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L'opposition libérale reste favorite des élections législatives au Danemark mais le scrutin devrait être serré

Élections en Europe

Corinne Deloy

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1 juin 2015
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

L'opposition libérale reste favorite des élections législatives au Danemark mais...

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Le 27 mai dernier, la Première ministre danoise Helle Thorning-Schmidt (Parti social-démocrate, SD) a annoncé que les prochaines élections législatives auraient lieu le 18 juin prochain. Les 179 membres du Folketing, parlement monocaméral danois, sont élus tous les 4 ans mais depuis 1960, seuls 5 parlements sur 19 ont effectué une législature de cette durée. Le parlement sortant est d'ailleurs celui qui aura siégé durant le plus long mandat de l'histoire du Danemark, à l'exception de celui qui a gouverné le pays durant la Seconde Guerre mondiale entre 1939 et 1943. Dans le royaume danois, le chef du gouvernement peut annoncer la tenue d'élections législatives à son gré. Le plus souvent, il n'attend pas la fin de la législature mais organise le scrutin au moment qui lui semble le plus opportun.

La campagne officielle durera donc 23 jours. Cependant, les partis sont tous en campagne depuis le début de l'année.

Les élections décideront de l'avenir de la Première ministre sortante Helle Thorning-Schmidt. Si elle échoue à s'imposer, elle sera très probablement remplacée par l'ancien Premier ministre (2009-2011) Lars Lokke Rasmussen (Parti libéral, V).

Le Bloc bleu, soit les 3 partis de la droite (Parti libéral (V), Parti du peuple (DF), Parti conservateur (KF)), a, dans les enquêtes d'opinion réalisées depuis le dernier scrutin du 15 septembre 2011, continuellement devancé le Bloc rouge, formé par le Parti social-démocrate (SD), le Parti socialiste populaire (SF), le Parti social-libéral (RV) et la Liste de l'unité-Alliance rouge-verte (E). A ce jour, l'opposition a toujours une longueur d'avance dans les sondages préélectoraux mais la cote de la gauche a remonté ces derniers mois après les initiatives en faveur de la croissance prises par le gouvernement et la position ferme de la Première ministre sur les questions d'immigration.

"Le Danemark s'est remis sur les rails, nous sommes sortis de la crise. Il est temps de demander aux Danois s'ils veulent maintenir ce cap" a indiqué Helle Thorning-Schmidt le 27 mai. Ce jour-là, elle a également annoncé plusieurs mesures (pour un coût de 39 milliards de couronnes (5,2 milliards €) sur 4 ans) concernant la santé et la situation des personnes âgées, l'éducation et la recherche publique dans les technologies vertes. Elle défend la poursuite des investissements dans l'Etat-providence tandis que le Parti libéral souhaite réduire le secteur public et le rendre plus efficace.

Selon la Première ministre, les Danois devront répondre à deux questions le 18 juin prochain : "Tout d'abord, comment allons-nous faire pour nous assurer que le Danemark poursuive ses progrès et demeure prospère sans mettre notre bien-être et notre communauté en péril ? Et qui sera le meilleur Premier ministre pour le pays ?".

La création d'emplois, l'avenir de l'Etat-providence, notamment du secteur de la santé, la politique fiscale et l'immigration seront les principaux thèmes de la campagne électorale. Le résultat du scrutin du 18 juin promet d'être serré. Dans ce contexte, au-delà du programme défendu par chaque parti, la personnalité des dirigeants des 2 principaux partis - Helle Thorning-Schmidt et Lars Lokke Rasmussen - pèsera dans le vote des électeurs.

Une trentaine de parlementaires ne se représentent pas à ces élections législatives, une grande partie d'entre eux sont issus du Parti libéral.

En dépit de ses résultats, le Parti social-démocrate peine à convaincre

En 2011, Helle Thorning-Schmidt est devenue la première femme à diriger le gouvernement danois. Sa coalition rassemble outre son propre parti, le Parti social-libéral et le Parti populaire socialiste et dispose du soutien de la Liste de l'unité-Alliance rouge-verte et de 3 élus du Groenland et des îles Féroé.

Au pouvoir, les sociaux-démocrates ont œuvré à la relance de la croissance et de l'emploi et mené une gestion rigoureuse des finances publiques dans la continuité de celle conduite par les libéraux auxquels ils ont succédé. Cette politique a porté ses fruits : après 2 années de récession en 2012 et 2013, le pays a retrouvé la croissance (1% en 2014 (0,8% dans la zone euro) et 1,8% prévus en 2015). Le chômage est faible : 4,9% en mars dernier et 6,4% pour l'ensemble de l'année 2014, soit le 4e plus bas taux de l'Union européenne (9,8% en moyenne) derrière l'Autriche, le Luxembourg et Malte. En outre, le nombre de jeunes sans emploi (11%) est le plus faible d'Europe où la moyenne est de 21,4%. Les finances publiques sont saines (la dette nationale est basse : 45,2% pour 86,8% en moyenne des Vingt-huit). Enfin, l'indicateur de confiance des ménages s'élève à 1,62, soit au-dessus de la moyenne européenne (1,39), le 3e plus élevé après l'Irlande et le Royaume-Uni.

Le Danemark vient d'être classé par la Banque mondiale 1er pays d'Europe et 4e dans le monde pour les possibilités offertes aux entrepreneurs. La politique fiscale et l'accès facilité aux prêts bancaires expliquent ce bon résultat.

Lors de son annonce du scrutin législatif, Helle Thorning-Schmidt a rappelé les actions de son gouvernement au cours des 4 dernières années, évoquant par exemple la baisse du temps d'attente pour être soigné à l'hôpital ou le durcissement des mesures prises à l'encontre des immigrés et des réfugiés.

En dépit de ses résultats, l'économie danoise donne davantage l'impression de stagner que d'être véritablement repartie à la hausse. Par ailleurs, une partie des électeurs de gauche se déclarent insatisfaits de l'action de la Première ministre sortante à laquelle ils reprochent sa politique de rigueur budgétaire et son libéralisme. Helle Thorning-Schmidt a en effet baissé l'impôt sur les sociétés de 3 points durant son mandat (de 25% à 22%). Elle a également réduit les bourses accordées aux étudiants, qui ne peuvent désormais excéder 5 ans (contre 6 auparavant), dans l'objectif de réduire ce budget de 2 milliards de couronnes d'ici 2020 (les étudiants danois reçoivent 5 839 couronnes - 782 €).

Les syndicats sont également nombreux à exprimer leur mécontentement et accusent la chef du gouvernement d'avoir trahi les électeurs et d'avoir échoué à améliorer la vie des salariés. La Confédération des syndicats (Landesorganisationen, LO) critique ainsi le gouvernement sur 3 points : la faiblesse des allocations chômage (réduites par la coalition de gauche), l'abandon de la déduction fiscale pour les cotisations syndicales (ce qui constituait une promesse de campagne) et le vote de réformes qui affectent essentiellement les plus défavorisés. "Je suis devenue Premier ministre en 2011 et je sais très bien que toutes nos actions n'ont pas été très populaires mais j'en assume l'entière responsabilité" affirme Helle Thorning-Schmidt.

Au plan politique, le 30 janvier 2014, les 6 ministres du Parti populaire socialiste ont quitté le gouvernement pour exprimer leur désaccord avec la vente en novembre 2013 pour 8 milliards de couronnes (1,07 milliard €) de 19% de Dong Energy, compagnie publique productrice de pétrole, gaz et électricité (éolienne et thermique) dont le chiffre d'affaires était en 2012 de 67,2 milliards de couronnes - environ 9 milliards € –, à la banque d'investissement américaine Goldman Sachs. Selon les enquêtes d'opinion, la majorité des Danois étaient opposés à cette vente que le gouvernement a justifiée par un besoin de liquidités après des investissements à perte dans le gaz naturel.

Affaiblie par ce départ, Helle Thorning-Schmidt a alors formé un nouveau gouvernement rassemblant les sociaux-démocrates et les sociaux-libéraux.

"Actuellement, le Parti social-démocrate semble regagner des électeurs sur le Parti du peuple danois mais ceux-ci sont toujours moins nombreux que ceux qui l'ont précédemment quitté pour rejoindre les autres partis de gauche" affirme Soren Risbjerg Thomsen, professeur de science politique de l'université d'Aarhus qui voit dans le regain de popularité du parti de Helle Thorning-Schmidt un succès des mesures que la Première ministre a pris récemment en faveur de l'emploi, de la croissance et de l'amélioration du système de santé.

La chef du gouvernement se retrouve un peu dans la situation de son prédécesseur Lars Lokke Rasmussen en 2011 : si son parti remonte dans les enquêtes d'opinion, son partenaire de coalition recule, ce qui in fine réduit les chances de son gouvernement de se maintenir au pouvoir.

Le Bloc bleu, un favori à la peine

Le Parti libéral espère retrouver le pouvoir

Le programme du Parti libéral comprend 5 points principaux : des baisses d'impôts pour les plus défavorisés, la réduction du chômage, une politique d'immigration plus stricte, la lutte contre le crime et une hausse des dépenses de santé. Ce dernier point est paradoxal puisque les libéraux sont opposés à tout accroissement des dépenses de l'Etat. Le principal parti d'opposition entend toutefois ne pas laisser la défense de l'Etat-providence au seul Parti du peuple et veut montrer qu'il n'est pas dépourvu de préoccupation sociale.

Jusqu'en 2011, la présence du Parti du peuple au gouvernement était exclue même si celui-ci est, contrairement à ce qui se passe en Suède, traité par les partis danois comme un parti comme les autres. Désormais, la question d'une coalition entre le Parti libéral et le Parti du peuple à la tête de l'Etat se pose et figure même au cœur de la campagne électorale. Plus encore, les 2 partis sont en concurrence pour le leadership de la droite.

Leur alliance pourrait achopper sur 2 points ; l'Etat-providence, que les populistes veulent à tout prix préserver, voire développer pour "conserver un Etat-providence digne de ce nom" selon les mots de leur dirigeant Kristian Thulesen Dahl, tandis que les libéraux sont partisans d'une stagnation des dépenses publiques; et l'Europe, le parti libéral étant pro-européen quand les populistes sont favorables à une sortie de l'Union européenne. Le dirigeant du Parti du peuple a d'ailleurs précisé que si le Royaume-Uni choisissait de quitter l'Union européenne, le Danemark devrait à son tour organiser une consultation populaire sur ce thème. "Nous devons suivre l'exemple britannique. Nous devons demander la renégociation des conditions d'adhésion à l'Union européenne afin de recouvrer notre souveraineté sur le contrôle de nos frontières, sur la politique d'immigration et sur la politique financière" a indiqué Morten Messerschmidt, député européen (DF, ECR), qui revient à la politique nationale et qui sera d'ailleurs candidat le 18 juin. "Ce serait une erreur de se laisser attirer par la stratégie de David Cameron. Nous devons plutôt chercher une alliance avec Angela Merkel qui veut l'intégration européenne mais une alliance qui soit aussi compatible avec les spécificités des Etats membres" a déclaré Lars Lokke Rasmussen.

Les 4 dernières années ont été difficiles pour l'ancien Premier ministre (2009-2011) qui a dû faire face à de nombreuses critiques venues de l'intérieur comme de l'extérieur de son parti. Il a été accusé d'avoir dépensé 770 000 couronnes (103 000 €) dans des hôtels de luxe et lors de voyages aériens en première classe aux frais de l'Institut de la croissance verte globale, organisation basée en Corée du Sud dont il était le président et qui perçoit 90 millions de couronnes (12 millions €) des contribuables danois. Il aurait également dépensé 24 600 € issus des coffres de son parti pour régler diverses dépenses personnelles, dont des achats de vêtements. Ces différentes affaires ont fortement déplu à certains Danois qui, selon les enquêtes d'opinion, se seraient tournés vers le Parti du peuple.

Le Parti du peuple danois entrera-t-il au gouvernement ?

Le Parti du peuple est une formation populiste eurosceptique qui œuvre pour une hausse des dépenses publiques, des lois sur l'immigration plus restrictives et la réintroduction des contrôles aux frontières. "Le Parti du peuple se présente comme le Parti social-démocrate des origines, généreux sur le plan social et préoccupé par la situation des plus défavorisés" affirme Marlene Wind, politologue. Jens Christian Grondahl, écrivain, indique que "pour beaucoup d'électeurs, le Parti du peuple est devenu une formation social-démocrate alternative".

Le parti est favorable à l'arrêt de toute immigration non occidentale au Danemark et souhaite donner la priorité aux Danois sur les immigrés. "Je pense que l'Etat-providence ne peut exister que dans une société plus ou moins fermée" affirme le dirigeant du groupe parlementaire populiste au Folketing, Soren Espersen.

Le parti demande l'arrêt de tout programme d'intégration des immigrés dépendant de l'argent des contribuables. Il souhaite enfin interdire tout rassemblement familial avant que les immigrés présents au Danemark aient reçu des papiers leur permettant de résider dans le pays, c'est-à-dire le plus souvent 5 ans après leur arrivée.

Le parti n'a jamais eu une position aussi élevée dans les enquêtes d'opinion. Dirigé par Kristian Thulesen Dahl, il ne veut plus désormais être cantonné au rôle de partenaire de coalition et se positionne désormais en véritable outsider du Parti libéral comme du Parti social-démocrate. Son dirigeant aime à répéter qu'il joue pour gagner. En novembre dernier, pour la première fois de son histoire, le Parti du peuple a d'ailleurs pris la première place dans les enquêtes d'opinion.

Il pourrait rejoindre un gouvernement formé par le Parti libéral (le Parti du peuple a soutenu les gouvernements d'Anders Fogh Rasmussen (2001-2009) et de Lars Lokke Rasmussen (2009-2011) sans toutefois en être membre). Kristian Thulesen Dahl a indiqué qu'il se voyait gouverner aussi bien avec les libéraux qu'avec les sociaux-démocrates. Des propos qui ont d'ailleurs été approuvés par Dennis Kristensen, leader (controversé) du Syndicat des employés de la fonction publique (Forbundet af Offentligt Ansatte, FOA), 3e force syndicale du pays.

Le 1er mai dernier, Kristian Thulesen Dahl a encore affirmé que "les travailleurs danois ont beaucoup à gagner si le Parti du peuple et le Parti social-démocrate se rapprochent l'un de l'autre". "Je ne nous vois pas dans un gouvernement avec les sociaux-démocrates, mais si former un gouvernement devient aussi difficile que cela a été le cas dans les années 1980, je nous vois gouverner avec n'importe quelle force politique" a souligné Soren Espersen.

L'immigration au coeur de la campagne électorale

"Les bons résultats du pays ont fait passer les questions économiques à l'arrière-plan. L'immigration devrait être au coeur des élections législatives, ce qui bénéficiera au Parti du peuple et au Parti libéral. Les Danois considèrent que la droite est meilleure pour gérer la sécurité et l'immigration" affirme Rune Stubager, professeur de science politique à l'université d'Aarhus.

Le 3 janvier dernier, la Première ministre a présenté un nouveau plan d'intégration, intitulé Alle skal bidrage (Tout le monde doit contribuer), le 22e dans le pays depuis 1999, qui prévoit un meilleur encadrement des immigrés vivant au Danemark. Les mesures proposées ont pour objectif d'offrir un emploi à 30 000 immigrés. Actuellement, seul un quart des réfugiés entrés au Danemark entre 2000 et 2003 auraient un emploi, une proportion très faible plus de 10 ans après leur arrivée. Les plus jeunes des immigrés devront également suivre des cours de danois ainsi qu'une formation de façon à pouvoir plus aisément décrocher un emploi.

Même la reine Margrethe II s'est exprimée au début de cette année sur l'immigration, un événement extrêmement rare.

Les attentats du 14 février dernier ont remis les questions de sécurité et d'immigration à l'agenda. Ce jour-là, Omar Abdel Hamid el-Hussein, Danois d'origine palestinienne, assassinait le cinéaste Finn Norgaard au cours d'un débat sur la liberté d'expression organisé après les attentats sanglants de Paris (7-9 janvier 2015) à la Maison de la culture Kruttonden, dans le quartier d'Osterbro à Copenhague. Quelques heures plus tard, il tuait Dan Uzan, membre de la communauté juive, devant la grande synagogue de Copenhague que le jeune homme était chargé de surveiller. 5 policiers avaient également été blessés lors de cette folle nuit. Le terroriste avait été abattu par la police le lendemain.

Le Danemark a accueilli 64 874 immigrés en 2014, soit une hausse de 15% par rapport à 2013. La grande majorité (40 059) vient des pays occidentaux ; 24 815 du reste du monde. En 2014, le royaume a reçu 14 800 demandeurs d'asile. Les Turcs sont les immigrants les plus nombreux et représentent 9,8% de l'ensemble. Les Polonais constituent la 2e communauté (5,8%) ; les Allemands, la 3e (5,1%) et les Irakiens, la 4e (4,9%). Au Danemark, un immigrant est une personne née dans le pays de parents non Danois. Si ces derniers sont naturalisés, la personne n'est plus considérée comme un immigrant.

"Après les attentats, nous avons besoin de coopération pour nous assurer que nous gardons un pas d'avance sur les criminels, les trafiquants d'êtres humains et le crime organisé" a déclaré Helle Thorning-Schmidt. Elle a appelé dès octobre 2014 à un référendum sur la participation du Danemark à 22 des 50 dispositions juridiques auxquelles le pays n'a pas accès compte tenu de son exemption du volet Justice et Affaires intérieures (JAI) du traité de Maastricht (Copenhague est également exempté de l'Union économique et monétaire (UEM), de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et du volet Citoyenneté européenne). Parmi les 22 mesures juridiques évoquées figurent la directive relative à l'assistance juridique transfrontalière, celle sur la cybercriminalité, celle contre l'abus et l'exploitation sexuelle des enfants et celle sur la contrefaçon. Le référendum sera organisé avant le mois d'avril 2016.

Le Parti du peuple demande un renforcement de la politique de sécurité et de la lutte contre la radicalisation musulmane mais il est opposé à la levée de la cause d'exemption. Précisons que même si les Danois votent lors du référendum pour la participation de leur pays à certaines dispositions juridiques du volet Justice et Affaires intérieures, Copenhague restera en dehors de la politique européenne d'immigration et d'asile.

Le gouvernement danois est également favorable à une adhésion du pays à l'Union bancaire européenne. Le Folketing peut décider seul de la rejoindre sans passer par un référendum si les 2/3 des députés votent pour. Le Parti libéral est d'ailleurs partisan d'une telle mesure. "le gouvernement a décidé que le Danemark devait rejoindre l'Union bancaire de la zone euro sans demander leur avis aux Danois. L'Union bancaire est naturelle pour les pays de la zone euro, reste à savoir si le gouvernement prépare le Danemark à l'euro. La population danoise a rejeté l'euro à deux reprises par référendum et le gouvernement ne respecte pas cette décision" a affirmé Kristian Thulesen Dahl.

Le système politique danois

Le Folketing, chambre unique du Parlement, comprend 179 membres élus pour 4 ans par les seuls Danois résidant dans le royaume au scrutin proportionnel selon la méthode de Sainte-Lagüe. Les électeurs peuvent voter en faveur d'une liste présentée par un parti ou d'un candidat indépendant. Les partis représentés au parlement sont autorisés à présenter des listes de candidats, les partis non représentés doivent obligatoirement recueillir un nombre de signatures correspondant à 1/175e des suffrages déclarés valides lors du précédent scrutin législatif. Enfin, les candidats indépendants doivent être recommandés par au moins 150 électeurs de la circonscription dans laquelle ils souhaitent se présenter.

Les provinces du Groenland et des îles Féroé disposent chacune de 2 députés. Les 175 autres sièges sont répartis entre 3 régions - Copenhague, le Jutland et les îles - subdivisées en 3 circonscriptions urbaines et 7 circonscriptions rurales. Le nombre de sièges alloués à chacune d'entre elles, proportionnel au nombre de ses habitants, est revu tous les 5 ans. Le calcul effectué (addition de la population, du nombre d'électeurs aux dernières élections législatives et de la surface de la circonscription en km2 multipliée par 20, le résultat étant ensuite divisé par 175) favorise les régions les plus faiblement peuplées.

Si les principes d'organisation des élections législatives sont inscrits dans la Constitution danoise de 1953, en revanche, le royaume ne possède pas de règle pour la conduite de la campagne électorale et n'impose aucune limite en matière de financement du scrutin. Tout parti ayant recueilli au moins 1 000 voix perçoit des fonds publics (26,50 couronnes, soit 3,55 €, par suffrage obtenu).

La répartition des sièges du parlement se fait en deux temps, tout d'abord par parti puis par candidat. 135 des 175 sièges du Folketing sont des sièges de circonscription, les 40 restants sont appelés sièges compensatoires. Ils sont distribués selon le nombre de voix obtenues par les partis au niveau national. Ce mode de répartition aide à assurer une plus juste représentation nationale des "petits" partis. Pour accéder à la répartition des sièges compensatoires, un parti doit avoir obtenu un minimum de sièges dans une circonscription donnée ou un nombre de suffrages supérieur ou égal au nombre de voix nécessaires à l'obtention d'un siège dans au moins 2 des 3 régions du royaume ou encore au moins 2% des suffrages exprimés au niveau national.

8 partis politiques sont représentés dans l'actuel Folketing :

– Le Parti social-démocrate (SD), fondé en 1871 et dirigé depuis avril 2005 par la Première ministre sortante Helle Thorning-Schmidt. Principal parti du gouvernement, il possède 44 sièges ;

– Le Parti socialiste populaire (SF), parti d'opposition créé en 1959 par un ancien président du Parti communiste exclu pour avoir critiqué l'intervention de l'Union soviétique en Hongrie en 1956. Rassemblant socialistes et écologistes et conduit par Pia Olsen Dyhr, il compte 16 députés ;

– Le Parti social-libéral (RV), parti de centre gauche créé en 1905 après une scission du Parti libéral. Dirigé par Morten Ostergaard et membre de la coalition gouvernementale sortante, il possède 17 sièges ;

– la Liste de l'unité-Alliance rouge-verte (E), fondée en 1989 et fruit de l'alliance du Parti communiste (DKP), du Parti des travailleurs socialistes (SA) et de la Gauche socialiste (VS). Dirigée par un comité exécutif de 25 personnes, sa porte-parole, également dirigeante du groupe parlementaire du parti, s'appelle Johanne Schmidt-Nielsen. Le parti compte 12 députés.

Ces 4 partis composent le Bloc rouge, soit le bloc des forces de gauche.

– Le Parti libéral (V), parti libéral et agrarien de l'ancien Premier ministre (2009-2011) Lars Lokke Rasmussen. Fondé en 1870, il possède 47 sièges ;

– Le Parti du peuple danois (DF), parti populiste d'extrême droite fondée en 1995 et dirigé depuis 2012 par Kristian Thulesen Dahl, compte 22 députés ;

– Le Parti populaire conservateur (KF), fondé en 1915 et emmené par Soren Pape Poulsen, possède 8 sièges.

Ces 3 partis forment le Bloc bleu qui rassemble les forces de droite.

– Alliance libérale, fondée en 2007 par des dissidents du Parti social-libéral et du Parti populaire conservateur. Dirigée par Anders Samuelsen, elle possède 9 sièges.

Le Parti social-démocrate a conservé 3 des 5 régions du pays (Hovedstaden, Midtjylland (Jutland central) et Nordjylland (Nord Jutland)) lors des élections régionales du 19 novembre 2013. Il a également remporté les 4 principales villes du royaume (Copenhague, Aarhus, Aalborg - avec la Liste de l'unité-Alliance rouge-verte –, et Odense) lors du scrutin municipal qui se déroulait le même jour même si, à l'issue de ces élections locales, la majorité des 98 municipalités qu'abrite le Danemark sont dirigées par les libéraux. Le parti libéral a également remporté les régions de Sjaelland (Zélande) et de Syddanmark (Danemark du Sud).

Aux élections municipales, les sociaux-démocrates ont recueilli 29,5% des suffrages (774 sièges, -27) et les libéraux 26,6% (746 élus, +67). La Liste de l'unité-Alliance rouge-verte a réalisé une percée avec 6,9% des suffrages (119 sièges, soit +115), doublant son résultat à Copenhague. La violente opposition du parti aux réformes du marché du travail et des impôts a porté ses fruits. Sa progression s'est faite aux dépends du Parti socialiste populaire.

Aux élections européennes de mai 2014, le Parti du peuple est arrivé en tête avec 26,6% des suffrages et 4 sièges. Les sociaux-démocrates ont pris la 2e place avec 19,1% des voix (3 sièges) suivis par les libéraux (16,7% des voix et 2 sièges). Un peu plus de la moitié des Danois se sont rendus aux urnes (56,32%).

La dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Voxmeter et publiée le 27 mai crédite le Parti social-démocrate de 24,7% des suffrages. Il est suivi du Parti libéral, qui recueillerait 23,8% et du Parti du peuple, qui obtiendrait 18,4%. L'Alliance libérale est créditée de 7,8% des intentions de vote, la Liste de l'unité-Alliance rouge-verte de 7,7%, le Parti socialiste populaire de 6,2%, le Parti social-libéral de 5,8% et le Parti populaire conservateur de 3,2%.

Avec 54,3% des suffrages, le Bloc bleu devancerait donc le Bloc rouge, qui obtiendrait 45,6% des suffrages.

5 sondages ont été publiés le jour de l'annonce de la date du scrutin et tous donnent le Bloc bleu vainqueur. En revanche, la moitié des Danois (49%) préfèrerait voir Helle Thorning-Schmidt au poste de Premier ministre, 38% plébiscitent Lars Lokke Rasmussen selon une enquête réalisée par l'institut Megafin pour la chaîne de télévision TV2 et le quotidien Politiken. La majorité des primo-votants, soit les jeunes appelés aux urnes pour la première fois, choisissent également les forces d'opposition : 52,2% pour 47,8% qui s'apprêtent à voter pour le camp de gauche.

Enfin, un premier débat télévisé a opposé les différents candidats au poste de Premier ministre le 27 mai. Selon le sondage réalisé par l'institut Megafin pour TV2 et Politiken, le dirigeant populiste Kristian Thulesen Dahl a été la personnalité la plus performante de cette émission (44% des téléspectateurs).

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