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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Sans réelle surprise mais après une campagne plus difficile et plus serrée que ne l'avaient initialement prévu les enquêtes d'opinion, Tarja Halonen (Parti social-démocrate, SDP) a remporté le deuxième tour de l'élection présidentielle. La Présidente sortante recueille 51,8% des suffrages, contre 48,2% à son rival, Sauli Niinistö, candidat du Parti de la coalition nationale (KOK). Un résultat quasiment identique à celui du second tour de la précédente élection présidentielle du 6 février 2000 où Tarja Halonen avait remporté le scrutin avec 51,61% des suffrages, contre 48,37% à son rival Esko Aho (Parti du centre, KESK).
La participation s'est élevée à 77,2%, soit trois points de moins qu'il y a six ans. Un électeur sur trois (34,9%) avait choisi de voter par anticipation. Les personnes ayant choisi ce mode de scrutin ont été plus nombreuses que le reste de l'électorat à se prononcer en faveur de la Président sortante : 53,9% d'entre eux lui ont apporté leur voix, contre 46,1% à Sauli Niinistö.
Issue d'une famille modeste et élevée par sa mère, aide-ménagère dans le quartier populaire de Kallio, Tarja Halonen a été la première de sa famille à obtenir le baccalauréat. Juriste de formation, elle a tout d'abord travaillé à la Confédération finlandaise des syndicats (SAK) et secrétaire générale de l'association des étudiants finlandais en 1969 et 1970, avant d'être nommée au secrétariat du Premier ministre en 1974 et d'entrer, en 1977, au conseil municipal de la capitale Helsinki où elle siègera jusqu'en 1996. Elue députée en 1979, elle occupera plusieurs portefeuilles ministériels (Affaires sociales et Santé, Justice, Coopération nordique et Egalité des sexes, etc.). Elle sera également la première femme à diriger la diplomatie de 1995 à 2000.
Qualifiée de femme intègre, fiable, compétente et proche de ses concitoyens par la grande majorité de ses compatriotes, Tarja Halonen, soixante-deux ans, est la Présidente la plus populaire depuis l'indépendance du pays en 1917 ; sa cote de popularité s'établissait à 94% en 2004, un résultat unique dans l'histoire de la Finlande, et encore à 70% en 2005. Mère célibataire, Tarja Halonen avait tenu en 2000 à déclarer publiquement qu'elle n'était plus membre de l'Eglise luthérienne et qu'elle vivait en union libre depuis quatorze ans. Depuis, la Présidente a épousé son compagnon, Pentti Arajävi, docteur en droit à l'université de Joensuu. Son humanité et sa faculté de comprendre les problèmes quotidiens auxquels sont confrontés les Finlandais sont très souvent citées comme ses deux plus grandes qualités. La Présidente est également respectée des Finlandais pour ses nombreux engagements en faveur de la défense des plus démunis comme des minorités et d'une plus grande solidarité.
Au cours de son mandat, Tarja Halonen a su s'imposer sur la scène internationale. Si comme le veut la Constitution, elle est restée en retrait des affaires intérieures, elle a cependant, chaque fois qu'elle en avait l'occasion, rappelé l'importance à ses yeux de l'Etat providence, de la défense des plus défavorisés, de la diversité culturelle et de la tolérance.
Celle qui se définit elle-même comme la « Présidente de tous les Finlandais » avait centré sa campagne électorale sur l'égalité des chances, une mondialisation plus juste et la défense de l'Etat providence. Aux yeux des analystes politiques, elle est cependant apparue plusieurs fois confuse, aisément irritée, voire agressive et arrogante durant ces dernières semaines, parce que peut-être trop assurée de sa victoire.
« Il y a six ans, j'étais la première Présidente de la République, cette fois, je suis la première Présidente réélue » a déclaré Tarja Halonen à l'annonce des résultats, ajoutant « Lundi, c'est le retour au travail ». La Présidente a félicité son adversaire et reconnu qu'il avait été plus difficile à battre que ce qu'elle avait prévu. « Merci à vous d'avoir fait de cette élection une véritable compétition » a-t-elle dit à Sauli Niinistö. « Merci à vous d'en avoir fait un combat si difficile» lui a –t-il répondu.
En dépit d'une belle remontée durant les dernières semaines de campagne, Sauli Niinistö, cinquante-sept ans, a donc échoué dans sa tentative de devenir le premier Président de la République conservateur depuis 1956. Le candidat libéral a très tôt reconnu sa défaite. « Il est temps de féliciter sans réserves Tarja Halonen et de lui souhaiter un bon mandat de six ans » a-t-il déclaré dès l'annonce des premiers résultats. « L'homme a perdu » a-t-il souligné en baisant la main de la Présidente et ajoutant « Le grand vainqueur est, peut-être avec Tarja Halonen, la démocratie finlandaise».
Comme Esko Aho (Parti du centre, KESK) il y a six ans, Sauli Niinistö a échoué à rassembler sur son nom l'ensemble des forces libérales du pays. « L'arithmétique électorale est implacable : pour gagner, Sauli Niinistö a besoin de vingt-cinq points de mieux qu'au premier tour, soit 90% des suffrages des autres candidats » analysait le politologue de l'université de Vasa, Claus Stolpe entre les deux tours. Les régions dans lesquelles le Parti du centre possède sa plus forte assise ont été parmi les plus abstentionnistes lors du deuxième tour.
Le candidat du Rassemblement conservateur avait pourtant eu le courage de se porter sur le terrain de la Présidente sortante (Etat providence, emploi, social) à qui il reprochait de s'intéresser davantage aux problèmes internationaux qu'à ceux des Finlandais. S'autoproclamant « Président des travailleurs », il avait tenté de mordre sur l'électorat de Tarja Halonen et était parvenu à se poser en véritable alternative à la Présidente sortante comme le prouve son résultat du premier tour où il avait recueilli un plus grand nombre de suffrages que n'en obtient traditionnellement sa formation, le Rassemblement conservateur, aux élections législatives.
Par ailleurs, sa position sur la question de l'OTAN - Sauli Niinistö penche pour une adhésion de la Finlande à l'Alliance atlantique alors que plus de la moitié des Finlandais y sont opposés - semble bien être le point qui l'a principalement empêché de s'imposer face à Tarja Halonen. Le bon résultat de Sauli Niinistö place néanmoins le Rassemblement conservateur en position de force à un peu plus d'un an des prochaines élections législatives.
La réélection de la Présidente a coïncidé avec le centième anniversaire de l'octroi du droit de vote et d'éligibilité aux Finlandaises, premières femmes à en avoir bénéficié en Europe. Aujourd'hui encore, la Finlande reste le deuxième pays de l'Union européenne derrière la Suède (et le quatrième au niveau mondial) en matière de représentation des femmes au sein des instances politiques (37,5% de femmes dans l'Eduskunta/Riksdag, le Parlement finlandais).
Tarja Halonen débutera officiellement son second et dernier mandat le 1er mars prochain. Durant le deuxième semestre de l'année 2006, elle assurera, avec le Premier ministre Matti Vanhanen (KESK), la présidence de l'Union européenne.
Résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle du 29 janvier 2006 en Finlande
Participation : 77,2%

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