Election présidentielle en Allemagne, Le point à une semaine du scrutin

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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18 mai 2009
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

L'Assemblée fédérale allemande (Bundesversammlung) réunie au Reichstag élira le 23 mai prochain, jour de l'élection présidentielle outre-Rhin depuis 1979, le prochain Président allemand. Cette Assemblée, constituée des 612 membres du Bundestag, Chambre basse du Parlement, et d'un nombre égal d'élus des 16 Länder du pays (qui ne sont pas forcément des députés des Parlements régionaux), comprend 1 224 membres. L'élection se fait à bulletins secrets à la majorité absolue lors des deux premiers tours de scrutin. Si aucun candidat n'atteint cette majorité (soit 613 voix minimum), est élu au 3e tour de scrutin celui qui réunit le plus grand nombre de suffrages sur son nom.

3 candidats sont en lice :

- Horst Köhler, 66 ans, Chef de l'Etat sortant, ancien président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), ex-directeur du Fonds monétaire international (FMI), candidat de l'Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) et du Parti libéral-démocrate (FDP) ;

- Gesine Schwan, 66 ans, présidente de l'université Viadrina à Francfort sur Oder, ancienne professeur de sciences politiques à l'université libre de Berlin. Soutenue par le Parti social-démocrate (SPD) et les Verts, elle était déjà la candidate de ces mêmes partis lors de la précédente élection présidentielle du 23 mai 2004 ;

- Peter Sodann, 73 ans, acteur, candidat du Parti de gauche (L).

La tradition allemande veut qu'il n'y ait pas de campagne électorale pour l'élection du Président de la République, celle-ci étant supposée se dérouler au-dessus des clivages partisans. Cependant, le Chef de l'Etat sortant Horst Köhler s'est, ces derniers temps, engagé dans le débat public en tenant des propos virulents contre les banquiers et, de façon plus large, contre les dysfonctionnements du système capitaliste.

Dans un entretien qu'il a accordé au quotidien Bild le 2 mai, Horst Köhler a déclaré regretter que les banquiers soient restés silencieux durant la crise. Il a blâmé le manque de transparence et de supervision du système financier. Condamnant les banquiers, parfois personnellement très affectés par la crise, pour avoir reçus des millions €, Horst Köhler a souligné le contraste existant entre eux et les salariés : "Le salarié moyen, par exemple le caissier d'un supermarché, est sévèrement puni à la moindre erreur" a-t-il indiqué.

"Les banques ont fait des marchés financiers un monstre qui doit désormais être apprivoisé. Ce système de capitalisme de casino, sans loi ni sens des proportions et des valeurs s'est écroulé" a conclu le Président de la République qui a toutefois affirmé que la crise économique internationale pouvait in fine permettre de "bâtir une mondialisation meilleure".

Les propos de Horst Köhler ont mis sa principale adversaire Gesine Schwan dans une position délicate. Embarrassée par les discours très à gauche du Chef de l'Etat sortant, la candidate social-démocrate a été poussée à la surenchère pour rester présente dans le débat. Après avoir affirmé que "le système économique actuel ne pouvait que produire de telles crises économiques", elle a ainsi plusieurs fois déclaré que "la colère de la population pourrait croître rapidement" et mis en garde le gouvernement contre la montée du mécontentement qui pourrait créer un climat d'explosion sociale. Gesine Schwan a été critiqué par certains membres de son parti pour ses propos. "Notre économie va mal mais nous sommes loin d'un soulèvement populaire" a ainsi déclaré Dieter Wiefelspuetz (SPD). "Ce que nous ne devons surtout pas faire est de parler de panique" a affirmé Horst Köhler lors d'un entretien qu'il a accordé à la radio RBB. Enfin, Angela Merkel (CDU) a exprimé son mécontentement face à de tels propos : "il est irresponsable d'encourager la panique et la peur et de prédire des choses qui ne correspondent pas à la réalité" a indiqué la Chancelière. "Je pense que les Allemands sont suffisamment mûrs politiquement pour que l'on parle ouvertement de la crise économique" s'est justifiée Gesine Schwan.

Horst Köhler devrait recueillir le 23 mai prochain les 604 voix de l'Union chrétienne-démocrate et du Parti libéral-démocrate (FDP) présents dans l'Assemblée fédérale allemande. Il devrait également obtenir les 10 voix des Electeurs libres (FW), formation de création récente qui regroupe les déçus de l'Union chrétienne-sociale (CSU), et qui a appelé ses membres à soutenir le Président de la République sortant. Cependant, Gabriele Pauli, tête de liste des Electeurs libres aux élections européennes du 7 juin prochain, a plusieurs fois exprimé sa sympathie pour Gesine Schwan et avait demandé que les 10 membres représentant sa formation présents à l'Assemblée fédérale puissent choisir librement le candidat pour lequel ils souhaitaient voter le 23 mai, une demande rejetée par le président du parti, Hubert Aiwanger. Si Horst Köhler se montre confiant dans sa capacité de recueillir les 613 voix nécessaires à sa réélection le 23 mai prochain, Gesine Schwan affirme que ses chances sont réelles.

Le vote se déroulant à bulletins secrets et la logique mathématique n'étant jamais parfaitement respectée, le suspense reste donc entier et il faudra attendre le 23 mai prochain pour connaître le nom du futur Président.

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