Le président sortant Nicolas Sarkozy et le socialiste François Hollande sont au coude-à-coude pour le premier tour de l'élection présidentielle française

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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26 mars 2012
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Le 22 avril prochain, près de 45 millions d'électeurs français sont appelés aux urnes pour le 1er tour de l'élection présidentielle. Le chef de l'Etat sortant, Nicolas Sarkozy (Union pour un mouvement populaire, UMP), a annoncé, le 15 février dernier qu'il était candidat à sa propre succession. Selon les enquêtes d'opinion, François Hollande (Parti socialiste, PS) est son principal adversaire. Les deux hommes, au coude-à-coude dans les enquêtes d'opinion pour le 1er tour, devraient arriver en tête le 22 avril et s'affronter lors du 2e tour qui aura lieu deux semaines plus tard, soit le 6 mai prochain.

L'élection présidentielle sera suivie, les 10 et 17 juin, par des élections législatives qui permettront de renouveler les 577 membres de l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement.

Le système politique français

Depuis 1962, le président de la République française est élu au suffrage universel direct au scrutin majoritaire à deux tours. Si aucun des candidats ne recueille la majorité absolue des suffrages lors du 1er tour, un 2e tour est organisé 2 semaines après. Tout candidat à la magistrature suprême doit impérativement être âgé de 23 ans minimum et présenter au moins 500 signatures provenant d'élus (parlementaires, conseillers régionaux, conseillers généraux, maires) issus d'au moins 30 départements ou collectivités d'outre-mer sans que plus d'un dixième d'entre eux ne soient élus d'un même département.

Chef des armées, le président de la République française est le détenteur du pouvoir exécutif. Il nomme le Premier ministre et met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Le chef de l'Etat promulgue les lois ; sur proposition du gouvernement ou des deux chambres du parlement, il peut soumettre une loi ou une ratification de traité à référendum. Après consultation du Premier ministre et des présidents des deux chambres, le président de la République peut également prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale, chambre basse du parlement.

Le 19 mars dernier, le Conseil constitutionnel a dressé la liste des dix personnalités politiques, soit deux de moins que lors du scrutin des 22 avril et 6 mai 2007, officiellement candidates à l'élection présidentielle :

– Nicolas Sarkozy (Union pour un mouvement populaire, UMP), 57 ans, président de la République sortant ;

– François Hollande (Parti socialiste, PS), soutenu par le Parti des radicaux de gauche (PRG) et le Mouvement républicain et citoyen (MRC). Agé de 57 ans, François Hollande a été Premier secrétaire du Parti socialiste de 1997 à 2008 et maire de Tulle de 2001 à 2008. Il est actuellement député de la Corrèze et président du Conseil général de ce même département. Le candidat de la gauche a été investi par le PS le 21 octobre dernier, après avoir remporté, avec 56,57% des suffrages le 16 octobre 2011 l'élection primaire qui l'avait opposée à Martine Aubry (PS), Ségolène Royal (PS), Manuel Valls (PS), Arnaud Montebourg (PS) et Jean-Michel Baylet (PRG) ;

– François Bayrou (Mouvement démocrate, MoDem), 60 ans, est député des Pyrénées-Atlantiques et ancien ministre de l'Education nationale (1993-1997) des gouvernements d'Edouard Balladur (Rassemblement pour la République, RPR) et d'Alain Juppé (RPR). Candidat à l'élection présidentielle des 21 avril et 5 mai 2002, il avait recueilli 6,83% des suffrages au 1er tour ; cinq ans plus tard lors du scrutin des 22 avril et 6 mai 21007, il était arrivé en 3e position et avait obtenu 18,57% au 1er tour ;

– Marine Le Pen (Front national, FN), 43 ans, est présidente du Front national (FN). Conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, elle est également députée européenne ;

– Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche, FG), 60 ans, est député européen. Co-président du Parti de gauche (PG), lequel forme avec le Parti communiste français (PCF) le Front de gauche, il a été ministre de l'Enseignement professionnel (2000-2002) dans le gouvernement du Premier ministre (1997-2002) Lionel Jospin (PS) ;

– Eva Joly (Europe écologie-Les Verts, EELV), 68 ans, est ancienne magistrate et actuelle députée européenne ;

– Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière, LO), 42 ans, professeur d'économie et de gestion et porte-parole du parti d'extrême gauche, Lutte ouvrière ;

–Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste, NPA), 45 ans, désigné le 25 juin 2011 candidat par 67% des suffrages exprimés lors de la conférence nationale du parti ;

– Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République, DLR), 51 ans, ancien membre de l'UMP et candidat de la droite souverainiste ;

– Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès, S&P), 70 ans a été candidat à l'élection présidentielle des 23 avril et 7 mai 1995 où il avait recueilli 0,28% des suffrages ;

Les deux "grands" candidats

Fiscalité, emploi, pouvoir d'achat, les thèmes économiques sont cette année au cœur de la campagne de l'élection présidentielle française. Le 13 janvier, l'agence Standard and Poor's dégradait la note de la France (et de neuf autres pays de la zone euro) d'un cran (de AAA à AA+). La situation économique est difficile : le pays est endetté (1 740 milliards € de dette publique, soit 85% du PIB) et compte 9,8% de chômeurs (chiffre de décembre 2011). Il y a cinq ans, Nicolas Sarkozy a été élu à la tête de l'Etat sur un programme centré sur trois grandes idées : la flexibilité de l'économie, l'augmentation de la croissance et la remise en ordre les finances publiques. La crise économique internationale a toutefois obligé le président français à modifier sa politique dans un sens moins libéral et plus volontariste et colbertiste. Plusieurs réformes ont vu le jour durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, notamment la défiscalisation des heures supplémentaires, la mise en place du bouclier fiscal, la réforme de la retraite, celle de la fonction publique et celle de l'autonomie des universités. D'autres sont restées dans les cartons en partie en raison de la conjoncture difficile.

François Hollande

Vainqueur de l'élection primaire de la gauche avec 56,57% des suffrages devant Martine Aubry (43,43% des voix) le 16 octobre dernier, François Hollande est investi candidat à l'élection présidentielle cinq jours plus tard. Après une fin d'année où il paraît en retrait et déclare vouloir prendre son temps, au point d'inquiéter certains des ses partisans, François Hollande prononce son premier grand discours de campagne au Bourget le 22 janvier. Il s'en prend alors au monde de la finance. "Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance" a déclaré le candidat socialiste qui a ensuite fait plusieurs propositions : la séparation des activités des banques d'investissement de celles des établissements qui réalisent des opérations spéculatives ; l'interdiction pour les banques françaises d'exercer dans les paradis fiscaux ; la suppression des stock options (sauf pour les entreprises naissantes et les bonus encadrés) et l'établissement d'une taxe sur les transactions financières, une idée également défendue par le président sortant, Nicolas Sarkozy.

Le 26 janvier, le candidat socialiste a présenté ses Soixante engagements pour la France. Parmi ceux-ci, on trouve la création de 60 000 postes dans l'Education nationale sur 5 ans, la création d'un contrat de génération (soit l'embauche en contrat à durée indéterminée de jeunes accompagnés par un salarié plus expérimenté qui sera ainsi maintenu dans l'emploi jusqu'à son départ en retraite) ; une grande réforme fiscale avec la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG ; la création d'une tranche supplémentaire de 45% pour les revenus supérieurs à 150 000 € et la refonte de l'impôt sur les sociétés au profit de ces entreprises. François Hollande propose également la création de 150 000 emplois d'avenir à l'attention des jeunes (le programme adopté par le PS en prévoyait 300 000) ; l'introduction d'une dose de proportionnelle pour les élections législatives et le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant en France. Enfin, il affirme qu'en cas de victoire à l'élection présidentielle, il renégociera le traité européen de discipline budgétaire signé le 2 mars dernier par 25 des 27 Etats membres de l'Union (sauf le Royaume-Uni et la République tchèque) auquel il souhaite adjoindre au texte un Pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance.

Nicolas Sarkozy

Le président sortant avait souhaité entrer en campagne le plus tardivement possible moins pour conserver le suspense que pour préserver l'intégrité de la stature que lui confère sa position de chef de l'Etat et pour apparaître le plus longtemps possible comme un président qui agit et qui protège. Nicolas Sarkozy a convoqué le 18 janvier un sommet social pour l'emploi avec l'ensemble des partenaires sociaux. Le 29 janvier, il a annoncé la mise en application, dès le 1er octobre 2012, d'une TVA dite sociale fixée à 21,2% (soit 1,6 point d'augmentation par rapport à la TVA actuelle), représentant un transfert de 13 milliards € pour financer la protection sociale, notamment celle dévolue à la politique familiale. En contrepartie, il a institué, afin de doper la croissance économique, une baisse des charges patronales des entreprises qui seront exonérées de la totalité des cotisations patronales familiales pesant sur les salaires les plus faibles (de 1,6 à 2,1 fois le SMIC) et une hausse de 2 points de la CSG sur les revenus financiers. Il a également déclaré qu'une taxe sur les transactions financières (à hauteur de 0,1%) serait introduite en août prochain et que les 35 heures hebdomadaires de travail et le niveau des salaires pourront être renégociées avec l'accord d'une majorité des salariés afin d'augmenter le temps de travail quand la conjoncture le demande. Enfin, il a annoncé l'obligation qui sera faite à toute entreprise d'au moins 250 salariés d'engager au moins cinq jeunes en alternance ou en apprentissage.

Les pressions de son entourage, le risque d'une montée du Front national, la consolidation lente mais régulière de son principal adversaire socialiste François Hollande et les mauvais sondages ont finalement convaincu Nicolas Sarkozy de déclarer sa candidature plus tôt qu'il ne le souhaitait. "Ne pas solliciter un nouveau mandat reviendrait à un abandon de poste, ce serait comme un capitaine qui quitte le navire" affirme-t-il le 15 février dernier lors de son annonce officielle sur la chaîne de télévision TF1.

Sous le slogan La France forte, Nicolas Sarkozy se veut le "président du peuple" auquel il souhaite redonner la parole, notamment en appelant au référendum en cas de blocage. "Le référendum, c'est l'esprit même de la Ve République. Ceux qui pensent qu'il est populiste de se tourner vers le peuple trouvent au fond d'eux-mêmes que le peuple n'est pas assez raisonnable, pas assez intelligent pour qu'on lui demande son avis" a t-il affirmé.. Son programme est ancré à droite et met en avant les valeurs de travail, de responsabilité et d'autorité. Il pourfend l'assistanat et propose d'organiser une consultation populaire sur le conditionnement de la perception de l'allocation chômage avec le fait de se former. "L'indemnisation ne sera pas une allocation que l'on touche passivement mais la rémunération versée à chaque demandeur d'emploi en contrepartie de la formation qu'il devra suivre" a-t-il déclaré. Le chef de l'Etat sortant souhaite également obliger les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), revenu minimum soumis à l'obligation de rechercher un travail, à effectuer sept heures de travail d'intérêt général par semaine (rémunérées au SMIC). Il a annoncé qu'il souhaitait interdire les retraites-chapeaux (financées intégralement par l'entreprise et exonérées de cotisations sociales) et les parachutes dorés (indemnités versées lors du départ d'un dirigeant d'une société) et soumettre le niveau de rémunérations des dirigeants des grandes entreprises à l'assemblée générale des actionnaires.

Au contraire de son rival socialiste, Nicolas Sarkozy n'a pas encore présenté son programme pour le quinquennat à venir mais il a égrené les mesures qu'il désirait voir appliquer. Ainsi, il a proposé d'exonérer les entreprises de charges sociales pour l'embauche d'un chômeur de plus de 55 ans en CDI ou en CDD d'une durée d'au moins six mois, une aide permanente et limitée au plafond de la Sécurité sociale (36 000 € de salaire brut).

Le président sortant, qui insiste régulièrement sur la gravité de la crise économique internationale qui a touché la France ("Je ne prétendrai jamais que nous avons tout réussi mais je veux dire que nous avons échappé à une catastrophe" a-t-il déclaré le 19 février), souhaite poursuivre sur la voie du redressement des finances publiques et a mis en avant la nécessité de poursuivre les réformes afin que la France puisse conserver son modèle social. Le 11 mars, lors d'un meeting à Villepinte,, il a proposé de mettre en place un Buy European Act (Achetez européen) sur le modèle du Buy American Act, mesure de protection des produits fabriqués aux Etats-Unis et des entreprises américaines datant de 1933. "Le libre-échange, oui ; la concurrence déloyale, non" a t-il souligné, il veut imposer à toutes les administrations de l'Union européenne et des Etats membres de travailler uniquement avec les entreprises issues de pays européens et établir des règles de réciprocité qui permettraient de mettre en place des mesures de rétorsion aux pays qui mettraient des freins aux exportations européennes. Les commissaires européens respectivement en charge du Marché intérieur (Michel Barnier) et du Commerce (Karel De Gucht) préparent actuellement une proposition obligeant certains pays à ouvrir leurs marchés publics sous peine d'être exclus de certains marchés européens.

Le 11 mars, Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il souhaitait réviser les accords de Schengen qui régulent les conditions d'entrée et la libre circulation au sein des pays signataires. "Il faut un gouvernement politique de Schengen comme il y a désormais un gouvernement de la zone euro. Il faut une discipline commune dans les contrôles aux frontières (...) Il faut pouvoir sanctionner, suspendre ou exclure de Schengen un Etat défaillant (...) Il faut une convergence renforcée en matière de droit des étrangers et de droit d'asile" a-t-il affirmé. Le président sortant a déclaré que si l'Union européenne n'évoluait pas dans ce sens dans les douze mois à venir, "la France suspendrait sa participation aux accords". Une déclaration quelque peu irréaliste, ces derniers étant intégrés dans les traités de l'Union depuis 1997. Sur Schengen, Bruxelles travaille également à une réforme. En outre, la Commission européenne a rappelé que les solutions apportées aux problèmes de gouvernance devaient être communautaires.

Les autres candidats

Elue à la tête du Front national le 16 janvier 2011 lors du congrès de son parti à Tours, Marine Le Pen devenait ipso facto la candidate du FN à l'élection présidentielle. Sa candidature a été validée le 16 mai 2011 par le bureau politique du FN. Son projet présidentiel, qu'elle a présenté le 19 novembre 2011, se veut antilibéral et antimondialiste. Pour désendetter la France, Marine Le Pen préconise la sortie de la France de l'euro (avec à la fois le retour au franc et la transformation de l'euro en monnaie commune sur le modèle de l'ECU), une proposition qu'elle souhaite soumettre à référendum, et la mise en place de mesures protectionnistes "raisonnées" (instauration de taxes sur les marchandises et les services importés). Elle défend use hausse des dépenses publiques (augmentation des budgets de la police, de la justice et de la recherche, développement des infrastructures, aides aux PME, hausse de 200 € des salaires inférieurs à 1,4 fois le SMIC par une exonération des charges sociales). Enfin, Elle souhaite réduire fortement le nombre d'immigrés entrant (légalement) dans l'Hexagone et rapatrier la totalité des clandestins.

Candidat du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou est parti très tôt en campagne électorale. Le centriste, dont le parti a souffert dans les scrutins (législatif, régional, cantonal) des 5 dernières années, a connu une traversée du désert. Comme il y a cinq ans, il se veut le seul candidat véritablement antisystème et aime à rappeler qu'il est le premier à avoir mis en garde contre l'ampleur de l'endettement de l'Etat, ce qui, affirme-t-il, démontre qu'il tient un "discours de vérité". En lutte contre le bipartisme, il entend construire une nouvelle démocratie et a choisi de mener campagne sur le "produire français".

François Bayrou appelle également à une refondation de l'Europe, en demandant l'élection au suffrage universel d'un leader européen qui pourrait incarner l'Union qui, a-t-il déclaré en faisant allusion au couple Angela Merkel-Nicolas Sarkozy, "ne se dirige pas à deux". Pro-européen de toujours, il est favorable à la règle d'or, soit l'inscription dans la Constitution d'une limite au déficit public du pays, et s'est prononcé pour une politique commune de croissance, d'équipement, d'innovation portée par une autorité légitime (élue). Il est en revanche opposé à l'idée d'une renégociation du traité européen de discipline budgétaire du 2 mars que défend le candidat socialiste François Hollande.

Le retrait d'Hervé Morin (Nouveau centre, NC) et la décision de Jean-Louis Borloo (Parti radical) de renoncer à se présenter à l'élection présidentielle laissent le champ libre à François Bayrou même si l'espace du centre en France reste fragmenté.

Pour la première fois depuis 1974, le Parti communiste français (PCF) ne présente pas de candidat à l'élection présidentielle. Il soutient le député européen Jean-Luc Mélenchon qui représente le Front de gauche, qui rassemble son parti, le Parti de gauche, et le PCF. L'homme aime à se définir comme l'héritier du socialisme historique porté par l'ancien chef de l'Etat (1981-1995) François Mitterrand (PS). Tribun de talent et représentant de la "gauche révolutionnaire" (qui s'oppose à la "gauche réformiste" de François Hollande), Jean-Luc Mélenchon n'est pas exempt de propos populistes comme en témoigne le titre de son dernier ouvrage Qu'ils s'en aillent tous. Il en appelle à une "nouvelle prise de la Bastille" et à "l'insurrection civique". Anticapitaliste, il se pose en défenseur des services publics (il propose l'embauche de 800 000 personnes dans la fonction publique), défend un salaire minimum à 1 700 €, le remboursement à 100% des dépenses de santé, le blocage des loyers et la retraite à 60 ans à taux plein. Pour financer toutes ces mesures, il a sa solution : "faire payer les riches et les banques". Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu'il se désisterait au 2e tour en faveur du candidat de gauche le mieux placé.

Vainqueur de l'élection primaire des écologistes avec 58,16% des suffrages devant Nicolas Hulot (41,34% des voix) le 12 juillet 2011, Eva Joly a été investie candidate d'Europe écologie-Les Verts à l'élection présidentielle. La députée européenne a connu un début de campagne difficile. Quasiment inaudible, elle a pâti du fait que le thème du nucléaire, au cœur de l'actualité à la suite de l'accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au Japon le 11 mars 2011, a été détrôné par les questions d'emploi et de maintien du pouvoir d'achat. Mais les écologistes ont toujours eu des difficultés avec l'élection présidentielle, un scrutin personnalisé à l'extrême dans lequel les Verts, souvent porteurs d'idées novatrices et qui aiment à jouer collectif, sont peu à l'aise.

Alors que les candidats d'extrême gauche avaient recueilli 10,44% des suffrages lors du 1er tour de l'élection présidentielle de 2002 et encore 5,75% des voix cinq ans plus tard, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou sont à la peine dans les enquêtes d'opinion où ils ne totalisent au mieux qu'à peine 2% des intentions de vote.

Les tueries de Montauban et Toulouse, tournant de la campagne présidentielle ?

Alors que la campagne électorale débutait officiellement le 20 mars dernier, plusieurs événements tragiques ont suspendu le temps politique. L'assassinat d'un militaire à Toulouse le 11 mars dernier, puis de deux autres quatre jours plus tard à Montauban et enfin celui de quatre personnes (dont trois enfants) devant une école de confession juive à Toulouse le 19 mars ont créé une onde de choc en France. Quelques jours plus tard, un tueur présumé, Mohamed Merah, jeune Français de 23 ans, islamiste radical ayant agi seul (selon les premières constatations), a été identifié. Celui-ci a finalement été abattu par le RAID (corps d'élite de la police française) après 32 heures d'assaut et de négociations autour de son domicile.

La tuerie a profondément bouleversé le pays même s'il est trop tôt pour savoir quelles en seront les conséquences politiques. "Ce sont nos enfants. C'est la France tout entière qui a été touchée (...) Il faut tout faire pour que les actes antisémites et le racisme amènent une réponse commune et ferme de toute la République" a déclaré Nicolas Sarkozy. "Ce n'est pas une école, des juifs, une ville qui ont été touchés. C'est la France tout entière. Et c'est donc la République, dans ce qu'elle a de plus grand, de plus fort, son unité, qui doit répondre face à cette barbarie" a souligné François Hollande. "Tous les Français sont atteints et blessés par cette folie meurtrière qui prend des visages différents" a indiqué François Bayrou.

Après la mort du tueur, la campagne électorale a repris mais le ton en a été modifié. Les questions de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme comme celle de l'islamisme radical, ou plus largement de la place de l'islam en France, pourraient bien se retrouver au centre du débat politique. Le président sortant Nicolas Sarkozy a déjà fait trois propositions. "Désormais, toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l'apologie du terrorisme ou qui à la haine et à la violence sera punie pénalement (...) Toute personne se rendant à l'étranger pour y suivre des travaux d'endoctrinement, des idéologies conduisant au terrorisme, sera punie pénalement" a-t-il déclaré. Il a également annoncé que "la propagation et l'apologie d'idéologies extrémistes seront réprimées par un délit figurant au code pénal avec les moyens qui sont déjà ceux de la lutte antiterroriste". François Hollande a estimé qu'il n'y avait "pas forcément besoin de nouvelle loi pour renforcer la sécurité" mais qu'il était indispensable de "renforcer les moyens" qui étaient alloués à celle-ci. Chacun des candidats veille toutefois à ne pas donner l'impression de "récupérer" la tragédie ou de l'utiliser à son profit, une position qui serait particulièrement mal vue par les Français.

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut BVA et publiée le 22 mars dernier, François Hollande arriverait en tête du 1er tour le 22 avril prochain. Avec 29,5% des suffrages, il devancerait le chef de l'Etat sortant Nicolas Sarkozy qui recueillerait 28% des voix. Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon arriverait en 3e position avec 14% des suffrages. Marine Le Pen obtiendrait 13% des voix et François Bayrou 12% des suffrages. Les 5 autres candidats recueilleraient moins de 5% des voix. Un sondage de l'institut CSA met pour sa part le président de la République sortant Nicolas Sarkozy en tête des intentions de vote avec 30% des suffrages au 1er tour, devant François Hollande (28%). Dans cette enquête d'opinion, la leader du FN arrive en 3e position avec 13,5% des voix devant François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon (13% chacun). Les autres candidats recueillent moins de 5% des suffrages.

Le candidat du PS François Hollande reste cependant largement favori pour le 2e tour de scrutin du 6 mai prochain.

Contraints par la situation économique et ne bénéficiant pas d'une forte popularité, les deux principaux candidats ont semblé jusqu'à éviter le véritable débat et ont fait douter de leur projet politique. Dans un sondage réalisé par l'institut Ipsos et publié le 7 mars, les Français jugeaient la campagne électorale "peu intéressante" et déploraient le fait que les problèmes les plus importants à leurs yeux (emploi, pouvoir d'achat, école, logement, retraite) ne soient pas suffisamment abordés.

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