Elections législatives a Malte 12 avril 2003 le point a une semaine du scrutin

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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12 avril 2003
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Le 10 mars dernier, deux jours après le référendum par lequel la population a approuvé à 53,65% la prochaine adhésion de l'île à l'Union européenne le 1er mai 2004, le Premier ministre Eddie Fenech Adami décidait de convoquer des élections législatives pour le 12 avril prochain, ceci afin de confirmer l'attachement européen de la population et la victoire obtenue par sa formation politique, le Parti nationaliste (MLP) au référendum. « La date des élections a été arrêtée de façon à ce que la décision des Maltais d'adhérer à l'Union européenne ne soit pas modifiée. Le choix de Malte est clair, il est de mon devoir de le faire appliquer » a t-il déclaré. Ces élections législatives opposeront les deux principales formations politiques de l'île : le Parti nationaliste, dirigé par le Premier ministre, au pouvoir depuis cinq ans et le Parti travailliste (LP) d'Alfred Sant.

Le système politique maltais

Malte est une démocratie parlementaire calquée sur le modèle britannique. Le Cabinet (ou Conseil des ministres), dirigé par le Premier ministre, détient le pouvoir exécutif. Le Premier ministre est nommé par le Président de la République qui désigne à ce poste le leader de la formation arrivée en tête aux élections législatives. Le Parlement est monocaméral ; la Chambre des Représentants comprend soixante-cinq députés élus pour cinq ans maximum selon un mode de scrutin complexe que l'île est le seul pays au monde à partager avec l'Irlande (scrutin plurinominal à la représentation proportionnelle appelé système de vote unique transférable). Le jour de l'élection, l'électeur reçoit une liste alphabétique de candidats sur laquelle il désigne ceux pour lesquels il souhaite voter par ordre de préférence. Il inscrit ainsi le chiffre 1 devant le candidat qui a sa première préférence puis 2, 3, 4, etc. devant les noms des autres candidats de la liste. La première opération du dépouillement est le calcul du quotient électoral, c'est-à-dire du nombre de voix minimum que doit obtenir un candidat pour être élu. Ce quotient correspond à l'ensemble des voix exprimées divisé par le nombre de sièges à pourvoir (différent selon les circonscriptions) augmenté d'une unité. Tout candidat atteignant ce nombre de voix est déclaré élu. Ses voix excédentaires sont alors réparties entre les candidats ayant été retenus en deuxième préférence.

Le Parlement élit le Président de la République pour un mandat de cinq ans.

L'actuel Président est Guido de Marco qui a été élu en 1999.

Actuellement et depuis quarante ans, seules deux formations politiques sont représentées au Parlement :

le Parti nationaliste (MLP), formation chrétienne-démocrate favorable à l'adhésion de Malte à l'Union européenne et dirigée par l'actuel Premier ministre Eddie Fenech Adami ;

le Parti travailliste (LP), formation socialiste, opposée à l'intégration européenne de l'île et dirigée par Alfred Sant.

Les enjeux du scrutin

Le Premier ministre Eddie Fenech Adami a certifié n'avoir pas décidé - avant le référendum sur l'adhésion de l'île dans l'Union européenne du 8 mars dernier - de la date de la convocation d'élections législatives. Mais la réaction de l'opposition travailliste et sa « théorie absurde » selon laquelle les opposants à l'adhésion avaient in fine remporté la victoire l'ont conduit à organiser ces élections le plus rapidement possible. A l'annonce des résultats du référendum, Alfred Sant a en effet contesté la validité du scrutin, affirmant que « le « oui » n'a pas enregistré la majorité absolue des électeurs inscrits ». Selon l'estimation du leader du Parti travailliste, cent quarante-deux mille personnes auraient voté en faveur de l'adhésion à l'Union européenne, soit moins que la moitié des deux cent quatre vingt dix-sept mille électeurs inscrits. « Alfred Sant tourne la démocratie en dérision. Par conséquent, le vote populaire doit être confirmé par le scrutin législatif le plus rapidement possible » a déclaré le Premier ministre. La date du 12 avril ne doit cependant rien au hasard puisque le 16 avril, soit quatre jours plus tard, les dix pays candidats à l'intégration signeront à Athènes le traité d'adhésion à l'Union européenne.

Eddie Fenech Adami a affirmé qu'il n'envisageait pas de gouverner si son parti (Parti nationaliste, MLP) n'obtenait pas de majorité, une précision importante étant donné que le parti écologiste, Alternattiva Demokratika (AD), pourrait, selon les enquêtes d'opinion, obtenir suffisamment de suffrages pour empêcher les deux principales formations politiques de l'île (le Parti nationaliste et le Parti travailliste) de former une majorité. Le Premier ministre a néanmoins omis de préciser s'il parlait de majorité absolue ou relative. Des tractations entre le parti écologiste et la formation au pouvoir ont d'ores et déjà eu lieu ; Alternattiva Demokratika se serait ainsi vue proposer par le Parti nationaliste en cas de victoire de la formation au pouvoir le poste de porte-parole de la Chambre des représentants, chambre unique du Parlement.

Les écologistes ont réaffirmé durant la campagne leur soutien à l'adhésion de Malte à l'Union européenne. Leur programme électoral est centré sur la réforme fiscale. Ils proposent notamment d'augmenter le plafond au dessous duquel les citoyens ne peuvent être imposés (celui-ci est actuellement fixé à trois mille livres maltaises annuelles) qu'ils souhaiteraient voir passer à quatre mille cinq cents livres pour les célibataires et cinq mille pour les couples mariés. Formation écologiste, Alternattiva Demokratika propose également d'augmenter les taxes des entreprises les plus polluantes.

De son côté, le Parti nationaliste fait campagne sur le maintien de la croissance économique et l'amélioration de l'emploi (à Malte, le chômage touche principalement les hommes de moins de vingt-cinq ans : 9,1% d'entre eux sont sans emploi), n'omettant jamais de rappeler que les quatre vingt un millions de livres maltaises que l'Union européenne apportera à l'île en cas d'adhésion constitueront une aide substantielle pour le gouvernement et lui permettront d'améliorer grandement la vie quotidienne des Maltais. Le Premier ministre répète aussi régulièrement que si le prochain gouvernement refuse de signer le 16 avril à Athènes le traité d'adhésion à l'Union européenne, l'intégration européenne de l'île sera alors définitivement caduque. En effet, si le Parti travailliste remporte les élections législatives, son leader Alfred Sant ne signera probablement pas le traité (le référendum n'étant pas contraignant, un gouvernement travailliste peut donc officiellement ne pas tenir compte du vote des Maltais le 8 mars). En revanche, il devrait organiser un nouveau référendum proposant aux Maltais de choisir entre un partenariat avec l'Union européenne (donnant à Malte un statut d'Etat associé qui, selon les travaillistes, permettrait au pays de conserver ses liens privilégiés avec les Etats-Unis mais surtout avec la Libye ) et une adhésion pleine et entière.

« Pour un meilleur avenir, les Maltais d'abord », tel est le slogan de campagne de l'opposition pour les élections législatives du 12 avril prochain. Le Parti travailliste promet d'augmenter de un à deux points le taux de croissance annuel du PIB (celui-ci s'élève à 4,1% pour 2002). Les travaillistes, qui reprochent au gouvernement actuel de ne s'intéresser qu'à l'adhésion de Malte à l'Union européenne, se déclarent également favorables à une baisse des impôts et souhaitent que l'éducation, la santé et les transports constituent de réelles priorités gouvernementales. Plus que sur une augmentation des richesses, la campagne électorale du Parti travailliste est centrée sur une meilleure redistribution sociale de la richesse existante. Enfin, la formation souhaiterait faire disparaître les différences de traitement, encore très importantes dans ce pays où huit habitants sur dix sont des catholiques pratiquants, existant entre les enfants nés d'un couple marié et ceux nés hors mariage.

Selon les dernières enquêtes d'opinion, le Parti nationaliste arriverait en tête des élections législatives avec 49% des suffrages ; le Parti travailliste remporterait quant à lui 23% des voix. Néanmoins, environ un quart des électeurs déclarent ne pas avoir encore faire leur choix. Si les Maltais semblent s'apprêter à confirmer leur vote du 8 mars dernier en se prononçant en faveur du gouvernement sortant qui soutient l'adhésion de l'île à l'Union européenne, les électeurs, qui souhaiteraient changer d'équipe dirigeante, seraient obligés de voter pour une formation défavorable à l'intégration européenne. Comme en 1998, l'Europe est au cœur des élections législatives maltaises du 12 avril prochain.

Rappel des résultats des élections législatives du 5 septembre 1998:

Participation : 95%

Source Ambassade de Malte à Paris

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