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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Le 4 février dernier, le Président maltais, Eddie Fenech Adami, annonçait la dissolution du Parlement et l'organisation d'élections législatives pour le 8 mars. "Ce scrutin va coïncider avec le 5e anniversaire du référendum qui a ouvert à Mate la voie vers l'Union européenne. Un événement qui a apporté la lumière au pays" a déclaré le Premier ministre Lawrence Gonzi (Parti nationaliste, PN).
260 candidats se présentent aux suffrages des 315 217 électeurs, dont 5,4% sont des primo-votants. Des facilités de transport ont été mises en place pour les Maltais résidant à l'étranger afin de leur permettre de rejoindre l'archipel pour accomplir leur devoir civique.
Le système politique maltais
Malte est une démocratie parlementaire. Le Cabinet (Conseil des ministres), dirigé par le Premier ministre, détient le pouvoir exécutif. Le Parlement est monocaméral ; la Chambre des représentants comprend 65 députés élus au sein de 13 circonscriptions pour 5 ans maximum selon un mode de scrutin complexe (scrutin plurinominal à la représentation proportionnelle appelé système de vote unique transférable) que l'île partage avec seulement 2 pays : l'Irlande et l'Australie. Le jour de l'élection, l'électeur reçoit une liste alphabétique de candidats sur laquelle il désigne par ordre de préférence ceux pour lesquels il souhaite voter. Il inscrit ainsi le chiffre 1 devant le candidat qui a sa 1ère préférence puis 2, 3, 4, etc. devant les noms des autres candidats de la liste. La 1ère opération du dépouillement est le calcul du quotient électoral, c'est-à-dire du nombre de voix minimum que doit obtenir un candidat pour être élu. Ce quotient correspond à l'ensemble des suffrages exprimés divisé par le nombre de sièges à pourvoir (variable selon les circonscriptions) augmenté d'une unité. Tout candidat atteignant ce nombre de voix est déclaré élu. Ses suffrages excédentaires sont alors répartis entre les candidats ayant été retenus en 2e préférence.
Le Parlement élit pour un mandat de 5 ans le Président de la République qui n'a que peu de pouvoirs et occupe une fonction de représentation. L'actuel Chef de l'Etat, Eddie Fenech Adami (PN), a été élu le 29 mars 2004.
Depuis l'indépendance le 21 septembre 1964, seuls 2 partis politiques sont représentés au Parlement : le Parti nationaliste (PN), parti chrétien-démocrate dirigé par l'actuel Premier ministre, Lawrence Gonzi, et le Parti travailliste (MLP), formation social-démocrate emmenée par Alfred Sant. 2 autres partis se présentent aux suffrages le 8 mars : Alternative démocratique (AD), formation écologiste, et Action nationale (AN), parti populiste d'extrême droite créé le 9 juin 2007 et emmené par Josie Muscat.
La campagne électorale
Le Premier ministre, Lawrence Gonzi, fait campagne en s'appuyant sur les réalisations de son gouvernement durant 5 ans. "Malte est en bien meilleur état qu'il y a 5 ans. Nous avons maintenant une économie crédible et solide" a t-il déclaré. Il met en avant ses résultats économiques : un déficit public passé de 10% du PIB en 2004 à 1,6% en 2007, une diminution de la dette publique (76% du PIB en 2004 et 63% en 2007), une forte hausse des investissements (taux record des investissements directs étrangers en 2007), une inflation parmi les plus faibles de l'UE (1,7%) et un taux de croissance du PIB de 4,3%, supérieur à la moyenne de l'Union européenne. L'archipel peut afficher un taux de chômage de 4%, soit l'un des plus faibles de l'UE. Le Premier ministre affirme que son gouvernement a, durant 5 ans, créé 20 000 nouveaux emplois, augmenté les aides sociales aux familles, baissé les impôts et investi 300 millions d'euro pour la protection de l'environnement. "Quand certains se sont contentés de critiquer, nous, nous avons travaillé" a t-il indiqué. Malte a rejoint le 1er janvier dernier avec Chypre l'Union économique et monétaire (UEM) et adopté l'euro.
Le programme du Parti nationaliste comprend 353 propositions parmi lesquelles la poursuite de la baisse des impôts entamée en 2005, la suppression de l'impôt sur la succession des propriétés résidentielles, de nouveaux investissements dans les domaines de l'éducation et de la santé et de l'environnement, un plus important soutien aux agriculteurs et aux pêcheurs et la création de milliers d'emplois dans les 5 prochaines années. Le Premier ministre, qui a confirmé l'arrêt des subventions aux chantiers navals demandé par l'Union européenne, a précisé qu'il s'engageait, en cas de victoire, à proposer des formations aux salariés de ces chantiers. Le Parti nationaliste souhaite voir 85% d'une classe d'âge faire des études supérieures. Actuellement, 70% des élèves vont à l'université, soit +30% en 10 ans. Il souhaite œuvrer pour plus de transparence et veut nommer un procureur spécial doté de pouvoirs spécifiques au sein de la Commission permanente contre la corruption. Concernant l'île de Gozo, le Premier ministre a présenté un plan comprenant 21 initiatives et souhaite que la priorité soit donnée aux transports entre les deux îles et à l'environnement.
Lawrence Gonzi, qui a reconnu avoir fait certaines erreurs durant la législature qui s'achève, notamment en ne parvenant pas à équilibrer développement et protection de l'environnement, répète que le Parti travailliste n'est pas crédible, qu'il n'hésite pas à recourir au mensonge durant sa campagne électorale et que le seul conseil qu'il a donné au gouvernement durant la précédente législature avait été de dévaluer la livre maltaise de 10%. Le Premier ministre a annoncé qu'en cas de réélection, le gouvernement serait considérablement remanié.
La famille, les jeunes, la qualité de la vie et la création d'emplois figurent au cœur de l'agenda du Parti travailliste. "Nous voulons un programme de changement qui bénéficie aux familles" a déclaré Alfred Sant qui a pris la "route du changement", sillonnant l'archipel dans un autobus sur lequel on peut lire les mots "travail, protection, dignité". Il affirme que l'économie a stagné au cours des 5 dernières années, que l'archipel a le plus faible taux de création d'emploi depuis les années 1960, que le nombre d'emplois a décru de 1 500 dans le secteur manufacturier et que le chiffre actuel de la croissance du PIB de 4,3% est un mensonge qui ne dupe personne. Il promet, en cas de victoire de son parti le 8 mars, de créer 2 000 emplois dans l'industrie et les services et 4 000 dans les nouvelles technologies, de trouver les moyens d'attirer à Malte de nouvelles entreprises et d'inciter les Maltais vivant à l'étranger à revenir vivre dans l'archipel. Alfred Sant se dit certain que la croissance atteindra 4 à 6% par an grâce aux 100 projets de développement et de rénovation de la région du Grand Port qu'il propos. Le Parti travailliste s'est engagé à rembourser la TVA sur les achats de produits ou de services relatifs à l'éducation des enfants, à ne pas augmenter les tarifs de l'eau et de l'électricité et même à réduire de moitié la surcharge actuelle payée par les particuliers sur l'eau et l'électricité dans la semaine suivant les élections législatives.
Côté éducation, le Parti travailliste propose de mettre en place une année supplémentaire entre l'école maternelle et l'école primaire (appelée reception class) afin de faciliter la scolarité des jeunes Maltais. Ce projet a été accueilli sans grand enthousiasme par les enseignants et est contesté par ses adversaires qui l'accusent d'utiliser l'éducation comme un objet de polémique. "Les travaillistes souhaitent utiliser nos enfants pour faire des expériences" a souligné le Premier ministre. Le Parti travailliste promet de réduire les listes d'attente des hôpitaux de 15% par an, de lutter contre la corruption et d'investir dans les énergies renouvelables qui devraient représenter 5% des énergies utilisées d'ici 2010, contre 0,22% actuellement. Enfin, il financera 2 projets au sein de chaque municipalité de l'archipel.
Concernant Gozo, le Parti travailliste promet de promouvoir l'île, qui reçoit moins de visiteurs que Malte, comme une destination touristique à part entière. Il prévoit de mettre en place un nouveau service d'hélicoptères subventionné pour desservir Gozo et des mesures fiscales pour inciter les agriculteurs, les pêcheurs, les petites entreprises et tous ceux qui travaillent dans le tourisme à s'installer dans l'île. La compagnie nationale Air Malta bénéficiera d'un soutien et le gouvernement aidera le développement des compagnies aériennes à bas prix. Alfred Sant a déclaré vouloir augmenter le nombre de touristes jusqu'à 1,6 million par an.
Opposé à l'entrée de son pays dans l'Union européenne lors du référendum sur l'adhésion du 2003, Alfred Sant ne souhaite pas s'exprimer sur ce sujet et choisit de ne pas répondre aux journalistes qui l'interrogent sur ce qu'il pense de l'appartenance de Malte à l'Union européenne. Il déclare souhaiter "aller de l'avant" mais promet de négocier fermement avec Bruxelles sur les questions de l'agriculture ou encore des chantiers navals. Le Premier ministre n'hésite pas à mettre en avant l'euroscepticisme d'Alfred Sant et rappelle que, grâce à son entrée dans l'UE, l'archipel a accès à un grand marché de près de 500 millions de consommateurs et que les fonds européens ont permis de nombreuses créations d'emplois.
Malte a été, le 29 janvier dernier, le 3e Etat membre de l'UE à ratifier le traité de Lisbonne.
Interrogé sur le financement de ses promesses électorales, Alfred Sant affirme qu'elles peuvent être financées par le budget de l'Etat, sans garantir complètement qu'aucun nouvel impôt ne sera créé. "Les nationalistes ne doivent pas être jugés sur ce qu'ils proposent mais sur ce qu'ils n'ont pas fait durant ces cinq dernières années" répète t-il.
Alternative démocratique (AD) espère recueillir 5% des suffrages lors des élections du 8 mars. Le parti écologiste, dont le slogan est "Votre vote peut apporter le changement", s'est fixé pour objectif d'obtenir 4 sièges à la Chambre des représentants. Il défend l'idée d'un gouvernement de coalition avec l'un des 2 principaux partis, une proposition qui a été rejetée par le Parti nationaliste. Il se bat pour l'organisation de référendums locaux sur les questions touchant l'environnement et pour une libéralisation des transports. Il souhaite réduire l'impôt des petites entreprises de 35% à 30%, une mesure qu'il financerait en accroissant les taxes pesant sur les banques.
Située à l'extrême droite de l'échiquier politique, Alternative nationale, qui fait campagne sous le slogan "Souveraineté, sérieux et justice", se bat contre l'immigration et pour la défense de la famille. Populiste, le parti veut diminuer les pouvoirs du gouvernement, qu'il souhaite voir réduit à 4 membres, pour le mettre dans les mains du peuple. Il prévoit de diminuer de 15 le nombre de députés et de faire élire le Président de la République au suffrage universel direct. Il souhaite réduire les impôts sur les entreprises de 35% à 18% et accuse les 2 principaux partis d'avoir vendu la souveraineté de Malte à l'Union européenne.
Alors que le Parti travailliste dominait son adversaire nationaliste de 3 à 6 points dans les enquêtes d'opinion depuis plusieurs mois, l'écart s'est réduit ces derniers jours et n'est plus que de 2 points. Les Maltais restent cependant plus nombreux à croire en une victoire du Parti travailliste qu'en celle des nationalistes : 48,72%, contre 34,62% selon une enquête réalisée par l'institut M&E Management group. Alternative nationale devancerait Alternative démocratique dans les urnes. Toutefois, aucun de ces 2 partis n'obtiendrait de siège au Parlement.
Rappel des résultats des élections législatives du 12 avril 2003 à Malte
Participation : 96,2%
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