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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Au troisième tour de la troisième élection présidentielle organisée le 28 février en République tchèque (les deux précédentes se sont déroulées les 15 et 24 janvier derniers), Vaclav Klaus a finalement été élu Président de la République par une très courte majorité (142 voix contre 141 requises). Vaclav Havel , en son temps, avait lui-même été élu avec une voix de majorité. Le candidat le plus persévérant - Vaclav Klaus est le seul à s'être présenté aux trois scrutins - voit donc ses efforts récompensés et réalise son rêve de succéder à son grand rival politique Vaclav Havel au Château de Prague. Le nouveau Président a cependant tenu à rendre hommage à son prédécesseur lors d'une interview télévisée : « Les mérites de Vaclav Havel sont évidents, les treize dernières années ont été caractérisées par sa présidence et je pense que ces années ont été bonnes pour notre pays » a déclaré Vaclav Klaus.
Avec « l'autre Vaclav » comme on l'a parfois surnommé, la présidence tchèque change complètement de visage, tant l'ancien et le nouveau Présidents ne partagent rien d'autre que leur prénom. Agé de soixante et un ans, Vaclav Klaus est un économiste libéral devenu ministre des Finances après la chute du régime communiste en décembre 1989. A ce titre, il a conduit la Tchécoslovaquie d'abord, puis la République tchèque, sur le chemin de l'économie de marché. En 1992, il accède à la fonction de Premier ministre, poste auquel il sera renommé en 1996 après la victoire de son parti aux élections législatives. Il devra démissionner en 1997 à la suite de scandales financiers au sein de sa formation et deviendra ensuite président du Sénat, poste qu'il quittera après la défaite de son parti aux élections législatives des 14 et 15 juin 2002. Fondateur du Parti démocrate civique (ODS) en 1991, il en est le président d'honneur depuis sa démission de la tête du parti en décembre 2002. Souvent qualifié d'eurosceptique, Vaclav Klaus se définit lui-même comme un « euro-réaliste ». « Notre participation à l'intégration européenne n'a pas d'alternative ; ce qui est essentiel, c'est de savoir quelle Europe nous souhaitons et là il faut engager un débat sérieux » , a déclaré le nouveau Président lors de son premier débat télévisé après son élection. Vaclav Klaus a indiqué qu'il appellerait à voter en faveur de l'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne lors du référendum qui aura lieu les 15 et 16 juin prochains. Vaclav Klaus a également présenté ses priorités présidentielles : « Les quatre pays voisins de la République tchèque sont ma priorité la plus évidente », a t-il déclaré, mentionnant également « l'adhésion du pays à l'Union européenne, la coopération transatlantique et l'ouverture de la République tchèque au monde ».
Vaclav Klaus doit son élection aux votes en sa faveur des parlementaires du Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM) et au non-respect de la discipline de vote des députés et sénateurs membres de la coalition gouvernementale. Les communistes avaient annoncé la veille de l'élection qu'ils ne soutiendraient pas le candidat de la coalition gouvernementale Jan Sokol, reprochant à celui-ci d'être un ancien signataire de la Charte 77 et surtout de plaider pour une véritable réconciliation avec l'Allemagne, soixante-cinq ans après la crise des Sudètes (Jan Sokol a qualifié « d'ignominie » l'expulsion après 1945 de plus de 2,5 millions d'Allemands des Sudètes). « Le Parti social-démocrate nous impose un candidat qui n'est pas digne du poste présidentiel » a ainsi déclaré Miroslav Grebenicek, leader du Parti communiste, ajoutant « Nous voulons empêcher toute tentative de révision des résultats de la deuxième guerre mondiale, le Président doit clairement faire savoir que la situation juridique et de propriété de l'après-guerre est intouchable et immuable ». Ostracisés par Vaclav Havel, les communistes ont obtenu une revanche en permettant à son principal rival politique Vaclav Klaus d'accéder à la plus haute fonction de l'Etat.
« Si la social-démocratie ne trahit pas Jan Sokol, c'est lui qui sera Président » pouvait-on lire à la veille du scrutin. Le Parti social-démocrate, l'Union de la liberté-Union démocratique (US-DEU) et l'Union chrétienne-démocrate-Parti tchèque du peuple (KDU-CSL) comptent cent un députés, dont quatre-vingt dix-sept ont officiellement approuvé la candidature de Jan Sokol. Pourtant celui-ci n'a recueilli que quatre vingt un, quatre vingt-trois et soixante dix-huit suffrages auprès des membres de la Chambre des Députés aux trois tours de scrutin respectifs. En revanche, Vaclav Klaus a obtenu une soixantaine de voix supplémentaires au nombre de députés du Parti démocrate civique à la Chambre des Députés (cinquante-huit) et de quatre à sept suffrages supplémentaires au nombre de sénateurs de sa formation (vingt-six). L'élection de Vaclav Klaus porte donc un nouveau coup à l'autorité déjà vacillante du Premier ministre tchèque Vladimir Spilda, président du Parti social-démocrate. Ce dernier aura la lourde tâche de défendre sa position lors du prochain congrès du parti qui se déroulera à la fin du mois de mars et où une nouvelle direction doit être élue.
Le Président de la République tchèque étant le chef des armées, la menace de plus en plus précise d'une intervention militaire contre l'Irak a probablement incité certains députés et sénateurs à mettre fin au feuilleton des élections présidentielles. Le nombre important de tours de scrutin nécessaires pour désigner le successeur de Vaclav Havel devrait contribuer à relancer rapidement le débat sur l'élection au suffrage universel du Président de la République au sein de la classe politique et dans le pays.
Vaclav Klaus, le nouveau Président de la République tchèque, prêtera serment le 7 mars prochain.
Résultats du premier tour de l'élection présidentielle du 28 février:
Résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle du 28 février:
Résultats du troisième tour de l'élection présidentielle du 28 février:
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