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Victoire de l'opposition aux élections législatives lituaniennes

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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27 octobre 2008
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Victoire de l'opposition aux élections législatives lituaniennes

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A l'issue du 2e tour des élections législatives qui se sont déroulées le 26 octobre, l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK) a remporté le plus grand nombre de sièges au Seimas, Chambre unique du Parlement lituanien. Le pays possède un mode de scrutin mixte. 71 députés sont désignés au système majoritaire à 2 tours et les 70 autres au scrutin proportionnel (ils ont été élus le 12 octobre dernier). Lors de ce 2e tour, les Lituaniens devaient désigner 68 de leurs députés au suffrage majoritaire. 131 candidats représentant 12 partis politiques et 5 indépendants étaient en lice.

Le principal parti d'opposition dirigé par Andrius Kubilius, qui était déjà arrivé en tête du 1er tour du scrutin le 12 octobre dernier, obtient 26 nouveaux élus, soit au total 44 sièges (sur les 141 que compte le Parlement). Le Parti social-démocrate (LSP), emmené par le Premier ministre sortant Gediminas Kirkilas, est le grand perdant de ces premières élections législatives depuis l'entrée de la Lituanie dans l'Union européenne en 2004. Il remporte néanmoins 14 sièges lors de ce 2e tour de scrutin (25 au total).

L'Union libérale-Union du centre (LLC-LSC), membre de la coalition gouvernementale sortante et dirigée par Arturas Zuokas, obtient 6 sièges. Pour l'ordre et la justice (TT), parti populiste de l'ancien Président de la République (2003-2004) Rolandas Paksas, remporte 3 sièges tout comme l'Union paysanne populaire (LVLS) dirigée par Kazimiera Danute Prunskiene. Le Parti du travail (DP), parti populiste de gauche créé en 2003 par le milliardaire d'origine russe Viktor Ouspaskitch, 2, l'Action électorale polonaise (LLRA) dirigée par Waldemar Tomaszewski et représentant la minorité polonaise de Lituanie, 2 et enfin, la Nouvelle Union-Parti social libéral (NS-SL), fondée en 1998 par le ministre de l'Environnement, Arturas Paulauskas, 1. Le Parlement comptera en outre 4 députés indépendants.

La participation a été beaucoup plus faible que celle enregistrée lors du 1er tour et s'est élevée à 32,31% (- 15,80 points).

"C'est une victoire incontestable" a déclaré le leader de l'Union de la patrie-Conservateurs, Andrius Kubilius, à l'annonce des premiers résultats. "Nous avons une excellente occasion de former un gouvernement qui va travailler au changement. Je possède une expérience personnelle depuis 1999 – Andrius Kubilius a été Premier ministre durant la dernière année du mandat de l'Union de la patrie-Conservateurs (1996-2000). A l'époque, nous devions déjà faire face à une crise et le nouveau gouvernement sera d'une nature similaire" a-t-il ajouté.

Avec ses 44 sièges, l'Union de la patrie-Conservateurs est cependant loin de posséder une majorité au Parlement. Le parti a commencé de négocier avec le Parti populaire de la résurrection nationale et l'Union libérale-Union du centre entre les deux tours de scrutin. "Nous avons beaucoup de choses en commun et nous voyons les possibilités de travailler ensemble. Il y a une volonté politique, et lundi, nous commencerons les négociations politiques" a déclaré Andrius Kubilius qui a tenu à préciser que "l'un des principaux changements est que les sociaux-démocrates seront absents de la nouvelle coalition".

Le nouveau Parti populaire de la résurrection nationale – qualifié de "parti du show bizz" parce qu'une douzaine de chanteurs, d'acteurs, musiciens ou gens de télévision l'ont rejoint –, dirigé par le producteur d'émissions de téléréalité et présentateur de l'équivalent lituanien de Qui veut gagner des millions ? Arunas Valinskas, a créé la surprise lors du 1er tour des élections législatives du 12 octobre en arrivant en 2e position et en remportant 13 sièges au Seimas. "Notre force est dans notre désir de changement. Appartenir au monde du spectacle est un avantage car nous savons comment parler le langage du peuple" affirme Arunas Valinskas.

"Je crois que nos valeurs, notre analyse de la situation et les réformes que nous souhaitons engager sont proches de celles de l'Union de la patrie-Conservateurs et nous pouvons également travailler avec des formations du centre" a déclaré le leader du Parti populaire de la résurrection nationale qui indique : "La télévision ne constitue pas un tout ou un aboutissement pour moi, je l'ai souvent dit". "Le Parti populaire de la résurrection nationale n'a ni idéologie ni programme, ce qui lui laisse la liberté totale de rejoindre n'importe quel camp politique" indique le professeur de science politique de l'université de Vilnius, Alvidas Lukosaitis.

L'Union de la patrie-Conservateurs pourrait également s'allier au Mouvement libéral qui a obtenu 5 sièges au Seimas lors du 1er tour de scrutin du 12 octobre dernier. Andrius Kubilius a d'ores et déjà annoncé que son parti souhaitait occuper les portefeuilles des Finances, de l'Economie, de la Défense et des Affaires étrangères.

Mais le leader du Parti social-démocrate, Gediminas Kirkilas, n'a toujours pas reconnu sa défaite et déclaré que, selon lui, une coalition arc-en-ciel (qui rassemblerait son parti et l'Union de la patrie-Conservateurs) constituerait la meilleure solution. "Nous sommes prêts à parler avec toutes les formations. Toutes les coalitions peuvent être envisagées" a déclaré le Premier ministre sortant, qui n'a pas hésité à faire quelques avances aux partis populistes (Pour l'ordre et la justice, le Parti du travail ou le Parti populaire de la résurrection nationale) indiquant qu'il souhaitait davantage de "justice sociale" alors que ses adversaires de droite ambitionnaient de faire porter aux Lituaniens le poids de la crise économique.

Andrius Kubilius a annoncé qu'il entendait réduire le taux de l'impôt sur le revenu et augmenter les dépenses publiques, en prenant garde à ne pas laisser filer le déficit budgétaire au-dessus des 3% du PIB fixés par l'Union européenne. Outre la volonté de réformes, dont l'absence a constitué l'un des principaux reproches faits au gouvernement social-démocrate sortant, l'Union de la patrie-Conservateurs a fait campagne sur le maintien des valeurs familiales. Certains de ses membres veulent, par exemple, interdire complètement l'avortement. Une rigueur morale qui pourrait créer certaines tensions au sein de la future coalition gouvernementale.

"Nous faisons face à une crise majeure et l'héritage laissé par le précédent gouvernement constituera un défi sérieux pour ceux qui vont diriger le pays" a déclaré le leader conservateur. "Le prochain gouvernement n'aura pas la vie facile. Nous le savons et nous sommes prêts à relever le défi. Nous allons rapidement nous mettre au travail pour définir un plan qui prendra en compte les défis de la crise économique et financière qui menace" a ajouté Andrius Kubilius.

De nombreux analystes considèrent que le leader conservateur pourrait nommer un gouvernement provisoire. Celui-ci sera, de toute façon, obligé de démissionner dans six mois, après l'élection du nouveau Président de la République (prévue en mai 2009) à laquelle l'actuel Chef de l'Etat, Valdas Adamkus, ne sera pas candidat. Autant dire que la Lituanie est, dès l'annonce des résultats de ce 2e tour, déjà entrée dans une nouvelle campagne électorale.

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