Le travailliste Michael Higgins en tête des intentions de vote pour l'élection présidentielle en Irlande

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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21 octobre 2011
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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3,1 millions d'Irlandais sont invités à désigner le 27 octobre prochain le successeur de Mary Patricia McAleese à la présidence de la République d'Irlande. Les Irlandais se prononceront ce même jour sur deux référendums – l'un sur la rémunération des juges et l'autre sur la possibilité de l'Oireachtas (Parlement) de mener des enquêtes.

7 personnes sont candidates à la présidence de la République, un chiffre record pour le scrutin. :

– Gay Mitchell, député européen (PEE, IE) est le candidat du parti au pouvoir, le Fine Gael ;

– Michael Higgins, poète, ancien ministre des Arts et de la Culture (1994-1997), est le Président du Parti travailliste, membre de la coalition gouvernementale au pouvoir ;

– Martin McGuinness, vice-Premier ministre d'Irlande du nord, est le candidat du Sinn Fein (SF) ;

– Sean Gallagher, chef d'entreprise, connu comme l'un des héros du programme télévisé diffusé par RTE 1, Ireland's Dragons' Den, se présente en candidat indépendant ;

–Mary Davis, organisatrice des jeux d'été du monde olympique de 2003, nommée l'année suivante au Conseil d'Etat, concourt également en indépendante ;

– Dana Rosemary Scallon, candidate malheureuse à la précédente élection présidentielle du 30 octobre 1997 et connue pour avoir, en 1970, permis à l'Irlande de remporter le concours de l'Eurovision avec la chanson All Kinds of Everything, se présente en candidate indépendante ;

– David Norris, sénateur de Dublin, spécialiste de James Joyce et connu comme la première personne homosexuelle à avoir été élu à une fonction publique en Irlande, concourt en indépendant.

Le principal parti d'opposition, le Fianna Fail (FF), a choisi de ne pas présenter de candidat.

Le président du Labour Michael Higgins a attiré de nombreux sympathisants du Fianna Fail en début de campagne électorale. Ces derniers semblent désormais se reporter en plus grand nombre sur Sean Gallagher. Les deux hommes séduisent aussi un nombre de plus en plus important de proches du Fine Gael qui se détournent du candidat désigné, Gay Mitchell.

Ancien membre du Fianna Fail, Sean Gallagher tente de prendre ses distances à l'égard de son ancien parti et notamment de son action gouvernementale durant ces quatre dernières années. "Je pense que nous devons revaloriser le travail traditionnel, la production et les services, et non pas seulement regarder vers les industries high tech qui n'ont pas la capacité d'absorber un demi million de personnes" a déclaré le candidat.

Le candidat du Sinn Fein, Martin McGuinness, occupe la troisième position dans les enquêtes d'opinion. Cela explique qu'il ait, ces derniers jours, choisi de mettre l'accent sur les deux hommes en tête dans les sondages – Michael Higgins et Sean Gallagher – qu'il accuse d'être les candidats de l'establishment. Il a promis d'unir le peuple contre l'avidité et l'égoïsme des plus fortunés et a promis de combattre le chômage de masse. En l'absence de candidat du Fianna Fail et avec un candidat de gauche – Michael Higgins – dont le parti est au pouvoir, le Sinn Fein a indéniablement une partie à jouer. Martin McGuinness devrait profiter du soutien d'un grand nombre d'Irlandais qui se battent pour la réunification de l'île et de l'opposition de son parti au coût du plan de sauvetage imposé à Dublin par le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne.

A ce propos, dans sa dernière étude annuelle sur l'Irlande publiée le 14 octobre, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a salué "l'effort considérable d'assainissement budgétaire" mené par les autorités irlandaises et noté "des progrès satisfaisants dans la réduction du déficit public".

Les agriculteurs, les personnes disposant des revenus les plus élevés, les plus âgés, les femmes et les sympathisants du Fine Gael sont les plus fermes opposants au candidat du parti nationaliste d'extrême gauche.

Le 12 octobre dernier, les sept candidats ont participé à un débat sur la chaîne de télévision RTE. 654 000 personnes en moyenne ont regardé l'émission. Beaucoup de téléspectateurs se sont plaints du traitement réservé à Martin McGuinness. La journaliste Miriam O'Callaghan a en effet demandé au leader du Sinn Fein s'il connaissait les assassins de Patrick Kelly, tué par l'Armée irlandaise de libération (IRA) à Ballinamore en décembre 1983 (son fils David a récemment demandé des comptes à Martin McGuinness). Elle l'a également interrogé sur la façon dont il conciliait sa foi en Dieu et le fait d'avoir été engagé dans le meurtre de nombreuses personnes. "J'ai été accusé d'être un meurtrier, c'est faux" a déclaré Martin McGuinness qui a déploré que la journaliste ait demandé à chacun des candidats si, selon eux, il était un candidat décent à l'élection présidentielle sans l'interroger lui sur ses adversaires.

David Norris est en net recul dans les enquêtes d'opinion après avoir mené la course en tête durant plusieurs semaines.

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Ipsos MMRBI et publiée par le quotidien The Irish Times, le président du Parti travailliste Michael Higgins est en tête des intentions de vote avec 23% des suffrages. Il est suivi par Sean Gallagher, qui recueillerait 20% des suffrages, Martin McGuinness 19% des voix. Mary Davis est créditée de 12% des suffrages, David Norris de 11%, Gay Mitchell de 9% et Dana Rosemary Scallon de 6%.

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