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Élections en Europe
Corinne Deloy
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Pour la première fois, les Allemands ignorent l'identité de leur futur chancelier au lendemain des élections fédérales.
Les enquêtes d'opinion l'avaient prédit : le Parti social-démocrate (SPD), dirigé par Norbert Walter-Borjans et Saskia Esken et emmené par le ministre des Finances sortant, Olaf Scholz, a pris la première place du scrutin avec 25,7% des suffrages et 206 élus au Bundestag, chambre basse du Parlement allemand, (+53 par rapport aux précédentes élections fédérales du 24 septembre 2017) devançant de peu l'Union chrétienne-démocrate (CDU), parti de la chancelière sortante, Angela Merkel, conduite par Armin Laschet, qui a subi un sérieux revers en passant, pour la première fois, sous la barre de 30% des voix, avec 24,1% et 196 sièges (151 pour la CDU et 45 pour l'Union chrétienne-sociale (CSU), soit -50 par rapport à 2017.
"La façon d'agir d'Amin Laschet - lors des graves inondations de la mi-juillet en Rhénanie du Nord-Westphalie mais pas seulement - a entraîné une perte de confiance et de réputation de la CDU. Tout à coup, elle s'est retrouvée dans une position de challenger à laquelle elle n'était pas préparée et l'a remarquée après coup" a indiqué Thorsten Faas, professeur de sociologie politique de l'Université libre de Berlin.
Armin Laschet a accumulé les gaffes durant la campagne et il a vu l'avance qu'il avait dans les sondages fondre au fur et à mesure des semaines.
Pour la première fois dans l'histoire de l'Allemagne, les deux principaux partis politiques - la CDU et le SPD–, victimes d'une érosion continue, ont obtenu à eux deux moins de 50% des voix aux élections fédérales.
Les Verts/Alliance 90 (Bûndnis 90, die Grünen), emmenés par Annalena Baerbock et Robert Habeck, ont amélioré leur résultat avec 14,8% des voix et 118 sièges (+ 51 par rapport à 2017) et ils battent leur record de 10,7% obtenu en 2009. Ils font cependant moins que ce que les sondages prévoyaient il y a encore quelques mois. Ils peuvent toutefois se réjouir de leur score (20%) à Berlin lors des élections du Land organisées le même jour.
Le Parti libéral démocrate (FDP), dirigé par Christian Lindner, retrouve le rôle de faiseur de rois qui a longtemps été le sien en obtenu 11,5% des voix et 92 élus (+ 12).
A noter que ces deux partis, Verts et FDP, obtiennent un score important parmi les jeunes électeurs, respectivement 22% et 19%.
L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), dont Jörg Meuthen et Tino Chrupalla sont les porte-paroles (ce dernier était tête de liste avec Alice Weidel), est en légère perte de vitesse mais parvient à se maintenir avec 10,3% des suffrages et 83 sièges (- 11). Le parti est arrivé en deuxième position dans les Länder de l'Allemagne orientale avec 19% des suffrages derrière le SPD et en Thuringe avec
24%. Il a même pris la première place en Saxe avec 24.6% des voix.
Le Parti de gauche (Die Linke), dirigé par Susanne Hennig-Wellsow et Janine Wissler (cette dernière était la tête de liste avec Dietmar Bartsch), est en net recul : 4,9% des suffrages et 39 élus (- 30). Il sauve sa présence au Bundestag grâce aux mandats directs obtenus.
La participation s'est élevée à 76,6%, soit quasiment équivalente à celle enregistrée en 2017 (+ 0,45 point).
Résultats des élections fédérales du 26 septembre 2021 en Allemagne
Participation : 76,6%
Source : https://www.bundeswahlleiter.de/bundestagswahlen/2021/ergebnisse/bund-99.html
Quelle coalition ?
Les élections marquent une renaissance du SPD, encore moribond il y a quelques mois. Olaf Scholz est celui qui aurait les meilleures chances de succéder à Angela Merkel à la chancellerie. Outre le fait que le SPD est arrivé en tête, Olfa Scholz est, selon les enquêtes, le candidat qui aurait la préférence des Allemands pour la chancellerie avec 48%, largement devant Armin Laschet 24%.
"Je suis très heureux de voir ces résultats électoraux. Les Allemands ont décidé de nous donner un bon score, c'est un énorme succès. Ce dont je suis certain, c'est que nombre de nos concitoyens ont voté pour nous car ils veulent une alternance, car ils veulent qu'Olaf Scholz devienne le chancelier du pays" a-t-il déclaré.
Olaf Scholz a exprimé son souhait de former, avec les Verts et le FDP, une coalition appelée Ampel, "feux tricolores", en référence aux couleurs de chaque parti : rouge, jaune et vert. la menace d'une coalition de gauche agitée par Armin Laschet pour faire peur aux électeurs n'est plus d'actualité compte tenu du faible score de Die Linke.
Armin Laschet, a admis que son parti devait faire face à "des pertes sévères" et qu'il a réalisé "des résultats qui ne nous satisfont pas" mais il refuse néanmoins de s'incliner devant le SPD. "Nous ferons tout ce que nous pouvons pour construire un gouvernement dirigé par l'Union chrétienne-démocrate" a-t-il indiqué. Il a également souligné que le fait d'être arrivé en 2e position n'interdit pas à la CDU de diriger le prochain gouvernement et a indiqué qu'il existait des précédents. Par exemple, lors des élections du 28 septembre 1969, la CDU avait recueilli 46,1% des voix et le SPD, 42,7% des suffrages mais c'est Willy Brandt (SPD) qui était devenu chancelier après que le FDP avait choisi de le rallier.
D'ores et déjà, les Verts arrivés 3e, et le FDP, arrivé 4e, semblent vouloir discuter ensemble afin d'aplanir leurs divergences et de trouver un éventuel consensus sur un programme avant d'entamer formellement les négociations soit avec le SPD ... ou la CDU.
Armin Laschet a, de son côté, proposé une coalition avec les Verts et le FDP, dite "Jamaïque" du nom des couleurs du drapeau de ce pays (noir, vert, jaune).
Il faut se souvenir que les négociations avec la CDU, les Verts et le FDP avaient achoppées n 2017 et qu'Angela Merkel avait dû finalement se résoudre à une reconduction de la GroKo (grande coalition) avec le SPD. Il n'est pas certain cette fois-ci que le FDP fera la même erreur qu'en 2017, mais le scénario d'une GroKo ne doit pas être totalement écartée même si ce n'est pas l'hypothèse la plus probable ... comme en 2017.
La future coalition devrait vraisemblablement rassembler, pour la première fois, 3 partis.
En outre, le prochain Bundestag comptera 735 membres, un nombre record. Il était de 709 auparavant. La majorité absolue est donc de 368. Une coalition Ampel en rassemblerait 416, une coalition dite Jamaïque 406.et la GroKo 402.
"Nous devons tout faire pour que la future coalition soit formée avant Noël, un peu plus tôt serait bien" a déclaré Olaf Scholz. "L'Allemagne prendra la présidence du G7 en 2022" a rappelé son adversaire Armin Laschet, laissant entendre qu'il serait bien que la formation du prochain gouvernement intervienne avant la fin de l'année. Souvenons-nous qu'en 2017 il a fallu attendre 171 jours après le scrutin pour connaître le gouvernement. Les négociations pourraient s'avérer plus longues que prévu. D'ici là, la chancelière sortante, Angela Merkel, reste en poste à la chancellerie.
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