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Corinne Deloy
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Le PVV a recueilli 23,70% des suffrages et conquis 37 sièges, soit +20 par rapport aux précédentes élections législatives de mars 2021.
Les dernières enquêtes d’opinion préélectorales attestaient d’une remontée du parti quelques jours avant le scrutin mais personne n’avait anticipé une telle percée. « Quiconque sait qui va gagner ces élections ment. Tout et n’importe quoi peut encore arriver » affirmait Julia Wouters, politologue, quelques jours avant le scrutin. La veille du vote, seulement quatre électeurs sur dix (40%) se disaient sûrs de leur choix. Le nombre de partis en lice (27) rendait difficile d’anticiper le vote des Néerlandais. « La plupart des têtes de listes ont été remplacées par rapport à 2021, ce qui ouvre davantage le jeu » avait mis en avant Kristof Jacobs, professeur de science politique de l'université Radboud de Nimègue.
« L'ère Mark Rutte se termine par une révolte populiste de droite qui ébranle La Haye jusque dans ses fondations. La victoire électorale historique que le PVV a remportée a dépassé toutes les attentes » pouvait-on lire dans le quotidien NRC. « Vous pouvez parler de tremblement de terre. Personne ne s’attendait à ce résultat, pas même Geert Wilders » a affirmé Rene Cuperus de l’institut Clingendael. Fait exceptionnel : la Commission européenne, qui ne commente jamais les résultats des élections nationales organisées au sein des Etats membres, a publié une déclaration : « Nous comptons toujours sur la forte implication des Pays-Bas dans l'Union européenne ».
Le PVV est arrivé en tête dans les villes de Rotterdam, La Haye et Maastricht. Il obtient ses résultats les plus élevés dans le sud et le nord-est du royaume.
Les 4 partis du gouvernement sortant ont essuyé un revers. Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), du Premier ministre sortant Mark Rutte, a recueilli 15,25% des suffrages et remporté 24 sièges (- 10). Les Démocrates 66 (D66), conduits par Rob Jetten, ont obtenu 6,23% et 9 élus (- 15). L'Appel chrétien-démocrate (CDA) dirigé par Henri Bontenbal, a recueilli 3,34% et 5 sièges (- 10). L’union chrétienne (CU), 2,05% et 3 sièges (-2).
L’alliance Parti du travail-Gauche verte (PvdA-GL) emmenée par Frans Timmermans, ancien vice-président de la Commission européenne, chargé de l'Action pour le climat (2019-2023), a pris la 2e place du scrutin, loin derrière le PVV, avec 15,56% et 25 élus (+ 8 par rapport au résultat des deux partis lors du précédent scrutin). La coalition de gauche s’est imposée à Amsterdam, Utrecht et Groningue.
Selon Menno Hurenkamp, politologue à l'université d'Utrecht, le Parti socialiste (SP), parti de gauche radicale emmené par Lilian Marijnissen, comme le Parti pour les animaux (PvdD), conduit par Esther Ouwehand, ont pâti du vote utile en faveur de la coalition conduite par Frans Timmermans, un vote choisi par une partie des électeurs de plus en plus inquiets au fur et à mesure que la menace d’une victoire de Geert Wilders se faisait jour dans les enquêtes d’opinion. Ces deux partis ont recueilli respectivement 3,15% et 5 députés (- 4) et 2,22% et 3 sièges (- 3).
L’alliance Parti du travail-Gauche verte a devancé le Nouveau Contrat social (NSC), nouveau parti fondé par Pieter Omtzigt positionné au centre de l’échiquier politique, qui a obtenu 12,89% et 20 députés. Longtemps en tête des enquêtes d’opinion, le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB), parti dirigé par Caroline van der Plas, a obtenu 4,68% et 7 sièges (+ 6) 5 autres partis seront représentés dans la Chambre des Etats généraux, chambre basse du Parlement. Au total, les partis de droite remportent les deux tiers des votes de ce scrutin.
La participation s’est élevée à 77,80%, soit +2,26 points par rapport à celle enregistrée lors des élections législatives de 2021.
source : https://app.nos.nl/nieuws/tk2023/
« Le PVV ne peut plus être ignoré » a déclaré Geert Wilders à l’annonce des résultats, ajoutant « le PVV est plus grand parti des Pays-Bas ! » « Quand j’ai quitté mon ancien parti (le VVD), j’avais dit qu’un jour, nous deviendrons le plus grand parti des Pays-Bas ». Présent depuis vingt ans sur la scène politique néerlandaise où il a connu des fortunes diverses, Geert Wilders a récemment effectué un virage vers un programme plus social. « Il existe des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d'asile et d'immigrants » a-t-il déclaré, ajoutant que si l’immigration est une question importante, « les Néerlandais s'inquiètent encore plus de savoir s'il leur reste encore de l'argent dans leur portefeuille ». Le dirigeant du PVV a promis à ses concitoyens de se concentrer sur « la sécurité et la santé » ainsi qu’un meilleur accès au logement et aux maisons de retraite. L’homme, qui pour la première fois se disait prêt à gouverner, est également apparu serein et apaisé lors des débats télévisés préélectoraux. « Geert Wilders est resté le même mais son ton a quelque peu changé. Ce qui a changé aussi, c'est qu'il y a désormais plus de partis radicaux et que Geert Wilders apparaît presque comme un modéré. D'autant que certains partis traditionnels se sont aussi rapprochés du PVV, sur des thèmes tel que celui de l'immigration, central pendant la campagne » a souligné Kristof Jacobs, politologue de l'université de Nimègue. Geert Wilders a donc modifié son discours et il a su parler à ses compatriotes de crise du logement, de la vétusté des services de soins, de pouvoir d’achat. Il a su également policer son discours. Et tout cela alors que les autres partis parlaient de plus en plus d’immigration et lui, moins. En effet, le dirigeant populiste a indéniablement profité de la présence du thème de l’immigration et de l’asile au cœur des débats politiques. N’oublions pas que le scrutin a été anticipé après la démission le 7 juillet dernier du Premier ministre Mark Rutte qui avait constaté l’impossibilité de faire adopter par son gouvernement un projet de loi contribuant à réduire l’accueil des demandeurs d’asile aux Pays-Bas. Beaucoup ont reproché à Mark Rutte de s’être servi de la question du droit d’asile comme prétexte pour forcer un retour anticipé aux urnes en fixant à ses partenaires de coalition gouvernementale des conditions qu’il savait ne pouvoir être acceptées.
« C'est une victoire écrasante et cela instaure une toute nouvelle dynamique » a affirmé Diederick van Wijk de l'institut Clingendael, ajoutant « Les autres partis ont commis une erreur stratégique en se concentrant sur l'immigration, faisant ainsi le jeu du PVV » a. Plus de la moitié des Néerlandais (52%) se déclarent préoccupés par l’immigration.
« Le tsunami de l’asile doit être endigué », a certes répété le dirigeant populiste pendant la campagne électorale, mais en précisant qu’il n’était plus question de parler « du Coran et des mosquées ». Bien sûr, Geert Wilders martèle toujours son slogan « Les Pays-Bas d'abord ». Il se bat pour un pays souverain, responsable de sa monnaie, de ses frontières et qui établit ses propres règles et, enfin, il souhaite organiser un référendum contraignant sur une sortie des Pays-Bas de l'Union européenne (Nexit). Favorable à Vladimir Poutine, Geert Wilders souhaite également un arrêt de l’envoi de toute aide militaire à l’Ukraine.
Dilan Yesilgöz-Zegerius, dirigeante du VVD, a affiché un positionnement très ferme sur les questions migratoires et sur l’asile durant la campagne électorale. « Comme l'ont déjà montré des expériences similaires dans d'autres pays, c'est une stratégie qui ne paie que très rarement, voire jamais. Les électeurs préfèrent toujours l'original à la copie » a indiqué Benjamin Leruth, professeur en science politique à l'université de Groningue. La cheffe du VVD a également déclaré qu’elle ne jugeait pas impossible de gouverner avec le PVV de Geert Wilders. Cette évocation d’une coalition possible a contribué à légitimer, à normaliser, et même à renforcer le PVV et son dirigeant.
Geert Wilders espère désormais parvenir à trouver une majorité parlementaire et à former un gouvernement. L’alliance Parti du travail-Gauche verte (PvdA-GL) a d’ores et déjà déclaré qu’elle ne coopérerait pas avec le PVV.
« Le moment est venu pour nous de défendre la démocratie » a affirmé Frans Timmermans.
Le VVD n’envisage plus a priori de collaborer avec Geert Wilders, et ce notamment si celui-ci peut revendiquer de diriger le gouvernement. Dilan Yesilgöz-Zegerius a déclaré souhaiter travailler à la construction d’une coalition de centre-droit.
« Nous sommes prêts à gouverner. C'est un résultat difficile. Nous discuterons de la manière dont nous pourrions contribuer au mieux » a déclaré Pieter Omtzigt.
Geert Wilders a évoqué la formation d’une coalition gouvernementale comprenant outre le PVV, le Nouveau Contrat social (BSC) et le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB). Ensemble, les 3 partis disposent de 64 sièges à la Chambre, soit 12 de moins que la majorité absolue (76). Les négociations vont être longues.
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