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Le candidat de l'opposition social-démocrate, Ivo Josipovic, arrive largement en tête du 1er tour de l'élection présidentielle croate

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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28 décembre 2009
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Ivo Josipovic, candidat du Parti social-démocrate (SDP), est arrivé largement en tête du 1er tour de l'élection présidentielle le 27 décembre en Croatie. Le candidat officiel de l'opposition recueille 32,84% des suffrages et devance Milan Bandic, maire de Zagreb, exclu du SDP après avoir annoncé sa candidature à la Présidence de la République et soutenu par le Parti démocrate des paysans (HDSS), qui obtient 14,84% des voix. Le candidat de l'Union démocratique (HDZ) au pouvoir, Andrija Hebrang, est arrivé en 3e position avec 12,01% des suffrages, un résultat plus élevé que celui que lui prédisaient les enquêtes d'opinion. Il devance le candidat dissident du HDZ, Nadan Vidosevic, soutenu par le Parti des régions côtières du Primorje et du Gorski Kotar (PGS) qui obtient 11,33% des voix. Les 8 autres candidats recueillent moins de 10% des suffrages.

Ivo Josipovic et Milan Bandic se retrouveront donc dans un 2e tour le 10 janvier prochain.

La participation s'est élevée à 33,8%, un taux honorable considérant la date atypique du scrutin, le surlendemain de Noël.

Ivo Josipovic a bénéficié de l'usure du pouvoir qui affecte le gouvernement dirigé par Jadranska Kosor (HDZ), malmené par plusieurs scandales financiers, et du mécontentement des Croates très affectés par la crise économique et la baisse de leur niveau de vie. Le taux de chômage s'établit à 16,1% de la population active (chiffre de novembre 2009) et la croissance économique a reculé de 5,8% au 3e trimestre 2009 (elle s'était déjà contractée de 6,5% au 1er semestre). En 2010, le PIB devrait s'élever à 0,5%. Le candidat social-démocrate a capitalisé sur son image de probité. Il s'est déclaré prêt à s'engager contre la corruption et le crime organisé. Ce thème constitue un point crucial des négociations entre la Croatie et l'Union européenne, Bruxelles faisant de la lutte contre la corruption une condition importante de l'intégration de Zagreb et attend que le prochain Chef de l'Etat soutienne les efforts du gouvernement dans ce domaine.

Enfin, Ivo Josipovic a paradoxalement bénéficié de sa faible popularité et de son manque d'expérience qui ont contribué à en faire un candidat différent des responsables politiques plus connus.

"La Croatie a besoin d'un président différent, ferme, compétent et libre" a déclaré Milan Bandic à l'annonce des résultats. Le populaire maire de Zagreb, ancien représentant de l'aile droite du SDP et souvent accusé d'être impliqué dans des scandales financiers (sans qu'aucune action en justice n'ait jamais été intentée contre lui), devrait continuer à mener une campagne atypique pour capitaliser sur son image d'outsider. Lors de la campagne du 1er tour, il avait refusé de participer aux débats télévisés avec les autres candidats, préférant faire diffuser des spots publicitaires sur sa personne.

Milan Bandic, natif de Bosnie-Herzégovine, peut également espérer attirer sur son nom les suffrages de la diaspora de cet Etat voisin (environ 270 000 personnes). Ainsi, au 1er tour, il a recueilli 48,61% des suffrages des Croates de l'étranger pour seulement 5,28% à Ivo Josipovic (Andrija Hebrang a obtenu 23,24% des voix, la diaspora votant traditionnellement pour l'HDZ). Le vote des Croates de l'étranger constitue un enjeu important, voire décisif, en cas de résultats serrés. La précédente élection présidentielle des 2 et 16 janvier 2005 l'a montré : 77 578 Croates de l'étranger s'étaient déplacés pour désigner le Chef de l'Etat, soit 3,5% des 2,2 millions d'électeurs qui s'étaient rendus aux urnes.

"Le Président croate ne dispose pas de pouvoir qui lui permette de peser politiquement. Mais l'élection d'un candidat soupçonné de corruption serait une honte pour le pays" a déclaré le politologue Davor Gjenero. "Le prochain Président dirigera pendant au moins une moitié de son mandat un pays faisant partie de l'Union européenne, nous aimerions donc vraiment entendre la vision que les candidats ont du pays dans un tel contexte" a souligné l'analyste politique Ivan Grdesic.

"Je regrette que la Croatie n'ait pas rejoint l'Union européenne durant mon mandat. Cela reste le travail du prochain Président et du gouvernement" a déclaré le Chef de l'Etat sortant Stjepan Mesic. En effet, l'homme, élu le 10 janvier prochain et le 3e Président croate, sera chargé de tourner définitivement la page des années 1990, de la transition et de l'après-guerre pour faire entrer la Croatie dans le XXIe siècle.

Les enquêtes d'opinion réalisées avant le 1er tour donnaient toutes Ivo Josipovic vainqueur face à Milan Bandic. Le dernier sondage du 23 décembre dernier créditait le candidat du SDP de 58,2% des suffrages pour 32,2% à Milan Bandic.

Source : Commission électorale croate

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