyse-t-il. "Les Russes sont insatisfaits parce qu'ils n'ont pas les mêmes droits que les Lettons, alors ils votent "russe". Les Lettons de leur côté sont mécontents parce que les Russes qui vivent dans le pays n'apprennent pas le letton, alors ils votent "letton"" précise-t-il. Aussi les partis politiques lettons se déterminent de plus en plus en fonction des intérêts d'un groupe ethnique déterminé et le clivage droite-gauche s'estompe souvent devant cet état de fait.

Les partis lettons sont favorables à l'économie de marché et à l'intégration européenne. Les principales différences tiennent essentiellement aux enjeux qu'ils choisissent de mettre en avant. ""Sortir du communisme" est le slogan des Lettons qu'effraie tout ce qui vient de la gauche. C'est un sentiment profond qui remonte à plusieurs générations. La gauche est perçue comme proche du passé, de l'Union soviétique et de toutes les choses terribles qui se sont passées durant le temps de l'URSS" affirme Aigars Freimanis, directeur de l'institut d'opinion Latvijas Fakti. Les valeurs social-démocrates sont à la hausse depuis la récente crise économique internationale. Le Parlement a voté une loi sur la langue lettone qui oblige les médias à diffuser 65% de leurs programmes en letton (et au moins 40% entre 6h du matin et 11h du soir). Le gouvernement s'est fixé pour objectif que l'ensemble de la population du pays parle couramment le letton d'ici 2030.

Le système politique letton

Les 100 membres de la Saeima sont depuis 1998 élus pour 4 ans au scrutin proportionnel selon la méthode de Sainte-Lagüe. Tout parti politique doit recueillir au moins 5% des suffrages exprimés pour être représenté au Parlement. Pour les élections législatives, la Lettonie est divisée en 5 districts électoraux : Riga, Vidzeme, Latgale, Zemgale et Kurzeme. Le nombre de sièges à pourvoir dans chaque circonscription est fixé par la Commission centrale électorale quatre mois avant le vote en fonction des effectifs du Registre de la population. Les candidats au scrutin législatif doivent être âgés d'au moins 21 ans. Depuis 2009, les personnes ayant travaillé comme techniciens dans les anciens services de sécurité soviétiques sont autorisés à se présenter aux élections. Par ailleurs, les candidatures multiples sont désormais interdites : toute personne ne peut se présenter que dans une seule circonscription.

7 partis politiques sont représentés à la Saiema.:

- Le Parti populaire (TP), actuellement dans l'opposition, positionné à droite sur l'échiquier politique et fondé en 1998 par l'homme d'affaires et ancien Premier ministre (1995-1997 et 1999-2000) Andris Skele qui en est toujours le leader. Le parti compte 23 députés ;

- L'Union des Verts et des paysans (ZZS), présidée par Augusts Brigmanis qui regroupe l'Union des paysans lettons et le Parti, compte 18 sièges ;

- Nouvelle ère (JL), parti du Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis situé à droite sur l'échiquier politique, compte 18 députés ;

- Le Centre de l'harmonie (SC), parti russophone successeur du Parti communiste de la République soviétique socialiste de Lettonie et dirigé par l'ancien journaliste de la First Baltic Channel et actuel maire de Riga, Nils Usakovs, a obtenu 17 sièges ;

- Premier de Lettonie-Voie lettone (LPP-LC), dirigé depuis novembre 2009 par Ainars Slesers, siège dans l'opposition avec 10 députés ;

- L'Union pour la patrie et la liberté (TB/LNNK), parti nationaliste et libéral dirigé par Roberts Zile, possède 8 sièges ;

- Pour les droits de l'homme dans une Lettonie unie (PVTCL), parti situé à gauche sur l'échiquier politique, défenseur de la minorité russophone et dirigé conjointement par la députée européenne Tatiana Zdanoka et Jakovs Pliners, compte 6 députés.

Le Parlement letton a adopté une loi qui introduit le financement des partis politiques par l'Etat. Tout parti ayant recueilli au moins 2% des suffrages exprimés lors des élections législatives recevra chaque année 0,5 lats (0,71 €) par voix. Le Centre de l'harmonie (SC) a été le seul parti à voter contre cette loi déclarant qu'il était "cynique et amoral d'accepter une telle mesure alors que des gens meurent de faim". La Lettonie est le seul pays de l'Union européenne à ne pas disposer de législation sur les subventions accordées aux partis politiques. Par conséquent, la forte dépendance des partis envers les oligarques, voire des financements venus de l'étranger, constitue l'un des principaux problèmes du pays. Les chefs d'entreprise ont été rapidement intégrés dans les mouvements et partis politiques qui se sont créés au moment de la chute du communisme et de l'accession à l'indépendance. Ils sont toujours fortement représentés dans les institutions empêchant à la fois le système politique de s'autonomiser (les partis ne sont pas considérés comme des institutions publiques) et entravant l'émergence d'une véritable société civile.

Un échiquier politique recomposé

5 grandes forces politiques seront en concurrence le 2 octobre prochain.

Le 6 mars dernier, Nouvelle ère dirigée par Solvita Aboltina, l'Union civique, parti composé de membres de Nouvelle ère qui ont quitté le parti il y a 2 ans et d'indépendants présidé par Girts Valdis Kristovskis, conseiller municipal de Riga, et la Société pour une autre politique (SCP), conduite par Aigars Stokenbergs, ont formé "Unité" (Vienotoba).

Le 10 février dernier, le Parti de l'harmonie nationale, le Nouveau centre et le Parti social-démocrate ont formé "l'alliance du Centre de l'harmonie".

Le 26 avril, le Parti populaire, Premier de Lettonie-Voie lettone, Pour une meilleure Lettonie dirigé par le directeur de la chaîne de télévision LNT, Andrejs Ekis, et 3 partis régionaux (dont le Peuple de Latgale, LT, Rezekne uni, VR et Pour le district d'Ogre, ON) se sont unis au sein d'un mouvement appelé "Pour une bonne Lettonie".

Le 28 mai, Unité a refusé d'intégrer en son sein l'Union pour la patrie et la liberté et le parti d'extrême droite, Tous pour la Lettonie (VL) de Ratvis Dzintars ; les deux partis se sont alors unies dans l'alliance "Union nationale".

Outre ces 4 coalitions, on trouve également "l'Union des Verts et des paysans" présidée par Augusts Brigmanis qui regroupe l'Union des paysans lettons et le Parti vert auxquels s'est joint en juin dernier le parti Pour la Lettonie et Ventspils.

Unité

Les fondateurs d'Unité veulent consolider les forces politiques et sociales lettones fondée sur des valeurs communes et une organisation unitaire. Ils souhaitent créer une nouvelle culture politique et bâtir une "Lettonie juste et européenne".

Selon le Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis, le pays fait face à deux problèmes majeurs : la faible compétitivité de ses entreprises et leur incapacité à exporter. "Unité" se bat pour une réforme du secteur public et de la fiscalité. Le chef du gouvernement veut réduire les dépenses publiques, limiter le déficit budgétaire et augmenter les impôts pour répondre aux exigences de ses bailleurs (notamment le FMI et l'Union européenne). "Une partie de la réduction des dépenses sera couverte par la croissance économique et une hausse correspondante des taxes" a-t-il affirmé. Valdis Dombrovskis a déclaré qu'il ne procéderait plus à aucune nouvelle réduction de salaires dans la fonction publique. Il a indiqué qu'il envisageait, après le vote du budget de 2011, de vendre des parts que possède l'Etat dans la banque Citadele pour augmenter les revenus du pays.

Sandra Kalniete, députée européenne, figure historique de l'indépendance du pays, premier commissaire européen letton et ancien ministre des Affaires étrangères, l'une des personnalités les plus respectées de Lettonie, désire faire d'Unité une force politique représentant la majorité de la société, la classe moyenne, les actifs et les patriotes. "Je pense que la Lettonie a besoin de stabilité politique et de gouvernements qui durent, ce qui veut dire des partis et des syndicats plus importants et des coalitions plus claires et plus solides ; par conséquent, nous devons nous entendre avec nos rivaux sur la scène politique sur le fait qu'à l'issue des élections législatives, le parti qui a recueilli le plus grand nombre de suffrages doit être celui qui formera le gouvernement. Cela doit devenir un principe" a-t-elle déclaré. Son parti, l'Union civique, a proposé de modifier le système électoral en augmentant le nombre de circonscriptions et en autorisant l'élection des maires et du Président de la République au suffrage universel direct. Le Chef de l'Etat est, en Lettonie, désigné par le Parlement.

Le président de l'Union civique, Girts Valdis Kristovskis, conduira la liste d'Unité à Riga ; le Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis celle du district de Vidzeme ; la leader de Nouvelle ère Solvita Aboltina celle de Kurzeme (Courlande) ; Sarmite Elerte, ancienne rédactrice en chef du quotidien Diena et présidente de la Société Meierovics pour une réforme progressive, celle de Zemgale et Aleksejs Loskutovs, ancien chef du service anticorruption et membre de la Société pour une autre politique, celle de Latgale. Solvita Aboltina a déclaré que son parti soutenait l'engagement de personnalités de la société civile qu'il voit "comme la possibilité d'augmenter la confiance publique dans les partis et dans le système politiques".

Deux problèmes devraient toutefois rapidement se poser à Unité : le bloc comprend de nombreux partis, ce qui peut s'avérer compliqué à gérer ; et il s'est coupé de l'alliance du Centre de l'harmonie comme du mouvement Pour une bonne Lettonie et ne peut par conséquent envisager une alliance post-électorale avec aucun de ces deux autres blocs.

Le Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis avait émis le souhaite d'une coopération avec le Centre de l'harmonie mais l'aile droite de Nouvelle ère a refusé de l'envisager. Depuis la victoire du Centre de l'harmonie aux dernières élections municipales du 7 juin 2009, le leader de l'Union civique, Girts Valdis Kristovskis a quelque peu modifié sa position envers le parti de gauche. "Nous verrons les leçons que nous pouvons tirer de l'administration de Riga ces prochaines années" a-t-il indiqué. L'Union civique exige cependant que le Centre de l'harmonie change de position sur l'histoire récente de la Lettonie. "Ils doivent montrer davantage de flexibilité et sortir de leur position actuelle qui dresse un bilan positif de l'occupation du pays. Pour moi, c'est essentiel. La moitié de ma famille a été tuée ou déportée durant la première année de l'occupation soviétique" a-t-il déclaré.

Pour une bonne Lettonie

Andris Skele, leader du parti populaire, a exprimé le souhait que Pour une bonne Lettonie rassemble des actifs de talent à l'esprit d'entreprise capables de construire un meilleur environnement politique, économique et culturel. "En rassemblant les meilleurs esprits du pays, nous pouvons amener le changement. C'est notre devoir de faire tous les efforts pour parvenir à ce que dans trois ans, la crise ne soit plus qu'un souvenir" a-t-il indiqué. Il a affirmé que le Parti populaire a abandonné l'attitude arrogante qui était la sienne pendant plusieurs années. Beaucoup d'analystes voient dans cette alliance entre le Parti populaire et Premier de Lettonie-Voie lettone un mariage d'intérêt : Ainars Slesers dont le parti est puissant à Riga a besoin des votes des petites villes et des campagnes et Andris Skele, dont le parti est à la peine dans les enquêtes d'opinion, souhaite maintenir l'assisse de son parti.

Pour une bonne Lettonie a déposé la liste de ses 115 candidats qui comprend 90 hommes et 25 femmes. Ainars Slesers mènera la liste à Riga ; Rita Strode, vice-maire de Daugavpils, celle de Latgale ; l'ancien Premier ministre (1995-1997 et 1999-2000) Andris Skele celle de Zemgale ; Ainars Bastiks, celle de Kurzeme et l'ancien Président de la République (1993-1999), Gundis Ulmanis, celle de Vidzeme. L'ancien Chef de l'Etat fait donc son retour sur la scène politique. "Je continue à faire ce que je faisais de façon plus intense. Je ne veux pas me limiter à commenter, critiquer ou évaluer" a-t-il déclaré le 12 juin dernier.

Ainars Slesers, candidat au poste de Chef du gouvernement, ne se reconnaît qu'un seul adversaire : le Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis. "J'ai beaucoup de respect pour Janis Urbanovics (Centre de l'harmonie) mais il ne sera jamais Chef du gouvernement. Nous coopérerons avec le Centre de l'harmonie au Parlement mais Janis Urbanovics ne sera pas le prochain Premier ministre" a-t-il déclaré. Selon lui, le Centre de l'harmonie a déjà la lourde tâche de gérer Riga. "Si le peuple accepte l'occupation financière de la Lettonie, Valdis Dombrovskis restera Premier ministre. Mais s'il veut défendre les intérêts nationaux, je suis prêt à servir la nation lettone" a-t-il ajouté. En cas de victoire de son parti le 2 octobre prochain, Andris Skele devrait occuper le poste de ministre des Finances.

Le leader du Parti populaire met en avant l'importance du modèle traditionnel de la famille. Il souhaite faire économiser 1 000 lats (1 400 €) à chaque jeune qui travaille et paie des impôts de façon à réduire l'émigration des jeunes. Il désire rendre obligatoire les cours de lecture de Bible à l'école (dont les non chrétiens et les athées seraient dispensés s'ils formulent leur demande par écrit). "En dépit de la séparation de l'Eglise et de l'Etat par la Constitution lettone, la chrétienté est une valeur fondatrice de l'identité européenne et la première qui régit les relations humaines" affirment les auteurs du projet de loi.

Les deux partis sont favorables à une réduction de la bureaucratie, à une baisse des impôts et à un soutien à l'entreprenariat et la création de nouveaux emplois. La coalition, qui se bat pour la disparition du déficit budgétaire, souhaite voir la Lettonie cesser d'emprunter de l'argent à l'étranger et dénonce régulièrement la coopération avec le FMI et l'Union européenne. Andris Skele a suggéré de vendre certaines des entreprises nationales telles que l'Office national des forêts (LVM), la compagnie d'électricité Latvenergo ou l'entreprise de télécommunications Lattelecom. "Notre modèle est l'Irlande, pays où les hommes politiques et les hommes d'affaires se sont unis pour assurer le développement du pays" indique Ainars Slesers.

Union nationale

Union nationale, fortement nationaliste, s'est fixé pour objectif de faire de la Lettonie un Etat de droit démocratique et national qui préserve les valeurs lettones et met fin aux conséquences de l'occupation et de la colonisation du pays. "Nous souhaitons consolider l'idéologie nationaliste aux élections et pour parvenir à accomplir notre but – la création d'une Lettonie lettone –, notre parti a décidé de coopérer avec Tous pour la Lettonie" a indiqué le leader de l'Union pour la patrie et la liberté, l'ancien ministre de la Justice, Gaidis Berzins. "La situation politique de la Lettonie où des groupes pro-russes se renforcent activement autour du Centre de l'harmonie exige de chacun de faire tout ce qui est de son possible pour assurer la représentation la plus grande des partis lettons au Parlement" a-t-il ajouté. "Je suis confiant sur le fait que la coopération entre partis nationalistes permettra la défense des intérêts nationaux, fera la différence et empêchera les partis favorables au Kremlin de prendre le pouvoir lors des élections législatives, nous avons la possibilité de renforcer la Lettonie lettone et la prospérité économique du pays" a déclaré le leader de Tous pour la Lettonie, Ratvis Dzintars. Gaidis Berzins conduira la liste à Kurzeme ; Imants Paradnieks à Zemgale et Peteris Tabuns à Latgale.

L'Union nationale est défavorable à une réforme fiscale mais souhaite voir l'impôt sur le revenu baisser et les taxes sur le capital augmenter. Elle est favorable à une hausse des taxes foncières pour assainir le marché immobilier. Roberts Zile, leader de l'Union pour la patrie et la liberté, sera le candidat de l'Union nationale au poste de Premier ministre. "Notre union procure un idéal à ceux qui n'ont pas perdu confiance dans les idéaux d'un Etat letton socialement juste" a-t-il affirmé, ajoutant. "Nous avons demandé à chaque parti de dire publiquement qu'ils ne collaboreront pas avec le Centre de l'harmonie. Aucun leader politique n'a accepté de faire une telle déclaration. Nous sommes donc les seuls à affirmer que nous n'accepterons de siéger dans une coalition gouvernementale qui comprendrait également le Centre de l'harmonie. Plus nos résultats seront élevés et plus nous pourrons empêcher cette formation d'accéder au pouvoir".

Union des Verts et des paysans

Aivars Lembergs, maire de Ventspils, premier port du pays et aboutissement de la principale voie de transit du commerce russe à travers la Lettonie, est le candidat au poste de Premier ministre de la coalition rassemblant l'Union des Verts et des paysans et Pour la Lettonie et Ventspils. L'homme, qui fait partie de la liste des hommes les plus riches du pays, est poursuivi par la justice depuis de nombreuses années. Il est accusé de corruption et de blanchiment d'argent dans des transactions ayant eu lieu entre 1993 et 1995. On le soupçonne d'avoir perçu 453 000 lats (640 000 €) de dividendes de la part d'une compagnie suisse d'investissement, Multinord AG.

Le 22 juillet dernier, Aivars Lembergs annonçait qu'il ne serait pas candidat aux élections législatives. "J'ai décidé de ne pas me présenter au scrutin. Cela a été une décision difficile pour moi parce que les enquêtes d'opinion montrent que je bénéficie d'un grand soutien. Mais j'ai confiance et sais que l'Union des Verts et des paysans va remporter les élections législatives. Je pense toutefois que mon travail au Parlement serait moins utile que celui que j'effectue à la mairie de Ventspils" a-t-il déclaré. Cette décision est cependant un coup dur pour le parti tant Aivars Lemberg bénéficie du soutien populaire. "Cela ne fait aucune différence qu'il soit ou non sur la liste. Il reste notre candidat au poste de Premier ministre, ce qui est ce sur quoi se prononcent en priorité les électeurs" a affirmé Augusts Brigmanis, qui espère que l'Union des Verts et des paysans recueillera 20 sièges au Parlement.

Aivars Lemberg a dénoncé la main mise de "l'oligarchie de la finance internationale" sur la Lettonie. Il a affirmé que le gouvernement avait pris dans le plus grand secret des engagements à l'égard des institutions internationales, sans en informer les partis politiques au pouvoir ni surtout le peuple letton. "La Lettonie a déjà été vendue" répète t-il, assurant que plusieurs entreprises nationales seront vendues par le Premier ministre Valdis Dombrovskis et le ministre des Finances Einars Repse après les élections pour éponger les dettes. Aivars Lembergs a déclaré qu'il ne voyait aucune objection à ce que son parti coopère avec le Centre de l'harmonie après les élections législatives du 2 octobre prochain.

Pour les élections législatives du 2 octobre prochain, l'Union des Verts et des paysans a fait appel à de nouvelles têtes possédant "une éducation européenne et une pensée moderne" selon les mots de son président. Le ministre sortant de l'Environnement, Raimonds Vejonis, conduira la liste à Riga ; le président de la Saiema, Gundars Daudze, à Kurzeme ; Augusts Brigmanis à Zemgale ; Stanislavs Skesters à Latgale et Janis Duklavs à Vidzeme.

Centre de l'harmonie

Le Centre de l'harmonie, dirigé par Janis Urbanovics, candidat au poste de Premier ministre, est la seule alliance positionnée à gauche sur l'échiquier politique. Si les partis qui la composent ne sont ni nostalgiques de l'ex-Union soviétique ou révisionnistes comme certains partis russophones, la position du Centre de l'harmonie sur les enjeux dont il a fait ses priorités (langue, citoyenneté et position de la Lettonie sur la scène internationale) différent de ceux des autres partis. Janis Urbanovics ne s'intéresse pas aux seuls électeurs russophones et sous sa direction, son parti a opéré plusieurs changements : bannissement du drapeau rouge, modération de sa position sur l'utilisation et la reconnaissance de la langue russe, etc. "Nous ne sommes pas un parti pro-Moscou, nous sommes un parti letton indépendant. Nous n'acceptons pas l'approche ethnique et nous n'acceptons pas la manipulation de la Lettonie au nom de la géopolitique. Mais il est idiot lorsque l'on a un voisin aussi puissant que la Russie de ne pas en tenir compte. Toutes les grandes entreprises rêvent du marché russe" affirme ainsi Boris Cilevic, député.

Le Centre de l'harmonie s'oppose à la baisse des pensions de retraites ainsi qu'à la poursuite de la hausse de la TVA. Il affirme que l'on ne pourra mettre fin à l'évasion fiscale tant que les Lettons ne pourront être certains que les impôts dont ils s'acquittent leur reviennent vraiment. Il souhaite augmenter le revenu non imposable à partir de 2013. Janis Urbanovics affirme que le vote du prochain budget montrera que la crise économique est loin d'être terminée et que la hausse récente des exportations (celles-ci ont augmenté de 22% durant les cinq derniers mois comparé à la même époque de l'année 2009 selon un rapport d'Eurostat) n'est que "le résultat de manipulations mathématiques".

Si le Centre de l'harmonie bénéficie de bons résultats dans les enquêtes d'opinion, il reste isolé. Lors des élections municipales du 7 juin 2009, il a fait alliance avec Premier de Lettonie à Riga. Son leader, Ainars Slesers, et le maire de la ville, Nils Ushakov, ont signé un partenariat stratégique pour diriger la capitale.

Sandra Kalniete a qualifié le parti de "syndicat soutenu par Moscou" ; l'ancienne Présidente la République (1999-2007) Vaira Vike-Freiberga, personnalité de dimension internationale dont le mandat à la tête de l'Etat demeure la référence pour la grande majorité des Lettons, a déclaré que si elle était à la tête du pays, elle demanderait aux autorités de poursuivre le leader du Centre de l'harmonie, qui, selon elle, a laissé entendre qu'il pourrait être à l'origine de violences ethniques si son parti pour former la prochaine coalition gouvernementale.

Largement en tête jusqu'à il y a encore quelques semaines, le Centre de l'harmonie accuse une légère baisse dans les enquêtes d'opinion les plus récentes. Le dernier sondage publié le 31 août dernier le crédite de 14,43% des voix et de 30 sièges, soit juste un peu mieux que la coalition Unité qui recueillerait 13% des suffrages (31 sièges). Le recul du Centre de l'harmonie pourrait s'expliquer par la hausse d'un autre parti russophone, Pour les droits de l'homme dans une Lettonie unie. Hormis ces deux partis, cinq autres partis devraient passer le seuil des 5% de suffrages exprimés obligatoires pour entrer au Parlement. Il s'agit de l'Union des Verts et des paysans, du Parti populaire et de Premier de Lettonie-Voie lettone rassemblés dans la coalition Pour une bonne Lettonie et de l'Union pour la patrie et la liberté et de Tous pour la Lettonie, membres de l'Union nationale.Cependant, à un mois du scrutin, environ un cinquième des électeurs sont toujours indécis quant à leur vote.

Source : Commission électorale centrale de Lettonie http://www.cvk.lv/cgi-bin/wdbcgiw/base/saeima9.GalRezS9.vis

Elections législatives en Lettonie 2 octobre 2010

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