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Élections en Europe
Corinne Deloy
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Le 28 janvier, pour le premier tour de l’élection présidentielle en Finlande, 9 personnes sont en lice. Si aucun candidat ne recueille plus de la moitié des suffrages, un second tour sera organisé le 11 février.
Les Finlandais peuvent voter par correspondance du 17 au 23 janvier (du 17 au 20 pour ceux qui résident à l’étranger.) Après deux mandats consécutifs à la tête du pays, l’actuel chef de l’Etat, Sauli Niinistö (Parti de la coalition nationale, KOK) ne peut pas se représenter.
La présidence de la République est l’institution dans laquelle les Finlandais ont le plus confiance (84%) selon une récente enquête réalisée par la Fondation pour le développement municipal et publiée en janvier 2024.
Les candidats en lice
9 personnes concourent pour le scrutin présidentiel :
- Alexander Stubb (Parti de la coalition nationale, KOK), ancien Premier ministre (2014-2015) et plusieurs fois ministre, actuel directeur de l’école de gouvernance européenne et transnationale de l'Institut universitaire européen de Florence ;
- Pekka Haavisto (Ligue verte, VIHR), ancien ministre des Affaires étrangères (2019-2023) et diplomate aux Nations unies. Il a déjà été candidat à l’élection présidentielle à deux reprises : en 2012 et en 2018, battu à chaque fois par le président sortant Sauli Niinistö ;
- Jussi Halla-aho (Parti des Finlandais, PS), actuel président de l’Eduskunnta/Rikdsdag, chambre unique du parlement ;
- Jutta Urpilainen, présidente du Parti social-démocrate (SDP), commissaire européenne aux Partenariats internationaux, ancienne ministre des Finances (2011-2014) ;
- Olli Rehn (Parti du centre, KESK), actuel gouverneur de la Banque centrale de Finlande, ancien commissaire européen pour les entreprises et la société de l'information (2004) pour l'élargissement (2005-2010) et aux affaires économiques et monétaires (2010-2014) ;
- Li Andersson, dirigeante de l’Alliance des gauches (VAS), ancienne ministre de l'Éducation (2019-2020 et 2021-2023) ;
- Sari Essayah, présidente du Parti chrétien-démocrate, SKL), actuelle ministre de l'Agriculture et des Forêts ;
- Harry Harkimo (Mouvement maintenant, LN), homme d'affaires, connu pour avoir animé la version finlandaise de l’émission de téléréalité The Apprentice ;
- Mika Aaltola, directeur de l’Institut finlandais des affaires internationales, se présente en candidat indépendant.
L’enquête d’opinion réalisée par l’institut Verian les 20-21 décembre derniers donnent Alexander Stubb et Pekka Haavisto en tête du premier tour avec respectivement 24% et 22% des suffrages. Le candidat du KOK est le plus populaire parmi les hommes et les plus âgés des électeurs ; le candidat écologiste semble avoir pâti de l’entrée en lice de la candidate social-démocrate, Jutta Urpilainen. Le populiste Jussi Halla-aho arriverait en 3e position avec 12% des voix, suivi par Olli Rehn (9%) et Li Andersson (7%).
L’institut Taloustukimus a testé les deux candidats susceptibles d’arriver en tête sur un 2e tour qui devrait donc être un choix entre gauche et droite : Alexander Stubb battrait Pekka Haavisto par 58% des suffrages (42% au candidat écologiste). Le candidat du KOK devrait pouvoir compter au 2e tour sur les voix des électeurs de Jussi Halla-aho et d’Olli Rehn et le candidat de la gauche sur les suffrages des personnes ayant choisi Jutta Urpilainen ou Li Andersson au 1er tour.
La campagne électorale
Les pouvoirs du président de la République ont diminué en Finlande en 2000, mais le chef de l’État a toujours pour fonction de superviser la politique étrangère et la politique de sécurité, ce qui, en ces temps de guerre entre l’Ukraine et la Russie, figure au cœur de la campagne électorale présidentielle. Toutefois, tous les candidats partagent la même position sur le conflit et face à la menace venue de Moscou (la Finlande partage 1 340 kilomètres de frontières avec la Russie). L’attaque des forces armées russes sur Kiev le 24 février 2022 a uni les Finlandais de tous bords qui ont largement approuvé l’entrée du pays dans l’OTAN le 4 avril 2023, un acte qui a mis fin à une politique de non-alignement militaire en vigueur depuis les années 1990 et à des décennies de neutralité. Lorsque les positions des candidats sont si proches sur l’enjeu prioritaire de la campagne électorale, les électeurs ont tendance à se tourner vers les qualités personnelles de chacun des candidats.
Longtemps favori des sondages, Pekka Haavisto est, depuis quelques mois, devancé dans les enquêtes d’opinion par Alexander Stubb. Le candidat écologiste peut mettre en avant son expérience au ministère des Affaires étrangères : il a, entre autres, œuvré à l’entrée de son pays dans l’OTAN. Il a réuni des appuis venus de tous les horizons, y compris de partis opposés à la Ligue verte, mais aussi de nombreux artistes et sportifs. Le candidat écologiste a rassemblé 48 000 signatures de soutien pour l’élection présidentielle, soit plus du double du minimum obligatoire de 20 000 signatures requises pour qu'un candidat puisse concourir avec le soutien d'un groupe d'électeurs. Pekka Haavisto se présente en effet comme le candidat d’une association d’électeurs soutenu par la Ligue verte.
Alexander Stubb bénéficie de l’appui précieux de Petteri Orpo (KOK), Premier ministre depuis le 20 juin 2023 après la victoire du KOK aux élections législatives du 2 avril 2023. Il vit actuellement en Italie après avoir résidé au Luxembourg (il a été vice-président et membre du Comité de direction de la Banque européenne d'investissement, BEI). Il a été député européen (2004-2008), en charge de la diplomatie (2008-2011), ministre des Affaires européennes et du Commerce extérieur (2011-2014) et il est très à l’aise sur la scène internationale. Alexander Stubb a indiqué que sa décision de revenir en politique avait été motivée par l'inquiétude qu’a suscité en lui l'attaque des forces armées russes sur Kiev. « Je peux affirmer, la main sur le cœur, que je n’avais aucunement l’idée de me présenter à la présidence de la République avant février 2022 » a-t-il déclaré, ajoutant « Dans le contexte politique mondial cependant, lorsque la patrie vous appelle, vous vous devez de répondre présent ».
La fonction présidentielle
Le chef de l'État finlandais est élu pour un mandat de 6 ans au suffrage universel direct. Le candidat élu prend ses fonctions le premier jour du mois suivant son élection, ce sera donc le 1er février s'il est désigné le 28 janvier et le 1er mars s'il est élu le 11 février. Dans le cas où une seule personne est candidate au poste présidentiel, aucun scrutin n'est organisé et l'unique candidat est élu d'office à la tête de l'État.
Le président de la République ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Il est également d'usage qu'il rende sa carte de membre d'un parti politique pendant la durée de son mandat. Les candidats, qui doivent obligatoirement être nés citoyens finlandais, peuvent être désignés par un parti siégeant au parlement ou par un groupe d'électeurs rassemblant au moins 20 000 électeurs inscrits.
La fonction présidentielle est prestigieuse en Finlande en dépit de la restriction, en 2000, des compétences du chef de l'État par une réforme de la Constitution. Le président de la République dirige la politique étrangère et la défense du pays (en collaboration avec le gouvernement) et il est le commandant en chef des armées. Il ne possède en revanche aucun pouvoir sur les affaires intérieures. Depuis 2011, la Finlande est représentée au sein de l'Union européenne par son Premier ministre.
Rappel des résultats de l’élection présidentielle du 28 janvier 2018
Participation : 66,73%
Source : https://tulospalvelu.vaalit.fi/TPV-2018_1/en/ehdtulos_kokomaa.html
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