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Les forces de l'opposition devancent le Parti communiste aux élections législatives de Moldavie

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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30 juillet 2009
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Les 4 partis d'opposition sont arrivés en tête des élections législatives anticipées en Moldavie le 29 juillet. Le Parti libéral-démocrate (PLDM), dirigé par Vladir Filat, a recueilli 16,40% des suffrages (17 sièges) ; le Parti libéral (PL) de Mihai Ghimpu a obtenu 14,40% des voix (15 sièges) et l'Alliance notre Moldavie (AMN), de Serafim Urechean, a remporté 7,40% des suffrages (8 sièges). Le Parti démocratique, dirigé par l'ancien ministre de l'Economie et ex-président du Parlement moldave, ancien membre du Parti communiste (PRCM) et pressenti il y a encore quelques semaines pour devenir le prochain Premier ministre du pays, Marian Lupu, a recueilli 12,60% des suffrages et 13 sièges. Ces 4 partis totalisent donc 50,70% des suffrages et remportent 53 sièges au Parlement.

Le Parti communiste demeure cependant le principal parti politique du pays et obtient 45,10% des voix et 48 sièges. Les résultats montrent une Moldavie coupée en deux avec, d'un côté, des électeurs ruraux, et souvent très pauvres, favorables au Parti communiste et, de l'autre, des Moldaves urbains, souvent jeunes, qui se sont prononcés pour les forces de l'opposition.

La participation a atteint 58,80%, soit au-dessus de celle enregistrée lors des dernières élections législatives du 5 avril dernier (+ 4,8 points).

Aucun des deux camps n'a donc obtenu la majorité des 3/5e du Parlement (61) indispensable pour élire le Président de la République qui doit succéder à Vladimir Voronine qui ne peut se représenter après deux mandats consécutifs. Cette absence de majorité avait obligé ce dernier, le 15 juin dernier, à dissoudre le Parlement et à convoquer des élections législatives anticipées. Lors des 1er et 2e tours de scrutin les 20 mai et 3 juin derniers, une seule voix avait manqué à la candidate du Parti communiste, la Premier ministre Zinaïda Greceanii, pour être élue à la magistrature suprême.

"La démocratie et la vérité ont enfin été victorieuses. Nous nous battions pour cela depuis longtemps avec bien des difficultés" a déclaré le leader du Parti libéral-démocrate Vlad Filat, ajoutant "Il y aura bel et bien une coalition, une large coalition dans les intérêts de la population. Nous trouverons le compromis nécessaire et un accord afin que la Moldavie soit enfin gouvernée démocratiquement". "La conclusion est que le Parti communiste a perdu les élections après une campagne harassante où il y a eu d'énormes pressions non seulement sur les partis politiques mais aussi sur les gens ordinaires" a indiqué le vice-président du Parti libéral-démocrate, Alexandru Tanase.

Les forces de l'opposition ont exclu toute alliance avec le Parti communiste. De même, Marian Lupu a indiqué que son parti était opposé à toute coopération avec les communistes. "Je connais bien la mentalité des communistes. C'est impossible de former une coalition avec eux" a-t-il affirmé. Une alliance des quatre partis d'opposition semble donc l'hypothèse la plus probable. "Le Parti communiste obtiendra moins de 50 sièges au Parlement. Cela veut dire que les autres partis doivent former une coalition. Nous avons déjà commencé les négociations en ce sens" a affirmé Vlad Filat. Cependant, même unis, les 4 partis d'opposition ne disposent que de 53 sièges, soit -8 par rapport à la majorité des 61 députés nécessaire pour élire le prochain Président de la République.

L'intégration dans l'Europe a constitué l'un des enjeux majeurs de ce scrutin Le Parti communiste, au pouvoir, est davantage tourné vers la Russie voisine alors que les forces de l'opposition souhaitent voir la Moldavie se rapprocher de l'Union européenne et de l'OTAN. Le pays fait partie du Partenariat pour la paix de l'Alliance atlantique mais n'en est pas membre à part entière. Les communistes préféreraient établir un partenariat stratégique avec la Russie tandis que les partis de l'opposition, favorables à un rapprochement avec la Roumanie, privilégient une adhésion du pays à l'Alliance atlantique. Le Président sortant, Vladimir Voronine, a exprimé son désir de quitter le GUAM (Organisation pour la démocratie et le développement), organisation internationale de coopération à vocation régionale rassemblant la Géorgie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et la Moldavie créée en 1997 et soutenue par les Etats-Unis afin, entre autres, de sécuriser l'accès des Occidentaux à la mer Caspienne. En avril 2006, il avait demandé à la Lituanie, la Pologne et la Roumanie d'y participer pour étendre le rôle de l'organisation.

La Moldavie a également signé un accord de partenariat avec l'Union européenne. En 2005, les deux parties avaient déjà conclu un plan d'action qui devait, en 3 ans, mettre la Moldavie sur la voie de l'Union européenne. "Bruxelles et Chisinau pourraient signer un nouvel accord de coopération après les élections législatives" avait déclaré, le 16 octobre 2008, Wolfgang Berendt, chef du département politique et économique de la délégation de la Commission européenne. La question de l''intégration du pays à l'Union européenne fait consensus dans la classe politique moldave. La Moldavie est également liée au Partenariat oriental lancé par l'Union européenne le 7 mai dernier.

Il faut espérer que ces élections permettront de résoudre au plus vite la crise politique que traverse le pays depuis plusieurs mois. En effet, la Moldavie a besoin de stabilité pour s'engager dans la voie des réformes qui sont indispensables à sa survie. Le pays a connu une forte croissance de son PIB en 2008 (7,3%) mais devrait subir les effets de la crise économique en 2009. 29% de la population vit sous le seuil de pauvreté et Chisinau dépend fortement des transferts de fonds de sa diaspora pour survivre. Ceux-ci représentent en effet plus d'un tiers du PIB. Officiellement, 343 000 Moldaves (sur 3,4 millions d'habitants) ont quitté leur pays pour travailler à l'étranger afin d'assurer la subsistance de leurs familles mais la réalité serait plus proche de 500 000 personnes. Le pays, où le revenu moyen est de 100 $ par mois, a perdu un million d'habitants entre 1991, année de l'indépendance, et 2004, date du dernier recensement. Pays fortement agricole (30% de la population), la Moldavie est très dépendante de la Russie pour ses fournitures en énergie, et notamment en gaz, comme pour ses exportations agricoles.

La Constitution oblige les parlementaires à élire le Président de la République dans les 3 mois suivants la dissolution du Parlement précédent. Le nouveau Chef de l'Etat devra donc être impérativement désigné avant le 15 septembre prochain.

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