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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Anibal Cavaco Silva, candidat soutenu par le Parti social-démocrate (PSD), principale formation d'opposition, est le grand favori de l'élection présidentielle qui aura lieu le 22 janvier prochain. L'ancien Premier ministre (1985-1995) bénéficie d'une avance considérable dans toutes les enquêtes d'opinion face à ses deux adversaires du Parti socialiste (PS), Mario Soares, ancien Président de la République (1986-1996), et Manuel Alegre. De nombreux sondages donnent même Anibal Cavaco Silva vainqueur dès le premier tour.
Il est, en effet, le seul candidat des forces libérales et se voit opposé à cinq candidats qui se situent tous à gauche sur l'échiquier politique. Si l'actuel Premier ministre, José Socrates, soutient la candidature de Mario Soares « Son expérience et son prestige peuvent beaucoup contribuer à unir le Portugal », celle-ci suscite cependant de nombreuses critiques au sein même de la formation actuellement au pouvoir, principalement à cause de l'age de l'ancien Président de la République, quatre vingt-un ans. « Mes quatre vingt-un ans sont un stimulant pour les vieux qui ne veulent pas mourir avant l'heure » répond Mario Soares à ceux qui abordent le sujet de son âge
Cependant, la fonction présidentielle étant au Portugal essentiellement honorifique et les pouvoirs du Président de la République étant limités, le scrutin du 22 janvier prochain, qui n'affectera pas la politique menée par l'actuel gouvernement dirigé par José Socrates (PS), n'a suscité jusqu'à présent que peu d'intérêt parmi la population. Les candidats eux- mêmes ont renoncé a tenir de grands meetings et les formations politiques se sont fait discrètes, les principaux candidats se présentant comme indépendants. Anibal Cavaco Silva a d'ailleurs suspendu son affiliation au Parti social-démocrate pour ce scrutin. Les analystes politiques sont unanimes à estimer que l'élection se jouera principalement sur la personnalité des candidats.
Anibal Cavaco Silva a déclaré « vouloir faire marcher le pays dans le bon sens et ouvrir une fenêtre à l'espérance ». Premier ministre au moment de l'entrée du Portugal dans la Communauté européenne (1986), ce professeur d'économie a gouverné le Portugal durant une période de forte croissance économique dont la population est nostalgique. Au cours de sa campagne électorale, l'ancien Premier ministre a centré son discours sur les difficultés socio-économiques que traverse actuellement le Portugal et n'a pas hésité à faire référence au bon bilan économique de son gouvernement. Il a déclaré souhaiter aider le gouvernement de José Socrates à revitaliser l'économie du pays. « Non, je ne suis pas le sauveur de la patrie mais je trouve qu'il y a un risque pour le Portugal d'atteindre les cinq cent mille chômeurs» a-t-il souligné.
Mario Soares se présente comme « une garantie pour la stabilité politique et un facteur d'union des Portugais ». Il affirme également « vouloir oeuvrer pour une distribution socialement juste des difficultés ». Selon l'ancien Président de la République, l'élection d'Anibal Cavaco Silva comporte un « grave risque d'ingouvernabilité pour le pays ». Mario Soares considère en effet que l'ancien Premier ministre « n'a pas compris la différence entre Président et Premier ministre et que loin de résoudre les problèmes du pays, son élection les aggraverait par un conflit constitutionnel ».
Lors du débat télévisé qui s'est déroulé sur la chaîne publique RTP le 20 décembre dernier et qui a, pour la première fois, opposé les deux hommes, Mario Soares a reproché à Anibal Cavaco Silva de faire campagne comme s'il devait être élu au poste de Premier ministre. « Anibal Cavaco Silva parle de choses pour lesquelles il n'a pas des compétences. Il parle de la crise, qui est une chose qui nous affecte tous, mais il n'a pas des compétences pour faire de la politique ni pour arrêter le chômage comme il l'a promis ni même pour résoudre les problèmes de l'éducation ou autres. Pour tout cela, c'est le gouvernement qui est compétent. Le Président ne gouverne pas et n'a pas les pouvoirs d'un Premier ministre » a déclaré l'ancien Président de la République qui a également rappelé qu'Anibal Cavaco Silva avait « gouverné en période de vaches grasses ». L'autre candidat socialiste, Manuel Alegre, a également accusé Anibal Cavaco Silva de vouloir « devenir le commandant suprême du régime et gouverner a partir du Palais de Belem (siège de la Présidence de la République)». « Je sais très bien quelles sont les compétences d'un Président de la République. Mais je pense, et en cela je suis très différent de Mario Soares, que dans cette conjoncture le Président de la République ne peut pas rester passif, il doit être actif et accepter de collaborer avec le gouvernement » a répondu Anibal Cavaco Silva qui, à de multiples reprises lors de cette émission, a demandé à Mario Soares de parler d'avenir et de présenter son programme politique. Six téléspectateurs sur dix (60%) ont estimé qu'Anibal Cavaco Silva avait été plus convaincant que son adversaire lors de ce débat.
Enfin, le candidat et secrétaire général du Parti communiste (PCP), Jéronimo de Sousa, a récemment appelé à un vote de protestation contre le gouvernement qu'il accuse d'avoir trahi ses promesses et d'appliquer une politique de droite. Il a cependant déclaré que, dans l'éventualité d'un deuxième tour, il se prononcerait en faveur du candidat de gauche arrivé en tête du scrutin.
Selon une enquête d'opinion réalisée entre le 4 et le 7 janvier par l'institut Marktest et publiée le 9 janvier dernier par le quotidien Diario de noticias, Anibal Cavaco Silva remporterait l'élection présidentielle dès le premier tour avec 61% des suffrages, contre 14,3% pour Mario Soares et 11,5% pour Manuel Alegre. Jeronimo de Sousa recueillerait 6,9% et le leader et candidat du Bloc des gauches (BE), Francisco Louca, 6,1%. Le secrétaire général et candidat du Parti communiste des travailleurs portugais (PCPT/MRPP), Garcia Pereira, obtiendrait environ 1% des voix.
Une victoire d'Anibal Cavaco Silva serait la première d'un candidat des forces libérales à l'élection présidentielle depuis la Révolution des œillets du 25 avril 1974 qui a marqué la chute de la dictature établie par Antonio Oliveira Salazar en 1932.
Si aucun candidat ne recueille, le 22 janvier, plus de 50% des suffrages, un deuxième tour opposera deux semaines plus tard, soit le 5 février prochain, les deux hommes arrivés en tête du premier tour.
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