Analyse
Actualité
Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
-
Versions disponibles :
FR
ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Le 13 octobre dernier, Vojislav Kostunica recueillait 66,67% des suffrages exprimés, devançant largement son adversaire Miroljub Labus qui obtenait 31,05% des voix. Cependant, le second tour de l'élection présidentielle serbe était invalidé, faute de participation suffisante. Celle-ci s'élevait à 45,08% des inscrits, soit 5% de moins que le minimum requis par la loi électorale serbe pour la validation du scrutin. Le 5 novembre dernier, le Parlement serbe a voté une modification de la loi électorale, qui si elle ne prévoit plus de participation minimum au second tour de l'élection, maintient une participation minimum de 50% (plus une voix) pour le premier tour. Le 8 décembre prochain se déroulera le premier tour de l'élection présidentielle serbe.
A la suite de l'invalidation du second tour du 13 octobre dernier, le Président fédéral Vojislav Kostunica et le Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic se sont mis d'accord pour résoudre la crise politique et normaliser leurs relations. « La coalition de l'Opposition démocratique de Serbie (DOS) et le Parti démocratique de Serbie (DSS), formation de Vojislav Kostunica, sont déterminés à contribuer à l'amélioration du fonctionnement du Parlement de Serbie afin de permettre à cette Assemblée de continuer son activité » affirme le texte de l'accord. Les quarante-cinq députés du Parti démocratique de Serbie révoqués du Parlement le 7 juin dernier ont été réintégrés au sein de la coalition de l'Opposition démocratique de Serbie, les députés du DSS ayant en contrepartie accepté de ne pas déposer de motion de censure contre le gouvernement de Zoran Djindjic. Quelques jours auparavant, le 16 octobre dernier, la Cour constitutionnelle de Yougoslavie avait suspendu la révocation des députés. Quant à Zoran Djindjic, il s'est dit prêt à soutenir la candidature de Vojislav Kostunica à l'élection présidentielle si un accord est trouvé sur les réformes.
Le 11 novembre dernier, Miroljub Labus, vice-Premier ministre du gouvernement fédéral et proche de Zoran Djindjic, a annoncé qu'il renonçait à participer à l'élection présidentielle de Serbie et qu'il quittait le Parti démocratique (DS). « J'ai quitté le DS aujourd'hui car le DS m'a tourné le dos lors de l'élection présidentielle d'octobre » a t-il déclaré en référence au boycottage du scrutin par la formation de Zoran Djindjic.
La Commission électorale républicaine (RIK) a accepté le 18 novembre dernier les candidatures des trois personnalités suivantes pour l'élection présidentielle du 8 décembre :
Vojislav Kostunica, Président de la République fédérale de Yougoslavie et président du Parti démocratique de Serbie (DSS) ;
Borislav Pelevic, leader du Parti de l'unité serbe (SSJ) ;
Vojislav Seselj, président du Parti radical (SRS).
Vojislav Kostunica sera donc opposé lors du premier tour à deux ultranationalistes. Le Président fédéral devrait a priori sortir vainqueur de ce scrutin si toutefois les Serbes ne décident pas de bouder les urnes après ces scrutins à répétition.
Le 28 novembre, Javier Solana, Haut responsable de la politique extérieure de l'Union européenne, a rencontré Vojislav Kostunica et Zoran Djindjic à Belgrade afin d'évaluer l'état d'avancement des travaux devant conduire à la mise en place du nouvel « Etat de Serbie et de Monténégro » destiné à remplacer l'actuelle République fédérale de Yougoslavie. Javier Solana rencontrera également Milo Djukanovic, Président démissionnaire du Monténégro et futur Premier ministre. Le 7 novembre dernier, le Comité des ministres du Conseil de l'Europe a rejeté l'adhésion de la Yougoslavie, le pays n'ayant pas rempli la condition fixée par l'entité européenne, à savoir l'adoption de la Charte constitutionnelle du futur Etat. Il a également appelé la République fédérale à « montrer une volonté sincère et ferme de collaborer pleinement avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye ». Ce à quoi le Président fédéral Vojislav Kostunica a répondu en préconisant « le transfert au système législatif national d'une partie des poursuites engagées devant le TPI ». Le 20 novembre, Carla Del Ponte, procureur du TPI, a également dénoncé la protection militaire dont jouit Ratko Mladic. L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie-Herzégovine se trouverait en Serbie et serait protégé par une partie de l'armée « avec l'accord tacite du gouvernement », a affirmé Carla Del Ponte.
La Serbie a encore de nombreux problèmes à régler avant de pouvoir envisager une adhésion au Conseil de l'Europe ou une évolution dans le développement de ses relations avec l'Union européenne et les institutions internationales. Vojislav Kostunica et Zoran Djindjic viennent de reconnaître qu'ils n'avaient pas les moyens de s'écarter mutuellement de la scène politique et se sont mis d'accord pour travailler ensemble dans l'intérêt du pays. Espérons que cette nouvelle élection présidentielle de décembre permettra à la Serbie de faire un pas de plus vers la stabilité et les réformes dont elle a aujourd'hui grand besoin.
Sur le même thème
Pour aller plus loin
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
16 décembre 2024
Élections en Europe
6 décembre 2024
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
2 décembre 2024
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
2 décembre 2024
La Lettre
Schuman
L'actualité européenne de la semaine
Unique en son genre, avec ses 200 000 abonnées et ses éditions en 6 langues (français, anglais, allemand, espagnol, polonais et ukrainien), elle apporte jusqu'à vous, depuis 15 ans, un condensé de l'actualité européenne, plus nécessaire aujourd'hui que jamais
Versions :