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Élections en Europe
Corinne Deloy
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Nouvelle Démocratie (ND), parti conduit par le Premier ministre sortant Kyriakos Mitsotakis, a remporté une large victoire lors des élections législatives organisées le 21 mai en Grèce recueillant 40,79% des suffrages et 146 des 300 sièges de la Vouli (- 12 par rapport aux précédentes élections législatives du 7 juillet 2019), chambre unique du Parlement. Le parti échoue de peu à obtenir la majorité absolue qui s'établit à 151 élus. Nouvelle démocratie est sortie vainqueur dans l'ensemble des régions de Grèce à l'exception des Rhodopes, située au nord-est du pays. La Coalition de la gauche radicale-Alliance progressiste (SYRIZA), dirigée par l'ancien Premier ministre (janvier-août 2015 et septembre 2015-juillet 2019) Alexis Tsipras, a subi en revanche une sévère défaite, obtenant 20,07% des voix et 71 élus (- 15), très au-dessous de ce que lui présidaient les dernières enquêtes d'opinion. Le Mouvement socialiste panhellénique-Mouvement pour le changement (PASOK-KINAL), présidé par Nikos Androulakis, peut également s'estimer satisfait de son résultat. Avec 11,46% suffrages et 41 sièges, il a doublé son nombre d'élus (+ 19). Le Parti communiste (KKE), conduit par Dimitris Koutsoumbas, a pris la quatrième place du scrutin : 7,23% des voix et 28 élus (+ 13). La Coalition de la gauche radicale-Alliance progressiste est donc à la peine et a perdu de nombreux députés alors que deux autres forces de gauche, le Mouvement socialiste panhellénique-Mouvement pour le changement et le Parti communiste, ont progressé. Une partie des électeurs d'Alexis Tsipras ne lui ont sans doute pas pardonné d'avoir mis en œuvre de très strictes mesures d'austérité lors de ses quatre années au pouvoir alors qu'il avait été élu sur le rejet de la politique d'austérité. "Alexis Tsipras a perdu des voix à gauche qui sont allées vers des petits partis formés par des transfuges de son propre mouvement et vers le Parti communiste et il n'a pas réussi à convaincre les électeurs du centre" a souligné Manos Papazoglou, professeur de sciences politiques à l'université du Péloponnèse. "Alexis Tsipras ne dispose pas un électorat très stable et l'opposition au gouvernement conservateur ces quatre dernières années a été plutôt molle" a indiqué Filippa Chatzistavrou, professeure associée de science politique à l'université d'Athènes. Solution grecque (EL), parti ultranationaliste de droite radicale fondé et emmené par Kyriakos Velopoulos, a recueilli 4,45% des voix et 16 élus. En revanche, le Front de désobéissance réaliste européen (MeRA25), parti de gauche radicale de l'ancien ministre des Finances (janvier-juillet 2015) Yanis Varoufakis, a échoué à dépasser le seuil des 3% des suffrages indispensable pour être représenté au parlement et il a perdu ses 9 députés. La participation a été légèrement supérieure à celle enregistrée lors des précédentes élections législatives du 7 juillet 2019 : elle s'est élevée à 60,92%, soit + 3,14 points.
Résultats des élections législatives du 21 mai 2023 en Grèce
Participation : 60,92%
Source : https://ekloges.ypes.gr/current/v/home/parties/ "Nouvelle Démocratie a obtenu l'aval du peuple grec pour gouverner avec la majorité absolue. Ce tremblement de terre politique, cette victoire incontestable nous fait accélérer notre route. Seul un gouvernement fort peut procéder à des réformes audacieuses" a déclaré le Premier ministre à l'annonce des résultats. Il a exprimé sa volonté de faire de la Grèce "un pays plus fort avec un rôle important en Europe" ajoutant "Nous votons pour notre avenir, pour plus d'emplois et de meilleurs emplois, pour un système de santé plus efficace". Même si, dans les dernières enquêtes d'opinion, la majorité des Grecs se déclaraient satisfaits de la façon dont leur pays est gouverné, l'ampleur de la victoire de Nouvelle Démocratie peut surprendre. Elle n'avait pas été anticipée par les instituts d'opinion. "L'amélioration du climat économique est une carte importante pour le parti au pouvoir. Ces deux dernières années, l'économie grecque s'est fortement redressée, les exportations ont augmenté de manière impressionnante, tout en attirant des activités commerciales internationales à forte valeur ajoutée" a souligné, Manos Matsaganis, professeur de finances publiques de l'université polytechnique de Milan. "La logique de la stabilité a gagné les Grecs qui ont été traumatisés par les années de crise économique. Les électeurs n'ont pas cru à la possibilité d'un gouvernement de coalition qui n'est pas dans la culture grecque" a précisé Manos Papazoglou, politologue. "Les partis politiques grecs n'ont pas cette culture, d'autant que les Grecs gardent de mauvais souvenirs de coalitions passées" a déclaré Constantinos Filis, directeur de l'Institut des relations internationales. Le chef du gouvernement a qualifié la victoire de ND de "tremblement de terre politique" et indiqué que son résultat constituait "la preuve que Nouvelle-Démocratie a le feu vert des citoyens pour gouverner seule". "Ensemble, nous nous battrons dès demain pour qu'aux prochaines élections ce que les citoyens ont déjà décidé, à savoir une Nouvelle Démocratie autonome, soit mathématiquement confirmé" a déclaré le Premier ministre, évoquant l'organisation de nouvelles élections législatives. A l'issue du scrutin du 21 mai, la présidente de la République, Ekaterini Sakellaropoulou, va confier au parti arrivé en tête la mission de former un gouvernement. Il dispose de 3 jours pour y parvenir. S'il échoue, la cheffe de l'État demandera au parti arrivé en deuxième position, puis en cas de nouvel échec, à celui arrivé en troisième position. Si tous échouent, un nouveau scrutin législatif sera convoqué dans les semaines suivantes, au plus tard début juillet, le mandat du parlement actuel prenant fin le 7 juillet prochain. Kyriakos Mitsotakis, qui a de toute façon exclu de former une coalition, va refuser de former un gouvernement ; par conséquent, de nouvelles élections vont être organisées avec un nouveau mode de scrutin. La proportionnelle intégrale va être remplacée par un nouveau système électoral adopté sous le mandat de Kyriakos Mitsotakis dans lequel le parti qui arrive en tête obtient une prime qui peut aller jusqu'à 50 sièges supplémentaires, ce qui lui permet de dégager une majorité absolue et de constituer un gouvernement stable.
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