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Si le Parti social-démocrate (CSSD) est arrivé en tête des élections législatives organisées en République tchèque les 28 et 29 mai, en recueillant 22,08% des suffrages et en remportant 56 sièges (un résultat très au-dessous de ce que présidaient les enquêtes d'opinion), les forces de droite apparaissent comme les véritables vainqueurs du scrutin. Le Parti démocrate-civique (ODS) a obtenu 20,22% des voix (53 sièges), Tradition, responsabilité, prospérité 09 (TOP 09), dirigé par Karel Schwarzenberg, a recueilli 16,7% des suffrages (41 sièges) et le Parti des Affaires publiques (VV) de Radek John, 10,88% (24 sièges).
Le Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM) a obtenu 11,27% (26 sièges). "20 ans après novembre 1989, c'est la première fois que le Parti communiste de Bohème et Moravie n'obtient pas la 3e place des élections législatives et nous en sommes très heureux" s'est félicité Karel Schwarzenberg, président de TOP 09. "Battre les communistes était notre rêve secret" a déclaré Miroslav Kalousek, ancien leader de l'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple (KDU-CSL) et actuel leader du groupe parlementaire de TOP 09.
Deux partis sont exclus de la Chambre des députés : le KDU-CSL, qui a pâti de l'émergence de TOP 09 qu'ont rejoint plusieurs de ses anciens membres, qui a recueilli 4,39% des voix et le Parti des Verts (CZ), victime de ses divisions ainsi que de ses 3 années au gouvernement (2006-2009) durant lesquelles il n'a pas concrétisé les promesses dont il était porteur, qui a obtenu 2,44% des voix. Le Parti des droits du citoyen (SPO), fondé en octobre 2009 par l'ancien Premier ministre social-démocrate (1998-2002) Milos Zeman, a également échoué à passer la barre des 5% des suffrages exprimés obligatoires pour être représenté à la Chambre des députés et a recueilli 4,33% des voix.
Les forces de gauche (CSSD et KSCM) ont remporté ensemble 82 sièges pour 118 aux forces de droite (ODS ; TOP 09 et Affaires publiques).
La participation s'est élevée à 62,60%, soit -1,87 point que celle enregistrée lors du précédent scrutin législatif des 2 et 3 juin 2006. Prague, Karlovy Vary et la Bohème de l'Ouest ont été, comme 4 ans auparavant, les régions qui se sont les plus fortement mobilisées.
Les partis de droite semblent bien placés pour former la prochaine coalition gouvernementale. La tradition qui veut que le Président de la République charge le dirigeant du parti arrivé en tête de former un gouvernement, pourrait bien être bousculée. Le leader du CSSD, Jiri Paroubek, a d'ailleurs annoncé qu'il démissionnera de son poste dans les jours à venir. "On ne peut pas appeler cela un succès" a-t-il déclaré à propos des résultats recueillis par son parti, ajoutant : "les gens ont choisi la direction dans laquelle la République tchèque avancera et celle-ci est différente de celle que le CSSD leur proposait. Le pays s'achemine donc vers une coalition de centre-droit". Les sociaux-démocrates ont certainement pâti de l'impopularité suscitée par l'ancien Premier ministre (2005-2006) Jiri Paroubek au sein de la population. "Le parti a besoin d'un nouveau départ" a déclaré ce dernier en annonçant sa démission, précisant que l'ancien ministre des Finances et actuel vice-président du parti, Bohuslav Sobotka, pourrait le remplacer.
Cyril Svoboda, leader du KDU-CSL, Ondrej Liska, chef des Verts et Milos Zeman, leader du Parti des droits du citoyen, ont également démissionné de leurs fonctions.
Petr Necas, leader de l'ODS, a indiqué que la démission du leader social-démocrate pourrait conduire à un "apaisement du style de confrontation" sur la scène politique tchèque. Il s'est félicité que l'ODS dispose d'une "forte chance de former une coalition de responsabilité budgétaire, une coalition responsable, une coalition dont le pays a besoin par ces temps difficiles, une coalition à laquelle nous sommes prêts". "Ce serait une bonne nouvelle pour la République tchèque et pour ses citoyens" a-t-il souligné, arguant que les Tchèques avaient montré par leur vote qu'ils souhaitaient régler le problème de l'endettement du pays. "Cela devrait être la tâche clé du futur gouvernement" a insisté Petr Necas. Selon Jaroslav Plesl, éditorialiste au quotidien Hospodarske Noviny, la crainte de voir la République tchèque devenir "la Grèce de l'Europe centrale" a été néfaste au CSSD qui durant la campagne électorale s'est prononcé en faveur d'une hausse des dépenses publiques et des allocations sociales. "La crise grecque a été décisive pour ces élections législatives en attisant la peur que la politique menée par les sociaux-démocrates ne transforment le pays en une autre Grèce" a t-il déclaré.
Les Tchèques ont indéniablement exprimé leur lassitude à l'égard des deux "grands" partis tchèques, à savoir le CSSD et l'ODS qui ensemble ont obtenu leur plus faible score depuis 1996. "Les résultats de ces élections législatives constituent un choc. C'est une grande victoire pour la droite et une défaite pour la gauche, principalement pour les sociaux-démocrates" a déclaré l'analyste politique Milan Znoj. "Les Tchèques ont montré leur mécontentement à l'égard de la forte polarisation de la scène politique initiée, selon eux, par les 2 principaux partis du pays. Il est évident que les électeurs ont choisi de donner leur chance aux nouveaux partis" a souligné le politologue et directeur de la New York Université de Prague, Jiri Pehe. "Le message de ras-le-bol que les électeurs veulent envoyer aux 2 grands partis est clair. Mais portera-t-il ses fruits ? En 2006, la création du gouvernement a pris 9 mois. Et si nous avons à nouveau des difficultés à former une coalition, il y aura encore plein de petits arrangements plus ou moins licites tout ce qui révulse les électeurs" s'inquiète Jan Hartl, directeur de l'institut d'opinion STEM.
Fondé en juin 2009, TOP 09 regroupe des personnalités connues des Tchèques. Le parti est dirigé par l'ancien ministre des Affaires étrangères (2007-2009), Karel Schwarzenberg ; Miroslav Kalousek, qui en est le fondateur et le leader du groupe parlementaire, a dirigé le KDU-CSL entre 2003 et 2006.
Fondé en 2001 comme un groupe local et dirigé par l'ancien journaliste d'investigation Radek John, Affaires publiques (VV) est un parti moins connu. Son leader est avec 61% d'opinions positives le responsable politique tchèque le plus populaire selon une enquête d'opinion réalisée par l'institut STEM mi-avril. Si son programme est plus obscur que celui de TOP 09 (VV a fait du combat contre les "dinosaures politiques" l'un des principaux points de son programme), le parti s'est déclaré davantage intéressé par une participation à une coalition gouvernementale de droite que par une alliance avec les partis de gauche. Radek John a annoncé la priorité de son parti et ses conditions pour participer à un gouvernement : l'adoption d'une véritable stratégie anti-corruption et le transfert de 10 milliards de couronnes du budget de la Défense vers l'Education. "Nous ne voulons pas suivre l'exemple de "petits" partis qui ont abandonné leurs principes pour des postes ministériels" a-t-il déclaré.
La République tchèque, pays dirigé depuis le 8 mai 2009 par un gouvernement d'experts, devrait donc être prochainement gouvernée par une coalition gouvernementale de droite, rassemblant l'ODS, TOP 09 et probablement VV, que dirigerait Petr Necas, leader dde l'ODS, même si la démission de Jiri Paroubek laisse ouvertes d'autres possibilités de coalition comme par exemple celui d'un gouvernement de grande coalition pour résoudre plus vite la question de la dette publique. "Je suis quasiment persuadé que nous serons bientôt gouvernés par une coalition de droite et que nous aurons, pour la première fois depuis 1996, un gouvernement qui bénéficiera d'une solide majorité. Cela signifie également que celui-ci aura un programme de droite cohérent qui aura à cœur de réaliser des économies budgétaires" a déclaré Jiri Pehe. "Je ne sais absolument pas quel gouvernement nous aurons parce que je n'ai aucune idée de ce qu'est en réalité Affaires publiques. Et le gouvernement, s'il voit le jour, dépendra de ce parti" a souligné le politologue Bohumil Dolezal.
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