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Élections en Europe
Corinne Deloy
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Le président de la République croate sortant Ivo Josipovic (Parti social-démocrate, SDP) est arrivé en tête du 1er tour de l'élection présidentielle le 28 décembre. Il a recueilli 38,46% des suffrages et a devancé l'ancienne ministre de l'Intégration européenne (2003-2005) et des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne (2005-2008), actuelle adjointe du Secrétaire général de l'OTAN en charge des informations publiques, Kolinda Grabar-Kitarovic (Union démocratique croate, HDZ), qui a obtenu 37,22% des voix.
L'avance du chef de l'Etat sortant est toutefois plus faible que celle que prévoyaient les enquêtes d'opinion avant le 1er tour qui avaient fait de lui le favori du scrutin présidentiel. Les 2 candidats s'affronteront lors d'un 2e tour plus incertain qu'attendu le 11 janvier prochain.
Ivan-Vilibor Sincic, de l'organisation non gouvernementale Zivi Zid (bouclier humain), engagée dans le soutien aux mal-logés, qui se présentait comme un " candidat anarchiste " et faisait campagne contre la corruption, " le piège de la dette " et pour le retour de la souveraineté monétaire de la Croatie (" Je ne suis pas contre l'Union européenne, mais je veux qu'elle soit reformée : nous ne voulons pas d'une union de banquiers " a-t-il répété) a créé la surprise en prenant la 3e place avec 16,42% des suffrages. Enfin, Milan Kujundzic (Aube croate-Parti du peuple, HZ), candidat du rassemblement de 8 partis de droite appelé l'Alliance pour la Croatie, a obtenu 6,3% des voix.
3 779 281 Croates étaient appelés aux urnes dans 6 260 bureaux de vote à l'intérieur de la Croatie et dans 90 autres répartis dans 50 pays. La participation s'est élevée à 47,14%, soit +3,18 points par rapport au 1er tour de l'élection présidentielle du 27 décembre 2009.
" J'ai fondé mon 1er mandat sur 2 objectifs importants : la justice sociale et l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne " a répété Ivo Josipovic durant sa campagne électorale. Il a précisé que " sans réforme de l'Etat, de l'administration et de l'appareil judiciaire, aucune relance économique ne serait possible " ajoutant " Je vous garantis un chemin vers la sécurité, la liberté, les droits de l'Homme, le droit à la santé, à l'éducation, à la sécurité sociale, à la consommation et à l'énergie ". Personnalité politique la plus populaire du pays, le président sortant pâtit cependant de la mauvaise situation économique de la Croatie. Il a promis d'améliorer cette dernière et de " créer un emploi pour chaque jeune ".
La Croatie est en récession depuis 6 ans et souffre d'un secteur public pléthorique et onéreux, d'un manque de discipline budgétaire (en 2013, la dette publique représentait deux fois celle de 2008) et d'une faible compétitivité. Le taux de chômage, qui atteignait 13,7% en 2012 s'élève désormais à 17,7%. Le secteur du tourisme, importante manne financière du pays, n'a pas enregistré de résultats florissants en 2014 en raison des conditions météorologiques et de l'absence des touristes russes, conséquence des sanctions prises par l'Union européenne contre Moscou. Ces sanctions ont obligé le gouvernement dirigé par Zoran Milanovic (SPD) à remettre en cause d'importants projets d'investissements dans le secteur énergétique.
Lors d'un débat télévisé diffusé sur la chaîne de télévision Nova TV, Ivo Josipovic a souligné que s'il était réélu, il proposerait immédiatement une modification de la Constitution. Il souhaite en effet amender la Loi fondamentale pour permettre aux citoyens de demander qu'un sujet soit débattu au parlement (sous réserve de rassembler au moins 10 000 signatures). Il désire également modifier le mode de scrutin législatif et propose un système mixte par lequel la moitié des députés seraient désignés au scrutin majoritaire et l'autre au scrutin proportionnel de liste (avec vote préférentiel). Enfin, Ivo Josipovic veut faire de la Croatie, divisée en 20 comtés, un pays de 5 à 8 régions. Il a indiqué que si le parlement n'acceptait pas les changements qu'il propose, il se tournerait vers les électeurs et organiserait un référendum sur ses propositions.
Kolinda Grabar Kitarovic a critiqué le président sortant à qui elle reproche d'avoir échoué dans sa tentative de pousser le gouvernement à faire voter des réformes économiques. " Ivo Josipovic n'a pas expliqué pourquoi il n'a pas recouru aux pouvoirs présidentiels pour faire bouger les choses. Il porte la responsabilité, avec le gouvernement, de la situation grave dans laquelle se trouve la Croatie car il est resté silencieux et n'a pas agi " a-t-elle affirmé. " Nous avons besoin d'autorités courageuses, fermes, capables de conduire le pays de l'avant et pas vers le désastre " a-t-elle déclaré à l'annonce des résultats du 1er tour. Elle s'est également posée en défenseur de l'ensemble du peuple croate, soulignant que les Croates de Bosnie-Herzégovine était une partie du peuple croate et affirmant qu'elle souhaitait supprimer les barrières existant entre eux et les Croates. " L'appartenance de Zagreb à l'Union européenne doit bénéficier à l'ensemble du peuple croate. Cela ne sera pas le cas tant que tous les Croates ne seront pas égaux " a-t-elle déclaré.
" Je pense encore qu'Ivo Josipovic peut gagner le 2e tour, si son équipe de campagne redouble d'efforts, même si ce sera plus serré que je ne le pensais " a déclaré Zljko Trkanjec, analyste politique et rédacteur en chef du quotidien Jutarnji List. A l'inverse, Zarko Puhovski, professeur de science politique à l'université de Zagreb, fait de Kolinda Grabar Kitarovic la favorite du 2e tour. Il a indiqué que son parti, le HDZ, savait habituellement davantage mobiliser ses électeurs et qu'en outre la candidate devrait pouvoir compter le 11 janvier prochain sur le soutien d'au moins la moitié des électeurs de Milan Kujundzic.
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