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Corinne Deloy
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Harmonie (S), parti de gauche dirigé par Nils Usakovs, est arrivé en tête des élections législatives le 6 octobre en Lettonie. Le parti a recueilli 19,8% des suffrages et remporté 23 sièges (- 1 par rapport au précédent scrutin du 4 octobre 2014) à la Saeima, chambre unique du Parlement.
A qui appartient le pays ? (Kam pieder valsts ?, KPV ?), parti populiste fondé en mai 2016 par l'ancien acteur et actuel député Artuss Kaimins, a pris la 2e place avec 14,25% des voix et 16 députés. Il est suivi par le Nouveau Parti conservateur (JKP) emmené par l'ancien ministre de la Justice (2012-2014) Janis Bordans, avec13,59% des suffrages et 16 sièges.
L'alliance électorale libérale, Pour le développement de la Lettonie (PAR), formée le 26 avril dernier, a pris la 4e place avec 12,04% des voix et 13 élus ; suivie par l'Alliance nationale (AN), membre du gouvernement sortant qui réunit l'Union pour la patrie et la liberté (TB/LNNK), dirigée par Gaidis Berzins, et Tous pour la Lettonie (VL), parti de droite conduit par Ratvis Dzintars, (11,01% des suffrages et 13 sièges, - 4). L'Union des Verts et des paysans (ZZS), parti du Premier ministre sortant Maris Kucinskis, a recueilli 9,91% des suffrages et remporté 11 députés (- 10), Nouvelle unité (JV), emmenée par le député européen Krisjanis Karins, 6,69% des voix et 8 élus (- 15).
Harmonie s'est imposé dans 2 circonscriptions électorales sur 5, celles de Latgale et de Riga, A qui appartient le pays ? est arrivé en tête dans celles de Zemgale et Kurzeme et le Nouveau Parti conservateur dans celle de Vidzeme.
La participation a été la plus faible jamais enregistrée dans l'histoire de la Lettonie. Elle s'est élevée à 54,57%, soit 4,27 points par rapport au précédent scrutin législatif du 4 octobre 2014.
"Aucune formule de coalition qui puisse paraître stable et capable de gouverner n'est possible sans Harmonie" a déclaré Nils Ushakovs, dirigeant du parti, dès l'annonce des résultats.
Le leader d'A qui appartient le pays ?, Artuss Kaimins, a déclaré durant la campagne électorale être prêt à collaborer avec tous les partis mais il a néanmoins adressé par la suite des messages contradictoires à propos d'une alliance de son parti avec Harmonie. Néanmoins, ensemble, les deux partis ne réunissent que 39 élus, soit 12 de moins que la majorité absolue.
A qui appartient le pays ? est très critique à l'égard des élites, selon le parti, toutes vénales et seulement intéressées par leur maintien au pouvoir. Le parti ne propose pas de programme précis mais promet d'augmenter le nombre des écoles maternelles, d'accroître le montant des dépenses de santé et de réduire le nombre de fonctionnaires. Son discours populiste et ses candidats, nouveaux sur la scène politique, sont parvenus à attirer de nombreux électeurs, très mécontents de leurs responsables politiques qu'ils considèrent comme corrompus et inefficaces. "Il existe un sentiment anti establishment très important en Lettonie ainsi qu'un fort désir de nouveauté. Si l'on regarde autour de nous, on observe la même chose dans un grand nombre de pays européens" a déclaré Arnis Kaktins, directeur de l'institut d'opinion SKDS. "A qui appartient le pays ? a réussi à convaincre de nombreux Lettons que la classe dirigeante a corrompu l'Etat et qu'aucun changement ne pourra se faire en Lettonie avant que celle-ci ne soit chassée et remplacée" a souligné Una Bergmane, professeur de science politique à la London School of Economics (LSE). "Les électeurs ont envoyé le message suivant : nous voulons voir de nouveaux visages et nous ne sommes pas satisfaits de la façon dont sont traités les problèmes sociaux du pays" a affirmé Janis Ikstens, politologue à l'université de Lettonie.
Le parti Harmonie est arrivé déjà à deux reprises en tête des élections législatives en Lettonie dans le passé (en septembre 2011 et en octobre 2014) mais il n'a jamais participé à un gouvernement, car la grande majorité des autres partis refusent toute collaboration avec un parti qu'ils considèrent trop proche de la Russie.
Harmonie aime à se définir comme social-démocrate, a présenté plusieurs personnalités "d'origine lettone" sur ses listes et a récemment rompu l'accord de coopération qu'elle avait avec Russie unie (ER), parti du président russe Vladimir Poutine. Il n'est cependant pas certain que cela lui permette d'accéder enfin au pouvoir.
Avec l'entrée de 7 partis en son sein, la Saiema sera très fragmentée. Les possibilités de coalition peuvent être nombreuses et les partis opposés à la participation d'Harmonie au gouvernement feront tout pour, une fois de plus, empêcher ce parti d'accéder au pouvoir
"L'initiative d'engager des pourparlers en vue d'une coalition doit venir du centre droit" a indiqué le président de l'Union des Verts et des paysans, Augusts Brigmanis, à l'annonce des résultats. La reconduction d'un gouvernement de droite reste l'option privilégiée par de nombreux analystes politiques.
Par ailleurs, le chef de l'Etat letton, Raimonds Vejonis, a laissé entendre durant la campagne électorale qu'il préférait une solution de continuité. Il y a donc peu de chances qu'il nomme à la tête du gouvernement l'ancien ministre Vjaceslavs Dombrovskis, candidat d'Harmonie au poste de Premier ministre ou l'avocat Aldis Gobzems, candidat de d'A qui appartient le pays ?
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