Tour d'Europe des campagnes électorales en vue des élections européennes (4-7 juin 2009)

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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29 mai 2009
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Enquête réalisée sous la direction de Corinne Deloy par Barbara Bethaeusser-Conte, Spyros Blavoukos (Université d'économie d'Athènes), Silvia Bolgherini (Université Federico II de Naples), Maartje ten Brummelaar (Université d'Utrecht), Jacob Christensen (Université du Danemark du Sud), Olga Gyarfasova (Institut des Affaires publiques, Bratislava), Marjeta Hocevar (Faculté des sciences sociales, Université de Ljubljana), Alenka Krasovec (Faculté des sciences sociales, Université de Ljubljana), Stasys Kropas (Université de Vilnius), Rodolphe Laffranque (Université de Tartu, blog :http://estonie-au-quotidien.over-blog.com), Damjan Lajh (Faculté des sciences sociales, Université de Ljubljana), Helen Levy, Mirabela Lupaescu, Fabio Machado (Ecole de français EF, Paris), Michaela Marksova, Aoife Roche, Andris Runcis (Département des sciences sociales, Université de Lettonie), Aleksandra Saczuk (Fondation polonaise Robert Schuman de Varsovie), Aaretti Siitonen (Institut finlandais des affaires internationales), Michael Sorenstam, Dominika Tomaszewska, Csilla Végh, Nele Wissmann et Shasha Zou.

Campagne électorale en Allemagne

Date du scrutin : 7 juin (élections régionales et municipales partielles le même jour)

Nombre de députés à élire : 99

Les thèmes nationaux, notamment les enjeux économiques et environnementaux, dominent la campagne. Le scrutin du 7 juin constitue un test pour les élections législatives qui se tiendront le 27 septembre prochain. La situation est donc très différente de ce qu'elle était en 2004, année qui a vu 8 Etats d'Europe centrale et orientale intégrer l'Union européenne, un événement marquant la fin de la division de l'Europe que l'Allemagne a vécu dans sa chair.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la Chancelière Angela Merkel défend la libre concurrence qu'elle considère comme le fondement d'une politique de croissance et de plein-emploi mais réclame cependant une meilleure régulation des activités financières en Europe, et notamment celles de la Banque centrale. Le Parti social-démocrate (SPD), membre de la coalition au pouvoir, et les Verts se prononcent en faveur d'une harmonisation européenne des politiques économiques, sociales et environnementales. Le SPD mène une campagne très engagée. "Les requins de la finance voteraient pour le FDP" (Finanzhaie würden FDP wählen) peut-on lire par exemple sur certaines affiches du parti. Le Parti libéral-démocrate (FDP) réclame une plus grande libéralisation du marché intérieur. Enfin, le Parti de gauche (die Linke), opposé au traité de Lisbonne, se bat pour une Europe plus sociale et demande la création d'un impôt sur la fortune. En perte de vitesse dans les derniers sondages où il est désormais devancé par le SPD, Die Linke, qui qualifie l'Union européenne de moteur du néolibéralisme, a radicalisé son discours. Die Linke est favorable, comme les Verts et le SPD, à l'instauration d'un salaire minimum en Europe afin de lutter conte le dumping social. En matière environnemental, le SPD et die Linke demandent l'introduction d'un standard écologique minimum, tandis que la CDU souhaite davantage sensibiliser les citoyens à ces sujets. Le FDP considère que la libéralisation du marché de l'énergie contribue de façon efficace à la protection de l'environnement.

Les tensions restent importantes entre la CDU et son partenaire de l'Union chrétienne-sociale (CSU) qui ont de plus en plus de difficultés à trouver des positions communes. La CSU, qui affirme être le parti le mieux à même de défendre les intérêts bavarois à Bruxelles, utilise parfois l'Europe comme un bouc émissaire, s'oppose à l'adhésion de la Turquie et réclame l'introduction du référendum en Allemagne. La CSU craint de ne pas obtenir les 5% indispensables pour être représenté au Parlement européen, et ce d'autant plus que les élections européennes, qui déjà mobilisent peu les électeurs, se déroulent en Bavière pendant les vacances de Pentecôte.

A gauche, les derniers jours ont été marqués par le départ de Die Linke de la députée européenne Sylvia-Yvonne Kaufmann – qui fut membre de la Convention européenne – qui a rejoint le SPD. L'ancienne vice-présidente du parti a accusé ce dernier d'être devenu un "rassemblement de sectaires". Elle avait auparavant affirmé que le programme électoral de Die Linke pour les élections européennes était "d'un antieuropéanisme désolant". Le SPD espère que d'autres personnalités l'imiteront et rejoindront la "gauche réaliste". "Les déçus du Parti social-démocrate passés au Parti de gauche ne reviendront pas" estime le politologue Oskar Niedermeyer.

Enfin, il faut noter que les têtes de liste des deux principaux partis – Martin Schulz pour le SPD et le président sortant du Parlement européen Hans-Gert Pöttering pour la CDU–, personnalités notoires de la vie bruxelloise, restent peu connues en Allemagne.

Les derniers sondages créditent la CDU de 37% des suffrages, le SPD de 28%, les Verts de 12%, le FDP de 10% et die Linke de 8%. La réélection, le 23 mai, de Horst Köhler (CDU) à la Présidence de la République fédérale d'Allemagne a constitué une victoire pour Angela Merkel et plus largement pour la CDU et le FDP qui ont montré qu'ils étaient prêts à s'allier pour gouverner ensemble. Les forces de gauche, en revanche, sont à cette occasion apparues divisées.

Campagne électorale en Autriche

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 17

L'euroscepticisme est croissant au sein de l'ensemble des partis dont aucun, hormis les Verts, ne semble capable de mener campagne en s'appuyant sur ce que l'adhésion à l'Union européenne a apporté au pays. Par ailleurs, le scrutin européen constitue un test pour les deux partis de la coalition gouvernementale.

La nomination de l'ancien ministre de l'Intérieur, Ernst Strasser, comme tête de liste du parti populaire (ÖVP) a constitué une surprise, puisqu'il s'était retiré de la vie politique en 2004 pour poursuivre sa carrière dans le secteur privé et avait critiqué l'Union européenne. De nombreuses personnes le soupçonnent ouvertement de ne vouloir être élu au Parlement européen que pour mieux négocier avec les entreprises avec lesquelles il travaille. La liste du parti social-démocrate (SPÖ) est emmenée par l'actuelle vice présidente du Parti socialiste européen (PSE) au Parlement européen, Hannes Swoboda, très connue à Bruxelles mais beaucoup moins en Autriche bien qu'elle soit tête de liste pour la 3e fois (1999 et 2004). Le SPÖ mène campagne sur l'emploi et les retraites, soit deux thèmes relevant de la compétence du gouvernement national. Enfin, le Chancelier Werner Faymann (SPÖ) s'est prononcé en faveur de la reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne.

Les Verts s'opposent à un 2e mandat du Président sortant de la Commission. Ils demandent une Europe plus sociale et sont favorables à l'instauration d'un salaire minium correspondant à 60% du salaire moyen national et à une hausse des investissements en faveur des plus pauvres. L'une de leurs candidates, Maria Vassilakou, figure également pour ce scrutin sur la liste des écologistes grecs. "Nous voulons montrer que nous ne reconnaissons pas les frontières européennes" a-t-elle indiqué. La liste écologiste est conduite par Ulrike Lunacek, qui s'est imposée en battant le député européen Johannes Voggenhuber lors d'un vote interne au parti (ce dernier, tête de liste lors des précédentes élections de 2004, est le grand absent de la liste des Verts).

A quelques jours des élections, l'extrême droite semble se renforcer. Heinz-Christian Strache a été triomphalement réélu pour un 3e mandat à la tête du Parti libéral (FPÖ). La liste est conduite par Andreas Mölzer. Pour lutter conter la crise économique, le FPÖ considère que le pays doit réduire de moitié sa contribution à l'Union européenne (de l'argent qui contribue, selon lui, à la corruption des élites) et préconise une réduction du nombre des ambassades autrichiennes (au nombre de 84) dans le monde. Le FPÖ demande la nationalisation du secteur agricole. Le Président autrichien, Heinz Fischer, a jugé inacceptables les affiches électorales du FPÖ présentant l'Occident comme le bastion de la chrétienté. Il a critiqué la campagne du FPÖ, indiquant que la rhétorique employée constituait une violation de "notre consensus sur la séparation de la politique et de la religion et sur le respect des deux". Le Chancelier Werner Faymann a accusé le FPÖ de jouer sur les sentiments antisémite et antimusulman. La tête de liste de l'ÖVP Ernst Strasser a souligné que les slogans du FPÖ étaient "à la limite du nazisme". Heinz-Christian Strache a répondu qu'il considérait comme une insulte l'accusation d'antisémitisme faite à son parti.

L'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ), dont la liste est intitulée Alliance pour l'avenir de l'Autriche-Liste Ewald Stadler, a l'espoir d'attirer les déçus de l'ÖVP effrayés par la position extrémiste du FPÖ "Toute réunification de l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche et du Parti libéral est impossible, nous allons essayer de nous distinguer clairement du FPÖ" a affirmé le leader du BZÖ, Josef Bucher. Ewald Stadler est un ancien membre du FPÖ. Matthäus Thun-Hohenstein, issu de l'ÖVP, occupe la 3e place sur la liste.

La liste de Hans-Peter Martin, en course pour la 2e fois à un scrutin européen, pourrait avoir des difficultés à trouver sa place et à réitérer son résultats de 2004 (14,04% des suffrages) dans un paysage politique où l'euroscepticisme est si fortement représenté.

Selon les derniers sondages, l'ÖVP est créditée de 30%, le SPÖ de 29%, le FPÖ de 14%, la liste de Hans-Peter Martin de 11%, les Verts de 9% et le BZÖ de 5%.

Campagne électorale en Belgique

Date du scrutin : 7 juin (élections régionales le même jour)

Nombre de députés à élire : 22

11 communes flamandes ont décidé de boycotter les élections européennes pour protester contre la non-scission de la circonscription de Bruxelles-Hal-Vilvorde qui englobe 19 communes de Bruxelles et de sa périphérie et où certaines municipalités, officiellement bilingues, sont situées en territoire flamand. Les néerlandophones ne supportent pas que les francophones vivant en Flandre puissent voter pour des partis francophones. La région du Brabant flamand assurera l'organisation du scrutin dans ces communes.

En Wallonie, la lutte oppose le Mouvement réformateur (MR) au Parti socialiste (PS) qui souhaite récupérer son statut de 1er parti perdu lors des élections législatives du 10 juin 2007. Le Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire Louis Michel (MR) défend le vote en faveur de son parti comme le seul vote utile pour apporter le changement. Il n'hésite pas à vanter la nature libérale de l'Europe "sans laquelle la Belgique ne pourrait pas financer son bien être social".

"Nos valeurs ne sont pas cotées en bourse, nos actions profitent à tous" tel est le slogan du PS. Son leader, Elio di Rupo, affirme que la crise économique est moins une crise du capitalisme qu'une crise libérale "provoquée par ceux qui ont refusé la régulation et le contrôle des prix mais prôné les privatisations et le laisser faire". Le PS ne parvient pas à sortir des nombreux scandales politico-financiers (abus de biens sociaux, marchés publics truqués, etc) auxquels il doit faire face depuis 2005. Il y a quelques jours, le ministre wallon de la Santé et de l'Action sociale, Didier Donfut, a dû démissionner après que La libre Belgique a révélé qu'il cumulait sa fonction avec des activités privées de consultant grassement payées. A défaut d'un acte illégal, il s'agit pour le moins d'une faute politique dont le PS n'avait pas besoin à quelques jours du scrutin.

Les difficultés du PS profitent aux verts d'Ecolo qui, selon les sondages, pourraient réaliser une percée à l'occasion de ce scrutin.

En Flandre, chacun s'attend à une progression des populistes et des autonomistes. La tête de liste des Libéraux et démocrates flamands (Open VLD), Guy Verhofstadt, vient de sortir un livre intitulé L'issue de la crise : comment l'Europe peut sauver le monde dans lequel il affirme que seule l'Union est capable de sortir le monde de la crise. "Pour ce faire, il faut plus d'Europe et moins de protectionnisme. L'Europe a besoin d'un régulateur financier qui sera chargé de contrôler le marché et d'imposer de nouvelles règles" écrit-il. L'ancien Premier ministre (1999-2008), qui reste l'homme politique le plus populaire, préconise un nettoyage du système bancaire européen des produits toxiques, un plan européen d'investissements représentant 6% du PNB européen (soit le double des sommes mobilisées par les 27 dans les plans de relance nationaux) et la création d'un gouvernement économique européen, une idée soutenue par José Luis Zapatero et Nicolas Sarkozy. Guy Verhofstadt déplore le manque de stratégie européenne et s'oppose à la reconduction de la Commission actuelle. Il affirme également qu'il souhaite siéger au Parlement européen et qu'il n'est pas candidat à un poste de Commissaire.

Les sondages créditent en Wallonie le PS de 26,2%, le MR de 25,8%, Ecolo de 21,3%, le CDH de 15,8% et en Flandre le CD&V du Premier ministre Herman Van Rompuy de 21,6%, l'Open VLD de 17,2%, le Vlaams Belang de 16,2%), les socialistes de 14,3%, la Liste Dedecker, de 11,9% et la NVA de 9,2%.

Campagne électorale en Bulgarie

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 17

13 partis et coalitions et un candidat indépendant, Chavdar Nikolov, se présentent.

La Coalition pour la Bulgarie, rassemblant plusieurs partis dont le plus important est le Parti socialiste (BSP) du Premier ministre Sergueï Stanishev, est emmenée par l'actuel vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Ivailo Kalfin. La députée européenne Iliana Yotova a remplacé Tatiana Plougtchieva en 2e position sur la liste. Sergueï Stanishev a exprimé son soutien à la reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne.

La députée européenne sortante Roumania Jeleva conduit la liste du principal parti d'opposition, Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB) dirigé par Boïko Borisov, sur laquelle figurent l'économiste Vladimir Ouroutchev, la leader de l'organisation de jeunesse du parti, Iliana Ivanova, et Emil Stoïanov, frère de l'ancien Président de la République (1997-2002), Petar Stoïanov.

La liste du Mouvement national pour la stabilité et le progrès (MNSE), parti membre du gouvernement actuel, est emmenée par l'actuelle Commissaire européenne à la Protection des consommateurs, Meglena Kuneva. La députée Antonia Parvanova, le porte-parole du parti, Stanimir Iltchev et l'unique députée européenne du parti, Biliana Raeva occupent respectivement les 2e, 3e et 4e places.

La liste du Mouvement pour les droits et les libertés (MDL), membre du gouvernement actuel, est conduite par Filiz Hyusmenova.

Dimiter Stoyanov conduit la liste du parti d'extrême droite Ataka qui fait campagne contre l'adhésion de la Turquie.

La leader des Forces démocratiques unies (ODS) Nadejda Mihaïlova, actuelle vice-présidente du Parlement bulgare, est la tête de liste de la Coalition bleue qu'ont formé les Forces démocratiques unies et le Parti des démocrates pour une Bulgarie forte (DSB) de l'ancien Premier ministre (1997-2001) Ivan Kostov. La députée européenne Petya Stavreva occupe la 3e place de la liste. 7 "petits" partis dont l'Union des réprimés et les Radicaux démocrates ont rejoint la Coalition bleue pour ce scrutin européen. "Les élections européennes constituent la première étape de l'expulsion de Sergueï Stanishev et Ahmed Dogan (leader du Mouvement pour les droits et les libertés) du pouvoir" a déclaré le leader des Forces démocratiques unies, Martin Dimitrov.

Selon le dernier sondage Eurobaromètre, la Bulgarie est l'un des pays où les électeurs sont les plus intéressés par les thèmes nationaux (57% des Bulgares expriment cette opinion pour 35% des citoyens dans l'ensemble de l'Union). En outre, 79% des Bulgares – soit le pourcentage le plus élevé au sein des 27 – déclarent qu'ils ne se rendront pas aux urnes le 7 juin, convaincus que leur vote n'aura pas d'influence.

"Ce serait une erreur si la campagne pour les élections européennes se résumait à un vote pour ou contre le gouvernement" a déclaré le Président bulgare Georgi Parvanov qui a ajouté "Nous, les politiciens bulgares, sommes coupables du fait qu'aucun débat européen n'ait réellement pris place durant la campagne électorale". Le sociologue Kolio Kolev estime qu'il n'y aura pas de vote sanction aux élections européennes en Bulgarie, peut-être parce que les électeurs patienteront jusqu'au 5 juillet, date des élections législatives, pour se prononcer sur leur gouvernement. Le sociologue considère que la participation pourrait être supérieure à celle du scrutin européen du 20 mai 2007 notamment à cause de l'équilibre des forces en lice. Il y a deux ans, seuls 26,68% des électeurs avaient voté, une abstention majoritairement due aux sympathisants du Parti socialiste.

En juillet dernier, la Commission européenne a gelé l'octroi de 220 millions € destinés à la Bulgarie et suspendu un prêt de 500 millions € pour cause de fraudes au sein du Fonds "Infrastructures routières". Les partis de l'opposition de droite avaient accusé le pouvoir en place de mauvaise gestion des fonds européens. Récemment, la Commission a accepté de débloquer 115 millions € dans le cadre du programme européen ISPA qui devraient être consacrés à la construction et la rénovation de 10 000 kms de routes.

Les derniers sondages créditent le GERB de 27%, le Parti socialiste de 15%, le Mouvement pour les droits et les libertés de 8,7%, Ataka de 6%, la Coalition bleue de 3% et le Mouvement national pour la stabilité et le progrès de 1%.

Campagne électorale à Chypre

Date du scrutin : 6 juin

Nombre de députés à élire : 6

47 candidats sont en lice. Les principaux partis politiques – le Parti progressiste des travailleurs (AKEL), le Rassemblement démocratique (DISY), le Parti démocratique (DIKO), le Mouvement des sociaux-démocrates-Union du centre (EDEK), le Parti européen (Evroko) et les Verts – présentent 6 candidats, le Mouvement pour la réunification de Chypre (KEP) 4 et le Front populaire national (ELAM), 2. Enfin, 5 personnes concourent en indépendants dont le député européen sortant, Marios Matsakis. Personnage atypique, il a été exclu du Parti démocratique en 2005 à la suite d'accusations de recel d'antiquités portées contre lui. Il fait campagne contre la présence sur le territoire chypriote de deux bases militaires britanniques, Dhekelia, et Akritori. Marios Matsakis avait également été candidat à l'élection présidentielle des 17 et 24 février derniers ; il avait recueilli 0,77% des voix au 1er tour.

Le chef du bureau du Parlement européen à Chypre, Tassos Georgiou, a demandé aux électeurs de se rendre nombreux aux urnes. Il a rappelé que les décisions du Parlement de Strasbourg affectaient l'île en matière d'environnement, de protection du consommateur, d'énergie et d'immigration. Tassos Georgiou a indiqué qu'avec 6 sièges, Chypre possède proportionnellement à sa population davantage de députés que l'Allemagne. Selon lui, les Chypriotes n'ont pas été suffisamment informés sur les institutions européennes et ont longtemps cru que l'adhésion de leur pays à l'Union allait résoudre le problème de partition de l'île (Chypre est traversée, depuis juillet 1974, par une ligne verte, contrôlée par les Casques Bleus des Nations Unies, qui divise le pays en deux entités).

La partition de l'île constitue, comme lors du scrutin de 2004, le thème n°1 de ces élections. Un bon résultat du Parti progressiste des travailleurs (AKEL) du Président de la République (et Premier ministre) Demetris Christofias enverrait un message positif pour la poursuite des négociations de réunification. La victoire du Parti de l'unité nationale (UBP) lors des élections législatives du 19 avril dernier (le parti a recueilli 44% des suffrages et remporté 26des 50 sièges du Parlement) dans la partie Nord de l'île et la défaite du Parti républicain de Mehmet Talat (29% des voix et 15 sièges) fait cependant craindre un ralentissement des négociations en cours. Le Chef de l'Etat répète que l'adhésion de son pays à l'Union européenne est une bonne chose pour tous les Chypriotes et se bat pour que le Parti progressiste des travailleurs reste le premier parti de l'île. L'AKEL vient d'élire son nouveau leader en la personne d'Andros Kyprianou.

Le leader du Parti démocratique, Marios Garoyian, a été réélu à son poste en mars dernier. Mais l'aile dure, qui demande un retrait du DIKO de la coalition gouvernementale, est en progression dans le parti. Ainsi, Nicholas Papadopoulos, fils de l'ancien (2003-2008) Président Tassos Papadopoulos décédé le 12 décembre 2008, a été élu vice-président. La question de la participation de Chypre au partenariat pour la paix de l'OTAN est également présente dans la campagne ; le Parti démocratique et le Rassemblement démocratique y sont favorables, le Parti progressiste des travailleurs, opposé.

Les derniers sondages donnent le Parti progressiste des travailleurs en tête des intentions de vote.

Campagne électorale au Danemark

Date du scrutin : 7 juin (référendum sur l'ordre de succession au trône le même jour)

Nombre de députés à élire : 13

Aucun thème majeur ne s'est imposé dans la campagne européenne, sinon peut-être la nécessité de limiter la marge de décision de l'Union européenne. Les partis de la majorité comme ceux de l'opposition ne souhaitaient pas voir le thème des clauses d'opting out dont bénéficie le pays devenir un enjeu du scrutin.

Le Parti socialiste populaire (SF), qui espère entrer dans un gouvernement dirigé par le Parti social-démocrate (SD) à l'issue des prochaines élections législatives, a préféré faire profil bas sur ce thème.

Le Parti du peuple danois (DF), dont la liste est conduite par Morten Messerschmidt, mène la campagne la plus visible.

Le leader de la liste du parti conservateur (KF), l'ancien ministre du Commerce Bendt Bendsten, a fait la une des journaux en exprimant son opposition à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Les autres partis de la coalition gouvernementale ont exprimé leur désaccord avec cette position.

De même, le leader de la liste du Parti libéral (V) Jens Rohde a créé la controverse en affirmant qu'un député européen devait, selon lui, davantage se consacrer à défendre les intérêts danois au sein du Parlement européen. Charlotte Antonsen, 2e de la liste, s'est publiquement élevé contre un tel discours qu'elle a qualifié d'eurosceptique. Néanmoins, les propos de Jens Rohde figurent en bonne place sur le site internet du Parti libéral, ce qui n'a pas manqué d'être interprété comme une évolution de la position traditionnellement très europhile du parti du Premier ministre, Lars Loekke Rasmussen (V).

Le Parti social-démocrate est crédité de 25,6%, le Parti libéral de 22,5%, le Parti socialiste populaire de 17,8%, le Parti du peuple danois de 15,2% et le Parti conservateur de 10,2%.

Campagne électorale en Espagne

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 50

Les élections européennes sont le premier scrutin national organisé en Espagne depuis les élections législatives du 9 mars 2008 où les Espagnols ont choisi de reconduire la majorité socialiste emmenée par le Premier ministre sortant José Luis Rodriguez Zapatero (Parti socialiste ouvrier, PSOE).

Le Parti populaire (PP), principal parti d'opposition, veut avant tout prendre sa revanche sur ses deux défaites consécutives aux élections législatives (2004 et 2008) et voit dans le scrutin européen l'occasion de redevenir la première force politique nationale. Mais, vainqueur des élections régionales en Galice le 1er mars dernier, il doit faire face à de nombreux scandales de corruption. En outre, son alliance récente avec le Parti national basque (PNV) au Pays basque n'a pas été bien comprise ou admise par certains de ses sympathisants. Les élections européennes sont également de la première importance pour son leader, Mariano Rajoy. Si le PP arrive en tête du scrutin, il restera en course au niveau national pour le poste de Premier ministre. En revanche, si son parti est distancé, il pourrait, après ce 3e échec national, être amené à revoir ses ambitions à la baisse.

L'Espagne est très affectée par la crise économique. Elle est entrée en récession fin 2008 et son PIB s'est replié de 1,9% au 1er trimestre par rapport au 4e de 2008. Le chômage, qui est le plus élevé de l'Union européenne, touche 17,36% de la population active et le déficit budgétaire ne cesse de se creuser. Depuis mars 2008, le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, remanié il y a peu, a présenté plusieurs plans économiques pour tenter d'aider les Espagnols à gérer cette crise. Il a proposé de permettre aux chômeurs en fin de droits de percevoir un revenu minimum d'insertion durant la période que durera la crise, une mesure qui ne concerne actuellement que quelques dizaines de milliers de familles mais pourrait bénéficier à quelque 300 000 personnes. Le Premier ministre critique âprement certains partis de droite, "les plus à droite d'Europe" qui avec José Maria Aznar (son prédécesseur à la tête du gouvernement espagnol), George Bush et les néoconservateurs ont précipité le monde dans cette crise par leur politiques de dérégulation économique.

Le 16 mai dernier, le tribunal espagnol décidait d'interdire la liste d'extrême gauche Initiative internationaliste, conduite par le dramaturge Alfonso Sastre, qu'il accusait d'être infiltrée et contrôlée par Batasuna ("Unité" en basque, Batasuna est le dernier nom d'une même coalition nationaliste d'idéologie marxiste léniniste née au sortir de la dictature franquiste). Cinq jours plus tard, la Cour constitutionnelle annulait cette interdiction. Initiative internationaliste avait fait appel, estimant que l'interdiction bafouait les droits fondamentaux à la participation politique.

Les derniers sondages donnent les 2 grands partis au coude à coude. Le PSOE recueillerait 42,8% et le PP 42,2%. Les deux partis remporteraient 23 sièges chacune. La Coalition pour l'Europe obtiendrait 5,1% des voix. La liste de la Gauche Unie (IU) remporterait 1 siège tout comme celle la Coalition européenne, regroupant plusieurs formations nationalistes – Convergencia i Union de Catalunya (CiU), le Parti national basque (PNV) et la Coalition des Canaries, le Parti andalou (PA), l'Union de Mallorque, l'Union de Minorque et le Bloc nationaliste valenciennois (BNV). Mais les instituts d'opinion prévoient une faible participation (45%). "On assiste à une lente érosion de ce que représentait l'Europe pour l'Espagne" explique Ignacio Molina de l'Institut royal Elcano. "L'arrivée de l'euro a été l'apothéose. Maintenant que cela est atteint, nous voyons qu'à partir de 2013, nous serons probablement contributeurs nets du budget de l'euro. Et il n'y a pas d'ambition alternative. Nous n'arrivons pas à nous persuader que l'Espagne pourrait être un des cinq pays moteurs de l'Union" ajoute t-il.

Campagne électorale en Estonie

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 6

101 candidats sont en lice. 9 partis présentent une liste comprenant 6 candidats : le Parti de la réforme (ER) du Premier ministre Andrus Ansip, le Parti du centre (K) du maire de Tallinn, Edgar Savisaar, l'Union pour la patrie-Res Publica (IRL), membre de la coalition gouvernementale, les Verts, l'Union du peuple estonien (ERL), le Parti social-démocrate (SDE), partenaire de la coalition gouvernementale, le Parti uni de la gauche, le Parti russe d'Estonie et le Parti Libertas de Jaan Laas (ex-Parti démocratique estonien). Le Parti des démocrates-chrétiens présente 3 candidats et l'Assemblée des agriculteurs, 2. Enfin, 6 candidats se présentent en indépendants.

Le principal parti d'opposition, le Parti du centre, aborde le scrutin européen dans une perspective essentiellement nationale. "Les problèmes de l'Union européenne pèsent certes sur toute l'Europe mais ils ne peuvent être résolus que de façon subsidiaire, c'est-à-dire dans chaque État membre individuellement. De sérieux changements doivent être apportés à la direction de l'État estonien. L'actuelle coalition est indécise et ne répond pas aux questions essentielles. Les partis gouvernementaux essaient de mener l'Estonie vers l'Europe, et nous, nous voulons mener l'Europe vers l'Estonie" peut-on lire dans son programme. Son leader Edgar Savisaar veut faire des élections européennes un vote sanction à l'égard des 3 partis de la coalition gouvernementale.

Le gouvernement a échappé, par 53 voix contre 35, le 13 mai dernier à une motion de censure déposée par le Parti du centre, l'Union du peuple d'Estonie et les Verts. Selon la politologue de l'Université de Tallinn, Anu Toots, cette tentative de censure faisait partie de la campagne électorale du Parti du centre en vue du scrutin européen. En désaccord avec le parti du Premier ministre à propos de la mise en œuvre du nouveau contrat de travail, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet prochain, le Parti social-démocrate a quitté mi-mai la coalition gouvernementale dirigée par Andrus Ansip. Les sociaux-démocrates réclamaient également une hausse des impôts à laquelle s'opposait le Parti de la réforme. Récemment, le Parti de la réforme et l'Union pour la patrie-Res publica ont entamé des négociations avec l'Union du peuple et le Parti des Verts dans la perspective de la formation d'un nouveau gouvernement.

Du 4 au 17 mai, les électeurs ont été appelés à tester la validité de leur carte d'identité estonienne (munie d'une puce électronique) indispensable pour les opérations de vote par internet. L'Estonie est le premier et le seul Etat membre de l'Union européenne à autoriser le vote électronique à distance, déjà expérimenté lors des élections municipales de 2005 et du scrutin législatif de 2007. Le vote par internet sera autorisé du 28 mai au 3 juin pour les élections européennes.

Selon le dernier sondage, le Parti du centre est crédité de 22%, l'Union pour la patrie-Res Publica de 18%, le Parti de la réforme de 16% et le Parti social-démocrate de 15%. La surprise vient de la présence du candidat indépendant Indrek Tarand à la 5e place avec 14%. Le 25 mai dernier, Indrek Tarand a affirmé que les gens le soutenaient dans son opposition "à l'arrogance de la partitocratie" et aux listes bloquées "avec lesquelles les partis prennent les citoyens pour des imbéciles". La participation devrait être supérieure à celle enregistrée en 2004 (27%) et s'élever à 36%.

Campagne électorale en Finlande

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 13

241 candidats, dont 60% d'hommes, issus de 13 partis sont en lice pour ce scrutin. Le Premier ministre Matti Vanhanen et le Parti du centre (KESK) sont très impopulaires et se voient reprocher leur manque de perspective ainsi qu'en témoigne, selon de nombreux analystes, la présence sur les affiches de campagne du parti de Urho Kekkonen, ancien Président finlandais (1956-1982) décédé en 1986. Le KESK espère cependant à l'occasion de ce scrutin européen parvenir à stopper son recul dans les urnes.

Le Rassemblement conservateur (KOK), membre de la coalition gouvernementale, a constitué une liste de candidats particulièrement étoffée et s'est fixé comme objectif de conserver sa place de 1er parti du pays et ses 4 sièges au Parlement européen.

Principal parti d'opposition, le Parti social-démocrate (SPD) est en perte de vitesse depuis quelques années. Aucun de ses députés européens n'est candidat à sa réélection. Le parti présente sur sa liste un prêtre orthodoxe (la Finlande compte 60 500 fidèles de cette religion pour 4,3 millions pour l'église luthérienne), Mitro Repo. Le religieux a connu quelques déboires avec sa hiérarchie pour avoir décidé de se lancer en politique, et notamment avec le Parti social-démocrate, et a été récemment exclu de l'église orthodoxe. Fils et petit-fils de prêtres, Mitro Repo pourra, s'il est élu, porter la soutane au Parlement européen mais devra retirer sa croix.

Le parti d'extrême droite des Vrais Finlandais (PS) a fait alliance avec les Chrétiens-démocrates pour les élections européennes, chacun présentant 10 candidats.

Les Verts (VIHR), membres de la coalition gouvernementale, devraient conserver leur siège et pourrait en obtenir un 2e.

Ce scrutin européen s'avère en revanche difficile pour le Parti du peuple suédois (SFP), autre partenaire du Parti du centre au gouvernement, et pour l'Alliance des gauches (VAS).

Les Finlandais décident traditionnellement de façon assez tardive à quels candidats et partis ils accorderont leurs suffrages. La campagne européenne est centrée sur les candidats au détriment des partis et de leurs programmes. Ainsi, un sondage publié dans le Helsingin Sanomat révèle qu'une forte majorité des électeurs souhaite soutenir un candidat particulier, moins de la moitié désirant s'exprimer en faveur d'un parti spécifique. Le Parti du centre met en avant le patriotisme et le pragmatisme ; le Rassemblement conservateur, le dynamisme et le professionnalisme ; le Parti social-démocrate les valeurs humanistes et les Verts le soutien à l'économie et à la société. Les Vrais Finlandais sont opposés au traité de Lisbonne et au pluralisme culturel, le Parti du peuple suédois défend une société multiculturelle et cosmopolite. Les Vrais Finlandais comme l'Alliance des gauches se déclarent eurosceptiques et mettent l'accent sur le nationalisme pour les premiers et l'anticapitalisme pour les seconds.

Selon les derniers sondages, le Rassemblement conservateur devrait recueillir 23% des voix, devant le Parti social-démocrate (22,1%) et le Parti du centre (18,8%)

Campagne électorale en France

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 72

160 listes (soit 8 de moins que lors du scrutin de 2004) sont en compétition dans les 8 circonscriptions françaises. La circonscription d'Ile-de-France détient le record avec 27 listes. Toutes ne sont pas présentes sur l'ensemble du territoire. Seuls 7 partis présentent des listes dans l'ensemble des 8 circonscriptions (l'Union pour un mouvement populaire, UMP, le Parti socialiste, PS, le Mouvement démocrate, MoDem, Libertas formé par le Mouvement pour la France (MPF) et Chasse, pêche, nature et tradition (CPNT), Europe Ecologie, Europe, démocratie, espéranto et l'Alliance écologiste indépendante.

L'ensemble des partis gouvernementaux sont en lice tout comme les partis d'extrême gauche et d'extrême droite, des coalitions formées spécialement pour les élections européennes (Libertas, Front de gauche, Europe Ecologie...), des partis régionalistes (La voix de la Bretagne en Europe, Euskal Herriarien Alde ou Euskadi Europan) et enfin des mouvements totalement inconnus du grand public tels que l'Europe de Gibraltar à Jérusalem, La terre sinon rien, le bonheur intérieur brut, etc.

L'UMP, alliée au Nouveau centre, son partenaire au gouvernement, pourrait réaliser une première en France lors de ces élections européennes. En effet, tous les sondages donnent le parti au pouvoir en tête des intentions de vote, Nicolas Sarkozy pourrait donc être le premier Président à s'imposer lors d'un scrutin européen depuis 30 ans et échapper au vote sanction. Les divisions de la gauche (alors que l'UMP n'a quasiment pas de concurrence à droite), la présence de la liste Europe écologie et celle de François Bayrou (MoDem) qui se veut le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy handicapent l'opposition, et notamment le PS.

L'intervention du Président Nicolas Sarkozy le 5 mai à Nîmes a lancé la campagne. Avec le slogan "Quand l'Europe veut, l'Europe peut", le Chef de l'Etat a défendu une Europe qui protège et s'est déclaré favorable à l'instauration d'une préférence communautaire. Il a fixé 4 conditions nécessaires pour un bon fonctionnement de l'Union : l'instauration de limites à l'Europe (rejet de l'adhésion de la Turquie), la ratification du traité de Lisbonne, le volontarisme de l'Union et l'existence de véritables débats européens. A 8 jours du scrutin, Nicolas Sarkozy a réinvesti les thèmes de la sécurité et l'immigration.

Le PS tente de politiser le débat et affirme qu'il est possible d'installer une majorité de gauche au Parlement européen. Dirigé par Martine Aubry, dont c'est le premier test électoral depuis son accession à la tête du parti fin 2008, il met également en avant les risques de division, affirme que la gauche de la gauche ne constitue pas une alternative crédible et appelle à voter utile. Ce à quoi les partis les plus à gauche sur l'échiquier politique répondent que les élections européennes, seul scrutin proportionnel organisé en France, sont justement l'occasion de permettre à chacun de s'exprimer. Le PS joue la carte de l'union ; Martine Aubry et Ségolène Royal, candidate malheureuse à l'élection présidentielle de 2007, sont apparues ensemble lors d'un meeting le 27 mai.

Le MoDem et Europe écologie se disputent la 3e place. Les deux partis sont pro-européens mais le MoDem se veut porteur d'une troisième voie entre droite et gauche tandis que Europe Ecologie rassemble des personnalités très différentes, voire opposées sur les enjeux européens (partisans et adversaires du traité de Lisbonne) au point de nuire à leur visibilité et à leur cohérence. A 8 jours du scrutin, Europe écologie semble quelque peu s'essouffler mais pourrait attirer les électeurs de centre-gauche qui ne se retrouvent pas dans le discours anti-sarkozyste de François Bayrou tout comme certains pro-européens du Parti socialiste. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot marque le pas, victime de sa campagne négative, talonné, voire devancé, par le Front de gauche qui rassemble le Parti communiste (PCF) et le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon, jugé moins dangereux que le parti d'extrême gauche et davantage porteur d'une véritable alternative européenne.

A droite, le Front national devance les souverainistes du Mouvement pour la France-Chasse, pêche, nature et tradition (MPF-CPNT) associés sur la liste Libertas.

Selon le dernier sondage réalisé par l'institut Sofres et publié le 28 mai, l'UMP-Nouveau centre obtiendrait 26%, le PS 19% des voix, le MoDem 14%, Europe écologie 11%, le Front de gauche 7%, le NPA et le Front national, 6% chacun, Libertas, 4% et Lutte ouvrière (LO), autre parti d'extrême gauche, 2%.

Campagne électorale en Grèce

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 22

Le pays vit une crise politique latente depuis plusieurs mois. Il y a encore 3 semaines, les électeurs ne savaient pas s'ils n'allaient pas être appelés à désigner leurs représentants nationaux en même temps que leurs députés européens. Finalement, le gouvernement de Costas Caramanlis (Nouvelle démocratie, ND) n'a pas suivi les injonctions de l'opposition, et notamment du principal parti d'opposition, le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK), à organiser des législatives anticipées. Le scrutin européen revêt la plus haute importance pour les 2 principaux partis. Une défaite de ND, qui serait la première depuis 2004, entraînerait certainement quelques remous dans la hiérarchie du parti au pouvoir.

La véritable question est la marge qui séparera le PASOK et ND. Celle-ci varie de 2 à 6 points en faveur du PASOK selon les instituts d'opinion. Les "petites" formations – le Parti communiste (KKE), la Coalition de la gauche radicale (SYN) et le Rassemblement populaire orthodoxe (Laos) – rivalisent pour la 3e place. Le Parti vert et la formation libérale récemment créée, le Parti de l'action (DRASH), font également preuve d'un fort dynamisme.

La participation sera par conséquent un facteur essentiel du scrutin. Trois éléments pourraient entraîner une montée de l'abstention : le peu d'intérêt des Grecs pour le scrutin européen comparativement aux élections nationales, le désenchantement politique envers la classe politique en ces temps de scandales consécutifs à des affaires de corruption et de mauvaise gestion des affaires publiques et enfin, le fait que la date du scrutin européen coïncide en Grèce avec le week-end de Pentecôte (du 6 au 8 juin inclus) et que de nombreux électeurs choisiront sans doute de partir en week-end plutôt que de rester à leur domicile pour pouvoir se rendre aux urnes.

Les 2 principaux partis ont choisi des poids lourds pour constituer leurs listes. La tête de liste de ND, Marietta Giannakou-Koutsikou, ancienne ministre de l'Education a siégé deux fois au Parlement de Strasbourg. Le leader de la liste du PASOK, Giorgos Papakonstantinou, est le porte-parole du parti et une figure montante de la vie politique grecque. Ces deux personnalités affichent clairement des ambitions nationales et il est peu probable qu'elles conservent leur siège à Strasbourg.

Selon les dernières enquêtes d'opinion, le PASOK recueillerait 31,4%, la ND 28%, le Parti vert 7%, la Coalition de la gauche radicale 6%, le Parti communiste 5,5% et le Rassemblement populaire orthodoxe 5%.

Campagne électorale en Hongrie

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 22

8 listes représentant 10 partis politiques sont en lice : l'Alliance des jeunes démocrates-Union civique/Parti populaire démocrate-chrétien (Fidesz/KDNP) emmenée par Pál Schmitt, le Parti socialiste (MSZP) conduit par Kinga Göncz, l'Alliance des démocrates libres (SZDSZ) emmenée par István Szent-Iványi, le Forum démocrate (MDF) conduit par Lajos Bokros, le Mouvement pour une meilleure Hongrie (Jobbik) emmené par Krisztina Morvai, le Parti communiste des travailleurs (Munkáspárt) conduit par Gyula Thürmer, la coalition formée par La politique peut être différente (LMP) et le Parti humaniste (HP) emmenée par Tímea Szabó et le Forum des organisations roms hongroises-Parti de la coopération rom (MCF), conduit par Zsolt Kis. La FIDESZ/KDNP, le MSZP et le MDF sont les seuls partis à présenter 66 candidats. La loi électorale oblige chaque parti souhaitant présenter des candidats au scrutin européen à recueillir au minimum 20 000 "recommandations".

La FIDESZ, principale formation d'opposition à un gouvernement socialiste très impopulaire et en sursis depuis de nombreux mois, dénonce la mauvaise gouvernance des dirigeants en poste et propose une alternative pour remettre la Hongrie sur "la bonne voie", mieux gérer la crise économique et financière et lutter contre le chômage. "Le pays entier dit : ça suffit !, vote !" indique son slogan. "Avec une force renouvelée !" annonce celui du MSZP, qui affirme être le plus à même de gérer la crise, de protéger les emplois et de rétablir l'économie. Du côté du MDF, la campagne repose assez largement sur les deux premiers candidats de la liste, Lajos Bokros et, surtout, György Habsburg. Celui-ci, membre de l'illustre famille des Habsbourg, se veut le représentant de la tradition, des valeurs et de l'expérience politique de la fameuse dynastie. Il souhaite mettre au profit de la Hongrie le vaste réseau de relations qu'il possède à travers l'ensemble de l'Europe.

"La Hongrie appartient aux Hongrois ! Laissons enfin gagner le meilleur ! (Jobbik possède en hongrois une double signification : la droite et le meilleur)" demande le slogan du Mouvement pour une meilleure Hongrie. La formation d'extrême droite, emmenée par une professeur de droit criminel de l'université de Budapest, propose un programme anti-européen et anti-atlantique et se bat pour "la protection des intérêts hongrois". A l'extrême gauche, le Parti communiste des travailleurs veut également protéger la culture hongroise contre "les saletés américaines" et défendre les ouvriers, les commerçants et les agriculteurs hongrois contre les capitaux étrangers. Il demande davantage d'ordre, le retrait de la Hongrie de l'OTAN et tout en réclamant un nouveau gouvernement, refuse de choisir entre le Parti socialiste et l'Alliance des jeunes démocrates qui, selon lui, monopolisent depuis des années la scène politique. La coalition formée par La politique peut être différente et le Parti humaniste se bat pour le développement durable, la justice sociale et une plus grande participation démocratique.

Enfin, le Forum des organisations roms hongroises-Parti de la coopération rom est le seul parti rom à présenter une liste aux élections européennes. Il se bat pour le financement par l'Union européenne de programmes pour l'amélioration des conditions de vie et la formation des Roms et lutte contre la discrimination et l'exclusion des Roms.

Selon les dernières enquêtes d'opinion, la Fidesz arriverait largement en tête des élections européennes avec 68% des suffrages, loin devant le MSZP (21%) et le Mouvement pour une meilleure Hongrie (5%).

Campagne électorale en Irlande

Date du scrutin : 5 juin (élections locales le même jour)

Nombre de députés à élire : 12

Selon tous les analystes politiques, le Fianna Fail (FF), parti du Premier ministre Brian Cowen, et, dans une moindre mesure, son partenaire au gouvernement les Verts, devraient subir une lourde défaite lors du scrutin européen. Le principal parti d'opposition, le Fine Gael (FG), appelle les électeurs à utiliser leur vote pour exprimer leur opinion sur le gouvernement qu'elle accuse d'avoir détruit l'économie nationale.

44 personnes, dont 11 députés européens sortants, sont candidates. Les questions économiques (emploi, croissance, endettement, etc.) figurent au cœur de la campagne dans un pays frappé durement par la crise économique (le PIB devrait se réduire de 10,75% en 2009). Le budget, voté le 7 avril dernier, prévoit des coupes franches dans les budgets de nombreux ministères, une augmentation de 2% de l'impôt sur les salaires (8% pour certains fonctionnaires) et une baisse des retraites. Il faut rappeler que le chômage qui s'élevait à 4% en août 2007 atteint désormais 11% (mars 2009). Le gouvernement a décidé de participer à la réduction des dépenses : le nombre des secrétaires d'État a été réduit de 20 à 15, la rémunération des ministres et secrétaires d'Etat, des parlementaires et du président du Parlement a été réduite, les frais de déplacement ont été baissés de 25% et les autres dépenses de 10% et le régime des dépenses est désormais plus transparent.

Quelques petits accrocs ont eu lieu durant cette campagne attestant des difficultés des partis au pouvoir. Sean O'Neachtain (FF) s'est retiré de la course européenne et a été remplacé par l'ancien ministre de la défense, Pat Gallagher (FF). Un choix que Paschal Mooney, autre candidat FF en lice dans la même circonscription (Nord-Ouest), a fortement reproché au Fianna Fail : en effet les deux hommes – Pat Gallagher et Paschal Mooney – sont originaires du Donegal. Il aurait donc été plus judicieux de choisir un 2e candidat du Fianna Fail issu de Galway. Par ailleurs, Patricia McKenna, ancien membre des Verts, a décidé de se présenter en candidate indépendante. Elle a démissionné à la suite de la décision des écologistes de ne pas quitter la coalition gouvernementale.

Sinn Fein (SF) et Libertas mènent campagne sur leur refus du traité de Lisbonne qui, après avoir été rejeté par les électeurs le 12 juin 2008 (53,4% de "non"), devrait de nouveau être soumis à référendum en Irlande à l'automne prochain. Cependant, le faible résultat dont les sondages créditent le candidat Declan Ganley montrent qu'il n'est pas si aisé de transformer le "non" des Irlandais au traité de Lisbonne en "oui" à Libertas. Il demande la restriction à 2 ans du séjour durant lequel un citoyen européen pourrait vivre et travailler dans un autre Etat membre de l'Union, à la condition de ne pas être "un fardeau pour l'Etat". Raymond O'Malley, candidat Libertas dans la circonscription de l'Est, veut fermer les frontières aux Etats membres entrés dans l'Union en 2004 et 2007 jusqu'à ce que le taux de chômage baisse en Irlande.

Parce que des élections locales (et deux élections législatives partielles) ont lieu le même jour que le scrutin européen, les thèmes de campagne sont très fortement centrés sur des enjeux locaux. Ainsi, dans le Nord-Ouest, la gestion des services de santé, et notamment de ceux en charge des traitements anticancéreux, figurent au cœur du débat électoral. Les deux élections législatives partielles qui se dérouleront également le 5 juin sont également très importantes dans le sens où une victoire du Fine Gael à ces scrutins ferait descendre le Fianna Fail au-dessous des 50% au Dail Eireann (la Chambre des représentants du Parlement irlandais). Celui-ci conserverait toutefois sa majorité.

La cote de popularité du Premier ministre Cowen est à son plus faible niveau (10% mi mai). Selon les derniers sondages, le Fine Gael recueillerait 32% des suffrages, le Fianna Fail, 25%, soit son résultat le plus faible depuis des décennies, le Parti travailliste 16%, le Sinn Fein (SF) 7%, les Verts 5% et Libertas 3%.

Campagne électorale en Italie

Date du scrutin : 6 et 7 juin (élections provinciales et municipales partielles les mêmes jours)

Nombre de députés à élire : 72

La campagne a pris un tour inattendu ces derniers jours. Plus que jamais, la vie privée du Président du Conseil, Silvio Berlusconi (Parti du peuple pour les libertés, PdL), qui jouit d'une forte popularité et fait campagne sur sa personne, a fait la une de l'actualité. Celui que l'on nomme le Cavaliere a plusieurs fois répété son souhait de faire de ce scrutin européen un plébiscite sur son nom et s'est fixé pour objectif de rassembler au moins 4 millions de voix (le vote préférentiel permet de favoriser certains candidats au sein des listes en compétition). Le scrutin européen constitue le premier banc d'essai du leader italien et du PdL. "Je suis candidat comme le font les vrais leaders. Ce serait bien que le leader de l'opposition, s'il y en a un, en fasse autant" a répondu Silvio Berlusconi à tous ceux qui lui reprochent son engagement dans la campagne.

A 8 jours du scrutin, l'affaire Noemi Letizia est au cœur de la campagne. Le Président du Conseil se voit reprocher de s'être rendu, le 26 avril dernier, à la fête d'anniversaire de cette jeune fille de 18 ans, un événement qui a entraîné la demande de divorce de son épouse Veronica Lario. Le Cavaliere affirme, pour se défendre de toute relation avec une mineure, être un ami des parents de la jeune fille. La polémique autour des agissements de Silvio Berlusconi a forcé ce dernier à se montrer plus discret. Il accuse l'opposition de gauche d'avoir ni idées ni programme et d'orchestrer une cabale pour lui nuire à quelques jours des élections européennes (et locales) dans le pays fait campagne sur son image personnelle. "Je les laisse s'avancer davantage encore de manière à ce que les gens voient comment ils sont. Ce sera pour eux un boomerang, ils auront honte et ils perdront l'estime des électeurs car dans cette affaire, il n'y a rien qui ne soit pas propre" a-t-il déclaré.

Silvio Berlusconi a également tenté de reprendre la main sur la Ligue du Nord (LN), son allié au gouvernement, mais son rival pour le scrutin européen, en ordonnant le 9 mai dernier le retour vers la Libye d'une embarcation de 163 migrants s'approchant de l'île de Lampedusa. Il s'agissait du 2e renvoi d'immigrés en 3 jours. Le Président du Conseil, qui s'est prononcé "contre une Italie multiethnique", ne souhaite manifestement pas abandonner le front sécuritaire à la Ligue du Nord. Le 13 mai, le Parlement a voté l'adoption du projet de loi contre l'immigration illégale qui transforme toute entrée ou séjour illégal en un délit passible d'une amende allant jusqu'à 10 000 €. Ce durcissement de la politique sécuritaire créé des tensions au sein du PdL, Gianfranco Fini, ancien leader d'Alliance nationale (AN) qui a fusionné avec le PdL, n'est en effet pas favorable à une politique trop sécuritaire et souhaite pour sa part bâtir une société plus laïque et plus ouverte.

De son côté, la Ligue du Nord s'est fixé pour objectif d'atteindre un résultat à 2 chiffres. "Nous sommes désormais un parti populaire et la seule alternative à une gauche qui n'existe plus" affirme Giovanni Fava, député et responsable de la campagne. Lors des dernières élections législatives, la Ligue du Nord avait élargi sa base électorale en recueillant 10% dans les villes de Parme, Plaisance, Ferrare ou Prato. Matteo Salvini (LN) a suscité la polémique en proposant que dans les transports en commun, les places soient réservées aux "Italiens de souche".

La voix de l'opposition est quelque peu assourdie par l'agitation régnant autour de Silvio Berlusconi. Le leader du Parti démocrate (PD), principal parti d'opposition de gauche, Dario Franceschini, n'a d'autre choix que de se positionner sur "l'affaire" Noemi Letizia et a demandé au Cavaliere de "s'expliquer". Les enjeux européens, déjà très peu présents au sein de la campagne, ont complètement disparu. Comme le souhaitait Silvio Berlusconi même si ce n'est pas tout à fait de la façon dont il le désirait, le scrutin est entièrement centré sur sa personne.

Au total, 79 partis sont officiellement en lice.

Le PdL est crédité de 38,5%, le Parti démocrate de 26,2%, la Ligue du Nord de 9,6%, l'Italie des valeurs (IdV) d'Antonio di Pietro de 6;1% et l'Union des démocrates chrétiens et du centre (UDC) dont le prince Emmanuel-Philibert, héritier de la famille royale italienne, conduit la liste dans la circonscription du Nord-Ouest, de 5,5%.

Campagne électorale en Lettonie

Date du scrutin : 6 juin (élections locales le même jour)

Nombre de députés à élire : 8

A 8 jours du scrutin, les Lettons semblent plus intéressés par les élections locales qui se dérouleront le même jour. A parcourir les rues de Riga, à lire les journaux et à écouter les débats, il est difficile de savoir que 2 scrutins ont lieu le 6 juin. La campagne électorale reste peu visible, à l'exception de celle menée par Ainras Slesers présent chaque jour avec son quotidien en langue russe et qui postule au poste de maire de Riga. "Les Lettons pourraient faire la grève des urnes" affirme le professeur de psychologie sociale de l'université de Lettonie, Ivars Austers, qui ajoute que "l'abstention est une forme de protestation".

17 partis sont en lice pour le scrutin européen. La liste de Nouvelle ère (JL) conduite par Arturs Krišjānis Kariņš est en tête des intentions de vote (12,5% des suffrages). Le Centre de l'harmonie (SC), dirigée par l'ancien journaliste de la First Baltic Channel, Nils Usakovs, dont la liste est emmenée par Alfred Rubiks, pourrait cependant la devancer (13,7% des voix). Comme en 2004, les partis russophones, qui défendent à la fois l'octroi de la nationalité lettone à toutes les personnes vivant dans le pays et se veulent la voix des russophones en Europe, devraient réaliser des performances honorables. Tatjana Ždanoka, tête de liste de Pour les droits de l'homme dans une Lettonie unie (PCTVL), fait campagne avec le slogan "Notre voix à Bruxelles".

Pour la première fois dans le pays, les listes européennes comptent un candidat issu d'un autre Etat membre de l'Union : Giulietto Chiesa, qui figure sur la liste du parti russophone Pour les droits de l'homme dans une Lettonie unie.

Les élections européennes seront pour les partis l'occasion de prendre la mesure de leur influence puisque les analystes politiques affirment que si les Lettons voteront en grand nombre pour les "petites" formations aux élections locales, ils choisiront les "grands" partis au scrutin européen.

Campagne électorale en Lituanie

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 12

15 partis politiques sont en lice : le Parti populaire de la résurrection nationale, le Parti du Front, Pour l'ordre et la justice (TT) conduit par l'ancien Président Rolandas Paksas, le Parti social-démocrate (LSP) emmené par Vikija Blinkeviciute, le Parti des Samogitiens, le Parti du Centre, le Mouvement libéral, l'Action électorale polonaise (LLRA), le Parti de la démocratie civique, l'Union sociale conservatrice chrétienne, l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK) du Premier ministre Andrius Kubilius, le Parti du travail (DP) conduit par Viktor Ouspaskitch, le Parti de la nation-Voie lituanienne, l'Union libérale-Union du centre (LLC-LSC).et enfin l'Union paysanne populaire (LVLS).

Parmi ceux-ci, seuls 5 ou 6 peuvent cependant espérer remporter des sièges au Parlement de Strasbourg et seuls 3 ou 4 députés européens sortants peuvent prétendre à leur réélection.

L'ensemble des partis politiques se déclarent en faveur d'une Europe puissante, réclame des institutions européennes fortes, expriment leur soutien au traité de Lisbonne et à un renforcement des politiques européennes de sécurité et de l'énergie. Toutes sont plutôt favorables à de futurs élargissements de l'Union, que ceux-ci concernent la Croatie ou l'Ukraine mais également la Turquie dont l'adhésion est vue par les responsables politiques lituaniens comme bénéfique.

La campagne a démarré tardivement en raison de l'élection présidentielle qui s'est déroulé le 17 mai dernier. L'ancienne Commissaire européenne au Budget et à la Programmation financière Dalia Grybauskaite qui se présentait en candidate indépendante a été élue dès le 1er tour avec une large avance sur ses adversaires (69,04% des suffrages), devenant la première femme élue à la tête de l'Etat.

La personnalité du candidat plus que le programme politique de son parti constitue le critère essentiel aux yeux des électeurs : la moitié d'entre eux (50%) la citent comme la première chose sur laquelle ils se prononceront et 38% mentionnent la notoriété du candidat (pour respectivement 30% et 17% en moyenne de l'Union européenne). Les positions politiques des listes sont citées par 11% des Lituaniens (pour 30% en moyenne des Vingt-sept). On observe également à l'occasion de ces élections une tendance très nette des partis politiques à voir dans le mandat de député européen une mise à la retraite (en douceur) de la vie politique nationale.

Selon les derniers sondages, l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK) actuellement au pouvoir arriverait en tête des élections européennes avec 28,2% des suffrages, devant le Parti social-démocrate qui recueillerait 10,2% des voix.

Campagne électorale au Luxembourg

Date du scrutin : 7 juin (élections législatives le même jour)

Nombre de députés à élire : 6

Pour la première fois, les listes ont été réduites à 6 candidats et les partis ont renoncé aux doubles candidatures. Les candidats ne peuvent donc plus se présenter en même temps aux élections législatives nationales, qui au Luxembourg ont lieu le même jour que le scrutin européen, et aux élections européennes pour espérer faire gagner par leur notoriété des voix à leur parti. Au total, 48 candidats se présentent aux suffrages des électeurs.

La lutte contre le chômage et la politique européenne en faveur de l'emploi constituent l'enjeu principal de ces élections européennes pour 45% des Luxembourgeois. Viennent ensuite les questions sociales pour 37% d'entre eux, l'environnement pour 36% et la lutte contre la criminalité pour 31%.

Le Parti chrétien-social (PCS/CVS) du Premier ministre Jean-Claude Juncker, actuel président de l'Eurogroupe, réunion mensuelle et informelle des ministres des Finances des seize Etats possédant l'euro comme monnaie, se bat pour une Europe de l'innovation et une Europe des citoyens. Il demande la mise en place de normes sociales minimales comme, par exemple, un salaire minimum garanti dans l'Union européenne. Par ailleurs, la députée européenne Astrud Lulling (membre du Parlement de Strasbourg depuis 20 ans) assure que le départ du Parti conservateur britannique et du Parti démocrate-civique tchèque (ODS) contribuera à rendre le Parti populaire européen (PPE) auquel appartient le Parti chrétien-social plus cohérent.

Le Parti démocrate (DP/DP) est également favorable à l'instauration d'un salaire social minimum tout comme à celle d'un revenu minimum garanti. Il se bat pour la protection et la promotion des libertés publiques dans l'Union et demande le triplement des contributions nationales accordées pour le fonctionnement de la Cour européenne des droits de l'homme. Le Parti socialiste ouvrier (POSL/LSAP), qui réclame l'établissement d'un socle commun de droits sociaux harmonisés, est opposé à l'instauration d'un salaire unique et privilégie un salaire social, les différences de niveau de vie, de productivité et de salaires dans l'Union rendant, selon lui, illusoire l'établissement d'un salaire unique et de prestations sociales uniformisées. La tête de liste, Robert Goebbels, est le député européen le mieux noté par ses compatriotes selon un sondage récent.

L'Action pour la démocratie et la justice en matière de rentes (ADR) se prononce pour l'introduction de revenus et de normes sociales minima à l'instar des normes financières adoptées pour l'introduction de l'euro. Le parti souhaite que les entreprises luxembourgeoises soient protégées contre la concurrence des entreprises étrangères qui pratiquent le dumping social pour obtenir des marchés. Enfin, opposé à l'adhésion de la Turquie à l'union, il souhaite que tout prochain élargissement soit soumis à référendum.

Dei Greng/Les Verts se battent pour une Europe des droits sociaux, une augmentation des investissements dans les énergies renouvelables, une réduction du pouvoir des lobbies de l'industrie et un Internet libre. Enfin, Dei Lenk/La Gauche (DL) souhaite supprimer la concurrence libre et non faussée des traités de l'Union européenne.

Selon un sondage de l'institut TNS ILReS publié dans le journal Luxemburger Wort, près de trois électeurs sur dix disent souhaiter voter au scrutin européen en faveur d'un parti chrétien-démocrate (29%), 17% pour une formation social-démocrate, 12% pour un parti écologiste et 9% pour une formation libérale. Près de trois électeurs sur dix n'ont toujours pas fait leur choix (29%).

Selon une enquête réalisée par l'institut TNS ILReS et publiée par le quotidien Tageblatt le 6 mai dernier, les trois quarts des Luxembourgeois (73%) déclarent qu'ils se rendraient aux urnes pour désigner leurs représentants européens même si le vote n'était pas obligatoire. Les proches du Parti chrétien-social sont les plus mobilisés : 80% affirment qu'ils iront voter. Selon certains analystes, l'absence de Jean-Claude Juncker sur la liste du Parti chrétien-social pourrait handicaper le parti qui pourrait perdre l'un de ses trois sièges. Celui-ci pourrait revenir au Parti socialiste ouvrier ou à Dei Greng/Les Verts.

Campagne électorale à Malte

Date du scrutin : 6 juin (élections locales partielles le même jour)

Nombre de députés à élire : 5

33 personnes et 9 mouvements politiques sont en lice. Le Parti travailliste (MLP), principal parti d'opposition, présente 12 candidats (dont 3 députés sortants) et le Parti nationaliste (PN) au pouvoir, 10 candidats (dont 2 députés sortants). L'archipel n'est pas épargné par la tendance qui veut que les enjeux nationaux dominent la campagne européenne.

Le Parti travailliste critique la gestion de la crise économique par le Premier ministre Lawrence Gonzi (PN) et appelle à un changement de gouvernement.

Le Parti nationaliste, qui fait campagne avec le slogan "Ensemble, nous vous donnerons du travail", a présenté un programme en 50 points, fondé sur les 4 piliers du parti : l'emploi, la solidarité, l'environnement et les valeurs. Le Chef du gouvernement accuse le Parti travailliste de cacher ses candidats et d'avoir honte d'eux. Il a également exprimé ses doutes quant à la capacité des Travaillistes de travailler au Parlement européen sur les dossiers importants que sont ceux de l'emploi, de l'environnement et de l'immigration.

Le leader d'Action nationale (AN), parti populiste d'extrême droite créé le 9 juin 2007, Josie Muscat, a critiqué le manque de transparence du fonctionnement du Parlement européen, le peu de visibilité des courants politiques en son sein et la lenteur des décisions prises par l'Union.

Enfin, Alternative démocratique (AD) défend l'introduction du divorce à Malte et l'allongement de la durée du congé maternité.

Selon la dernière enquête d'opinion, le Parti travailliste devrait recueillir 52,5%, le parti nationaliste 39,7% des voix, Alternative démocratique 5,4% et Action nationale 2,4%.

Campagne électorale aux Pays-Bas

Date du scrutin : 4 juin

Nombre de députés à élire : 25

17 partis sont en lice. L'élargissement de l'Union est l'un des thèmes principaux de la campagne.

L'Appel chrétien-démocrate (CDA) du Premier ministre Jan Peter Balkenende est opposé à tout nouvel élargissement dans les 5 prochaines années (à l'exception de la Croatie dont le processus d'adhésion est déjà engagé) et privilégie une meilleure intégration des actuels Etats membres et un renforcement de certaines politiques européennes, notamment la lutte contre la corruption.

Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) se déclare opposé à une adhésion de la Croatie avant 2014.

Le Parti travailliste (PVdA), membre de l'actuelle coalition gouvernementale, réclame la signature d'un nouveau traité européen avant que d'autres pays rejoignent les 27.

Les Démocrates 66 (D 66) et la Gauche verte (GL) sont les seuls favorables à un élargissement de l'Union européenne. Les partis politiques tentent de séduire des électeurs, majoritairement réticents à tout nouvel élargissement, craignant que ceux-ci, séduits par un vote protestataire, ne se tournent vers le Parti de la liberté (PvdV) de Geert Wilders qui occupe la dernière place de la liste de son parti aux élections européennes.

L'influence de l'Europe constitue le deuxième thème prédominant de la campagne. Les partis populistes que sont le Parti de la liberté et le Parti socialiste (SP) dénoncent l'influence grandissante de Bruxelles dans la politique nationale, une opinion qui n'est pas partagée par les autres partis. Enfin, le Parti de la liberté met l'accent sur la nécessité de dire "non" à la Turquie tandis que les autres partis sont favorables à la poursuite des négociations avec Ankara. Les deux principaux partis de la coalition gouvernementale devraient être victimes d'un vote sanction et perdre des sièges. La grande inconnue de ces élections européennes reste le résultat que réalisera le Parti de la liberté, en tête des intentions de vote devant l'Appel chrétien-démocrate et le Parti travailliste. "Il est le seul à se positionner de façon aussi extrême contre l'Europe et transforme ainsi les élections en un plébiscite. De cette configuration, il sortira gagnant" affirme le politologue André Krouwel.

Campagne électorale en Pologne

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 50

1 306 candidats, dont 77% d'hommes, issus de 13 listes différentes (dont 10 se présentent dans chacune des 13 circonscriptions) sont en lice.

La Plateforme civique (PO) du Premier ministre Donlad Tusk a lancé sa campagne avec le slogan "Misez sur la Pologne" (Postaw na Polskę). Le parti veut renforcer la voix de la Pologne au sein du Parti populaire européen (PPE) – dont il est membre. Après les départs annoncés du Parti civique-démocrate tchèque (ODS) et du Parti conservateur britannique, la PO pourrait faire de la délégation polonaise l'une des plus importantes du PPE. La PO se bat pour que Jerzy Buzek, député et ancien Premier ministre (1997-2001), devienne le prochain président du Parlement européen. "Eurobuzek, si vous allez voter, il sera le visage de l'Europe" affirment les affiches électorales du parti.

Malgré les importantes divergences entre les deux principaux partis polonais (PO et Droit et justice, PiS, parti du Président Lech Kaczynski) et l'agressivité verbale qui caractérise leurs affrontements, le ton est resté convenable lors d'un important débat entre Jerzy Buzek et son adversaire Marek Migalski (PiS). Selon un sondage réalisé par l'institut CBOS et publié dans le quotidien Gazeta Wyborcza, les deux tiers des Polonais (65%) seraient prêts à voter pour le candidat de la PO si la Pologne était une circonscription unique.

La PO est quasiment le seul parti à parler d'Europe, la campagne de ces élections européennes possédant une tonalité nationale. Le PiS s'oppose au gouvernement de Donald Tusk dont il critique la gestion de la crise économique et n'a pas hésité à mettre en avant le conflit actuel entre la PO et le syndicat Solidarnosc, autour de fermeture du chantier naval à Gdańsk.

"De l'énergie pour Varsovie" (Energia dla Warszawy), tel est le slogan de l'Alliance de la gauche démocratique (SLD), dont la liste est conduite dans la capitale par Wojciech Olejniczak, qui explique qu'en Pologne, beaucoup d'énergie positive est gaspillée dans la bataille entre la PO et le PiS. "L'Europe ce sont des hommes" (Europa to ludze) annonce l'Entente pour l'avenir du centre gauche. Son leader Dariusz Rosati parle d'une dégradation de la politique en Pologne, affirmant : "Au lieu de penser au développement du pays, les deux plus grands partis préfèrent se couvrir de boue".

L'ancien Président et leader historique du syndicat Solidarnosc, Lech Walesa, est apparu le 1er mai à Rome et le 14 mai à Madrid au côté du leader de Libertas, Declan Ganley. Sa présence a suscité la polémique en Pologne et constitue un problème pour la PO que Lech Walesa soutient pour ce scrutin européen. "Je suis favorable à la ratification du traité de Lisbonne" a affirmé Lech Walesa qui a cependant indiqué qu'il souhaitait contribuer à la construction d'une Europe des valeurs, en parlant avec tout le monde. Le ministre des Affaires étrangères, Radosław Sikorskia, a déclaré que la présence de Lech Wałesa aux côtés de Declan Ganley était néfaste pour la position de la Pologne et l'ancien Président, Aleksander Kwaśniewski, a affirmé que Lech Walesa avait commis une faute. L'ancien leader de Solidarnosc n'a pas contribué à faire retomber la polémique en révélant avoir été payé une somme considérable pour apparaître aux côtés du leader de Libertas.

Selon le dernier sondage réalisé par l'institut de sondage public (PBS) pour le quotidien Gazeta Wyborcza, la PO recueillerait 47% des suffrages, le PiS, 25%, l'Alliance de la gauche démocratique, 9%, Autodéfense-Samoobrona, parti populiste de gauche, 3%, la liste Libertas, et le Parti du travail polonais (PPP), 2% chacuns.

Campagne électorale au Portugal

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 22

La campagne est peu animée au Portugal où 13 listes (12 partis et une coalition de partis) sont en compétition. Ce scrutin constitue un test pour les élections législatives et locales prévues à l'automne prochain.

Le Parti socialiste (PS) au pouvoir, conduit par Vital Moreira et dont le slogan est "Une nouvelle donne pour l'Europe", a centré son programme sur la relance de l'économie, la prévention des crises financières et la mise en place d'une Europe sociale. Le principal parti d'opposition, le Parti social-démocrate (PSD), emmené par Paulo Rangel, souhaite renforcer la cohésion économique et sociale de l'Union et se bat pour davantage de sécurité, de justice et de liberté et une Europe des citoyens. Nuno Melo est la tête de liste du Parti populaire (CDS/PP), Miguel Portas celle du Bloc des gauches (BE) dont le slogan est "une gauche de confiance, une Europe du courage" et Ilda Figueiredo celle du Parti communiste (CDU).

A quelques mois des élections législatives, les questions nationales occupent une part importante des débats. Paulo Rangel a appelé les Portugais à "donner un signe clair de résistance et de combat à ce gouvernent négligent et incompétent". Vital Moreira a reproché aux autres partis d'avoir des listes "fantômes" dont seules les têtes de listes sont connues. Une polémique sur les budgets de campagne a éclaté ces derniers jours. Les 13 listes doivent se partager 8,2 millions €. Le Parti social-démocrate est à ce jour celui qui a le plus dépensé (2,2 millions). Sa tête de liste Paulo Rangel a accusé les autres partis de minimiser leurs dépenses de campagne. Le Président Hannibal Cavaco Silva a lancé un appel aux partis politiques leur demandant que les débats de la campagne électorale européenne abordent les questions de fond.

Le Premier ministre, José Socrates (PS), et le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, ont appelé le 23 mai dernier les électeurs de leurs deux pays à voter pour les élections européennes lors de deux meetings communs à Valence (Espagne) et à Coimbra (Portugal). "Nous devons voter car un vote pour les socialistes en Espagne et au Portugal, c'est un vote pour le changement de l'Europe" a déclaré José Socrates ajoutant que les élections européennes constituaient "une opportunité pour un changement très semblable à celui qu'ont connu les Etats-Unis avec l'élection du président Barack Obama".

Selon les dernières enquêtes d'opinion réalisées par l'institut Eurosondagem, le Parti socialiste arriverait en tête avec 34,3% des suffrages devant le Parti social-démocrate (32,1%). Le Bloc des gauches occuperait la 3e place avec 10,1% des voix, le Parti communiste recueillerait 8,9% des suffrages et le Parti populaire obtiendrait 6,9%.

Campagne électorale en République tchèque

Date du scrutin : 5 juin (après-midi) et 6 juin (matin)

Nombre de députés à élire : 22

La campagne se résume à un duel entre le Parti démocrate-civique (ODS) et le Parti social-démocrate (CSSD). La proximité des élections législatives prévues à l'automne prochain conduit les partis politiques à utiliser les élections européennes comme un tour de chauffe du prochain rendez-vous électoral national.

Le parti de Mirek Topolanek (ODS) demande "des solutions", celle de Jiri Paroubek (CSSD) enjoint les Tchèques à empêcher un retour de l'ODS au pouvoir. Il mène campagne sur des enjeux nationaux. Ainsi, il affirme que s'il revient au pouvoir, le CSSD rétablira les prestations en faveur des enfants (l'ODS les a supprimées pour certaines familles) et interdira à un employeur de procéder à un licenciement sans avoir le justifier, une mesure qui figure dans le programme de l'ODS.

A côté des deux "grands" partis, l'Union chrétienne-démocrate/Parti du peuple (KDU-CSL) tente de faire entendre une voix différente avec le slogan Veci verejne ("Choisissez la troisième voie"). Mais ce sont les partis d'extrême droite qui se font entendre. Ainsi, le Parti national (NP) a suscité la polémique en proposant dans son clip de campagne diffusé sur les chaînes de télévision une "solution finale pour régler le problème rom". Les autorités audiovisuelles ont décidé de bannir le spot et de cesser de le diffuser. Le leader du Parti national dénonce cette mesure anticonstitutionnelle et menace de faire annuler le scrutin européen. Le Premier ministre Jan Fischer a déclaré le 20 mai dernier qu'il souhaitait faire interdire le NP qu'il considère comme proche des néonazis, une demande que la justice tchèque a déjà rejeté une première fois. Le Parti des travailleurs a également fait des roms l'enjeu majeur de sa campagne électorale et a vu deux de ses clips de campagne interdits de diffusion. Enfin, toujours à l'extrême droite, on observe le retour de l'Assemblée de la République-Parti républicain tchécoslovaque (SPR-RSC) dirigée par Miroslav Sladek, leader d'extrême droite qui s'était retiré de la vie politique dans les années 2000. Il demande la dissolution du Parlement européen et le retrait de la République tchèque de l'Union européenne et de l'OTAN.

Selon le dernier sondage réalisé par l'institut STEM, le CSSD arriverait en tête du scrutin européen avec 24,2% des voix, suivi de l'ODS avec20,9%. Le Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM) obtiendrait 13,5%, l'Union chrétienne-démocrate/Parti du peuple 5,5% et les Verts 5%.

Campagne électorale en Roumanie

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 33

La campagne officielle a démarré le 7 mai. Le Parti national-libéral (PNL) a choisi la ville de Brasov pour présenter sa liste. Son président, Crin Antonescu, a saisi l'occasion pour mobiliser ses partisans pour l'élection présidentielle qui se déroulera les 28 novembre et 12 décembre prochains, allant jusqu'à déclarer durant la campagne pour le scrutin européen : "Je suis l'alternative aux deux visages du mal, Traian Basescu (actuel Président et candidat du Parti libéral-démocrate, PDL) et Mircea Geoana (candidat du Parti social-démocrate, PSD)", faisant ainsi allusion à ses deux probables adversaires de l'automne prochain. Le Parti national-libéral a choisi le slogan "Nous défendons vos intérêts en Europe" pour sa campagne européenne.

Le Parti démocrate-libéral a lancé sa campagne le 9 mai dernier, journée de l'Europe, ce qui a permis au Chef de l'Etat Traian Basescu d'être présent à la manifestation et d'y faire un discours. Le Parti social-démocrate a présenté sa liste le 14 mai à Bucarest. Si Mircea Geoana n'a pas annoncé sa candidature pour l'élection présidentielle, il n'a cependant pas manqué d'attaquer le Parti démocrate-libéral au pouvoir et le Président Basescu. Le slogan des sociaux-démocrates pour le scrutin européen "Choisis bien" fait écho à celui de l'Alliance Justice et vérité (DA) d'où est issu le Parti libéral-démocrate lors des élections législatives et présidentielle des 28 novembre et 12 décembre 2004 : "Vivez bien".

L'Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR) mène campagne avec le slogan "Une alliance hongroise" tandis que le Parti de la grande Roumanie (PRM) de Corneliu Vadim Tudor, qui n'est plus représenté au Parlement depuis les législatives du 30 novembre 2008, table sur le nom de Gigi Becali, populaire homme d'affaires et patron du club de football du Steaua Bucarest reconverti à la politique (il avait cependant annoncé sa retraite politique à l'issue des élections législatives du 30 novembre 2008), pour remporter des sièges à Strasbourg. La lutte contre la corruption constitue le thème central du parti d'extrême droite comme le montre ses slogans : "Deux chrétiens et patriotes (Corneliu Vadim Tudor et Gigi Becali) vont sauver le pays des voleurs !", "La grande Roumanie dans une Europe unie" ou encore "Qu'avez-vous fait du pays ? Vous risquez la prison".

La lutte contre la corruption a d'ailleurs été au cœur d'une polémique entre le Parti démocrate-libéral et le Parti social-démocrate. La présence de l'ancienne (2004-2007) ministre de la Justice connue pour son action contre la corruption et sa réforme de la justice, Monica Macovei sur les listes du PDL a suscité les critiques des sociaux-démocrates qui l'ont accusée de manquer de patriotisme et d'être soumise à Bruxelles.

Enfin, on signalera la candidature d'Elena Basescu, fille du Président de la République, très présente dans les médias roumains. Agée de 29 ans, cette mannequin occasionnelle connue pour sa présence dans les soirées de la jet set de Bucarest se présente de façon indépendante.

La campagne électorale reste dominée par des thèmes nationaux (chômage, retraites, crise économique, avenir du système social) qui prévalent sur les sujets européens sur lesquels le clivage entre les partis politiques est peu apparent. L'adhésion à l'euro (prévue pour 2014), l'adhésion à l'espace Schengen ou l'utilisation des fonds communautaires font consensus au sein de la classe politique. La faible importance que les partis politiques accordent à ces élections européennes s'observe également dans les budgets qu'ils y consacrent. Alors que les partis sont autorisés à dépenser jusqu'à 10 millions d'euros, pas plus d'un million d'euros ne sera alloué par les trois principaux partis (PNL, PDL et PSD) à leur campagne.

Le Parti social-démocrate et le Parti démocrate-libéral sont au coude à coude (respectivement 30,9% et 30,8% des voix) dans le dernier sondage réalisé par l'institut Insomar. Le Parti national-libéral recueillerait 18%, l'Union démocratique des Magyars de Roumanie 7,9% et le Parti de la grande Roumanie 6,2%.

Campagne électorale au Royaume-Uni

Date du scrutin : 4 juin (élections locales partielles le même jour)

Nombre de députés à élire : 72

Le climat politique pourrait difficilement être plus mauvais qu'il ne l'est en cette veille d'élections européennes (et locales) pour le Parti travailliste au pouvoir mais également pour les hommes politiques des trois "grands" partis politiques britanniques (le Parti conservateur et les Libéraux-démocrates). Un gouvernement usé, la pire récession que le pays a connu depuis 1945 et un monde politique éclaboussé par plusieurs scandales. Tous les regards sont fixés sur le Premier ministre Gordon Brown et chacun guette son prochain geste se demandant quand il annoncera la date des prochaines élections législatives.

Il y a quelques jours, la presse révélait que des députés (travaillistes et conservateurs) avaient dépensé des sommes considérables par le biais de notes de frais pour leurs dépenses personnelles. L'assistant du leader conservateur David Cameron, Andrew McKay, a démissionné ; le ministre des Transports Geoff Hoon et le chancelier de l'Echiquier, Alistair Darling, font l'objet d'enquêtes policières. Douze députés, autant de travaillistes que de conservateurs, ont annoncé qu'ils mettaient fin à leur carrière politique. Le 19 mai, le président de la Chambre des Communes, Chambre basse du Parlement britannique, Michael Martin, a également été poussé à la démission. Enfin, ce même jour, deux membres de la Chambre des Lords, Chambre haute, ont été suspendus après avoir été reconnus coupables de trafic d'influence, une décision sans précédent depuis plus de trois siècles.

Les deux principaux partis politiques britanniques mènent une campagne discrète pour ces élections européennes, leurs sites internet ne donnent que peu d'information et mentionnent peu les enjeux du scrutin. Les Libéraux-Démocrates, dont le slogan est "Plus forts ensemble, plus pauvres séparés", sont les seuls à défendre fermement l'intérêt du Royaume-Uni à appartenir à l'Union européenne. Le site internet du parti propose de nombreux débats sur différents thèmes (chômage, logement, entreprises, etc.).

Les partis eurosceptiques et anti-establishment disposent donc d'une marge importante pour récupérer les suffrages des mécontents et rivalisent pour récupérer la colère des électeurs. Le Parti national britannique (BNP) n'hésite pas à qualifier sa campagne de "bataille d'Angleterre" (un terme qui rappelle la bataille d'Angleterre de 1941 contre les forces nazis). Le BNP, auquel seuls les Blancs sont autorisés à adhérer, est en hausse dans les zones populaires. Son leader Nick Griffin, lui-même candidat dans la circonscription du Nord-Ouest, affirme que les nationalistes européens peuvent obtenir plus de 25 députés à Strasbourg (issus d'au moins 7 Etats membres différents) et donc être en mesure de constituer un groupe parlementaire. Dans cette perspective, le leader britannique s'est rapproché entre autres des formations nationalistes de Hongrie (Mouvement pour une meilleure Hongrie, Jobbik), de Slovaquie (Parti national slovaque, SNS), de Roumanie (Parti de la grande Roumanie, PRM), de Bulgarie (Ataka). Le Parti national britannique a également doublé son budget électoral par rapport à 2004. Celui-ci s'élève à 560 000 £, soit 625 000 €.

Le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) appelle les Britanniques à dire "non" aux 40 millions £ par jour que, selon la formation, les contribuables doivent payer pour l'Union européenne. Son leader Nigel Farrage demande le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Beaucoup dépendra de la participation. En 2004, celle-ci avait été supérieure à celle des précédentes élections européennes de 1999, notamment en raison de l'organisation le même jour que le scrutin européen d'élections locales partielles dans les régions des West Midlands et du Nord de l'Angleterre et de la mise en place du vote postal dans quatre régions du pays. Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut You Gov, le Parti conservateur recueillerait 30% des suffrages devant le Parti travailliste, 24%, les Libéraux-Démocrates, 18%, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, 10% et les Verts, 9%.

Campagne électorale en Slovaquie

Date du scrutin : 6 juin

Nombre de députés à élire : 13

17 partis sont en lice. Ils sont beaucoup plus présents et visibles dans la campagne électorale que lors du précédent scrutin de 2004. La participation constitue en effet le cauchemar des hommes politiques slovaques (en 2004, la Slovaquie avait été le pays où la plus forte abstention avait été enregistrée : 83%). Cependant, les analystes émettent de sérieux doutes sur le futur taux de participation que les enquêtes d'opinion anticipent d'ailleurs très faible. Les partis politiques sont critiqués pour leur absence d'engagement européen en dehors de la période des élections, ce qui reste largement insuffisant pour mobiliser les électeurs et leur donner de réelles motivations de se rendre aux urnes. L'ensemble des partis s'appuient sur la Slovaquie dans leurs slogans électoraux : une Slovaquie forte réclame l'Union démocratique et chrétienne (SDKU), notre chère Slovaquie déclame également le Parti national slovaque (SNS). Les Verts sont les seuls à ne pas s'appuyer sur le sentiment national. Le principal parti de la coalition gouvernementale, Direction (SMER), parti du Premier ministre Robert Fico, utilise également systématiquement la crise économique.

Le parti Libertas sera absent du scrutin en Slovaquie. Lors d'une visite à Bratislava le 15 mai dernier, le leader du mouvement, Declan Ganley a toutefois annoncé une alliance entre les Démocrates conservateurs de Slovaquie (KDS) et le Parti conservateur civique (OKS) pour les élections européennes. La liste constituée par ces deux partis est soutenue par Libertas. La coalition est emmenée par Vladimir Palko, ministre de l'Intérieur entre 2002 et 2006 et actuel député. Frantisek Miklosko, qui détient le record de longévité au Conseil national de la république, Chambre unique du Parlement slovaque, figure également sur la liste. Frantisek Miklosko a été candidat à l'élection présidentielle qui s'est déroulé les 21 mars et 4 avril derniers. Soutenu par les Démocrates conservateurs de Slovaquie (KDS), il était arrivé 3e du 1er tour en recueillant 5,41% des suffrages.

Selon les derniers sondages, Direction, dont la liste est conduite par Boris Zala, recueillerait 41,6% des suffrages, devant l'Union démocratique et chrétienne (SDKU) 17,8%, le Parti national slovaque (SNS) 9,7%, le Parti de la coalition hongroise (SMK) 8,5%, le Mouvement chrétien-démocrate (KDH) 8% et le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (LU-HZDS) 4,2%.

Campagne électorale en Slovénie

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 7

11 partis et une liste indépendante (la liste pour les droits des patients qui présente 4 candidats) sont en lice, soit une de moins que lors du précédent scrutin de 2004. 42 hommes et 39 femmes sont candidats ; une seule femme figure en tête de liste.

La plupart des membres des listes des 7 formations parlementaires présentes sont composées de personnalités connues : actuels ou anciens ministres (3 anciens ministres des Affaires étrangères sont têtes de liste), anciens ou actuels députés européens. Selon toutes les enquêtes d'opinion, les électeurs privilégient la personnalité des candidats au parti auquel celui-ci appartient ou au programme qu'il défend.

La crise économique internationale, l'élargissement de l'Union européenne aux pays des Balkans, le coût et le travail d'un député européen, la préservation du modèle social européen (notamment le système de retraite) et la diversité culturelle sont les thèmes principaux de la campagne électorale. Autre enjeu spécifiquement slovène : la question de la frontière avec la Croatie. Ce différend entre les deux pays a entraîné le blocage par Ljubljana des négociations d'adhésion de Zagreb à l'Union européenne. La défense des intérêts nationaux (frontières du pays mais également système de santé, d'éducation, etc.) constitue donc un enjeu prioritaire du scrutin en Slovénie.

Selon les derniers sondages publiés par le quotidien Delo, le Parti démocrate (SDS), dirigé par le ministre de l'Education, Milan Zver, devrait recueillir 20% des suffrages, le Parti social-démocrate (SD) actuellement au pouvoir, dont la liste est conduite par Zoran Thaler et qui a choisi pour slogan "Le peuple d'abord",15%, Zares (Réel) 11%, Nouvelle Slovénie (NSi), seule formation non représentée au Parlement national 10% et le Parti libéral démocrate 9%.

Campagne électorale en Suède

Date du scrutin : 7 juin

Nombre de députés à élire : 18

24 partis politiques sont en lice. 3 thèmes majeurs se dégagent dans la campagne : la crise économique, les enjeux environnementaux et la lutte contre le crime organisé. Cependant, lors du débat télévisé organisé le 17 mai dernier et réunissant les 4 partis de la coalition gouvernementale – le Parti du rassemblement modéré (M) ; le Parti du centre (C) ; le Parti du peuple-Les Libéraux (FpL) et le Parti chrétien-démocrate (KD) – et les 3 principaux partis de l'opposition – le Parti social-démocrate (SAP) ; le Parti de l'environnement-Les Verts (MP) et le Parti de la gauche (Vp) –, les discussions ont majoritairement porté sur des thèmes de politique nationale. Les prochaines élections législatives sont prévues en septembre 2010.

Selon le dernier sondage réalisé par l'institut Synovate, les sept partis représentés au Parlement suédois obtiendraient 91,1% des suffrages, dont 45,7% pour les forces de droite et 45,4% pour celles de gauche. Le Parti social-démocrate, conduit par Marita Ulvskog, arriverait en tête avec 30,3% des voix devant le Parti du rassemblement modéré, emmené par Gunnar Hökmark, qui recueillerait 26,3% des suffrages. Suivraient le Parti de l'environnement-Les Verts, conduit par Carl Schlyter, avec 9,1%, le Parti du peuple-Les Libéraux, emmené par Marit Paulsen, 9%, le Parti de la gauche, 6%, le Parti du centre, conduit par Lena Ek, 5,7% et le Parti chrétien-démocrate, emmené par Ella Bohlin,4,7%.

Parmi les partis non représentés au Parlement, on notera la percée du Parti des pirates (PP) qui obtiendrait 5,4% des voix, soit au-dessus du seuil minimum pour être représenté au Parlement européen. Créé en 2006 par Roick Falkvinge, il se bat pour "un internet libre sans licence dans une société ouverte" et espère attirer les jeunes électeurs peu intéressés par la politique et peu mobilisés par les élections européennes mais furieux de la condamnation, le 17 avril dernier, à un an de prison ferme des quatre responsables du site d'échanges de fichiers The Pirate Bay, accusés d'avoir procédé à des téléchargements illégaux qui pourraient choisir de lui apporter leur soutien. La liste du Parti des pirates est conduite par Christian Engström.

On observera également avec intérêt que la formation eurosceptique la Liste de juin qui avait recueilli 14,4% des voix en 2004 et était devenu le 3e parti du scrutin européen en Suède est en net recul, créditée de 2,2% des suffrages.

Cependant, autre enseignement de cette même enquête d'opinion, à 8 jours du scrutin, 45% des Suédois ne savent pas que des élections européennes seront organisées le 7 juin prochain et plus de la moitié des personnes interrogées (52%) ne savent pas si elles iront voter et pour qui elles se prononceront. "Le résultat dépendra maintenant des moyens qu'ont les partis politiques de mobiliser leurs sympathisants pour se rendre aux urnes" affirme Nicklas Källebring, analyste de l'institut Synovate.

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