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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Pour la quatrième fois depuis la chute du régime communiste, 6,7 millions d'électeurs sont appelés à élire, le 22 octobre prochain, leur nouveau Président (et vice-Président) de la République. Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue des suffrages ou si la participation est inférieure à 50% des inscrits, un deuxième tour aura lieu une semaine plus tard, soit le 29 octobre. Sept personnalités sont candidates au poste de Chef de l'Etat.
A une semaine de l'élection, l'actuel Président de la République, Georgi Parvanov, est en tête de toutes les enquêtes d'opinion. Cependant, les observateurs politiques s'attendent à une faible participation (évaluée entre 48% et 53%) et nombre d'entre eux estiment que le quorum de 50% des inscrits ne sera pas atteint. « La participation pourrait même tomber au-dessous des 40% si rien ne se passe durant la dernière semaine de campagne électorale » déclare le sociologue Mikhail Mirchev. « Les gens pensent tous que cette élection présidentielle est déjà jouée. La Bulgarie n'est plus un pays très politisé, ce qui est une conséquence de la fin de la transition économique, et ce à quoi nous assistons aujourd'hui n'est pas de l'apathie mais plutôt une normalisation » affirme Kancho Stoychev de l'institut Gallup BBSS.
Cependant, même s'il atteint un résultat élevé, voire la majorité absolue, Georgi Parvanov pourrait être contraint à un second tour dans lequel il affrontera le candidat arrivé en deuxième position le 22 octobre. A ce jour, aucun Chef de l'Etat bulgare n'a été réélu après un premier mandat de quatre ans.
Le Président de la République sortant a reçu le soutien de la Confédération des syndicats indépendants (KNSB) dirigée par Zhelyazko Khristov et celui du Mouvement pour les droits et les libertés (DPS), membre de l'actuelle coalition gouvernementale. Représentant la minorité turque du pays (environ 8% des Bulgares) et dirigé par Ahmed Dogan, le parti a décidé (par 143 voix sur 144) lors de son congrès du 26 septembre dernier de soutenir la candidature de Georgi Parvanov à l'élection présidentielle.
Les deux principaux leaders de la droite, l'ancien Président de la République (1997-2002) Petar Stoyanov (Forces démocratiques unies, ODS) et l'ancien Premier ministre Ivan Kostov (Parti des démocrates pour une Bulgarie forte, DSB), n'ont pas souhaité être présents à ce scrutin qui passionne peu les Bulgares et pour laquelle la victoire de Georgi Parvanov a été annoncée à maintes reprises. Le candidat des forces libérales, Nedelcho Beronov, souffrant d'un manque évident de notoriété, est distancé dans toutes les enquêtes d'opinion. Beaucoup ont espéré dans la candidature de l'ancien secrétaire général du ministère de l'Intérieur et actuel maire de Sofia, Boïko Borisov, leader de l'association Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB, « blason » en bulgare). En vain. Boïko Borisov est la personnalité la plus populaire du pays. Le soutien déclaré du maire de Sofia à Nedelcho Beronov n'a, pour l'heure, eu aucun effet dans les enquêtes d'opinion. Selon celles-ci, les proches des formations de droite apparaissent beaucoup moins mobilisés pour cette élection présidentielle que les sympathisants du Parti socialiste (BSP), du Mouvement pour les droits et les libertés et d'Ataka.
De même, le Mouvement national Siméon II (NDS II), membre de la coalition gouvernementale, a décidé de ne pas présenter de candidat à cette élection. L'ancien Premier ministre (2001-2005) Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha avait annoncé le 11 juillet dernier qu'il renonçait à être candidat « pour raisons personnelles ». « Le Mouvement national Siméon II s'est sacrifié dans l'intérêt général. Il aurait peut-être été bon que le parti désigne un candidat mais en nous abstenant de le faire, nous avons souhaité privilégier la préservation de la coalition gouvernementale et la reconstruction de la droite » a déclaré le ministre de l'Education et de la Science, Daniel Vulchev (NDS II).
« Nous voulons féliciter tous les citoyens bulgares pour l'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne le 1er janvier prochain » a déclaré Nedelcho Beronov. « En dépit des efforts déclarés, le gouvernement a été évalué de façon négative et un système sans précédent de mesures de sauvegarde a été mis en place. Ceci est humiliant pour le gouvernement et pour la coalition majoritaire du Parti socialiste, du Mouvement national Siméon II) et du Mouvement pour les droits et les libertés » a t-il tenu à ajouter. Néanmoins, la décision de la Commission européenne du 26 septembre dernier rendant effective l'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne le 1er janvier prochain constitue un point positif pour l'actuel Président de la République Georgi Parvanov de même que sa participation au sommet européen qui se déroulera à Lahti en Finlande deux jours avant le premier tour de l'élection.
La liste des candidats ne compte pas moins de quatre nationalistes, ce qui peut sembler curieux pour un pays qui compte d'importantes minorités mais a su éviter les tensions ethniques à l'origine des guerres qui ont ensanglanté les Balkans après la chute du communisme dans les années quatre vingt dix. Aux dernières élections législatives du 25 juin 2005, la formation populiste, xénophobe et anti-européenne, Ataka (Attaque), était cependant arrivée en quatrième position en recueillant 8,16% des suffrages. Le résultat de son leader, Volen Siderov, le 22 octobre prochain constitue l'un des enjeux majeurs de cette élection. « Il y a un mécontentement général envers les politiques, ce qui explique la popularité de Volen Siderov » analyse Boyko Todorov du Centre pour l'étude de la démocratie de Sofia.
De son côté, Petar Beron, ancien vice-président d'Ataka et leader de son groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, Chambre unique du Parlement, a décidé de quitter Ataka. Le leader du parti, Volen Siderov, a cependant affirmé que son parti s'apprêtait à exclure Petar Beron avant qu'il ne démissionne de lui-même. « C'est un homme manipulé par l'extérieur. Il a été payé et je ne suis pas surpris par sa décision » a t-il déclaré. La formation populiste possède donc 12 députés, contre 21 à l'issue des élections législatives du 25 juin 2005.
Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut ASSA-M, Georgi Parvanov arriverait en tête du premier tour avec 51% des suffrages. Il serait suivi de Volen Siderov qui recueillerait 18% des voix et devancerait donc Nedelcho Beronov qui obtiendrait 11,5% des suffrages. Georgi Markov est crédité de 6,5% des voix, Petar Beron de 3%, l'universitaire nationaliste, Grigor Velev, et l'ancien chef de l'état-major, Lyuben Petrov, recueilleraient moins de 2% des voix. Environ 16% des électeurs déclarent être toujours indécis.
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