Actualité
Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
-
Versions disponibles :
FR
ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Le 27 septembre, 64 millions d'Allemands sont appelés aux urnes pour élire leurs représentants au Bundestag, Chambre basse du Parlement. Ce scrutin est particulier puisqu'il fait suite à 4 années de "grande coalition" dirigée par la Chancelière Angela Merkel (CDU) et qui réunit l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti social-démocrate (SPD).
L'ensemble des enquêtes d'opinion anticipent une victoire de l'Union chrétienne-démocrate, emmenée par Angela Merkel. Celle-ci espère que son parti remportera nettement le scrutin de façon à ne plus avoir, durant la prochaine législature, les mains liées avec les sociaux-démocrates. Elle souhaite, si les résultats le permettent, former une coalition gouvernementale avec le Parti libéral-démocrate (FDP). Le Parti social-démocrate, conduit pour ces élections législatives par l'actuel ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, traverse une période difficile et connaît de graves problèmes de leadership, de stratégie électorale et de positionnement. Dans une Allemagne où le bipartisme semble avoir vécu, le résultat des "petits" partis sera déterminant pour la formation du prochain gouvernement.
L'année 2009 est pour les Allemands une "super année" électorale. Celle-ci a démarré le 18 janvier dernier avec les élections du Land de Hesse où le SPD avec 23,2% des suffrages (-13 points par rapport au précédent scrutin du 27 janvier 2008) a été laminé par la CDU qui a recueilli 37,2% des voix. Le 23 mai, le président allemand Horst Köhler, soutenu par la CDU et le FDP a été réélu pour un 2e mandat de 5 ans à la tête de la République fédérale d'Allemagne. Enfin, le 7 juin dernier, la CDU/CSU a devancé de 10 points son rival social-démocrate en recueillant 30,7% des suffrages aux élections européennes pour 20,8% pour le SPD, soit le plus faible résultat de son histoire. "Dimanche dernier n'a pas été une bonne journée. Cela m'a désolé autant que vous. Les élections ont été un fiasco mais le jeu est ouvert, nous allons le maintenir ouvert et à la fin, nous gagnerons" a déclaré Frank-Walter Steinmeier à l'issue du scrutin européen.
La Chancelière Angela Merkel, victorieuse dans les urnes, est apparue plus retenue. "Le scrutin européen n'est évidemment pas un test électoral pour les élections législatives mais son résultat indique une tendance. Ce résultat nous donne du courage de la force et de la confiance" a-t-elle souligné. Des élections municipales étaient organisées en parallèle ce même jour dans les Länder de Bavière, de Saxe et de Rhénanie-Palatinat, scrutins où le SPD a également perdu des postes.
Le 30 août prochain, soit un mois avant le scrutin législatif, les Länder de Saxe, Thuringe et de Sarre éliront leurs Parlements régionaux. Le leader du Parti de gauche (Die Linke) Oscar Lafontaine, est candidat dans cette dernière région qu'il a dirigée entre 1985 et 1998 sous l'étiquette du SPD. A quelques jours du scrutin, Die Linke est placée 3e par les enquêtes d'opinion avec environ 17% d'intentions de vote.
4 ans après les élections de septembre 2005, le SPD apparaît nettement comme le perdant de la grande coalition. Grande favorite, la CDU est toutefois loin d'avoir gagné. On se souviendra qu'en 2005, la CDU possédait une avance confortable sur le SPD un mois avant le scrutin. Le 18 septembre 2005, celle-ci avait cependant fondue comme neige au soleil. La remontée du SPD devait beaucoup à la personnalité de l'ancien Chancelier (1998-2005) Gerhard Schröder.
Le système politique allemand
Les élections législatives ont lieu tous les 4 ans selon un système mixte qui combine vote uninominal majoritaire et vote à la proportionnelle de liste. Chaque électeur dispose de 2 voix. La première (Erststimme) lui permet de désigner, au scrutin uninominal, le candidat au poste de député pour la circonscription dans laquelle il réside (le pays compte 299 circonscriptions) ; les députés élus de cette façon obtiennent un mandat direct. La 2e voix (Zweitstimme) permet à l'électeur de voter en faveur d'un parti politique représenté par une liste de candidats au niveau du Land (l'Allemagne compte 16 Länder). Le pourcentage des 2e voix détermine le nombre de sièges revenant proportionnellement à chaque parti et le nombre de leurs représentants au Bundestag et, in fine, le rapport de forces entre les partis au sein du Bundestag.
Seuls les partis ayant obtenu plus de 5% des suffrages exprimés à la proportionnelle au niveau national ou trois mandats directs au scrutin uninominal peuvent être représentés au Bundestag. Si, dans un Land, un parti politique remporte davantage de mandats directs que le nombre de sièges qui lui est accordé en fonction du nombre de 2e voix, il conserve néanmoins ces mandats excédentaires (überhangmandate). Ce qui explique que le nombre de membres du Bundestag varie selon les résultats de chaque élection législative. Il est de 614. Durant la précédente législature (2002-2005), il s'élevait à 603.
Le système électoral vise à assurer la formation d'une majorité parlementaire stable et à éviter l'émiettement de la scène politique que le pays a connu sous la République de Weimar (1919-1933) où le grand nombre de partis représentés au Parlement rendait la formation d'un gouvernement quasi impossible. Le système rend également de plus en plus difficile le gouvernement d'un seul parti. Lors des élections législatives, les Allemands votent généralement davantage pour un parti qu'en faveur d'un homme. La chose est importante et oblige la Chancelière Angela Merkel à trouver les moyens de faire bénéficier sa formation de sa grande popularité.
En 1949, 11 partis politiques étaient représentés au Bundestag, ils n'étaient plus que 4 en 1957 et seulement 3 (en regroupant la CDU et la CSU en un seul parti) entre 1961 et 1983 (SPD, CDU/CSU et FDP). En 1983, les Verts parviennent à franchir la barre des 5%, des suffrages exprimés et entrent au Parlement ; ils seront suivis du Parti du socialisme démocratique (PDS), issu du Parti socialiste unifié (SED) de l'ex-Allemagne de l'Est (il aura donc fallu attendre la chute du mur pour voir des députés anciennement communistes entrer au Bundestag) et de Die Linke en 2005.
6 partis politiques sont représentés au Bundestag :
- l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la Chancelière sortante, Angela Merkel, compte 180 députés ;
- l'Union chrétienne-sociale (CSU), dirigée depuis fin 2008 par l'ancien ministre de l'Agriculture et de la Protection des consommateurs, Horst Seehofer, coopère électoralement avec la CDU depuis 1953. Selon leur accord, la CDU ne présente pas de candidat en Bavière et la CSU ne concourt que dans ce seul Land. La CSU possède 46 sièges ;
- le Parti social-démocrate (SPD), est dirigé depuis le 18 octobre 2008 par Franz Müntefering et compte 222 députés. Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères sortant, est son candidat à la Chancellerie.
- le Parti libéral démocrate (FDP), dirigé par Guido Westerwelle, a participé dans les années 1980 et 1990 à l'ensemble des gouvernements dirigés par la CDU mais également, dans les années 1970, à des coalitions gouvernementales avec le SPD. Il compte 61 députés ;
- le Parti de gauche (Die Linke), né le 16 juin 2007 de la fusion du Parti du socialisme démocratique (PDS), issu du Parti socialiste unifié (SED) de l'ex-Allemagne de l'Est, et de l'Alternative pour le travail et la justice sociale (WASG) créée le 22 janvier 2005 et qui rassemblait l'ancienne élite communiste et les déçus de la social-démocratie. Dirigé par Lothar Bisky et Oskar Lafontaine, il possède 54 sièges ;
- les Verts, issus de la fusion, en 1993, d'Alliance 1990, mouvement pour les droits civiques de l'ex-Allemagne de l'Est, et du parti écologiste, possèdent 51 sièges.
Le Parlement allemand comprend également une Chambre haute, le Bundesrat, composée des membres des gouvernements des 16 Länder. Chaque Land y dispose d'au moins 3 voix ; les Länder qui comptent plus de 2 millions d'habitants possèdent 4 voix, ceux de plus de 6 millions, 5 voix et enfin ceux de plus de 7 millions, 6 voix. Le Bundesrat compte 69 membres.
Tour d'horizon de la scène politique allemande
La CDU domine la vie politique allemande. Le parti gouverne 13 Länder sur 16, soit le double de son rival social-démocrate et un nombre jamais atteint depuis 1945. Le parti doit beaucoup à la personnalité de la Chancelière Angela Merkel, personnalité politique la plus populaire du pays après 4 années de gouvernement. En décembre dernier, elle a été réélue pour 2 ans à la tête du parti avec 95% des suffrages, soit son meilleur résultat depuis 2000, année où elle a pris la tête du parti. Figure atypique, Angela Merkel, issue de l'ex-Allemagne de l'Est où son père, un pasteur protestant, est volontairement retourné évangéliser, a changé la CDU. Sous son leadership, le parti s'est modernisé et libéralisé sur les questions de société, accordant un statut aux couples homosexuels et adoptant une approche plus positive de l'immigration désormais décrite comme un enrichissement pour l'Allemagne. En mêlant libéralisme et justice sociale, la Chancelière souhaite attirer un électorat jeune et urbain et faire du parti le représentant du centre, ou plutôt du milieu (Die Mitte) comme l'on dit en Allemagne.
La CDU n'est toutefois pas exempte de conflits internes et connaît des divisions, notamment sur les questions de société. Certains barons du parti comme Christian Wulff, ministre président de Basse-Saxe, Roland Koch, ministre président de Hesse, ou Jürgen Rüttgers, ministre président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ont par exemple tenté d'imposer leur marque dans le programme du parti pour le scrutin législatif.
Prônant à la fois une plus grande liberté et davantage de justice sociale, Angela Merkel s'est lancée à la conquête des jeunes et des urbains avant que la crise économique ne l'oblige à se recentrer sur les affaires économiques et financières.
Une partie de l'électorat de la CDU, notamment les personnes les plus âgées et les plus conservatrices mais également des commerçants ou encore des managers, reprochent à leur parti de mener une politique trop sociale. Le parti peut se consoler avec le nombre de ses adhérents. En effet, pour la première fois dans l'histoire de l'Allemagne, la CDU dépasse le SPD pour le nombre de ses membres, 530 755 contre 529 994 (chiffres 2008). Les partis historiques de la scène politique allemande sont cependant tous deux en perte de vitesse, l'érosion de la gauche étant plus rapide que celle de son adversaire.
La CDU traverse également une période difficile dans ses relations avec la CSU. Les deux partis sont en désaccord sur 2 sujets majeurs, la réforme du système de santé et les impôts. La CSU n'a pas hésité à accuser la CDU, qui refuse de baisser les impôts, d'être responsable du recul historique qu'elle a essuyé lors des dernières élections régionales du 28 septembre 2008 en Bavière. Détentrice de la majorité absolue dans ce Land depuis 1962, la CSU a enregistré un revers historique, recueillant tout de même 43,4% des suffrages, soit 17,3 points de moins que lors du dernier scrutin régional de 2003. Ce recul intervenait après ceux déjà enregistrés aux élections municipales des 2 et 16 mars précédents.
La CSU constitue une importante réserve de voix (environ 20%) pour la CDU. Lors du scrutin du 18 septembre 2005, la CSU avait permis à la CDU d'arriver en tête. La Chancelière Angela Merkel, consciente de la situation, a déclaré : "Pour réussir, la Bavière a besoin d'une CSU forte comme la CDU a besoin d'une CSU forte". "La CSU n'est en aucun cas une fédération régionale de la CDU qu'Angela Merkel comme chef de parti aurait juste à cajoler" a souligné en janvier 2009 le ministre de l'Economie (poste réservé à la CSU quand la CDU gouverne) de l'époque, Michael Glos.
Le recul de la CSU modifie en effet les rapports de force au niveau fédéral. "Pour défendre les intérêts de la Bavière à Berlin, une CSU affaiblie risque de vouloir compenser et de se montrer plus agressive" analysait la politologue de l'université de Munich, Manuela Glaab. Dirigée par Horst Seehofer depuis sa déroute électorale, la CSU fait de la surenchère pour récupérer son électorat, ce qui contribue en effet à fragiliser la position de la CDU d'Angela Merkel.
Au pouvoir depuis 11 ans, le SPD semble exsangue. "Ce n'est plus un parti de masse, c'est presque une secte" a déclaré à son propos Manfred Gullner de l'institut d'opinion Forsa. Le SPD, fort de plus d'un million de membres en 1976, en compte désormais moins de la moitié. En Allemagne, les subventions accordées par l'Etat aux partis sont calculées en fonction de leur nombre d'adhérents et de leurs résultats électoraux. Le SPD a perdu de nombreux électeurs après la mise en place de l'Agenda 2010, entre 2003 et 2005 sous le gouvernement du Chancelier Gerhard Schröder, afin de réformer le marché du travail et le système de protection sociale. L'objectif poursuivi était de réduire les coûts de l'aide sociale et d'accroître la pression sur les demandeurs d'emploi de façon à les inciter à reprendre très rapidement un travail. Ces réformes, sans doute nécessaires, ont cependant donné l'impression d'être injustes et mises en œuvre de façon autoritaire.
Les syndicats se sont éloignés du SPD et le nombre de membres qui ont quitté le parti a doublé pour atteindre plus de 50 000 départs annuels. Entre 2002 et 2004, le SPD a perdu 110 000 adhérents et plus de 1/3 de ses membres durant les 10 dernières années. Le 31 juillet dernier, le principal syndicat de l'industrie allemande, IG Metall, a annoncé qu'il n'appellerait pas à voter en faveur du SPD pour les élections législatives. "Je sais qu'il y a des liens historiques entre le SPD et les syndicats. Mais nous sommes au XXIe siècle Le temps où les syndicats pouvaient recommander de voter pour untel ou untel est révolu" a déclaré Berthold Huber, dirigeant d'IG Metall et membre du SPD.
Le SPD ne possède ni réel leader ni candidat crédible à la chancellerie. Il semble en panne de stratégie et de programme. Réélu à la tête du parti le 18 octobre 2008 (avec 85% des voix) en lieu et place de Kurt Beck qui en avait démissionné en septembre, Franz Müntefering, qui avait quitté ses fonctions de vice-Chancelier et de ministre en novembre 2007 pour rester auprès de sa femme malade d'un cancer (celle-ci est décédée en juillet 2008) en est le 5e président en 5 ans.
Le SPD a souffert de l'émergence des Verts dans les années 1980, il a été déstabilisé par Die Linke qui a investi le terrain de la justice sociale à la fin des années 1990. Par ailleurs, le SPD n'est toujours pas parvenu à définir une position claire face à Die Linke. Si toute coopération est exclue entre les 2 partis au niveau national, il n'en est pas de même au niveau régional (le SPD codirige le Land de Berlin avec Die Linke). En Hesse, la tête de liste Andrea Ypsilanti (SPD) avait un temps pensé gouverner avec le soutien de Die Linke. Elle a dû y renoncer, faute de soutien suffisant au sein de son parti et alors même que le leader de l'époque, Kurt Beck, lui avait donné son accord pour cette coalition dite "rouge-rouge". Ce dernier avait essuyé de nombreuses critiques pour sa gestion des rapports entre SPD et Die Linke. Son rapprochement avec Die Linke lui avait fait perdre tout crédit au sein du SPD et avait contribué à relancer les divisions internes.
La double règle (accord possible au niveau des Länder, aucun accord au niveau fédéral) défendue par Frank-Walter Steinmeier mine la crédibilité du SPD. "La participation du SPD au gouvernement avec les conservateurs de la CDU/CSU a moins désorienté l'opinion que le changement de cap annoncé fin février (2008) par l'ancien président du parti Kurt Beck. Il a remis en question le principe de non alliance à l'Ouest du pays avec le Parti de gauche. D'un coup, les fédérations régionales du SPD ont été habilitées à négocier une alliance avec le Parti de gauche et elles la jugent opportune comme c'est le cas de longue date en ex-Allemagne de l'Est" analyse l'historien August Winckler. "Le programme du Parti de gauche est pure utopie. Au niveau national, ni une coalition ni un soutien passif ne sont possibles du fait de l'isolationnisme défendu par la formation en matière de politique étrangère et de son programme économique et social totalement irréaliste" a déclaré Franz Müntefering qui qualifie les exigences de Die Linke de "populistes" et d'"économiquement irrationnelles", estimant que son programme va "contre nos devoirs internationaux" et répète "qu'il n'y aura aucune négociation avec le Parti de gauche au niveau fédéral".
Alors que la CDU se positionne de plus en plus comme un parti du centre, le SPD s'est déporté sur sa gauche pour espérer se différencier de son principal rival et tenter de récupérer certains électeurs de Die Linke. Il se heurte toutefois à un problème majeur : l'étroitesse des marges de manœuvre rend difficile toute véritable redistribution. Difficile dans ces conditions de proposer une autre politique que celle de la CDU. Sans compter qu'hormis l'attraction exercée par les Verts et Die Linke, il semble bien qu'une partie des déçus de la social-démocratie sont prêts à se tourner vers la CDU ou même le FDP.
Le SPD est devancé par les Verts dans plusieurs villes comme Berlin, Cologne, Francfort ou Bonn. "C'est surtout la faiblesse des sociaux-démocrates qui profite aux Verts. Ceux-ci récupèrent les voix des électeurs de la gauche libérale déçus et désorientés par le SPD" souligne le politologue de l'université libre de Berlin, Nils Diederich.
L'électorat des Verts est majoritairement urbain, beaucoup plus diplômé que la moyenne et appartient à la classe moyenne aisée.
Les Verts ont également recentrés leur politique ces dernières années. Ce faisant, ils ont développé leur influence au risque cependant de voir leur programme perdre en clarté et être critiqué, voire rejeté, par certains de leurs sympathisants. Depuis le 17 avril 2008, la CDU et les Verts gouvernent le Land de Hambourg. Les 2 partis divergent cependant sur plusieurs dossiers comme le nucléaire, l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne ou la sécurité.
Les Verts sont, depuis novembre 2008, dirigés conjointement par Claudia Roth et Cem Ozdemir. Ce dernier qui se définit comme Allemand d'origine turque, souhaite voir son parti devenir la 3e force politique derrière la CDU et le SPD. "Vous ne pouvez pas vous lancer dans la bataille en disant : "nous ne ferons rien avec personne". C'est pourquoi notre objectif est de faire des Verts la 3e force politique, ce qui nous donnerait la possibilité d'influer sur les événements et la capacité de mettre nos idées en application" a t-il indiqué. "Il sera compliqué de former une coalition dans un système à 5 partis où les 2 principaux sont si faibles" précise-t-il, en rappelant que des coalitions CDU-Verts existent déjà au niveau municipal (Francfort) ainsi qu'au niveau régional (Hambourg) et qu'elles "fonctionnent bien".
Le Parti de gauche (Die Linke) a fait son entrée au Bundestag en septembre 2005. Après cette date, la formation, qui recueille traditionnellement des résultats supérieurs à 20% des suffrages dans les 6 Länder de la partie orientale de l'Allemagne où il compte de nombreux élus locaux, est parvenu à franchir le seuil électoral lui permettant d'avoir des députés dans plusieurs Parlements régionaux situés à l'Ouest du pays : Berlin, Brême, Basse-Saxe, Hesse et Hambourg. Die Linke a même recueilli 4,3% des suffrages lors du dernier scrutin régional du 28 septembre 2008 dans le Land de Bavière. Il gouverne à Berlin avec le SPD.
Die Linke ne profite pas plus de la crise économique internationale que le SPD comme le montre les élections européennes du 7 juin dernier où, donné à plus de 11% des voix par les enquêtes d'opinion un mois avant le scrutin, il n'a finalement recueilli que 7,5%. En outre, les jeunes électeurs semblent se détourner du parti. Il se bat pour un retour à l'Etat providence des années 1970, l'établissement d'un impôt sur la fortune, la suppression de la retraite à 67 ans, la mise en place d'un salaire minimum à 10 €/heure et la gratuité des frais universitaires. "Il faut davantage taxer les riches" déclare son leader Oskar Lafontaine.
Le FDP connaît une forte progression. Le parti participe au gouvernement dans 5 des 16 Länder les plus importants du pays. Dans les années 1990, période triomphante du libéralisme, le FDP était au plus bas. Alors que le monde traverse une crise économique majeure, le FDP redevient crédible et renoue avec le succès : il a recueilli 11% des suffrages aux élections européennes du 7 juin dernier. Lors du dernier scrutin dans le Land de Hesse le 18 janvier 2009, il a obtenu 16,2% des voix, son meilleur résultat depuis 50 ans.
Comme les Verts, le FDP attire des électeurs économiquement et culturellement favorisés. Il séduit les déçus du recentrage de la CDU, les personnes excédées par les taxes ou celles qui sont les plus réticentes aux transferts sociaux. "Les résultats du FDP sont un signe de la faiblesse de la CDU qui n'a pas pu monter sa compétence sur les questions économiques. Angela Merkel paie le prix de sa ligne instable" analyse le politologue Gero Neugebauer. Après plus de 10 ans de cure d'opposition, le FDP espère revenir au pouvoir à l'occasion des élections législatives et former une coalition avec la CDU. Son leader Guido Westerwelle a, maintes fois, déclaré que le programme électoral de la CDU lui semblait une bonne base pour commencer à travailler. Celui-ci, pour qui le scrutin du 27 septembre prochain constitue la dernière opportunité d'accéder enfin au pouvoir, veille cependant à ne pas fermer aucune porte, tout scrutin pouvant réserver des surprises.
La campagne électorale
La CDU souhaite mener une campagne courte. Pour la première fois, celle-ci, économies obligent, ne sera pas précédée d'un congrès du parti. Angela Merkel a présenté le 28 juin dernier le programme électoral du parti intitulé "Nous avons la force". Celui-ci est, sans surprise, centré sur l'économie et la fiscalité. "Nous sommes en mesure de sortir notre pays d'une crise sans équivalent dans l'histoire de la République fédérale. Nous sommes même en mesure de le rendre encore plus fort qu'avant le crise" indique Angela Merkel qui a réaffirmé son attachement à l'économie sociale de marché.
S'opposant à toute hausse de la TVA durant la prochaine législature, mesure qu'elle défendait en 2005 ("En 2009, nous sommes dans une situation totalement différente et par conséquent, nous n'avons pas besoin d'alourdir les taxes mais au contraire d'être un peu soulagés de ce fardeau" a déclaré la Chancelière), Angela Merkel souhaite alléger les charges qui pèsent sur les classes moyennes. Son programme prévoit une baisse de 15 milliards € des impôts des familles, des classes moyennes et des plus défavorisés. Il propose également le relèvement du plafond de la tranche la plus élevée qui passerait de 52 552 à 60 000 €. Angela Merkel, qui accuse le FDP de promettre la lune avec ses baisses d'impôts, n'y est donc pas complètement hostile. Cependant, elle estime qu'une diminution des taxes profiterait surtout aux ménages aisés, qu'elle serait davantage épargnée que consommée et ne contribuerait donc pas à relancer la croissance économique. En outre, ne pas donner suite aux demandes de baisses d'impôt de la CSU permet à la Chancelière de conserver des marges de manœuvre en cas d'aggravation de la conjoncture. Le programme prévoit également que les familles pourront bénéficier d'une hausse des allocations familiales à partir du 3e enfant. La Chancelière n'a pas précisé comment elle pensait financer ces diminutions d'impôts. Le programme de la CDU prévoit également une "évolution des retraites qui garantit une participation juste et fiable à l'évolution générales des salaires" et propose que l'épargne retraite et les biens immobiliers ne soient pas autant pris en compte dans le calcul des indemnités des chômeurs de longue durée.
Le 14 juin dernier, le SPD a adopté un programme électoral centré sur la fiscalité et les mesures sociales. Il prévoit de réduire le taux d'imposition de base de l'impôt sur revenu et d'accentuer la pression fiscale sur les plus hauts revenus. Ainsi, la première tranche d'impôts passerait de 10 à 14%, la plus élevée (concernant les foyers qui gagnent plus de 250 000 € - 125 000 € pour une personne seule) passerait de 45 à 47%. Il défend la mise en place d'un salaire minimum (7,50 €/heure) dans l'ensemble des branches professionnelles et veut introduire une taxe sur les transactions boursières dont les recettes seraient consacrées à des investissements dans les secteurs de l'éducation et de la formation. Le parti se fixe comme objectif de diminuer de 10% chaque année le nombre de lycéens qui sortent de l'école sans aucun diplôme. "Nous pensons que dans la situation actuelle, vouloir réduire le rôle de l'Etat et placer le système de protection sociale sous pression n'est pas responsable" a indiqué Frank-Walter Steinmeier. Les sociaux-démocrates réitèrent dans leur programme leur engagement de sortir du nucléaire et la fermeture de toutes les centrales d'ici 2021. Ils se déclarent favorables à la construction de nouvelles centrales au gaz et au charbon et au développement des énergies durables. En revanche, ils renoncent à la privatisation partielle de la compagnie nationale de chemins de fer, Deutsche Bahn, au moins durant la prochaine législature.
Ayant renoncé à tout accord électoral avec Die Linke au niveau national, le SPD se déclare ouvert à une coopération avec les Verts et avec le FDP, deux partis dont il a besoin pour espérer gouverner. "Un programme de hausse d'impôts ? En aucun cas avec moi. Sur cette base, il ne peut y avoir de collaboration entre nous" a indiqué Guido Westerwelle, interrogé sur une éventuelle coalition gouvernementale rassemblant le FDP et le SPD. Le leader du FDP a laissé entendre qu'il indiquerait une semaine avant le scrutin avec quel(s) parti(s) il souhaite former un gouvernement.
Le 18 octobre dernier, le congrès du SPD a désigné, par 469 voix (contre 15 et 9 abstentions), Frank-Walter Steinmeier comme candidat à la Chancellerie. Aucune autre personne ne s'était portée candidate. Originaire d'Ostwestphalen (Rhénanie du Nord-Westphalie) et issu de l'aile droite du SPD, Frank-Walter Steinmeier, 53 ans, possède un profil atypique. En effet, ce fonctionnaire, ancien bras droit du Chancelier Gerhard Schröder n'a jamais été élu ni occupé de fonction de haut niveau au sein du SPD (il en est devenu vice-président en octobre 2007 seulement) ou au gouvernement. "J'ai pris d'autres chemins" déclare-t-il. Son nom est associé à l'Agenda 2010, programme de réformes socioéconomiques mis en place par Gerhard Schröder et qu'il a contribué à élaborer. Frank-Walter Steinmeier espère être élu député à Kirchmöser dans le Land du Brandebourg le 27 septembre.
"Notre heure est venue. Personne ne peut mieux que nous apporter les bonnes réponses aux défis d'aujourd'hui" a déclaré le leader du SPD Franz Müntefering, exprimant sa confiance que la crise économique ne pouvait que profiter à l'opposition de gauche. "Nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle. La tourmente que nous traversons est comparable à la chute du mur de Berlin en 1989. Ce sont les règles de l'ultralibéralisme inaugurées par Margaret Thatcher et Ronald Reagan qui ont conduit à ce big bang" a souligné Frank-Walter Steinmeier. Celui-ci a été ovationné au congrès de son parti quand il a rappelé l'opposition de Gerhard Schröder à la guerre en Irak en 2003. "A certaines époques essentielles, c'est nous qui avons apporté les bonnes réponses. Cela est encore vrai aujourd'hui" a-t-il affirmé.
Début août, Frank-Walter Steinmeier a rendu public son Plan Allemagne. Celui-ci prévoit le plein emploi à l'horizon de 2020 et la création de 4 millions d'emplois d'ici cette date (2 dans les industries traditionnelles – automobile, machine-outil ou encore chimie –, 1 million dans les énergies alternatives, 500 000 dans le secteur de la santé et de l'aide à la personne et 500 000 dans l'économie créative – culture et internet). Ses adversaires politiques de gauche comme de droite ont raillé ces propositions. "Il s'agit d'une tentative désespérée pour se positionner sur le terrain économique où la CDU est jugée par nombre d'électeurs comme plus compétente" analyse le politologue Peter Lösche. Le 16 août dernier, Frank-Walter Steinmeier n'a pas hésité à accuser la Chancelière Angela Merkel de malhonnêteté intellectuelle. "Elle a encore une fois promis des baisses d'impôts qui n'auront pas lieu. La CDU ne dit pas aux électeurs avant les élections ce qu'elle compte faire après. Moi, je conçois l'honnêteté de manière différente" a t-il déclaré sur la chaîne de télévision ARD. Cependant, comme le dit le politologue Rudolf Korte, "Angela Merkel sait se rendre difficilement attaquable en se posant en modératrice de la grande coalition".
"Si la gauche est affaiblie dans ces élections législatives, il ne sera pas mis d'arrêt à la politique du bloc néo-libéral" a affirmé Oskar Lafontaine lors du congrès de Die Linke le 22 juin dernier à Berlin. "Seule une gauche forte peut empêcher la détérioration des conditions de vie des travailleurs, des retraités et des récipiendaires de l'aide sociale" a-t-il ajouté. Pour ce faire, Die Linke a adopté un programme électoral qui prévoit l'établissement d'un salaire minimum d'au moins 10 €/heure, l'accroissement des investissements sociaux (par exemple, hausse de 50% des prestations perçues par les chômeurs de longue durée, l'affectation de 100 milliards € aux secteurs de la santé, de l'environnement et de l'éducation ainsi qu'aux infrastructures et de 100 milliards € pour aider les entreprises à développer des programmes sociaux et environnementaux, etc.), une baisse des impôts pour les plus défavorisés et l'introduction de nouvelles taxes pour les plus aisés. En matière de politique étrangère, le parti, qui est opposé au traité de Lisbonne, demande le départ des troupes allemandes d'Afghanistan, la fin de tout déploiement de l'armée allemande dans le monde et le remplacement de l'OTAN par un système de sécurité collective auquel participerait la Russie
Le bilan de la grande coalition
Comme beaucoup de pays européens, l'Allemagne connaît sa plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2009, le taux de croissance du PIB devrait reculer de 6%, le taux de chômage pourrait dépasser les 4 millions de personnes (le chiffre de juillet 2009 s'élève à 8,3% de la population active) et le déficit public dépasser les 6% du PIB. L'Etat devrait augmenter son endettement de 86,1 milliards €, un niveau jamais atteint depuis 1945.
Le gouvernement a beaucoup oeuvré ces dernières années pour faire baisser le taux de chômage et remettre les finances publiques du pays à l'équilibre avant de voir ses efforts en grande partie détruits par la crise économique mondiale. Angela Merkel a longtemps hésité avant de prendre les premières mesures pour lutter contre les conséquences les plus violentes de la crise, la Chancelière hésitant à remettre en cause le travail effectué par la grande coalition et les acteurs sociaux et le retour à l'équilibre financier par des dépenses inconsidérées. A l'automne 2008, le gouvernement a mis en place un plan de sauvetage des banques allemandes de 480 milliards € en permettant à l'Etat de prendre des participations dans les établissements financiers. Celui-ci détient par exemple 25% de la Commerzbank, 2e établissement financier du pays.
A plusieurs reprises, et notamment lors du sommet du G20 à Londres, la Chancelière Angela Merkel a affirmé son souhait de voir un plan de soutien à la croissance et de défense des emplois mis en place à l'échelle de l'Union européenne. De son côté, Frank-Walter Steinmeier se déclarait en faveur d'une hausse des investissements publics et de l'élaboration d'un programme européen de crédit pour les petites et moyennes entreprises. Il avait également appelé à une plus grande concertation au sein de l'Eurogroupe et à un renforcement du dialogue avec la Banque centrale européenne. "Aucun Etat ni aucune économie n'est en mesure de surmonter par ses propres moyens la crise financière et ses conséquences" répétait-il.
Angela Merkel est opposée à tout plan de relance européen, par peur de voir se former un "gouvernement économique" de l'Union. En effet, une harmonisation de la lutte contre la crise économique ou des plans de relance nationaux entraînerait forcément une augmentation des dépenses communautaires dont 20% à 25% sont à la charge de l'Allemagne qui refuse catégoriquement de payer pour les pays moins disciplinés. En décembre 2008, Angela Merkel a fait voter un plan de 31 milliards € répartis sur deux ans. Ces crédits étant en grande partie déjà prévus, la somme véritablement consacrée à la lutte contre la crise économique s'élève en réalité à environ 5 milliards €. "Les Allemands peuvent compter sur un gouvernement qui se comporte de manière responsable et peut le cas échéant prendre des mesures d'urgence. L'équilibre budgétaire peut toujours être repoussé mais c'est toujours l'objectif" déclarait la Chancelière en décembre 2008.
En janvier 2009, Angela Merkel a fait adopter un 2e plan de relance de 32 milliards € et accepté de procéder à des allègements fiscaux. Le 6 mai, le gouvernement a approuvé le projet de loi garantissant le maintien du pouvoir d'achat des retraites même en cas de baisse des salaires (les deux sont couplés). A la fin du même mois, le Bundestag a voté l'inscription dans la Loi fondamentale d'un mécanisme de frein à la dette de l'Etat. Celui-ci verra sa marche de manœuvre se réduire dès 2016, date où aucun déficit supérieur à 0,35% du PIB ne sera plus autorisé. Par ailleurs, à partir de 2020, les Länder n'auront plus le droit de contracter de nouveaux emprunts, hormis dans les cas de forte récession économique ou de catastrophe naturelle.
La Chancelière a récemment débloqué 4,5 milliards € d'aides publiques pour sauver l'entreprise Opel, filiale de General Motors, qui a connu de graves difficultés financières ces derniers mois. La société devrait être reprise soit par le canadien Magna, soit par le fonds d'investissement belge RHJ International. En revanche, Angela Merkel a refusé toute aide au groupe Arcandor, estimant que les problèmes que celui-ci rencontrait étaient imputables à la mauvaise gestion de ses dirigeants et remontaient à une période précédant la crise économique. Pour la Chancelière, le sauvetage d'Opel doit rester une exception. Frank-Walter Steinmeier répète que le gouvernement doit être prêt à sauver les emplois.
Les derniers chiffres de l'Office fédéral des statistiques publiés le 13 août dernier font état d'une progression de 0,3% du PIB allemand entre avril et juin 2009 après 4 trimestres de recul et d'une augmentation de 7% des exportations en juin, un chiffre inédit depuis septembre 2006. "Pour l'instant, le marché du travail s'est montré robuste, notamment grâce à l'utilisation du nouveau dispositif de chômage partiel. Mais la reprise de la croissance s'annonce poussive et la production industrielle reste très faible. Nombre d'entreprises ne pourront pas s'en tirer sans procéder à des licenciements" indique Christian Dreger de l'Institut de recherches économiques de Berlin (DIW).
Le gouvernement d'Angela Merkel a également réformé l'accès à la retraite en décidant le relèvement progressif de l'âge légal de cessation du travail établi actuellement à 65 ans, de un mois par an à partir de 2012 et deux mois par an à partir de 2024. L'âge de la retraite devrait s'établir à 67 ans en 2029. Il a également finalisé la réforme du fédéralisme et la redistribution des compétences entre l'Etat fédéral et les Länder. Le fédéralisme, longtemps considéré comme l'un des facteurs essentiels du succès économique de l'Allemagne, était devenu au fil du temps synonyme de paralysie, l'accroissement des pouvoirs du Bundesrat lui permettant trop souvent de bloquer l'action du gouvernement. Ainsi, la proportion de lois fédérales exigeant l'accord de la majorité de la Chambre haute du Parlement équivalente à 10% il y a 50 ans avait atteint 60%. Désormais, ce pourcentage ne pourra pas excéder 40% et l'accord du Bundesrat ne sera requis que dans les projets de lois qui demanderont la participation financière des Länder. La réforme du fédéralisme prévoit en contrepartie un renforcement du pouvoir des régions en matière de formation et d'éducation. Autre changement : les Länder se voient conférer la réglementation de l'application des peines de prison et le pouvoir d'établir le niveau de rémunération des fonctionnaires.
Autre secteur dans lequel le gouvernement a innové : la politique familiale. La ministre de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse, Ursula von der Leyen (CDU), 2e femme la plus populaire du pays après la Chancelière, a beaucoup fait pour encourager la natalité allemande, la plus faible de toute l'Union européenne (selon une enquête d'Eurostat d'août 2009, le taux de fécondité des Allemandes a encore baissé et se situe actuellement à 8,2 enfants pour 1 000 femmes). Outre Rhin, les femmes ont longtemps été enfermées dans le système dit des "3 K" (Kinder, Küche, Kirche, soit enfants, cuisine et église) qui ne leur permettait pas de concilier carrière et maternité.
Ursula von der Leyen, médecin et mère de 7 enfants, a mis en place en janvier 2007 le congé parental d'une durée de 14 mois permettant à un parent de rester à la maison s'occuper de son enfant en recevant une prestation équivalente à 67% de son salaire net précédent (minimum 300 € et maximum 1 800 €). Si le 2e parent prend le relais au bout d'un an, le congé parental peut être prolongé de 2 mois. 3 milliards € ont également été dégagés pour ouvrir 500 000 places de crèche d'ici 2013. Enfin, les écoles primaires sont désormais ouvertes toute la journée en Allemagne.
Une coalition introuvable ?
La forme classique de coalition unissant un "grand" parti à un "petit" parti a vécu. "Le modèle traditionnel que nous connaissions depuis un demi-siècle avec un grand parti flanqué d'un plus petit pour constituer une majorité risque de disparaître. Il n'est plus totalement exclu mais il devient de moins en moins vraisemblable" affirme Oskar Niedermayer de l'université libre de Berlin. Le pays possède 5 partis politiques bien implantés au niveau national, une configuration qui met à mal, voire condamne à plus ou moins longue échéance, le bipartisme et le système d'alternance que l'Allemagne connaît depuis 60 ans.
3 coalitions gouvernementales différentes apparaissent possibles. La première, classique, rassemblerait la CDU et le FDP. La deuxième unit trois partenaires : la CDU (ou le SPD) au FDP et aux Verts. Elle est, idéologiquement, loin d'être évidente. La troisième enfin, dont personne ne veut mais qui s'avère parfois être la seule solution (cf. Autriche lors du dernier scrutin du 28 septembre 2008) serait la reconduction de la grande coalition actuelle.
A un mois des élections législatives du 27 septembre, l'ensemble des enquêtes d'opinion annoncent la victoire de la CDU. Celle-ci, alliée à la CSU, est créditée d'environ 37% des suffrages, le SPD de 22 %, le FDP de 14%, les Verts de 12% et Die Linke de 10%. Un sondage de l'institut Emnid indique que 83% des Allemands croient en la réélection d'Angela Merkel au poste de Chancelier, seuls 9% pensent que Frank-Walter Steinmeier sera le prochain Chef du gouvernement allemand. "Nous n'avons pas mesuré une telle cote de popularité pour un Chancelier depuis des décennies" souligne Klaus-Peter Schöppner de l'institut Emnid. "Et nous n'avons jamais eu un SPD aussi bas ni enregistré parmi les membres de ce parti un taux de confiance aussi faible" ajoute-il. A un mois du scrutin, les Allemands se montrent très réticents à envisager de changer de Chancelier.
Sur le même thème
Pour aller plus loin
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
16 décembre 2024
Élections en Europe
6 décembre 2024
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
2 décembre 2024
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
2 décembre 2024
La Lettre
Schuman
L'actualité européenne de la semaine
Unique en son genre, avec ses 200 000 abonnées et ses éditions en 6 langues (français, anglais, allemand, espagnol, polonais et ukrainien), elle apporte jusqu'à vous, depuis 15 ans, un condensé de l'actualité européenne, plus nécessaire aujourd'hui que jamais
Versions :