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Corinne Deloy,
Mirabela Lupaescu
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Mirabela Lupaescu
18 313 440 Roumains sont appelés aux urnes le 30 novembre prochain pour renouveler les 2 Chambres du Parlement. 221 bureaux de vote - dont 29 aux Etats-Unis, 20 en Espagne, 19 en Italie, 14 au Royaume-Uni et 5 en France - seront installés à l'étranger (+ 79 par rapport au précédent scrutin du 28 novembre 2004).
La campagne électorale débute le 1er novembre prochain et s'achèvera le 29 novembre.
Le système politique roumain
Proche du système politique français, le système roumain est toutefois plus parlementaire que ce dernier. Ainsi, le Président de la République, élu pour 5 ans (depuis la réforme constitutionnelle de 2004, l'élection du Chef de l'Etat est dissociée de celle du parlement), dispose de pouvoirs plus limités à Bucarest qu'à Paris. L'actuel Chef de l'Etat, Traian Basescu (Parti démocrate-libéral, PD-L) a été élu le 12 décembre 2004. Le président nomme le Premier ministre après "consultation du parti ayant la majorité absolue dans le Parlement ou, si cette majorité n'existe pas, des partis représentés au Parlement" (article 103-1 de la Constitution). Il ne peut pas le révoquer. Le Parlement est bicaméral, les deux Chambres étant renouvelées tous les 4 ans. La Chambre haute, le Sénat, compte 143 membres et la Chambre basse, la Chambre des députés (Camera deputatilor), 346 députés.
Les minorités nationales (Roms, Allemands, Arméniens, Italiens, Croates, Albanais, Serbes, etc.) disposent d'un nombre de sièges réservés à la Chambre des députés (9 en 1990, 13 en 1992, 15 en 1996, 18 en 2000 et en 2004).
Les Roumains vont voter pour la première fois lors de ces élections législatives et sénatoriales pour des candidats individuels, soit au système majoritaire mixte, et non plus comme ils le faisaient jusqu'alors au scrutin proportionnel, en faveur de listes dressées par les partis politiques. Avec ce nouveau mode de scrutin, tout candidat ayant obtenu plus de 50% des suffrages peut être déclaré victorieux dès le 1er tour. Néanmoins, certains principes du vote proportionnel subsistent. Ainsi, les voix des candidats n'ayant pas été élus sont additionnées au niveau national et redistribués aux partis politiques. Un député doit rassembler 70 000 voix sur son nom et un sénateur 160 000 pour être élu.
Le scrutin se déroulera au sein de 41 circonscriptions. Ce nouveau mode de scrutin, adopté le 11 mars dernier, satisfait, selon les enquêtes d'opinion, 75% des Roumains qui se disent mécontents de la qualité de leurs parlementaires et préfèrent choisir nominalement leurs représentants.
Avec ce nouveau système, les autorités veulent mettre fin à l'inscription sur les listes électorales de personnalités souhaitant avant tout profiter de l'immunité qui leur était accordée en devenant candidates. Elles souhaitent également affaiblir le pouvoir des partis politiques et, ce faisant, lutter plus efficacement contre la corruption. L'introduction du système majoritaire devrait handicaper les "petits" partis qui comptent peu de personnalités connues du grand public dans leurs rangs.
Au départ opposé à toute modification du mode de scrutin, le Président Traian Basescu a ensuite changé d'avis pour s'en faire l'avocat. Il a organisé le 25 novembre 2007, le même jour que les premières élections européennes en Roumanie, un référendum sur cette question. Une grande majorité de Roumains s'est prononcé en faveur d'un système majoritaire (81,36%), 16,17% s'y opposant. la participation, très faible (26,51%), n'a cependant pas permis de valider le référendum. Parmi les partis, seul le Parti de la grande Roumanie (PRM), était opposé à ce changement.
Aujourd'hui, le Parti démocrate-libéral propose de changer de nouveau le système électoral. Il souhaite faire de la Roumanie un pays unicaméral arguant du fait qu'un Parlement à une seule Chambre fonctionne de façon plus efficace et que la Roumanie, qui compte 22 millions d'habitants, possède 469 parlementaires alors que le Congrès des Etats-Unis, pays de 300 millions d'habitants, fonctionne avec 535 élus.
"Premièrement, un Parlement bicaméral n'est pas justifié parce que le Parlement actuel ne travaille qu'avec une seule Chambre. Nous avons une Chambre qui décide des lois et une autre où les lois sont adoptées. La Roumanie n'est pas un Etat fédéral, par conséquent nous n'avons pas besoin d'une double représentation. Last but not least, nous devons prendre modèle sur le Parlement européen qui est unicaméral" affirme le directeur de la campagne du PD-L, Emil Boc. Celui-ci estime que 300 parlementaires représentent un nombre suffisant pour un pays tel que la Roumanie. Le parti fait actuellement signer une pétition en faveur d'une nouvelle modification du mode de scrutin et promet d'éliminer les privilèges des parlementaires aussitôt après son éventuelle victoire aux élections législatives et sénatoriales du 30 novembre prochain. "Nous voulons offrir au prochain Parlement 5 millions de voix pour la révision de la Constitution" déclare Emil Boc. Seul le Président de la République ou un quart des députés peuvent initier une révision de la loi fondamentale.
6 partis politiques sont actuellement représentés à la Chambre des députés :
- le Parti social-démocrate (PSD), principal parti d'opposition dirigé par Mircea Geoana, compte 113 députés ;
- le Parti national-libéral (PNL) du Premier ministre Calin Popescu-Tariceanu possède 64 sièges ;
- le Parti démocrate (PD), membre de la coalition gouvernementale dirigée par Calin Popescu-Tariceanu jusqu'en avril 2007. Après avoir été rejoint par plusieurs membres du Parti national-libéral, il est devenu, en décembre 2007, le Parti démocrate-libéral (PD-L). Le parti à laquelle appartient le Président Traian Basescu, est dirigé par Emil Boc et compte 48 députés ;
- le Parti de la grande Roumanie (PRM), parti d'extrême droite dirigé par Corneliu Vadim Tudor, possède 48 sièges ;
- l'Union démocratique des Hongrois de Roumanie (UDMR), membre de la coalition gouvernementale sortante et conduite par Marko Bela, compte 22 députés ;
- le Parti humaniste (PUR), membre du gouvernement de Calin Popescu-Tariceanu jusqu'en décembre 2006 et devenu depuis le Parti conservateur (PC), possède 19 sièges.
4 ans après : quel bilan ?
Les élections législatives et sénatoriales du 30 novembre prochain constituent la première échéance électorale depuis la réforme constitutionnelle de 2004 et le découplage du mandat législatif et présidentiel. 4 ans plus tard, rien ne subsiste de l'Alliance des 2 principaux partis de droite, le Parti national-libéral et le Parti démocrate, qui avaient formé le gouvernement en 2004. Sous le nom de Vérité et Justice (DA) qui leur a servi aussi de slogan, les 2 partis avaient remporté les 2 scrutins (parlementaire et présidentiel) grâce à la popularité de Traian Basescu élu à la tête de l'Etat et à l'assise électorale du Parti national-libéral qui allait former le gouvernement par la suite.
Conjuguant la doctrine économique libérale avec l'idée de redistribution équitable des richesses, le programme de l'Alliance avait fait de la lutte anti-corruption et de sa position anti-communiste son cheval de bataille. Mais le bilan de ses 4 années à la tête du pays est mitigé.
Condition préalable à l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne, la réforme de la justice et la lutte anti-corruption ont démarré en force en 2005 mais se sont vite essoufflées après 2007. La nomination de Monica Macovei, avocate et représentante de la société civile, au poste de ministre de la Justice en décembre 2004 a constitué un signal fort envoyé à la Commission européenne sur la volonté du gouvernement d'assainir le système judiciaire et d'entamer une véritable lutte contre la corruption. La création de l'Agence nationale de l'intégrité qui contrôle le patrimoine des dignitaires et la réforme du Conseil suprême de la magistrature et du statut des magistrats sont quelques unes des actions menées sous son mandat qui ont conduit à un avis favorable de la Commission européenne pour l'intégration de la Roumanie le 1er janvier 2007.
Pourtant, en avril 2007, alors que le mécanisme de coopération et de vérification dans le domaine de la Justice et des Affaires intérieures (JAI) était toujours en place, Monica Macovei a été remplacée par Tudor Chiuariu puis par Catalin Predoiu. Ces changements ont affaibli la crédibilité du gouvernement dans la poursuite des efforts anti-corruption et expliquent la persistance des mauvaises appréciations des rapports de suivi du Secrétariat général de la Commission européenne. Le dernier rapport de la Commission de juillet 2008 dresse d'ailleurs un bilan mitigé des avancées de la Roumanie : si les principaux instruments juridiques sont bien en place, la lutte anti-corruption reste très politisée. La remise en question de l'immunité parlementaire d'Adrian Nastase, ancien Premier ministre (2000-2004) et ex-président du principal parti d'opposition, illustre la récupération politique de la lutte contre la corruption. D'ailleurs, l'enquête menée sur Adrian Nastase a définitivement compromis sa carrière politique au sein du Parti social-démocrate et permis à Mircea Geoana d'en devenir le nouveau leader.
Le Président Traian Basescu a rappelé que "l'objectif de la Roumanie est de sortir du mécanisme de surveillance de la Commission européenne avant juillet 2009". Un objectif qui semble pour l'heure difficile à atteindre.
L'Alliance Vérité et Justice s'était également présentée comme le parti le plus anti-communiste de Roumanie. A la suite de maints appels d'intellectuels et représentants de la société civile, Traian Basescu a mis en place une Commission présidentielle pour l'analyse de la dictature communiste en Roumanie, sous la coordination de Vladimir Tismaneanu, lequel avait pour mission de rédiger un rapport officiel sur le régime permettant de condamner officiellement le communisme. En décembre 2006, en séance commune de la Chambre des députés et du Sénat, le Président Traian Basescu déclarait le régime communiste roumain "illégitime et criminel". La veille de l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne, le geste avait une dimension symbolique.
Si économiquement, le gouvernement Tariceanu a bénéficié d'une des périodes les plus fastes avec une croissance moyenne de 6 à 7% et un montant record des investissements directs étrangers dans le pays, politiquement son mandat s'est en revanche avéré des plus mouvementés. Très vite après les élections, l'alliance des Libéraux et des Démocrates est devenue de plus en plus compliquée à maintenir à cause des rapports tendus entre le Président Traian Basescu et le Premier ministre, Calin Popescu Tariceanu. Si jusqu'en 2007, l'objectif commun d'adhésion à l'Union européenne avait soudé la coalition, après cette date le gouvernement Calin Popescu-Tariceanu a connu une des plus graves crises politiques et constitutionnelles.
Le 12 février 2007, le Parti social-démocrate et le Parti de la grande Roumanie déposaient une demande de suspension de sa fonction du Président Traian Basescu au motif de violation de la Constitution (manque d'impartialité et implication dans le jeu politique). Le 17 avril, le Parlement votait par 322 voix contre 108 (et 10 abstentions) la suspension du Chef de l'Etat sous l'accusation de "contrôle excessif des institutions de l'Etat, interférence dans la loi et protection des intérêts de la mafia roumaine". En dépit du ralliement du Parti national-libéral à cette demande, le référendum, organisé un mois plus tard (19 mai 2007), confirmait Traian Basescu dans sa fonction et mettait ainsi fin à la crise. A la question "Etes-vous favorable à la destitution du Président de la République Traian Basescu ?", le "non" a recueilli 74,48% des suffrages, contre 24,75% pour le "oui". Pourtant, cet événement a fait éclater l'Alliance Vérité et Justice et, au sein de l'Alliance, le Parti national-libéral dont une partie des membres se sont ralliés au Parti démocrate pour créer l'actuel Parti démocrate-libéral.
Les revendications salariales au premier plan
La campagne électorale s'annonce animée. L'ordre des priorités des électeurs a changé. D'après une enquête d'opinion réalisée par l'institut CCSB fin septembre dernier, l'électorat roumain est moins préoccupé par la corruption que par son niveau de vie et ses revenus. La croissance rapide de ces dernières années basée sur un faible coût de la main d'œuvre ne fait plus recette. Les syndicats sont de plus en plus mobilisés et les revendications salariales ont été très fréquentes en 2008. Les premières mesures en faveur du relèvement des salaires prises par le gouvernement se sont avérées insuffisantes. Le salaire minimum est passé de 500 lei (142 €) à 540 lei par mois (150 €) le 1er octobre dernier. A partir du 1er janvier 2009, il s'élèvera à 600 lei (171 €). Environ 10% des Roumains ont quitté leur pays depuis la chute du mur de Berlin à la recherche de meilleures conditions de vie.
Depuis un mois, l'augmentation des salaires et des retraites est au cœur des débats pré-électoraux. Le 29 septembre dernier, la Chambre des députés a voté une augmentation de plus de 50% des salaires des enseignants et des retraites. Le gouvernement de Calin Popescu-Tariceanu s'est opposé à ce vote considéré "irresponsable" et a contesté la décision devant la Cour Constitutionnelle au motif d'absence de financement de ces mesures. La loi a été promulguée par le Président Traian Basescu le 27 octobre, ce qui a mis le parti du Premier ministre en porte-à-faux. Le président roumain s'est également prononcé en faveur de l'augmentation d'autres catégories de fonctionnaires travaillant dans les domaines de la santé ou de la justice.
De nombreuses promesses sociales
Une bataille acerbe se mène déjà sur les promesses socio-économiques. Le programme du Parti national-libéral est relativement modéré – le parti s'est fixé pour objectif de faire de la Roumanie la 7e puissance économique en Europe ; les promesses électorales du Parti démocrate et du Parti social-démocrate, en revanche, sont très généreuses.
Ainsi, les Libéraux promettent une croissance annuelle de 6-7% pour les 4 années à venir en cas de victoire, établissant une corrélation entre la croissance économique et l'augmentation du niveau de vie. Ils promettent aux Roumains d'atteindre un niveau de vie équivalant à 62% de la moyenne de l'Union européenne d'ici 2012, contre 44% actuellement. En cas de victoire, le Parti national-libéral s'est engagé à faire entrer la Roumanie dans la zone euro avant 2014. Calin Popescu Tariceanu est le candidat des Libéraux au poste de Premier ministre. En cas de victoire, les députés européens Renate Weber et Daniel Daianu devraient également entrer au gouvernement.
Le Parti démocrate-libéral promet de porter le salaire moyen à 900 €, la retraite à 305 € et les allocations familiales à 100 lei (28 €) par mois en 2012. Eux aussi souhaitent atteindre un niveau de vie de 62% de la moyenne européenne et adhérer à la zone euro en 2014. Économiste et actuel président du Parti démocrate-libéral, Theodor Stolojan, technocrate et populaire, est le candidat du parti à la fonction de Premier ministre. L'ancien président du Parti national-libéral était déjà le candidat au poste de Chef du gouvernement de l'Alliance Vérité et Justice lors des précédentes élections parlementaires du 28 novembre 2004 mais s'était désisté après la victoire de son parti. Emil Boc, maire de Cluj Napoca, pourrait revendiquer la tête du gouvernement au cas où Theodor Stolojan renoncerait à son investiture.
Le Parti démocrate-libéral envisage de gouverner avec une équipe de 17 à 19 personnes. Vasile Blaga, candidat malheureux à la mairie de Bucarest en juin dernier (il a été battu au 2e tour par le candidat indépendant et ancien membre du Parti social-démocrate, Sorin Oprescu par 55,55% à 43,45%) pourrait être aux Affaires intérieures, Radu Berceanu aux Transports, Monica Macovei à la Justice et Adriean Videanu aux Finances.
Mais le parti le plus généreux est, de loin, le Parti social-démocrate : salaire minimum de 1 000 lei (280 €), réduction des tarifs de l'énergie pour les bas revenus, réduction de la TVA à 5% pour les aliments de base, augmentation du nombre des médicaments gratuits.
Pour mettre en œuvre ce programme, le Parti social-démocrate propose un gouvernement dirigé par Mircea Geoana, qui serait assisté par deux vice-premiers ministres (Daniela Popa et Miron Mitrea). Plusieurs noms ont été évoqués pour former le cabinet parmi lesquels Victor Ponta à la Justice, Titus Corlatean aux Affaires étrangères et Cristian Diaconescu à la Défense.
La surenchère électorale que l'on observe dans le domaine social vaut aussi pour les infrastructures. Alors que 17 ans après le changement de régime, la Roumanie ne compte que 264 km d'autoroutes, les 3 principaux partis promettent de remédier à cette situation. Le Parti national-libéral veut y consacrer 25 millions € d'investissements dans les 4 prochaines années, le Parti démocrate-libéral souhaite construire 800 km d'autoroutes supplémentaires et le Parti social-démocrate 1 000 km.
Enfin, les 3 principaux partis s'accordent à maintenir le taux d'imposition unique adopté le 1er janvier 2005 et fixé à 16% et à faciliter la création d'entreprises en réduisant les formalités bureaucratiques.
"Dans les prochaines semaines, nous allons assister à une confrontation cruciale entre la droite et la gauche, entre le Parti national-libéral et le Parti social-démocrate, entre l'avenir et le passé" a déclaré Calin Popescu-Tariceanu en septembre dernier. "Une Roumanie libérale est une Roumanie européenne qui offre des opportunités à la population, une Roumanie de gauche n'est pas un pays sûr et vit dans le passé. Si le Parti social-démocrate arrive au pouvoir, il augmentera les impôts, supprimera le taux unique d'imposition de façon à récupérer de l'argent pour tenir toutes ses promesses" affirme le Premier ministre.
De son côté, le leader social-démocrate, Mircea Geoana, s'appuie sur la crise financière actuelle pour dire que "le néo-libéralisme est en situation de banqueroute non seulement en Roumanie, mais partout dans le monde". "Le Parti social-démocrate est le seul capable de rétablir un équilibre social et économique" déclare t-il. S'il admet que le pays a connu une forte croissance économique ces dernières années, il rappelle que la Roumanie possède le plus bas taux d'épargne en Europe, ce qui la rend particulièrement vulnérable.
La course aux célébrités
Dans un pays où 58% de l'électorat se définit comme ni de droite ni de gauche et où 71% des électeurs considèrent que l'appartenance politique du futur gouvernement n'a pas d'importance, la personnalité des leaders politiques et les stratégies électorales sont essentielles et peuvent faire la différence. Depuis un mois, les partis affinent leur stratégie de campagne qui sera, cette année, plus difficile à définir du fait de la complexité de la nouvelle loi électorale qui oblige les partis à faire plus campagne dans les circonscriptions et non seulement au niveau national.
Nombreux sont les partis qui courtisent les célébrités. Le Parti démocrate-libéral a ainsi convaincu l'ancien journaliste Catalin Avramescu et l'ancien conseiller présidentiel et diplomate Sever Voinescu de se présenter dans la circonscription de Prahova et l'actuelle députée européenne et ancienne candidate à Miss Univers, Roberta Anastase d'être candidate le 30 novembre prochain,. Le Parti national-libéral a convaincu l'acteur et producteur de télévision, Florin Calinescu, qui se présentera aux élections sénatoriales à Arges (Sud de la Roumanie), le présentateur de télévision George Calinescu et le chanteur de musique traditionnelle Furdui Iancu..
Dans un autre registre, l'ancien Premier ministre (1989-1991) Petre Roman sera candidat aux élections sénatoriales pour le collège Europe des Roumains de l'étranger tout comme Daniel Barbu, professeur de science politique et de droit international à l'université de Bucarest.
En quête de majorité
La recomposition de la scène politique après la scission de l'Alliance Vérité et Justice a conduit à une situation dans laquelle aucun parti n'est en mesure de remporter une majorité des suffrages et de former seul le gouvernement.
Le dernier scrutin national – les élections municipales et départementales des 1er et 15 juin derniers – ont vu la victoire du Parti social-démocrate qui a remporté le plus grand nombre de postes de maires, de conseillers municipaux comme de conseils départementaux (cf. ci-dessous). Le Parti démocrate-libéral et le Parti social-démocrate ont cependant recueilli un nombre de suffrages quasi-identique.
A l'issue de ce scrutin, trois partis politiques se partagent l'espace politique roumain : à gauche, le Parti social-démocrate, bien implanté dans l'Est du pays et en milieu rural, et, à droite, le Parti démocrate-libéral et, mais plus loin derrière, le Parti national-libéral attirant les plus urbains des électeurs. Cependant, les électeurs se prononçant le plus souvent principalement sur des enjeux locaux lors de ces scrutins municipaux et départementaux, il reste difficile de prédire les résultats des élections législatives et sénatoriales du 30 novembre prochain.
L'enquête d'opinion réalisée par l'institut INSOMAR du 12 au 17 septembre annonçait 39% des intentions de vote pour le Parti démocrate-libéral ; 25% pour le Parti social-démocrate ; 20% pour le Parti national-libéral; 4% pour le Parti de la grande Roumanie ; 4% pour l'Union démocratique des Hongrois de Roumanie ; 3% pour le Parti de la nouvelle génération et 1% pour le Parti conservateur. Le sondage de l'institut CCSB effectué du 22 au 25 septembre arrive à d'autres conclusions. Il donne gagnant l'alliance Parti social-démocrate–Parti conservateur avec 36% des voix, suivie du Parti démocrate-libéral avec 34% des suffrages et du Parti national-libéral avec 20%. Ces partis devancent l'Union démocratique des Hongrois de Roumanie (5%), le Parti de la grande Roumanie (3%), le Parti de la nouvelle génération (2%) et le Parti national chrétien démocrate (PNTCD) qui recueillerait 1% des voix.
La dernière enquête d'opinion réalisée entre le 1er et 11 octobre par le Centre de recherches sociales montre que le Président Traian Basescu demeure la personnalité politique la plus populaire de Roumanie. Il est choisi par 63,1% des personnes interrogées et devance l'actuel maire de Bucarest, l'indépendant Sorin Oprescu (62,7%), le candidat au poste de Premier ministre du Parti démocrate-libéral, Theodor Stolojan (49,9%) et l'actuel Chef du gouvernement, Calin Popescu Tariceanu (46,2%) et par le leader du Parti d'opposition social-démocrate, Mircea Geoana (46.2%).
Faute de majorité, les trois partis ayant le plus grand poids électoral devront chercher à former des coalitions. Le Parti social-démocrate s'est déjà allié, le 17 avril dernier, au Parti conservateur, ce qui devrait augmenter sa visibilité dans les médias Antena 1, 2, 3 ainsi qu'au sein du journal Jurnalul National, lesquels appartiennent au fondateur du Parti conservateur, Dan Voiculescu. Reste à savoir si le Parti conservateur acceptera de rester membre de cette alliance après les élections. Car c'est la 2e fois que le parti, ancien Parti humaniste, s'allie au Parti social-démocrate. Lors du scrutin législatif et sénatorial du 28 novembre 2004, il avait quitté le Parti social-démocrate juste après le scrutin pour rejoindre l'Alliance Vérité et Justice, sortie vainqueur des élections. 2 ans plus tard, le Parti conservateur quittait la coalition gouvernementale. Le Parti national-libéral a conclu une alliance électorale avec le Parti national chrétien démocrate.
Ces alliances vont probablement faire entrer au Parlement des "petits" partis, la formation d'une majorité de gouvernement est, elle, plus incertaine.
Selon l'enquête d'opinion réalisée par l'institut Insomar, l'alliance Parti démocrate-libéral-Parti national-libéral, devrait l'emporter, ce qui est néanmoins fort improbable étant donné la rupture advenue entre les deux partis. Le sondage de l'institut CCSB place en tête une alliance Parti social-démocrate-Parti conservateur-Parti national-libéral. Bien qu'idéologiquement improbable, les 2 partis ont cependant collaboré au Parlement depuis 2007, y compris pour la mise en place de l'actuelle loi électorale. La formation d'un gouvernement minoritaire n'est pas exclue non plus.
Le Président Traian Basescu a en effet déclaré ne pas être opposé à la mise en place d'un tel gouvernement, ce qui pourrait vouloir dire qu'il n'aurait aucune objection à demander par exemple au Parti démocrate-libéral de constituer un gouvernement y compris dans le cas où ce parti serait devancé dans les urnes par le Parti social-démocrate et le Parti national-libéral.
Composition des Conseils départementaux à l'issue des élections locales des 1er et 15 juin 2008 (en %)
Rappel des résultats des élections législatives et sénatoriales du 28 novembre 2004 en Roumanie
Elections législatives
Participation : 56,5%
Elections sénatoriales
Participation : 56,5%
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