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ENNorbert Hofer (Parti libéral, FPÖ), 45 ans, l'actuel " 3e président " du Conseil national (Nationalrat), chambre basse du Parlement autrichien dont la présidente est Doris Bures (SPÖ), est arrivé en tête du 1er tour de l'élection présidentielle le 24 avril en Autriche.
Il a recueilli 36,40% des suffrages, soit le résultat le plus élevé pour ce parti d'extrême droite à un scrutin national, et a devancé l'ancien porte-parole du parti écologiste (1997-2008), Alexander Van der Bellen (Les Verts, DG), qui a obtenu 20,38% des voix. L'ancienne juge à la Cour suprême, connue pour avoir présidé une commission d'enquête parlementaire sur le scandale de corruption concernant la banque Hypo Group Alpe Adria, Irmgard Griss, a recueilli 18,52% des suffrages, un résultat inédit pour une candidate " indépendante ".
Les candidats des deux partis au pouvoir - le Parti social-démocrate (SPÖ) du chancelier Werner Faymann et le Parti populaire (ÖVP) du vice-chancelier Reinhold Mitterlehner –, respectivement Rudolf Hundstorfer, ancien ministre des Affaires sociales et de la Protection des consommateurs (2008-2016), et Andreas Khol, ancien président du Conseil national (2002-2006), sont éliminés de la course présidentielle après avoir obtenu le même score chacun, 11,18% des suffrages. Il s'agit d'une première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les deux partis, qui gouvernent de concert le pays depuis plus de 9 ans, essuient donc un revers cinglant. Le chancelier Werner Faymann s'est dit " attristé " du résultat et a assuré que le gouvernement travaillerait " encore plus dur ". Reinhold Mitterlehner a affirmé que les partis du pouvoir payaient " le prix de la peur du déclassement qu'éprouve une partie de la population et d'une ambiance générale hostile à l'establishment ". Les deux partis n'ont - pour l'heure - donné aucune consigne de vote pour le 2e tour qui aura lieu le 22 mai prochain.
Six Autrichiens sur dix se sont rendus aux urnes (59,99%), une participation plus élevée que celle enregistrée lors du 1er tour de la précédente élection présidentielle du 25 avril 2010 (+ 6,42 points).
Source : Site internet ORF
" C'est un résultat historique qui reflète les qualités de Norbert Hofer mais également une profonde insatisfaction vis-à-vis du gouvernement " a déclaré le dirigeant du FPÖ Heinz-Christian Strache, à l'annonce des résultats. Il est évident que le vote témoigne de l'usure des partis politiques et de la déconnexion entre les élites politiques et les citoyens. Norbert Hofer, symbole d'un renouvellement des générations (il est beaucoup moins âgé que ses rivaux), semble avoir séduit les jeunes électeurs si l'on en croit les enquêtes sortie des urnes.
Le thème des réfugiés, et plus largement des migrations, avait dominé la campagne électorale, un sujet qui a certainement favorisé le candidat du FPÖ L'Autriche, située sur l'une des routes principales reliant la Turquie - d'où viennent la majorité des réfugiés - à l'Allemagne - où ceux-ci aspirent à se rendre, est l'un des pays d'Europe qui a accueilli en 2015 le plus grand nombre de réfugiés (90 000) proportionnellement à sa population (8,5 millions d'habitants). Le FPÖ a critiqué l'action du gouvernement autrichien et demandé une réduction drastique - voire un arrêt total - du nombre de réfugiés accueillis par Vienne.
Norbert Hofer a menacé, s'il était élu, de dissoudre le parlement dans le cas où la majorité refuserait de suivre ses recommandations sur le dossier des migrants. Si en Autriche, le président de la République peut, à la demande du gouvernement, destituer le Conseil national (et le gouvernement), aucun chef de l'Etat n'a cependant jamais fait usage de ce pouvoir.
Vainqueur du 1er tour, Norbert Hofer devrait faire face à une large opposition, allant de la droite de gouvernement à la gauche en passant par les sympathisants de la candidate indépendante Irmgard Griss lors du 2e tour le 22 mai. " La mobilisation des abstentionnistes décidera de la victoire " a indiqué Christoph Hofinger, analyste à l'institut d'opinion SORA. " Le 22 mai, le taux de participation sera le principal indicateur à observer. Les sociaux-démocrates vont appeler leurs électeurs à voter pour les Verts, dans l'espoir de sauvegarder ne serait-ce qu'un semblant de vie politique et pour éviter une crise de régime. Une majorité des électeurs de la candidate indépendante Irmgard Griss vont sans doute également voter pour l'écologiste Alexander Van der Bellen "
Une seule certitude pour le 2e tour : le futur président de la République autrichienne ne sera pas issu des rangs sociaux-démocrates ou chrétiens-démocrates. A ce jour, Rudolf Kirchschläger, au pouvoir entre 1974 et 1986, a été le seul chef d'Etat dans ce cas.
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