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En Grèce, Carolos Papoulias est réélu Président de la République

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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5 février 2010
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Carolos Papoulias a été réélu Président de la République Hellénique le 3 février à la quasi unanimité des membres de la Vouli, Chambre unique du Parlement. Le Chef de l'Etat sortant, dont la réélection est apparue comme une formalité puisqu'aucun adversaire ne se présentait contre lui et qu'il était assuré du soutien des députés des deux grands partis politiques –Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) du Premier ministre George Papandréou et Nouvelle démocratie (ND) dirigée par Antonis Samaras –, a recueilli 266 voix (sur 298, 2 députés étaient absents lors du vote) lors du 1er tour de scrutin. Les 160 membres du PASOK et les 91 parlementaires de ND lui ont accordé leurs suffrages tout comme les 15 membres de l'Alarme orthodoxe populaire (LAOS).

Carolos Papoulias est ainsi devenu le Président le mieux élu de Grèce depuis la fin de la monarchie en 1975.

Le Parti communiste (KKE) avait annoncé le 29 janvier que ses membres déposeraient un bulletin blanc dans l'urne au moment du vote. Ce choix n'était soi disant pas dirigé contre Carolos Papoulias mais exprimait la volonté de s'opposer au fait que "selon la Constitution, le Chef de l'Etat doit cosigner des lois et des décrets antipopulaires". La Coalition de la gauche radicale (SYRIZA) s'est alignée sur les positions du KKE.

Après sa réélection, Carolos Papoulias a tenu à souligner la grande responsabilité que représentait le fait "d'assumer le rôle de Président dans un pays dans une période critique pour l'économie grecque". Il a demandé à ses compatriotes et à l'Etat "de s'engager de toutes leurs forces pour surmonter la crise". "Nous devons améliorer l'efficacité des institutions grecques. Un Etat juste, fort et efficace peut renverser la situation actuelle et offrir de meilleures opportunités à la Grèce. Nous devons tous nous engager dans cette transition historique et être unis. Je m'engage avec vous dans ce grand effort" a-t-il ajouté.

Le 3 février, la Commission européenne a approuvé le plan d'économies présenté par Athènes mais, estimant que la Grèce n'a pas respecté le devoir qui était le sein de présenter des statistiques budgétaires fiables, elle a annoncé qu'elle plaçait le pays sous surveillance et ouvrait une procédure d'infraction. La Commission européenne a demandé à Athènes de davantage détailler les mesures fiscales annoncées et de préciser le calendrier de leur mise en œuvre. Enfin, les autorités communautaires ont imposé à la Grèce de rendre compte très régulièrement de l'application de ces mesures.

La fonction présidentielle grecque est honorifique. La révision constitutionnelle de 1986 a privé le Chef de l'Etat du droit de dissoudre le Parlement ne lui laissant qu'un rôle représentatif. Un candidat est déclaré élu au 1er tour de scrutin s'il recueille les suffrages des 2/3 des députés, soit 200 voix. Cette majorité renforcée, prévue pour encourager les candidatures capables de dégager un large consensus, est obligatoire durant les deux premiers tours de scrutin. Au 3e tour est élu le candidat qui obtient les 3/5e des suffrages. Si aucun candidat n'est élu à l'issue des 3 tours de scrutin, le Parlement est contraint à l'autodissolution et le Premier ministre doit convoquer des élections législatives anticipées.

En septembre 2009, le Premier ministre Costas Caramanlis (ND) avait justifié son initiative d'organiser un scrutin législatif anticipé par le "chantage" exercé par le PASOK sur la future élection présidentielle qui avait en effet laissé entendre qu'il pourrait s'opposer à l'élection d'un Président de compromis pour faire échouer le scrutin présidentiel et obtenir la dissolution du Parlement et, in fine, des élections législatives anticipées.

Né à Ioannina, capitale de l'Epire (Nord-Ouest) il y a bientôt 81 ans, Carolos Papoulias a fait des études de droit à Athènes, Milan et Cologne avant d'exercer la profession d'avocat entre 1963 et 1981. Résistant anti-nazi durant la guerre, il a vécu en exil en Allemagne durant la dictature des colonels (de 1967 à 1974, la Grèce a été gouvernée par une junte d'officiers conduite par Georgios Papadopoulos) mais n'a cessé de condamner la dictature d'extrême droite dans les médias. Co-fondateur du PASOK, il devient député en 1977 (fonction qu'il occupera jusqu'en 2000, année où il choisit de ne pas se représenter) et est nommé ministre adjoint des Affaires étrangères en 1981 par Andréas Papandréou.

En 1985-1989 et en 1993-1996, il est ministre des Affaires étrangères dans les gouvernements dirigés par Andréas Papandréou dont il est un proche. A ce poste, il défendra, dans les années 1990, la position de la Serbie dans les guerres qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie, tentant à de nombreuses reprises de servir d'intermédiaire entre Slobodan Milosevic et la communauté internationale. Carolos Papoulias, personnalité consensuelle, est l'un des hommes politiques grecs les plus populaires. Selon une récente enquête d'opinion, il recueillait 82% d'opinions positives parmi ses compatriotes.

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