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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
C'est seulement depuis le 25 février, soit deux semaines avant le référendum, que le gouvernement a mis en ligne sur son site le traité d'adhésion du pays à l'Union européenne. Depuis le début de la campagne, l'opposition travailliste, hostile à l'intégration de Malte à l'Union, ne manquait pas une occasion de laisser entendre que le Parti nationaliste (MLP) empêchait la population d'avoir accès au seul document officiel qui lui permettrait de se prononcer en toute connaissance de cause, une rétention d'information laissant à penser que le gouvernement avait des choses à cacher.
Pour l'heure, les manifestations en faveur de ou contre l'Union européenne se succèdent dans le pays. Les partisans de l'adhésion à l'Europe tentent de convaincre les Maltais de l'opportunité que constitue l'intégration à l'Union, et de la marginalisation de l'île qu'entraînerait le « non » au référendum le 8 mars prochain. Les nationalistes mettent essentiellement l'accent sur les aspects économiques, présentant l'adhésion à l'Union européenne comme un gage de stabilité et de prospérité par l'accès à un marché de près de cinq cents millions de consommateurs.
Pour cette campagne électorale, le gouvernement s'est adjoint les services d'économistes, de journalistes et de professionnels de tous bords. Outre le Parti nationaliste, l'adhésion est soutenue par les écologistes de la petite formation Alternattiva Demokratika, ainsi que par la grande majorité des professionnels du tourisme, principale ressource économique de l'île. Quant à l'église, autorité morale de premier plan dans un pays où huit habitants sur dix sont des catholiques pratiquants, elle n'a pas donné de consignes de vote mais a tenu à souligner qu'il était du devoir de tous de se rendre aux urnes le 8 mars prochain.
De son côté, le Parti travailliste (LP) est toujours opposé à une véritable adhésion, dont il dénonce l'irréversibilité, et se prononce en faveur d'un partenariat avec l'Union. Pour les adversaires de l'adhésion qui se posent en défenseurs des intérêts des « petites gens », l'intégration européenne serait une véritable catastrophe économique pour Malte. Selon eux, les entreprises de l'île perdraient leur compétitivité au sein de l'Union, car elles ne pourraient pas rivaliser avec les sociétés européennes de taille supérieure, et la petite taille des entreprises maltaises les empêcherait d'avoir accès au grand marché que constitue l'Union européenne ou, du moins, d'en tirer un quelconque bénéfice. Par ailleurs, pour le Parti travailliste, le coût de l'adhésion et les politiques imposées par Bruxelles, notamment dans le domaine agricole, réduiront à néant les quatre vingt un millions de livres maltaises d'aide financière que l'île recevra durant trois ans après son entrée dans l'Union européenne. Enfin, les autres menaces mises en avant par les partisans du « non » sont la flambée des prix immobiliers qu'entraînerait, à terme, l'intégration européenne et la fin de la neutralité de l'île. Les travaillistes oublient toutefois de signaler que la limitation de l'achat de propriétés par les non-Maltais comme le maintien de la neutralité font partie des soixante dix-sept dérogations obtenues par Malte lors du Conseil européen de Copenhague des 12 et 13 décembre 2002. Outre le Parti travailliste, qui appelle ses partisans à voter « non » à l'adhésion à l'Union européenne, à s'abstenir ou à voter nul en écrivant « Vive Malte » sur leur bulletin, le camp des adversaires de l'intégration européenne comprend l'Union générale des travailleurs, premier syndicat du pays, dont cependant une partie des adhérents s'est déclarée favorable à l'entrée dans l'Union.
Selon les sondages, les Maltais devraient, à une courte majorité, accepter de rejoindre l'Union européenne le 8 mars prochain. La dernière enquête d'opinion réalisée fin février donne le « oui » vainqueur avec 51,9% des suffrages ; 19,2% de la population s'apprêteraient à voter « non », 2,4% s'abstiendraient et 0,1% voteraient nul. A noter que 26,4% des personnes interrogées se déclarent encore indécises.
Le Premier ministre Eddie Fenech Adami (MLP) a récemment annoncé qu'il envisagerait d'organiser des élections législatives en cas de victoire du « oui » et dans l'éventualité où le Parti travailliste persisterait dans son opposition à l'adhésion. Constitutionnellement, les élections doivent avoir lieu d'ici janvier 2004. Le résultat du référendum du 8 mars prochain pourrait donc conduire à un scrutin législatif anticipé.
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