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Analyse

Le président de la République sortant Marcelo Rebelo de Sousa, grand favori du scrutin présidentiel du 24 janvier prochain au Portugal

Élections en Europe

Corinne Deloy

-

11 janvier 2021
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Le président de la République sortant Marcelo Rebelo de Sousa, grand favori du s...

PDF | 145 koEn français

Le 24 novembre dernier, les autorités portugaises annonçaient que la prochaine élection présidentielle portugaise serait organisée le 24 janvier 2021. Le chef de l'Etat sortant, Marcelo Rebelo De Sousa, est le grand favori de ce scrutin. Toutes les enquêtes d'opinion le donnent largement gagnant dès le premier tour, une habitude classique au Portugal, où, à l'exception de Mario Soares (Parti socialiste, PS), en 1986, tous les présidents de la République ont été désignés dès le premier tour depuis la révolution des Œillets qui a mis fin en 1974 à la dictature instituée par Antonio Salazar en 1933.

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Eurosondagem au début du mois de janvier, Marcelo Rebelo de Sousa s'imposerait avec 60,20% des suffrages. Il devancerait Anna Gomes (PS) qui obtiendrait 14,80% des voix, André Ventura (Chega, CH) 10,10%, Marisa Matias (Bloc des gauches, BE) 6,60% et Joao Ferreira (Parti communiste, PCP), 5,20%. Les deux autres candidats recueilleraient moins de 2% des voix.

Marcelo Rebelo de Sousa a annoncé sa candidature à sa propre succession le 7 décembre dans une boulangerie réputée de Lisbonne. La déclaration devait à l'origine avoir lieu dans une librairie mais la chose a été rendue impossible en raison des règles sanitaires adoptées par le Portugal pour lutter contre la pandémie de coronavirus. " Je suis candidat à la présidence de la République car nous avons une pandémie à affronter et une crise économique et sociale à surmonter " a-t-il déclaré.

Marcelo Rebelo de Sousa a été critiqué pour certaines de ses opinions conservatrices, notamment sur des questions de société comme son opposition à l'avortement. Il lui a été reproché de n'avoir pas réagi à l'accord politique conclu par le Parti social-démocrate avec le parti populiste de droite Chega (CH) dans l'archipel des Açores.

Le Parti socialiste (PS) du Premier ministre Antonio Costa a décidé de ne pas présenter de candidat à l'élection présidentielle. Mais Anna Gomes a néanmoins décidé de concourir sans le soutien du parti.

Les candidats en lice

Sept personnes sont officiellement candidates à la fonction suprême au Portugal, soit trois de moins que lors de la dernière élection présidentielle du 24 janvier 2016, scrutin qui avait enregistré un record du nombre de candidatures:

– Marcelo Rebelo de Sousa, président de la République sortant, ancien dirigeant du Parti social-démocrate (1996-1999), ex-ministre des Affaires parlementaires (1982-1983) et professeur de droit. Il est soutenu par le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti populaire (PP) ;

– Ana Gomes (Parti socialiste), ancienne députée européenne (2014-2019) militante anti-corruption, engagée auprès du pirate informatique Rui Pinto qui est à l'origine des Football Leaks et des Luanda Leaks, révélations qui ont rendu publiques les dérives du foot-business international et qui ont mis en cause l'origine de la fortune de la milliardaire angolaise Isabel dos Santo ;

– André Ventura, dirigeant du parti populiste Chega (CH), député, commentateur sportif de la chaîne de télévision Correio da Manha TV (CMTV) et chroniqueur du quotidien Correio da Manha ;

– Marisa Matias (Bloc des gauches, BE), députée européenne depuis 2009, sociologue, candidate malheureuse à la dernière élection présidentielle du 24 janvier 2016 (où elle est arrivée en troisième position avec 10,12% des suffrages) ;

– Joao Ferreira (Parti communiste, PCP), député européen depuis 2009, biologiste ;

– Tiago Mayan Gonçalves (Initiative libérale, IL), avocat, engagé aux côtés du maire de Porto (depuis 2013) Rui Moreira lors des dernières élections municipales du 1er octobre 2017 ;

– Vitorino Silva (davantage connu sous le nom de Tino de Rans), dirigeant de Réagir, inclure, recycler (RIR), candidat malheureux à la dernière élection présidentielle de 2016 (il est arrivé à la sixième place avec 3,28% des suffrages).

La campagne électorale présidentielle se déroulera entre le 10 et le 22 janvier.

Le 6 janvier, le Portugal a annoncé avoir enregistré un nombre record de 10 027 nouvelles contaminations au coronavirus en 24 heures, un record absolu depuis le début de la pandémie qui a tué environ 7 400 personnes dans le pays, et le gouvernement a souligné que les hôpitaux du pays étaient sous "forte pression". Considéré comme cas contact après qu'un membre de son entourage a été testé positif au coronavirus, le président Marcelo Rebelo de Sousa s'était placé en isolement à moins de trois semaines du premier tour de l'élection. Le chef de l'Etat sortant avait déjà commencé à participer à une série de débats télévisés qui opposent les sept candidats (deux candidats s'opposent en tête à tête). Testé négatif, il a pu finalement être présent au débat télévisé qui l'a opposé à André Ventura le 6 janvier.

La fonction présidentielle au Portugal

Le président de la République portugaise est élu tous les cinq ans au suffrage universel direct. Chaque personne désirant être candidate à la magistrature suprême doit être âgée d'au moins 35 ans et doit impérativement recueillir la signature d'un minimum de 7 500 électeurs, signatures qui seront ensuite validées par la Cour constitutionnelle.

La fonction de chef de l'Etat est, au Portugal, principalement honorifique. Autorité morale, le président possède deux pouvoirs essentiels : il nomme le Premier ministre et il peut dissoudre le parlement (article 172 de la Constitution) six mois après son entrée en fonction, une dissolution qui conduit de facto à de nouvelles élections législatives.

Le président de la République est le chef des armées dont il désigne les chefs d'état-major. Sur proposition du gouvernement, il nomme les ambassadeurs. Il peut déclarer l'état d'urgence ou l'état de siège, voire la guerre en cas d'agression réelle ou imminente. Il signe les lois et les décrets votés par le parlement sur lesquels il dispose d'un droit de veto. Sur proposition du gouvernement ou du parlement, il décide de l'organisation de référendums.

Le chef de l'Etat ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs.

Rappel des résultats de l'élection présidentielle du 24 janvier 2016 au Portugal

Source : https://www.eleicoes.mai.gov.pt/presidenciais2016/index.html

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