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Élections législatives en Lituanie, 10 octobre 2004

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

-

10 octobre 2004
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Fondation Robert Schuman

Grande année électorale pour la Lituanie qui a, le 13 juin, organisé les premières élections européennes de son histoire , le 27 juin, élu un nouveau Président de la République en la personne de Valdas Adamkus et qui va, le 10 octobre prochain, renouveler son Parlement. Initialement prévues le 19 septembre, les élections législatives auront finalement lieu le 10 octobre à la suite du vote par le Parlement le 13 juillet dernier d'un amendement constitutionnel stipulant que l'élection du Seimas, Parlement lituanien, se déroulera désormais le deuxième dimanche d'octobre. Le deuxième tour de scrutin dans les circonscriptions votant au scrutin majoritaire aura lieu deux semaines après le premier, soit le 24 octobre.

La Lituanie sort tout juste d'une grave crise politique consécutive à la destitution, le 6 avril dernier, de l'ancien Président de la République, Rolandas Paksas, par le Seimas. Le Président a été reconnu coupable d'avoir violé la Constitution en accordant illégalement la nationalité lituanienne à Iouri Borisov, homme d'affaires russe et principal financier de sa campagne électorale pour l'élection présidentielle des 22 décembre 2002 et 5 janvier 2003, violé les secrets d'Etat en révélant à ce même homme des informations confidentielles et enfin favorisé ses amis dans l'attribution d'une société d'autoroutes lors de sa privatisation. Les auditions de Iouri Borisov ont débuté le 10 août dernier devant le tribunal de Vilnius. Quant à Rolandas Paksas, il a été convoqué le 15 juillet devant le tribunal pénal du district de la capitale pour être auditionné à propos des accusations de divulgation de secrets d'Etat portées contre lui. L'ancien Président risque la perte de certains de ses droits, une condamnation à verser une amende, une limitation de sa liberté ou une condamnation de peine de trois ans de prison.

Le système politique lituanien

La Lituanie possède un Parlement monocaméral, le Seimas, qui compte cent quarante et un membres, élus tous les quatre ans selon un mode de scrutin mixte. Soixante et onze députés sont désignés au système majoritaire et les soixante-dix autres au scrutin proportionnel. Un parti politique doit obtenir 5% des suffrages pour être représenté au Parlement (7% dans le cas d'une coalition).

Dans les circonscriptions votant au scrutin majoritaire, tout candidat obtenant la majorité absolue des suffrages, sous condition que la participation atteigne au moins 40%, est déclaré élu dès le premier tour de scrutin. Si la participation est inférieure à 40%, le candidat doit alors obtenir la majorité absolue des voix ainsi que plus d'un cinquième des électeurs inscrits pour être élu dès le premier tour.

Douze formations politiques sont représentées dans l'actuel Parlement :

L'Alliance social-démocrate (LSDP), composée du Parti démocratique du travail, du Parti social-démocrate dirigé par le Premier ministre Algirdas Mykolas Brazauskas, du Parti de la nouvelle démocratie et de l'Union des Russes de Lituanie, est la principale formation du Seimas. Elle comprend cinquante et un députés ;

L'Union libérale (LLS) qui a fusionné avec l'Union du centre est dirigée par le maire de la capitale Vilnius, Arturas Zuokas, et compte trente-quatre élus ;

L'Union du centre (LCS), devenue l'Union libérale-Union du centre (LLC-LSC) après sa fusion, compte deux députés ;

La Nouvelle union-Parti social libéral (NS-SL), formation du président du Parlement, Arturas Paulauskas, est membre de la coalition gouvernementale depuis trois ans et possède vingt-neuf élus ;

L'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK), parti du père de l'indépendance lituanienne Vytautas Landsbergis, est située à droite sur l'échiquier politique et compte neuf députés ;

L'Union paysanne (LVP) possède quatre élus ;

L'Action électorale polonaise (LLRA) et le Parti démocrate-chrétien (LKDP) qui comptent chacun deux députés ;

L'Union de la liberté lituanienne (LLS), l'Union des conservateurs modérés (NKS), l'Union démocrate-chrétienne (KDS) et Jeune Lituanie-Néo-nationalistes et Union des prisonniers politiques (JL-PKS) qui possèdent chacune un seul élu.

Les enjeux des élections

Le Parti du travail fait figure de grand favori des élections législatives du 10 octobre prochain. Créé par Viktor Ouspaskitch, il y a tout juste un an (octobre 2003), le Parti du travail, qui dit compter douze mille membres, est arrivé largement en tête lors des élections européennes du 13 juin dernier, recueillant 30,16% des suffrages et remportant 5 sièges. Il devançait de près de 16 points la deuxième formation, le Parti social-démocrate (LSDP). Interrogé sur les partis avec lesquels il pourrait, en cas de victoire au scrutin législatif, former une coalition gouvernementale, Arunas Degutis, député européen du Parti du travail, a cité l'Union libérale-Union du Centre (LLS-LSC), qui appartient à la même formation européenne (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe, ALDE) que son parti, et l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK). Mais Viktor Ouspaskitch se refuse pour l'heure à envisager toute coopération avec ces formations. « Nous nous présentons seuls aux suffrages des électeurs et nous ne sommes pas intéressés par la question de qui va s'allier avec qui. Nous constatons seulement que certains partis sont un peu inquiets et cherchent la façon de rester sur le devant de la scène politique. Tout ceci n'est que stratégie électorale » a t-il déclaré. Parmi les personnalités qui ont rejoint le Parti du travail et sont candidates sur ses listes figurent Jonas Lionginas, ancien ministre des Finances et proche du Président destitué Rolandas Paksas, et Vladimir Orechov, leader de l'Union des Russes de Lituanie.

Né en Russie il y a quarante-cinq ans, Viktor Ouspaskitch, qui parle le lituanien avec un fort accent, s'est installé dans la République balte en 1987. Naturalisé au moment de l'indépendance en 1990, il a rapidement fait fortune dans les affaires et est à la tête d'un holding qui regroupe une quarantaine de sociétés et emploie environ quatre mille personnes. En 2000, Viktor Ouspaskitch affirmait que sa fortune s'élevait à 60,5 millions de litas (17,5 millions d'euro). Sa popularité doit beaucoup à ses prestations télévisées dans un show humoristique, Dviracio sou, où il est présenté sous les traits d'un homme du peuple appelé M. Agourtchik (Concombre), allusion au fait que son portait figure sur les étiquettes des boîtes de concombres vendues par sa société. Viktor Ouspaskitch a soutenu Arturas Paulauskas à l'élection présidentielle de 1998 avant de prendre ses distances avec lui lorsque le leader de la Nouvelle union a rejoint en 2000 la coalition au pouvoir. Il siège au Seimas comme député indépendant depuis 1996.

Le Parti du travail est une formation populiste n'hésitant pas à faire des promesses qui, si elles étaient tenues, mènerait, selon les analystes économiques, le pays à la faillite. La formation promet ainsi, en cas de victoire, de baisser les prix de 10 à 20%, d'augmenter le salaire minimum de 600 litas et les retraites de 140 litas, de modifier les lois sur le logement en faveur des jeunes couples, de voter une exonération d'impôts de quatre ans pour les nouvelles entreprises et d'offrir la possibilité aux étudiants les plus méritants de partir étudier à l'étranger aux frais de l'Etat. La formation populiste promet de réaliser ce programme en mille cent onze jours, soit moins de trois ans.

Soutenu par l'Union de la patrie-Conservateurs et le Parti du travail lors de l'élection présidentielle des 13 et 27 juin dernier, Petras Austrevicius a choisi de rallier l'Union libérale-Union du centre pour le scrutin législatif du 10 octobre prochain. L'ancien négociateur en chef de la Lituanie avec l'Union européenne conduira la liste de cette formation ; Arturas Zuokas, maire de Vilnius et leader de l'Union libérale-Union du Centre, lui ayant cédé sa place comme tête de liste. Ce dernier affrontera directement Viktor Ouspaskitch dans la circonscription de Kedainiai où le leader du Parti du travail s'était aisément fait élire lors des élections législatives de 2000. Accusé d'avoir influencé le vote d'un conseiller municipal lors des élections municipales du 22 décembre 2002, Arturas Zuokas pourrait bénéficier, en cas de victoire, de l'immunité parlementaire. Parmi les leaders de la liste de l'Union libérale-Union du centre figurent également Gintaras Steponavicius et Eligijus Masiulis, tous deux actuellement au centre d'une enquête sur des fraudes financières.

L'Union de la patrie-Conservateurs se présente pour la première fois devant les électeurs sans son ancien et illustre président Vytautas Landsbergis qui a néanmoins assuré son parti de son soutien actif durant la campagne. Les conservateurs ont passé alliance avec l'Union libérale-Union du Centre pour les élections législatives du 10 octobre.

Le Parti libéral démocrate du Président déchu, Rolandas Paksas, sera emmené par Valentinas Mazuronis. Récemment condamné pour fraude, Rolandas Pavilionis, ancien député et actuel vice-président du Parlement européen, figure en deuxième position sur la liste du parti. Gintaras Surkus, fidèle de Rolandas Paksas et qui figurait en cinquième position sur la liste du parti, a été exclu de la compétition électorale par la Commission électorale pour fraude. L'ancien Président qui avait évoqué son possible retour sur la scène politique à la faveur de ces élections législatives ne sera finalement pas présent sur les listes de sa formation. Le Parti libéral démocrate, dont le slogan de campagne est « Pour l'ordre et la justice », espère remporter cinquante sièges au Parlement.

De son côté, le Parti social-démocrate (LSDP) fait alliance avec son partenaire au gouvernement, le Parti social libéral (SL), formation du président du Seimas, Arturas Paulauskas, les deux partis n'excluant pas de fusionner dans un avenir proche. Néanmoins, le Parti social libéral, étant membre de l'Internationale libérale, et le Parti social-démocrate de l'Internationale socialiste, l'union risque de ne pas être si aisée à mettre en place. Les deux formations se présentent sous le nom de « Coalition d'Algirdas Brazauskas et d'Arturas Paulauskas, Nous travaillons pour la Lituanie ». La liste commune sera conduite par le vice-président du Parti social-démocrate, Ceslovas Jursenas, Arturas Paulauskas occupant la deuxième position. Le Parti social-démocrate présentera un candidat dans cinquante des soixante et onze circonscriptions où le vote se déroulera au scrutin majoritaire et le Parti social libéral sera présent dans les vingt restantes.

Le Premier ministre Algirdas Brazauskas, leader du Parti social-démocrate, a annoncé sa décision de ne pas se présenter : « J'ai dépassé la limite d'âge pour me présenter aux élections législatives et recommencer une carrière de député après avoir dirigé le gouvernement ». Concernant son action gouvernementale, Algirdas Brazauskas a regretté que celle-ci soit plus appréciée à l'étranger que dans son propre pays. « Les résultats sont là malheureusement les Lituaniens en sont moins conscients que Bruxelles et les Européens » a t-il déclaré. Le Premier ministre a reconnu que plus d'un million de Lituaniens vivaient sous le seuil de pauvreté et que cette situation pouvait être dommageable au Parti social démocrate à la veille des élections législatives. Selon les statistiques, 27% des ruraux, 8% des habitants des grandes villes et 14% des personnes résidant dans les villes moyennes vivaient, en 2003, en dessous du seuil de pauvreté (312 litas –90,4 euros- par mois et par personne).

La campagne électorale pour les élections législatives a officiellement débuté le 10 septembre et à un mois du scrutin, l'ensemble des enquêtes d'opinion accordent une large avance au parti du travail, crédité d'environ 30% des suffrages, devant le Parti social-démocrate, 12% et l'Union libérale-Union du centre 7%. La Lituanie va t-elle encore une fois, et à l'image de ces voisines baltes, la Lettonie et l'Estonie, choisir de se tourner vers une toute nouvelle formation pour diriger son gouvernement ? Réponse le 10 octobre prochain.

Rappel des résultats des élections législatives du 8 octobre 2000 en Lituanie

Participation : 55,9%

Source Ambassade de Lituanie en France

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