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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Le 23 mai prochain, l'Assemblée fédérale allemande (Bundesversammlung) se réunira pour élire le Président de la République. Cette Assemblée comprend 1 206 membres ; elle est constituée des 627 membres du Bundestag, Chambre basse du Parlement, et des 579 élus des seize Länder.
La fonction présidentielle est, en Allemagne, uniquement honorifique. Tout candidat à la fonction présidentielle doit être âgé de quarante ans minimum et ne peut être réélu qu'une seule fois. Elu pour cinq ans, le Président fédéral représente la Fédération allemande sur le plan international. Il conclut les traités avec les Etats étrangers, accrédite et reçoit les représentants diplomatiques. Le Président allemand nomme et révoque les juges et les fonctionnaires fédéraux, les officiers et les sous-officiers. Il constitue une autorité morale pour les citoyens.
Selon la Constitution, le Président ne peut appartenir ni au gouvernement ni à un organe législatif de la Fédération ou de l'un des seize Länder. Il ne peut exercer aucune autre fonction publique rémunérée, aucune profession industrielle ou commerciale, ni aucun métier et ne peut faire partie ni de la direction ni du conseil d'administration d'une entreprise poursuivant des buts lucratifs.
Deux candidats sont en lice pour le poste de Président de la République. Il s'agit de :
Horst Köhler, ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), candidat de l'Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) et du Parti libéral démocrate (FDP) ;
Gesine Schwan, présidente de l'université de l'Europe Viadrina de Francfort sur Oder, candidate du Parti social-démocrate (SPD).
Dans le camp des forces de droite, les négociations ont été longues et difficiles pour parvenir à s'accorder sur le nom d'un candidat. Environ quinze personnalités avaient fait acte de candidature, parmi lesquelles Annette Schavan, ministre de la Culture du Bade-Wurtemberg, Cornelia Schmalz-Jacobsen, ancienne chargée des étrangers dans le gouvernement d'Helmut Kohl, Heinrich von Pierer, directeur de Siemens, Paul Kirchhof, ancien juge de la Cour constitutionnelle, et surtout Wolfgang Schäuble, ancien ministre, ancien président de la CDU et dauphin d'Helmut Kohl, qui avait la préférence de la CDU/CSU mais dont la candidature a été rejetée par le Parti libéral démocrate.
Lors des négociations, l'autorité d'Angela Merkel, leader de l'Union chrétienne-démocrate, a été mise à mal, de nombreux responsables politiques appréciant peu sa volonté d'évincer la candidature de Wolfgang Schäuble. La Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) a vu dans le dénouement des négociations l'établissement d'un "pacte stratégique" entre la CDU/CSU et le FDP en vue des prochaines élections législatives prévues à l'automne 2006. Si certains journaux ont regretté l'éviction de Wolfgang Schäuble, la FAZ s'est déclarée enthousiaste du choix d'Horst Köhler, un choix qui rompt avec la tradition, celui-ci n'étant pas, comme ses prédécesseurs, un homme politique professionnel.
A l'annonce de sa nomination comme candidat à la tête de l'Etat allemand le 4 mars dernier, Horst Köhler a démissionné de la direction du FMI qu'il dirigeait depuis mai 2000, succédant à Michel Camdessus. Agé de 61 ans, le candidat de la CDU/CSU et du Parti libéral démocrate avait auparavant présidé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) de 1998 à 2000. Il a également été vice-ministre des Finances (1990-1993) du gouvernement d'Helmut Kohl, négociant à ce titre le Traité de Maastricht au nom de l'Allemagne. Inconnu du grand public ("Horst qui ?" titrait ainsi Bild Zeitung le jour de sa nomination), il est cependant reconnu comme un expert économique et financier dans les milieux économiques internationaux.
Récemment, il a publiquement apporté son soutien aux réformes engagées par le gouvernement du chancelier Gerhard Schröder. "Avec l'agenda 2010, le chancelier Gerhard Schröder a fait une avancée historique. Il ne fait aucun doute que nous devons réformer l'Etat social pour le sauvegarder" a t-il déclaré, précisant cependant qu'il fallait mieux expliquer les changements et aller plus loin sur le chemin des réformes. Horst Köhler a également critiqué de façon virulente la politique américaine en Irak, reprochant aux Etats-Unis "de ne pas avoir développé de stratégie pour l'après-conflit et d'avoir eu une attitude arrogante". Néanmoins, il a précisé que les Américains "ne devaient pas être laissés seuls dans la situation difficile dans laquelle ils se sont plongés". Rappelons que l'opposition du Parti social-démocrate (SPD) à la guerre en Irak avait pour une part contribué à la réélection de Gerhard Schröder au poste de chancelier en septembre 2002. Cette opposition reste encore largement majoritaire parmi la population allemande.
Candidate du Parti social-démocrate au pouvoir, Gesine Schwan, 61 ans, a été professeur de sciences politiques à l'université libre de Berlin pendant plus de vingt ans avant de rejoindre l'université de l'Europe Viadrina de Francfort sur Oder dont elle est maintenant la présidente. Très engagée en faveur des relations germano-polonaises, elle a été membre de la commission d'éthique du Parti social-démocrate et appartient à l'aile bourgeoise du SPD. La candidate de la gauche a déclaré qu'elle mettrait l'accent, si elle est élue, sur l'information et la science.
L'Union chrétienne-démocrate et le Parti libéral démocrate possédant une majorité absolue de 625 voix à l'Assemblée fédérale (543 voix pour la CDU/CSU et 82 voix pour le FDP), Horst Köhler devrait, sauf énorme surprise, être élu Président de la République d'Allemagne le 23 mai prochain.
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