Elections législatives en Slovénie, 21 septembre 2008

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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1 septembre 2008
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Elections législatives en Slovénie, 21 septembre 2008

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Le 16 juin dernier, le Président de la République slovène, Danilo Türk, signait le décret convoquant les électeurs à renouveler le 21 septembre prochain le Drzavni Zbor (Assemblée nationale), Chambre basse du Parlement.

La campagne électorale a démarré le 22 août dernier. 1 699 286 électeurs sont appelés aux urnes. La loi électorale stipule que les partis présentant des candidats dans l'ensemble des circonscriptions ne sont pas autorisés à dépenser plus de 680 000 € pour leur campagne électorale (0,40 € par électeur). Les entreprises dont l'Etat détient plus de 25% du capital ne peuvent participer financièrement à la campagne. Enfin, les candidats élus se verront rembourser 0,33 € par suffrage obtenu.

Les analystes politiques s'attendent à un changement de majorité. Le Premier ministre, Janez Jansa, (Parti démocrate, SDS) qui gouverne depuis 2004 avec le soutien du Parti populaire (SLS), de Nouvelle Slovénie (NSi) et du Parti démocratique des retraités (DeSUS), pourrait, si l'on en croit les enquêtes d'opinion, être mis en minorité.

Le système politique slovène

La Slovénie possède un Parlement bicaméral. Le Drzavni Zbor (Assemblée nationale) compte 90 membres, élus tous les 4 ans au scrutin proportionnel (la Constitution garantit un siège à chacun des minorités italienne et hongroise). Le Drzavni Svet (Conseil national) est élu tous les 5 ans au suffrage indirect et comprend 40 membres : 18 représentants des secteurs professionnels et socio-économiques (4 pour les employeurs, 4 pour les salariés, 4 pour les agriculteurs, les petits entrepreneurs et les travailleurs indépendants et 6 pour les organisations à but non-lucratif) et 22 membres représentant des intérêts locaux. Le rôle du Conseil national est consultatif.

7 partis politiques sont représentés dans l'Assemblée nationale sortante :

- le Parti démocrate (SDS), principale formation politique du pays, est dirigé par le ministre de l'Education, Milan Zver, et se situe à droite de l'échiquier politique. Il compte 29 députés ;

- le Parti libéral démocrate (LDS), principale formation d'opposition, est dirigé par Katarina Kresal depuis le 1er juillet dernier. Membre de toutes les coalitions gouvernementales entre 1992 et 2004 à l'exception d'une interruption de quelques mois en 2000, il possède 23 sièges ;

- le Parti social-démocrate (SD), situé à gauche de l'échiquier politique et issu de l'ancien Parti communiste (PCS), est présidé par l'ancien président de l'Assemblée nationale, Borut Pahor, il compte 10 députés ;

- le Parti populaire (SLS), créé en 2000 et dirigé par Boja Srot, compte 7 sièges ;

- la Nouvelle Slovénie (NSI), membre de la coalition gouvernementale, est dirigée par l'ancien Premier ministre (3 mai -17 novembre 2000) et actuel ministre des Finances, Andrej Bajuk. Elle compte 9 députés ;

- le Parti démocratique des retraités (DeSUS), présidé depuis 2005 par l'actuel ministre de la Défense Karl Erjavec, est membre de la coalition gouvernementale et possède 4 députés ;

- le Parti national (SNS), d'extrême-droite, présidé par Zmago Jelincic, compte 6 députés.

Quatre ans de gouvernement de Janez Jansa

Janez Jansa essuie actuellement deux critiques principales.

Il est tout d'abord accusé de ne pas avoir su endiguer la hausse de l'inflation. Celle-ci s'est établie à 3,8% en 2007 et devrait atteindre 5,6% en 2008. En juin dernier, l'augmentation des prix a atteint 7%, soit le taux le plus élevé depuis 6 ans. Selon le ministre des Finances, Andrej Bajuk (NSi), le secteur non commercial constitue la principale raison de l'inflation. "L'économie slovène est très ouverte ; en 2007, notre pays a exporté plus de 70% de ce qu'il a produit, ce qui montre combien il est compétitif" a-t-il déclaré à l'hebdomadaire Demokracija. L'inflation devrait être l'un des thèmes majeurs du débat électoral. La croissance du PIB, qui était de 6,1% en 2007, est en recul et devrait atteindre 4,5% en 2008 et 4% l'année suivante. La Slovénie a adopté l'euro le 1er janvier 2007.

Pour tenter d'endiguer le mécontentement populaire et dans la perspective des élections législatives, le gouvernement de Janez Jansa a signé en juin dernier un accord avec 21 des 27 syndicats de la fonction publique qui prévoit une hausse de 13% des salaires dans les deux prochaines années.

Le Premier ministre se voit également reprocher d'avoir perdu le contact avec la population, ainsi que les liens qu'il entretient avec les milieux d'affaires. Le Parti démocrate et ses partenaires gouvernementaux ont donc devant eux une bataille difficile. En dépit de certains succès, notamment la gestion de la présidence slovène de l'Union européenne au 1er semestre 2008, le mécontentement populaire est patent et les forces gouvernementales ont du mal à défendre la politique menée ces quatre dernières années.

Selon le sociologue Matej Makarovic de la Faculté de sciences sociales appliquées, le tassement des investissements étrangers constitue l'un des principaux points faibles du gouvernement. Pour le politologue Milan Balazic, professeur de cette même faculté, Janez Jansa a fait trop de concessions aux différents membres de sa coalition gouvernementale, ce qui l'a empêché de mener à bien sa politique.

Les partis de la coalition gouvernementale ont été devancés par ceux de l'opposition lors des élections municipales des 22 octobre et 12 novembre 2006. Le Parti libéral-démocrate a remporté 17 municipalités, le Parti démocrate 26 villes et le Parti populaire 49. Au total, la coalition gouvernementale au pouvoir l'avait emporté dans 85 municipalités sur les 210 que compte le pays. "Les électeurs ont montré au Premier ministre Janez Jansa que quelque chose n'allait pas mais ils n'ont pas donné de quelconque signe que les forces d'opposition constituaient une alternative" analysait à l'époque le politologue Vlado Miheljak. "Les partis politiques sont les perdants de ce scrutin. Les électeurs ont manifesté leur préférence pour des actions non guidées par la seule politique" affirmait Irena Baclija de l'université des sciences sociales de Ljubljana.

Les forces en présence

Premier parti d'opposition, le Parti libéral-démocrate a élu son nouveau leader, Katarina Kresal, à Zalec le 1er juillet dernier. Agée de 34 ans et quasiment inconnue du grand public, elle a recueilli 287 suffrages, loin devant le maire de Zagorje, Matjaz Svagan, qui a obtenu 42 voix. Katarina Kresal succède à Jelko Kacin qui dirigeait le parti depuis début 2006 et devient la première femme à diriger un parti politique en Slovénie. La victoire aux élections législatives du 21 septembre prochain est son premier objectif. Elle veut "se débarrasser du gouvernement actuel qui nous maintient au XXe siècle". Elle accuse l'équipe du Premier ministre Janez Jansa de persister dans l'erreur. "Le gouvernement ne se concentre pas sur des projets ou sur l'avenir. Il ne parle que du passé et s'occupe de vieux ressentiments et des rancunes personnelles ce n'est pas le gouvernement que je souhaite pour les quatre prochaines années".

Après avoir dominé la scène politique slovène durant plus d'une décennie, le Parti libéral-démocrate a été devancé aux élections législatives du 3 octobre 2004 et s'est, pour la première fois, retrouvé sur les bancs de l'opposition. La gestion de la défaite a alors été difficile et les tensions sont allées grandissantes entre les responsables du parti.

Fondé en mars 2007 par 7 députés, anciens membres du Parti libéral-démocrate, Zares (Réel) est un nouveau parti. Il a pour slogan "Une nouvelle politique" et est dirigé par Gregor Golobic, qui a été ancien conseiller de l'ancien Premier ministre (1992-mai 2000 et novembre 2000-2002), Janez Drnovsek (ancien Président de la République 2002-2007).

"Le gouvernement actuel tient un discours totalement différent de celui qui était le sien lorsqu'il est arrivé au pouvoir et ne s'occupe que de distribuer des cadeaux aux électeurs" a déclaré Gregor Golobic. Le programme économique de Zares ne se limite pas aux quatre prochaines années. Gregor Golobic aime, par exemple, à rappeler qu'en 2013, les retraités seront plus nombreux que les actifs en Slovénie, une situation qui devrait d'ores et déjà mobiliser les hommes politiques. Le leader de Zares reproche au gouvernement sortant sa politique de privatisation menée, selon lui, non pas dans l'intérêt des entreprises et donc du pays mais dans le seul but de satisfaire les milieux d'affaires.

Si de nombreux analystes voient Gregor Golobic entrer au gouvernement en cas de victoire de l'opposition, celui-ci refuse pour l'heure d'envisager toute alliance éventuelle. Zares peut espérer gagner des électeurs sur Nouvelle Slovénie, les deux partis étant idéologiquement proches.

Le Parti social-démocrate, emmené par Borut Pahor, a annoncé qu'il ne coopérerait pas avec le Parti libéral-démocrate après les élections législatives du 21 septembre prochain. "Le Parti social-démocrate ne peut pas proposer aux Slovènes une alternative, à la politique menée par le Parti libéral-démocrate, et en même temps se déclarer prêt à collaborer avec lui" a déclaré Igor Luksic au journal Reporter à la fin juillet.

Hormis Zares, créé il y a 18 mois, la scène politique s'est enrichie, le 26 juillet dernier, d'un autre nouveau parti : le Parti chrétien-démocrate (KDS). Présidé par Joze Duhovnik, le parti, qui se situe sur la gauche de l'échiquier politique, se veut le défenseur des valeurs chrétiennes. Son programme, largement redistributif, est centré sur 3 points principaux : la famille, les classes moyennes et l'éducation. Sans préjuger de son avenir à moyen terme, les analystes politiques doutent que le Parti chrétien-démocrate puisse passer le seuil des 4% des suffrages exprimés obligatoires.

Le leader de Nouvelle Slovénie, l'actuel ministre des Finances, Andrej Bajuk, a promis que son parti allait mettre en avant de nouveaux visages, "y compris des jeunes et des femmes". Il a également rappelé que les instituts d'opinion ne s'étaient jamais montrés capables de prévoir le résultat de son parti et a promis "une surprise" le 21 septembre prochain. Il a enfin accusé l'ancien Président de la République, Milan Kucan (1992-2002) d'être à l'origine de la création du nouveau Parti chrétien-démocrate et affirmé que les résultats électoraux montreront lequel des deux partis que sont Nouvelle Slovénie et le Parti chrétien-démocrate défend véritablement les valeurs conservatrices.

Alojz Peterle (NSi), candidat malheureux de la majorité gouvernementale à l'élection présidentielle des 21 octobre et 11 novembre 2007 (il a recueilli 31,74% des suffrages, contre 68,29% à Danilo Türk lors du 2e tour), a plusieurs fois démenti la rumeur selon laquelle il envisageait de rejoindre le Parti chrétien-démocrate, une hypothèse évoquée en raison du faible nombre de voix dont les instituts d'opinion créditent Nouvelle Slovénie, certains doutant même que le parti parvienne à franchir le seuil des 4% de suffrages obligatoires pour être représentée au Parlement.

Enfin, le Parti démocratique des retraités emmené par l'actuel ministre de la Défense Karl Erjavec défendra les intérêts des plus âgés et notamment des retraités. La Slovénie est un pays qui vieillit vite et dans lequel la réforme des retraites constitue une priorité.

Selon les dernières enquêtes d'opinion, le Parti social-démocrate arriverait en tête des élections législatives du 21 septembre prochain avec environ 25% des suffrages. Il serait suivi du Parti démocrate (23%), de Zares (9%), du Parti national (7%), du Parti libéral-démocrate (7%) et, enfin, du Parti démocratique des retraités (4%). Quel que soit le résultat des élections législatives du 21 septembre, le prochain gouvernement ne devrait pas entraîner de grands changements dans la politique et la gestion de l'économie du pays.

Rappel des résultats des élections législatives du 3 octobre 2004 en Slovénie

Participation : 60,64%

Source : Site internet de l'Assemblée nationale (http://www.dz-rs.si/index.php?id=69 )

Elections législatives en Slovénie, 21 septembre 2008

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