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Elections législatives en Pologne, le point à une semaine du scrutin

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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19 septembre 2005
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Les formations libérales, la Plateforme citoyenne (PO) et Droit et justice (PiS), font toujours la course en tête dans les enquêtes d'opinion pour les élections législatives du 25 septembre prochain. Les deux formations libérales devancent les partis populistes que sont Autodéfense de la République (Samoobrona, S) et la Ligue des familles (LPR). L'Alliance de la gauche démocratique (SLD), principal parti de la coalition gouvernementale, est au plus bas, cinq ans après sa large victoire aux élections législatives du 23 septembre 2001 où elle avait recueilli 41% des suffrages et réalisé le score le plus élevé jamais atteint par aucune formation polonaise depuis 1989.

Le 5 septembre dernier, les représentants des sept principales formations politiques du pays se sont retrouvés sur les plateaux de télévision pour un débat organisé par la chaîne de télévision TVN 24 et le journal Rzeczpospolita. Marek Borowski (Parti social-démocrate-SDPL) a appelé à mettre fin "aux expériences fiscales qui ne donnent rien". Le SDPL désire réduire les cotisations sociales de toute personne se lançant pour la première fois dans une activité économique. L'Alliance de la gauche démocratique a proposé des allègements fiscaux permettant, selon elle, d'augmenter les salaires sans augmenter les charges des employeurs. Jan Rokita (Plateforme citoyenne-PO) a affirmé que le système d'impôt unique préconisé par son parti permettrait de créer de nouveaux postes de travail sans augmenter les charges fiscales. La PO souhaite mettre en place un taux unique de 15% pour la TVA, l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés. Elle veut également simplifier les formulaires des impôts sur le revenu, comptant de cette façon réduire le nombre de fonctionnaires du fisc. Jan Rokita s'est prononcé en faveur de la création d'agences privées de l'emploi concurrençant les institutions de l'Etat. Le parti Droit et justice-PiS se déclare favorable à une réduction des impôts et à des allègements fiscaux pour faciliter la création de nouveaux emplois. Il propose de réduire les tranches fiscales à deux (18% et 32%). La formation prévoit notamment de simplifier les procédures administratives afin de rendre possible la création d'une entreprise en trois jours au lieu des vingt-deux jours actuellement nécessaires. Enfin, le leader de la Ligue des familles-LPR, Roman Giertych a rappelé sa volonté de réduire les coûts de fonctionnement de l'Etat grâce à la diminution du nombre de fonctionnaires.

Les deux formations libérales connaissent quelques divergences de vue, principalement sur la fiscalité et la date de l'entrée de la Pologne dans la zone euro, mais elles partagent les mêmes points de vue sur la nécessité de relancer et de redynamiser l'économie du pays, de réduire le poids de l'Etat et de lutter contre la corruption. La Plateforme citoyenne et Droit et justice devraient, si elles concrétisent leur victoire le 25 septembre prochain, gouverner ensemble.

Le 13 septembre dernier, le candidat de Droit et Justice-PiS à l'élection présidentielle, Lech Kaczynski, a déclaré que sa formation ne s'allierait cependant pas avec la Plateforme citoyenne si Droit et justice n'obtenait pas l'un des trois postes-clefs du gouvernement. Lech Kaczynski a souligné que si le futur Premier ministre et celui des Finances étaient issus de la Plateforme citoyenne, le ministère des Affaires étrangères devait revenir au PiS. "Si les formations libérales remportent les élections, elles feront une politique conservatrice mais leur politique économique sera sociale-démocrate dans le sens où elles feront appel à l'intervention de l'Etat et où elles devraient se prononcer en faveur d'un Etat plus centralisé" analyse Jacek Rostowski, professeur d'économie à l'université d'Europe centrale. "Les libéraux ont presque gagné les élections législatives mais la présidentielle est plus ouverte" ajoute l'universitaire.

Les relations de la Pologne avec sa voisine biélorusse se sont encore dégradées depuis que, le 28 juillet dernier, les autorités biélorusses ont arrêté plusieurs responsables de la nouvelle direction de l'Association des Polonais de Biélorussie, organisation à laquelle appartiennent vingt-cinq mille des quatre cent mille Polonais que compte le pays (représentant 4% de sa population). Les autorités de Minsk ont refusé de reconnaître Anzelika Borys, élue en mars dernier, comme sa nouvelle présidente et accusent l'association d'être aux ordres des Etats-Unis et de fomenter une révolution dans le pays.

Le 27 août, une nouvelle direction de l'Association des Polonais de Biélorussie a été élue lors d'un congrès convoqué par les autorités de Minsk. "Nous considérons ce congrès comme non démocratique et la direction ainsi élue comme non représentative de l'ensemble des Polonais de Biélorussie" a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Jan Truszczynski.

Jozef Lucznik, ancien directeur d'école âgé de soixante-huit ans et l'un des fondateurs de l'organisation, a été élu président par cent quarante-neuf vox sur cent soixante quatorze. Il a affirmé souhaiter s'occuper uniquement de questions culturelles et éducatives et rester à l'écart de la politique. "Je veux travailler avec les autorités biélorusses et avec la Pologne" a-t-il déclaré, ajoutant "j'ai accepté la présidence uniquement pour sauver l'organisation qui autrement aurait été interdite". Lors de ce congrès, les partisans de la direction expulsée par les autorités biélorusses n'ont pas été autorisés à entrer dans le bâtiment et cinq de ses leaders ont été arrêtés.

Angelika Borys est sous la menace d'un procès et est entendue, pour l'heure comme simple témoin, dans une affaire de détournement de deux mille dollars. A l'invitation des députés membres du parti populaire européen (PPE) du Parlement européen, elle s'est rendue le 8 septembre dernier à Strasbourg où elle s'est aussi entretenue avec le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis. Le Premier ministre Marek Belka (Parti démocratique) a proposé à l'ancienne présidente de l'Association des Polonais de Biélorussie une nomination au poste de consul honoraire de Pologne en Biélorussie. "Ce qu'elle fait actuellement demande beaucoup de courage et elle peut compter sur notre soutien financier et juridique" a-t-il déclaré. Angelika Borys a remercié le Premier ministre pour sa proposition sans dire si elle entendait l'accepter ou la refuser mais en précisant qu'elle était très préoccupée par la situation actuelle des Polonais en Biélorussie.

Les sondages.

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut PBS pour le quotidien Gazeta Wyborcza et publiée le 13 septembre dernier, la Plateforme citoyenne (PO) arriverait en tête des élections législatives du 25 septembre prochain, recueillant 35% des voix. Elle serait suivie de Droit et Justice-PiS, crédité de 22% des suffrages. Ensemble, ces deux formations compteraient trois cent seize députés sur les quatre cent soixante que comprend la Diète, soit la majorité absolue mais également la majorité des deux tiers qui permet de modifier la Constitution. L'Alliance de la gauche démocratique obtiendrait 10% des voix tout comme la Ligue des familles, Autodéfense de la République aurait 9%. Aucune autre formation ne dépasserait les 5% de suffrages exprimés, seuil nécessaire pour être représenté à la Diète : le Parti populaire (PSL) recueillerait 4% des voix, le Parti social-démocrate allié aux Verts, 3% et le Parti démocratique du Premier ministre Marek Belka, 2%.

L'élection présidentielle.

L'événement politique de la semaine en Pologne a été, le 14 septembre dernier, le retrait de Włodzimierz Cimoszewicz, candidat soutenu par l'Alliance de la gauche démocratique, de la course à la Présidence dont le premier tour se déroulera le 9 octobre prochain. L'ancien Premier ministre (du 15 février 1996 au 17 octobre 1997) et actuel président de la Diète s'était vu reprocher récemment d'avoir spéculé sur les actions du groupe pétrolier polonais PKN Orlen au bénéfice de ses enfants, sans en faire part dans sa déclaration d'impôts de 2001. Accusé également, sur la foi de la déposition de son ancienne assistante, d'avoir tenté de modifier sa déclaration sur la fortune, il a démenti et accusé celle-ci de faux témoignage. "Je renonce pour protester contre une campagne de dénigrement dont j'ai été victime comme l'a été ma famille" a déclaré Włodzimierz Cimoszewicz lors d'une conférence de presse. "La campagne électorale a été marquée par des calomnies et des mensonges sans précédent, avec de faux témoins et de faux documents publiés contre moi" a-t-il affirmé. "Ma famille, mes enfants ont également été la cible d'une attaque odieuse à laquelle je ne peux rester indifférent. Pour protester contre la dépravation des moeurs politiques en Pologne par la faute de certains hommes politiques et journalistes, je renonce à participer à l'élection présidentielle" a conclu le candidat de la gauche. Il s'est refusé à donner une quelconque consigne de vote, affirmant seulement : "Par respect envers mes électeurs, je ne leur donnerai pas d'instructions de vote. Personnellement, je ne vois aucun candidat qui soit digne d'être président de la République".

Le président du SLD, Wojcieh Olejniczak, a regretté la décision de l'ancien Premier ministre : "Włodzimierz Cimoszewicz est victime de fausses accusations. Je regrette que le meilleur candidat à la Présidence ait renoncé à se présenter. Dans une telle situation, l'Alliance de la gauche démocratique doit prendre sur elle le poids de cette responsabilité" a-t-il déclaré. Le retrait de Włodzimierz Cimoszewicz a redonné de l'espoir au candidat du Parti social-démocrate, Marek Borowski. Crédité d'à peine 3% des suffrages dans les enquêtes d'opinion, celui-ci a appelé les électeurs de gauche à voter pour lui. "Tout n'est pas perdu! J'appelle tous ceux qui sont pour l'honnêteté, pour l'égalité des chances, pour la solidarité des citoyens et contre les pathologies de la vie publique à m'accorder leur soutien" a déclaré Marek Borowski. Mais selon le sociologue Stanislaw Mocek, "les voix de Włodzimierz Cimoszewicz ne profiteront pas à un seul et unique candidat. Les voix de ses partisans vont se répercuter en partie sur Marek Borowski et en partie sur Donald Tusk, mais également sur le candidat populiste Andrzej Lepper et, paradoxalement, sur Lech Kaczynski, candidat de la droite catholique dont le programme social est proche de celui de la gauche".

Włodzimierz Cimoszewicz, ainsi que Donald Tusk, vice-président de la Diète (Chambre basse du parlement) et leader de la Plateforme citoyenne pour l'élection présidentielle, s'étaient retrouvés le 8 septembre dernier pour un débat sur un plateau télévisé dans Co z ta Polska, émission animée par Tomasz Lis. Le débat avait principalement porté sur la politique fiscale et sur le rôle des services secrets en Pologne. Donald Tusk a rappelé que sa formation souhaite mettre en place un taux unique d'imposition de 15% pour la TVA, l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés. La simplicité de cette proposition, dans un pays où le système fiscal est particulièrement complexe, a les faveurs d'une large partie de l'opinion publique. Włodzimierz Cimoszewicz s'opposait à ce projet, arguant du fait que cette réforme de la fiscalité appauvrirait l'Etat et serait in fine dommageable aux plus démunis, fortement dépendants de l'aide publique. Les enquêtes d'opinion réalisées à l'issue de l'émission révélaient que Donald Tusk avait été plus convaincant que son adversaire : 63% des téléspectateurs avaient vu en lui un candidat crédible, contre 37% pour Włodzimierz Cimoszewicz.

Le 1er septembre, l'ancien Président de la République (1990-1995) Lech Walesa a officiellement apporté son soutien à Donald Tusk pour l'élection présidentielle du 9 octobre prochain. "Je me chargerai d'expliquer aux électeurs que Donald Tusk est le meilleur des candidats" a déclaré l'ancien dirigeant de Solidarité. Toutefois, le 14 septembre, le syndicat Solidarité a appelé ses adhérents à voter en faveur du candidat de Droit et justice-PiS, Lech Kaczynski, à l'élection présidentielle. "Nous appelons les membres et les sympathisants du syndicat Solidarité à soutenir Lech Kaczynski. Tout en respectant les décisions individuelles de ses membres, la Commission nationale de Solidarité constate que le programme et les opinions du candidat à la Présidence, Lech Kaczynski, sont celles se rapprochant le plus des objectifs du syndicat" déclare la direction du syndicat dans un communiqué. Solidarité compte environ huit cent mille adhérents.

Les sondages.

Par ailleurs, un sondage effectué par le même institut (et réalisé avant la décision de Wlodzimierz Cimoszewicz de se retirer de la course présidentielle) place Donald Tusk en tête des candidats à l'élection présidentielle du 9 octobre prochain avec 43% des suffrages. Le candidat de la Plateforme citoyenne est suivi de l'actuel maire de Varsovie, Lech Kaczynski, et de Wlodzimierz Cimoszewicz qui obtiennent respectivement 20% et 18%. Le dirigeant d'Autodéfense de la république, Andrzej Lepper, recueillerait 8% des suffrages et le sénateur du Parti du centre (PC) et candidat indépendant, Zbigniew Religa, 5%. Cette enquête montre que Donald Tusk serait, dans tous les cas, victorieux au deuxième tour prévu le 23 octobre, par 63% des voix contre 37% à Lech Kaczynski, et par 65% contre 35 % à Wlodzimierz Cimoszewicz. Ce dernier serait également battu au second tour par Lech Kaczynski (67% contre 33%).

Après le retrait de Wlodzimierz Cimoszewicz, une enquête d'opinion réalisée le 14 septembre par l'institut PBS pour Gazeta Wyborcza crédite Donald Tusk de 49% des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle, soit un gain de six points par rapport au précédent sondage. Lech Kaczynski recueillerait 22% des voix (+ deux points), Andrzej Lepper obtiendrait 9% des suffrages (un résultat identique à celui de la précédente enquête d'opinion) et Marek Borowski, 8%, soit un gain de six points.

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