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Corinne Deloy
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Corinne Deloy
Le Parti populaire (ÖVP), dirigé par le chancelier sortant, Sebastian Kurz, est arrivé largement en tête des élections législatives organisées le 29 septembre en Autriche. Il a remporté 37,5% des suffrages, soit son résultat le plus élevé depuis le scrutin législatif du 24 novembre 2002 (42,3%), et 71 sièges (+ 9 par rapport aux précédentes élections législatives du 15 octobre 2017).
Son ancien partenaire au sein de la coalition gouvernementale, le Parti de la liberté (FPÖ), parti populiste conduit par Norbert Hofer, a été lourdement sanctionné par les Autrichiens. Il n'a obtenu que 16,2% des voix et 31 sièges (-20). Selon les enquêtes sortie des urnes, une large partie des personnes qui avaient choisi le FPÖ en 2017 se sont tournées vers l'ÖVP.
Le FPÖ était à l'origine de ce scrutin législatif anticipé de 3 ans et consécutif au renversement par le Conseil national (Nationalrat), chambre basse du Parlement, du chancelier sortant Sebastian Kurz le 27 mai dernier. Pour la première fois dans l'histoire de l'Autriche, un Premier ministre avait échoué à remporter la confiance du Parlement.
De fait, le FPÖ a été devancé par le Parti social-démocrate (SPÖ), conduit par Pamela Rendi-Wagner, arrivé second avec 21,2% des suffrages (40 sièges, -12). Grands perdants des précédentes élections législatives du 15 octobre 2017, Les Verts-L'Alternative verte vont retrouver les bancs du parlement : ils ont recueilli 13,8% des voix et remporté 26 sièges (+26). Enfin, NEOS-Nouvelle Autriche (NEOS), parti libéral dirigé par Beate Meinl-Reisinger, a obtenu 8,1% des suffrages et 15 sièges (+5).
La participation s'est élevée à 75,1%, soit au-dessous de celle enregistrée lors des précédentes élections législatives du 15 octobre 2017 (-5 points).
Résultats des élections législatives du 29 septembre 2019 en Autriche
Participation : 75,1%

Le chancelier sortant Sebastian Kurz conservera donc son poste. Il ne devrait pas changer de politique même si la teneur de son programme dépendra du ou des partenaires de la prochaine coalition gouvernementale. En effet, vainqueur du scrutin, Sebastian Kurz doit désormais trouver des partenaires pour diriger le pays.
Trois possibilités s'offrent à lui.
La première consiste dans la reconduction d'une alliance avec le FPÖ. Néanmoins, le résultat, faible, obtenu par ce dernier ne le place pas en position de force. Le travail du nouveau dirigeant, Norbert Hofer, pour modifier l'image du FPÖ n'a pas porté ses fruits.
La deuxième option consiste à former une alliance avec le SPÖ et renouer ainsi avec la tradition d'une grande coalition, les deux partis ont gouverné l'Autriche de concert durant 44 années depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. " Ce n'est pas ce que nous avions espéré, ce n'est pas ce pour quoi nous nous sommes battus " a déclaré la dirigeante du SPÖ Pamela Rendi-Wagner. Une grande partie des sociaux-démocrates est opposée à cette idée et selon les enquêtes d'opinion, les Autrichiens y seraient majoritairement défavorables. Enfin, le résultat obtenu par le SPÖ est le plus faible depuis 1945. Il ne lui permet pas non plus d'imposer ses vues. L'alliance ÖVP-SPÖ semble appartenir au passé.
Une troisième possibilité pourrait rassembler l'ÖVP et les écologistes. Les Verts-L'Alternative verte ont progressé depuis le scrutin législatif de 2017. Le fait que les enjeux du réchauffement de la planète et du climat aient constitué la préoccupation principale des Autrichiens, devant les questions migratoires, n'y est pas étranger. Chaque parti politique avait d'ailleurs verdi son programme respectif et, à l'exception du FPÖ, avait décrété l'état d'urgence climatique. Sebastian Kurz a promis que l'Autriche afficherait un bilan carbone neutre dès 2045. Cependant, selon une enquête d'opinion, seul un quart des électeurs de l'ÖVP se montre favorable à une alliance avec les écologistes.
Le porte-parole des écologistes, Werner Kogler, a indiqué qu'il était trop tôt pour parler de participation des Verts au gouvernement et il a précisé que l'ÖVP devra " changer radicalement pour que Les Verts-L'Alternative verte envisagent de s'allier avec lui.
Si les écologistes gouvernent déjà dans plusieurs Länder de concert avec l'ÖVP, la formation d'une coalition entre les deux partis au niveau fédéral constituerait une première.
Chacun devrait néanmoins faire de nombreuses concessions pour aboutir à une alliance que beaucoup d'analystes politiques estiment peu probable. " De nombreux électeurs ont apporté leur voix aux écologistes parce qu'ils sont radicalement opposés à Sébastian Kurz, ce qui devrait rendre les négociations longues et difficiles " a souligné Markus Wagner, professeur de science politique à l'université de Vienne. " Si l'on regarde les principaux enjeux, on observe un taux de convergence de 80% entre FPÖ et l'ÖVP pour un taux de seulement 20% entre ce dernier et Les Verts-L'Alternative verte " a affirmé Peter Filzmaier, professeur de science politique de l'université Danube de Krems an der Donau, qui a néanmoins indiqué qu'une coalition rassemblant l'ÖVP et les Verts lui semblait la plus probable au vu des résultats du scrutin.
Agé de 33 ans et originaire de Vienne, Sebastian Kurz a rejoint le Parti populaire (ÖVP à l'âge de 16 ans). En 2009, il abandonne ses études de droit pour prendre la tête de la section jeunes du parti. L'année suivante, il est élu conseiller municipal de Vienne. En avril 2011, il accède au poste de secrétaire d'Etat à l'Intégration.
Il entre au Parlement à l'occasion des élections législatives du 29 septembre 2013 et il est nommé ministre de l'Europe, de l'Intégration et des Affaires étrangères dans le gouvernement dirigé par le chancelier Werner Faymann (SPÖ), qui sera remplacé en 2016 par Christian Kern (SPÖ). En mai 2017, Sebastian Kurz prend la direction de l'ÖVP qu'il renouvelle dans le fond autant que sur la forme (le turquoise devient ainsi la nouvelle couleur du parti). Pour marquer cette évolution, le parti se présente d'ailleurs aux élections législatives du 15 octobre 2017 sous l'appellation Liste Sebastian Kurz-Le Nouveau Parti populaire.
A l'issue de ce scrutin, celui que l'on surnomme parfois Milchbubi (le petit jeune) ou encore Wunderwuzzi (l'enfant prodige) devient le plus jeune chancelier de l'histoire de l'Autriche et, plus largement, le plus jeune dirigeant d'Europe.
Le 29 septembre, les Autrichiens l'ont donc reconduit au Ballhausplatz, résidence officielle des chanceliers autrichiens, et ils lui ont renouvelé leur confiance pour conduire la politique autrichienne au cours des 4 prochaines années.
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