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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Sans surprise, le Président de la République sortant Georgi Parvanov a remporté le deuxième tour de l'élection présidentielle qui s'est déroulé le 29 octobre dernier en recueillant 75,90% des suffrages, un résultat sans précédent depuis la chute du communisme. Son rival, l'ultranationaliste d'extrême droite Volen Siderov (Ataka), qui n'a cessé durant toute la campagne d'appeler le Président de la République sortant du nom de «Gotse», le pseudonyme figurant sur son dossier d'informateur, a obtenu 24,10% des voix.
Le Président sortant était arrivé largement en tête du premier tour le 22 octobre dernier, obtenant 64% des voix mais la faible participation (42,51%) n'avait pas permis de valider le scrutin, la loi électorale imposant qu'au moins la moitié des électeurs inscrits se rendent aux urnes lors du premier tour de l'élection présidentielle.
Au deuxième tour, 41,20% des Bulgares ont accompli leur devoir civique, soit un chiffre très légèrement inférieur à celui enregistré le 22 octobre dernier. Selon l'institut d'opinion NCIOM, la minorité tzigane, montrée du doigt par Volen Siderov, s'est fortement mobilisée. L'institut a annoncé qu'au moins 55 000 Bulgares de Turquie, autre minorité régulièrement vilipendée par le leader ultranationaliste, avaient accompli leur devoir civique, un record dans l'histoire du pays.
« Nous avons gagné parce que nous étions meilleurs. Le résultat était attendu » a déclaré le Président de la République à l'annonce des résultats. « Notre politique étrangère restera aussi active, prévisible et conséquente que jusqu'à présent et aura pour priorité d'assurer une adhésion digne de la Bulgarie à l'Union européenne » a-t-il immédiatement tenu à préciser. « C'est une grande victoire de la raison qui illustre la sagesse du peuple bulgare. Nous avons montré que nous sommes un peuple européen » a souligné le ministre de l'Intérieur, Roumen Petkov. « Le 29 octobre, 80% des électeurs ont voté contre Volen Siderov et pas pour Georgi Parvanov » a cependant analysé Andre Raïtchev de l'institut Gallup.
Volen Siderov s'est déclaré satisfait de son résultat. « Nous avons doublé notre résultat par rapport aux élections législatives (8,16% des suffrages). C'est un bon résultat pour nous, étant donné que toute la machine de l'Etat, la presse, les instituts de sondages, même la police, étaient mobilisés contre nous. J'ai perdu contre un rival d'une force disproportionnée qui avait le soutien de presque toutes les autres parties » a-t-il affirmé à la chaîne de télévision BTV, ajoutant « Nous travaillerons pour des élections législatives anticipées. La majorité parlementaire travaille pour la mafia ».
Défaits au premier tour de scrutin (leur candidat Nedelcho Beronov avait recueilli 9,70% des voix), les leaders des formations de droite -Forces démocratiques unies (ODS) et Parti des démocrates pour une Bulgarie forte (DSB)- avaient annoncé qu'ils ne se prononceraient pas lors du deuxième tour de cette élection présidentielle et ce, en dépit des appels du président du groupe parlementaire du Parti populaire européen (PPE-DE), Hans-Gert Pöttering, à soutenir le Président de la République sortant, Georgi Parvanov. Nedelcho Beronov s'était refusé à donner une quelconque consigne de vote. En revanche, le Mouvement national Siméon II (MNS II), membre de l'actuelle coalition gouvernementale dirigée par le Premier ministre Serguei Stanichev (BSP), avait appelé en faveur de Georgi Parvanov.
Agé de 49 ans et originaire de Sirichtnick (Sud-Ouest du pays), Georgi Parvanov est historien de formation. Il a adhéré en 1981 au Parti communiste (BKP) et travaillé à l'Institut d'histoire du Parti communiste. En 1994, il devient le vice président du Parti socialiste (BSP), successeur du BKP en avril 1990, avant d'en être élu président en décembre 1996 dans un contexte difficile, le Premier ministre Jan Videnov (BSP) dirige alors le pays et sera contraint à la démission en janvier 1997 à la suite d'une importante crise politico-économique et de violentes manifestations. Réélu à une large majorité à la tête du Parti socialiste en 1998 et 2000, Georgi Parvanov est élu, de façon quelque peu inattendue, à la Présidence de la République le 18 novembre 2001 avec 54,10% des suffrages, contre 45,90% à son adversaire, le Président sortant Petar Stoyanov, actuel leader des Forces démocratiques unies.
En 2003, au moment de l'intervention anglo-américaine en Irak, le Président, dont le pays était alors membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, s'est rangé du côté de la position défendue par la France et l'Allemagne, acceptant cependant l'envoi d'un contingent militaire bulgare en Irak. Au niveau extérieur, Georgi Parvanov a su apaiser les relations de son pays avec son voisin russe.
Le Président de la République sortant avait refusé tout débat avec son adversaire Volen Siderov entre les deux tours, « par respect de la dignité de l'institution présidentielle » avait-il affirmé. Il avait aussi déclaré que la victoire était « un pas nécessaire pour épurer l'image du pays ». « Il ne s'agit pas d'un vote sur le chemin que nous avons déjà parcouru mais d'un vote sur le chemin qu'il nous reste à parcourir. Tout reprendre à zéro serait une aventure téméraire. La Bulgarie a besoin d'un patriotisme qui unit au lieu de diviser la nation » affirmait-il en clôture de sa campagne électorale.
Georgi Parvanov, qui se succèdera à lui-même le 22 janvier prochain, est devenu, le 29 octobre, le premier Président de la République bulgare à être réélu dans ses fonctions depuis la chute du communisme. Comme lors de son premier mandat, son vice-Président sera Angel Marin.
Résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle du 29 octobre en Bulgarie
participation : 41,20%
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