Éducation et culture
Béatrice Houchard
-
Versions disponibles :
FR

Béatrice Houchard
C'est la rentrée : le 3 septembre pour les enseignants, le 5 pour les collégiens et les lycéens, le 6 pour les élèves de l'enseignement primaire. Comme un seul homme, les écoliers français reprennent le chemin des cours, dans un bel ordre quasi immuable établi depuis toujours par le ministère de l'Education nationale. Un coup d'œil, même rapide, sur les calendriers scolaires des autres pays européens, permet de constater que l'on pourrait envisager une organisation différente, et surtout un système moins centralisé.
La France vit au rythme de ses écoles. Elle commence à s'assoupir début juillet avec les résultats du Bac, somnole après le défilé du 14 juillet, et s'endort immanquablement en août, laissant les villes désertes (ce qui n'exclut pas la pollution) les bureaux vides, les téléphones sur répondeur, les responsables du moindre sous-service aux abonnés absents, les problèmes en suspens. Comme si la vie s'arrêtait, un mois par an...
Cette spécificité française, qui étonne tant nos amis étrangers, prend fin dans les derniers jours du mois d'août. Là, les rayons des grandes surfaces s'étant remplis, l'heure des fournitures scolaires a sonné. Interminable parcours du combattant, qui est souvent une combattante - en l'occurrence la mère de famille- pour trouver le cahier au bon format, avec les bons carreaux et le protège cahier adéquat, le stylo incassable, la règle, le compas, la calculatrice (en euros cette année, bien sûr) et le rapporteur. Sans oublier le cartable, le fameux cartable qui pèsera, une année scolaire durant, sur le malheureux dos des plus jeunes, flirtant certains matins avec les sept ou huit kilos.
Car début septembre, c'est dit, tout le monde rentre, et en bon ordre s'il vous plaît : le 3 septembre pour les enseignants, le 5 pour les collégiens et lycéens, le 6 pour les élèves de maternelle et de primaire. Pourtant, on pourrait imaginer d'autres systèmes, d'autres rythmes, et une organisation moins centralisée. Un coup d'œil sur les systèmes appliqués en Europe prouve que la France, de réforme en réforme, est toujours à la recherche de la bonne solution. Même si les pays voisins n'ont pas non plus trouvé la formule miracle. Cette étude ne prend pas en compte un autre aspect du problème, et non le moindre, sur lequel il conviendra de revenir : l'organisation de la semaine scolaire, marquée en France par des journées de cours longues, et par la coupure du mercredi, véritable « exception française ».
Les dates de vacances en Europe : une prérogative de plus en plus décentralisée
Imagine-t-on, en France, le maire d'une ville, le président du Conseil général et le président de Région décider ensemble de la date de la rentrée scolaire ? Sûrement pas. C'est du ministère que doit tomber la bonne parole. Des exceptions à la règle ont pourtant été mises en place : ainsi l'application de la semaine de quatre jours (pour contestable qu'elle soit dans son principe, comme l'affirment tous les médecins, psychologues et représentants des associations de parents d'élèves) a-t-elle pu se décider au niveau municipal, après consultation des responsables d'établissement, parfois des familles, et après autorisation de l'Inspection académique. D'autres expériences plus originales (Epinal, avec ses expérimentations de matinées consacrées à l'étude et les après-midi au sport ou à la culture) ont marqué des points. Mais la règle, inscrite dans l'article L.521-1 du code de l'éducation, est formel : l'année scolaire « compte 36 semaines au moins, réparties en cinq périodes de travail, de durée comparable, séparées par quatre périodes de vacances des classes ». Le calendrier des vacances est établi par le ministre de l'éducation nationale, avec possibilités d'adaptation « pour tenir compte des situations locales ».
Ainsi, pour tenir compte de la situation géographique, les vacances de l'été austral seront prises, à La Réunion, du 19 décembre 2001 au 31 janvier 2002. En Nouvelle-Calédonie, l'année scolaire se déroulera du 26 février au 19 décembre 2002, et du 26 février au 21 décembre 2002 à Wallis et Futuna. Mais dans l'hexagone, rien de tel. Seules les zones « A », « B » et « C » - et encore, seulement pour les vacances d'hiver et de printemps - viennent bousculer l' ordonnancement général.
Un tel calendrier national existe aussi au Danemark, aux Pays-Bas et au Portugal, preuve que la coupure nord-sud, perceptible dans l'étude d'autres problèmes européens, n'a pas sa place dans le casse-tête des rythmes scolaires.
Encore ce calendrier n'est-il pas toujours impératif : au Danemark, il est « indicatif », et le calendrier appliqué est établi par les conseils municipaux ou par les conseils de comté, selon le niveau de l'établissement. Même chose au Portugal, où le projet éducatif est pris en compte dans l'organisation de l'année scolaire. Aux Pays-Bas, enfin, seules les grandes vacances sont les mêmes pour tous. Les autres vacances sont fixées par les établissements scolaires eux-mêmes.
Partout ailleurs ( Espagne, Allemagne, Belgique, Italie, Angleterre) l'enseignement n'est pas la compétence de l'Etat mais des régions (Länder, communautés autonomes, communautés linguistiques). C'est ce que nous allons regarder de plus près.
Allemagne : A chaque Land son calendrier
En Allemagne, l'enseignement est de la compétence des Länder. C'est là, notamment, qu'est établi le calendrier des vacances. Seul celui des vacances d'été fait l'objet d'une concertation avec les autres Länder. Le pays est alors divisé en plusieurs groupes de Länder adoptant des dates communes. Exemples : Basse-Saxe- Saxe- Saxe-Anhalt-Brême. Bavière-Bade Wurtemberg - Rhénanie. Berlin-Brandebourg. Pour le reste, l'étude du calendrier laisse apparaître de très grandes différences entre les dates de vacances.
Ainsi, la rentrée de l'année scolaire 2001/2002 se fera le 8 septembre dans le Bade Wurtemberg et le 11 septembre en Bavière, bonne dernière à sonner l'heure de la rentrée. Car celle-ci a en fait déjà eu lieu presque partout : dès le 1er août en Sarre ; le 3 août en Hesse ; le 8 août en Basse-Saxe, Saxe, Saxe Anhalt et Thuringe ; le 10 août en Rhénanie-Palatinat ; le 11 août dans le Land de Brême ; le 18 août en Rhénanie du Nord-Westphalie ; le 29 août à Hambourg et en Mecklembourg-Poméranie occidentale ; le 1er septembre en Schleswig-Holstein, en Brandebourg et à Berlin.
Les petites vacances sont, elles aussi, soumises à de très nombreuses variations d'un Land à l'autre, excepté pour la période de Noël. Encore qu'en fin d'année, certains (Brandebourg) réduisent le congé au strict minimum : du 24 décembre au 1er janvier. De même, certains Länder n'ont pas prévu de vacances d'hiver (Bade-Wurtemberg, Bavière, Brême, Hambourg, Hesse, Rhénanie-Westphalie, Rhénanie-Palatinat, Sarre, Schleswig-Holstein). Les autres ont programmé de 8 à 12 jours entre le 29 janvier et 23 février. Les vacances de printemps, organisées partout, démarrent le 4 mars à Hambourg mais seulement le 2 avril en Schleswig-Holstein.
La durée globale de l'année scolaire tourne autour de 39 semaines.
Angleterre : Une réforme en 2003?
Une loi de 1998 prévoit que l'organisation des vacances est de la compétence des autorités éducatives locales, conseil de comté ou conseil d'école. Seule la durée annuelle des cours (190 jours de classe, soit 40 semaines) est fixée au niveau national. Mais on rencontre en Angleterre beaucoup moins de variations qu'en Allemagne. Les grandes tendances permettent de retenir que la rentrée scolaire se fait la première semaine de vacances, après six semaines de congé d'été. A Noël et à Pâques, les écoliers, collégiens et lycéens bénéficient de deux semaines, auxquelles s'ajoute une semaine au milieu de chaque trimestre. L'ensemble des petites vacances ressemble au système français mais les grandes vacances de l'été 2001 n'ont commencé que le 21, 25 ou 26 juillet, selon les régions.
Comme en France, de nombreuses commissions planchent sur l'organisation des rythmes scolaires. La plus récente s'est prononcée pour une organisation de l'année scolaire en six périodes de six ou sept semaines, démarrent dès la mi-août, ce qui aurait pour conséquence de faire se terminer l'année scolaire début juillet. Mais il est peu probable qu'une loi vienne imposer d'en haut une telle réforme. Avant de mettre en place, peut-être en 2003 , ce nouveau calendrier scolaire, une grande consultation des autorités éducatives, des parents, des enseignants, des conseils d'école a été lancée.
Italie : Neuf semaines de vacances d'été
Neuf semaines de vacances d'été, deux semaines à Noël, une semaine à Paques : tel est, très schématiquement, le calendrier italien, dont les règles sont fixées par ordonnance ministérielle. Il s'apparente, dans ses grandes lignes, à ce qu'était le calendrier scolaire français il y a trente ans, c'est à dire sans vacances de Toussaint ni de février.
D'une région à l'autre, les dates de la rentrée s'échelonnent du 11 septembre
(Emilie-Romagne, Marches) au 21 septembre (Ligurie). Les autres régions rentrent le 11, 12, 13 ou 14 septembre. D'autres jours de fête s'ajoutent aux grandes et petites vacances, comme celle de l'Immaculée Conception (8 décembre, parfois fériée le 9), le 2 novembre dans certaines régions (Basilicate, Calabre, Campanie, Marches, Pouilles), l'Epiphanie (6 janvier), l'anniversaire de la Libération (25 avril) et un jour pour la fête patronale, auxquelles s'ajoutent bien sûr le 1er novembre, le 1er mai et le lundi de Pâques. En 2001, le 1er mai tombant un mardi était précédé d'un lundi 30 avril de vacances.
Espagne : Seulement 175 jours de classe
Les communautés autonomes, depuis le 1er janvier 2000, sont en charge de tout ce qui touche à l'éducation. Ce sont donc elles qui fixent le calendrier scolaire, sauf en Castille-la-Manche ( attribution renvoyée aux provinces) et au Pays Basque et en Navarre (calendrier fixé par les établissements scolaires).
En général, les jeunes Espagnols disposent de onze semaines de vacances d'été s'ils sont en primaire, douze s'ils sont dans le secondaire ; deux semaines à Noël, trois jours pour le carnaval, ou deux semaines au printemps. Des jours fériés comme le 12 octobre ( fête nationale), le 1er novembre, le 6 décembre (date anniversaire de la Constitution) ou le 1er mai s'y ajoutent, mais aussi, à l'occasion, des jours de vacances décidés par les autorités locales (provinces, communautés autonomes, communes) à l'occasion de fêtes religieuses ou locales.
La particularité espagnole est ailleurs : dans le faible nombre de jours de classe : 174 ou 175 selon les années. A la demande de la Confédération espagnole des associations de parents d'élèves, le Ministère de l'Education étudie la possibilité de supprimer des jours de congé pour faire entrer l'Espagne dans la norme moyenne européenne, soit environ 180 jours de classe. A condition de convaincre les enseignants.
Portugal : Priorité aux vacances d'été
Le ministère de l'éducation portugais, en application d'un règlement du 19 avril 2000, publie chaque année un calendrier « indicatif » de vacances scolaires. Le système portugais est original : l'année scolaire (180 jours de classe) est organisée en trois « séquences » d'enseignement d'environ trois mois, séparées les unes des autres par une semaine de vacances. La priorité est donc donnée à des vacances d'été prolongées (fin juin à mi-septembre) au détriment de petites vacances courtes, faisant suite à des périodes de travail relativement longues.
La rentrée d'automne s'effectue entre le 10 et le 17 septembre. Suivent des vacances de Toussaint (de la fin octobre au 2 novembre inclus). Les vacances de Noël, approximativement du 20 décembre au 2 janvier. Des vacances de carnaval du 25 février au 1er mars. Des vacances de Pâques du 3 au 16 avril. L'année scolaire se termine vers le 28 ou 29 juin, sauf pour les élèves de classe Terminale qui, comme un peu partout en Europe, voit l'heure de la fin des cours sonner dès le début du mois de juin.
Danemark : Vive la reine !
On l'a vu : le calendrier scolaire danois est fourni, à titre indicatif, par le ministre de l'Education. Dans les grandes lignes, il s'établit ainsi pour l'année scolaire 2001/2002 : rentrée le 12 août, vacances d'automne du 13 au 21 octobre ; de Noël du 22 décembre au 3 janvier ; de Pâques du 23 mars au 1er avril 2002 ; fin de l'année scolaire le 22 juin 2002.
Dans la réalité, les conseils municipaux et de comté, en lien avec les responsables de chaque établissement, modifient fréquemment ce calendrier : pour l'année scolaire 2000/2001, les vacances de Noël avaient ainsi été écourtées, au profit d'une dizaine de jours de vacances rajoutées en février.
S'ajoutent à ces quelque 78 jours de congé, des jours spéciaux congés correspondant à des jours fériés nationaux : ainsi du « jour des prières », le quatrième vendredi après Pâques ; le 5 juin, jour de la Constitution, et… le 16 avril, jour anniversaire de la Reine. On souhaite aux écoliers danois des générations à venir que les prochains souverains du Danemark ne soient pas venus au monde un 25 décembre ou un 1er mai...
Pays-Bas : Trois zones de vacances
Les jeunes néerlandais ont déjà repris le chemin de l'école : dès le 19 août pour la zone sud, le 26 août pour la zone nord et le 2 septembre pour la zone centre. Seul le calendrier des vacances d'été est fixé nationalement. Pour les petites vacances, ne sont qu'indicatives et sont donc soumises à approbation ou à modification par les conseils municipaux, qui ont en charge la gestion des établissements scolaires.
En 2001/2002, les Néerlandais auront droit à huit jours de vacances en automne (échelonnées du 13 au 28 octobre), 15 jours à Noël (du 22 décembre au 6 janvier 2002), une huitaine de jours en février et une semaine en mai. La fin des cours est fixée au 29 juin (zone nord), 6 juillet (centre) ou 13 juillet (zone sud).
Directeur de la publication : Pascale Joannin
Pour aller plus loin
Les Balkans
Željana Zovko
—
31 mars 2025
Stratégie, sécurité et défense
Jan-Christoph Oetjen
—
27 mai 2024
Éducation et culture
Jorge Chaminé
—
3 juillet 2023
Ukraine Russie
Svetlana Tikhanovskaia
—
12 décembre 2022

La Lettre
Schuman
L'actualité européenne de la semaine
Unique en son genre, avec ses 200 000 abonnées et ses éditions en 6 langues (français, anglais, allemand, espagnol, polonais et ukrainien), elle apporte jusqu'à vous, depuis 15 ans, un condensé de l'actualité européenne, plus nécessaire aujourd'hui que jamais
Versions :