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Ivan Gyuracz
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Ivan Gyuracz
1. Les débuts
Le 30 mars 1988, 37 étudiants créent l'Alliance des Jeunes Démocrates (FIDESZ). La police a averti une semaine plus tard les fondateurs (dont M. Viktor Orban, futur Premier ministre de 1998 à 2002) que leur « action visait à créer un organisme illégal. » Malgré cet avertissement, de nombreux jeunes rejoignent l'Alliance. Celle-ci réclame notamment que le 15 mars, jour anniversaire de la révolution de 1848-49, soit officiellement reconnu comme Fête nationale. A la fin de l'année, au Parlement, le Parti d'Etat (MSzMP) [1] a voté en faveur de cette revendication.
En 1989, formée de huit mouvements porteurs de réformes, la « Table ronde de l'Opposition » exige des négociations avec le Parti Communiste en vue d'une transition pacifique. Dès les débuts, le FIDESZ participe aux travaux de la Table ronde, représenté par MM. Viktor Orban et Laszlo Kover (futur ministre du gouvernement Orban, chargé de la sécurité nationale).
Le 16 juin 1989, lors de la cérémonie du transfert des cendres de Imre Nagy, Premier ministre martyr de la révolution de 1956, Viktor Orban prononce un discours mémorable, demandant pour la première fois le départ des troupes soviétiques de la Hongrie. Le pacte de transition élaboré sous l'égide de la « Table ronde » et du Parti d'Etat (MSzMP) n'a pas été signé par l'Alliance des Libres Démocrates (SzDSz) et le FIDESZ. Ils n'y ont pas opposé leur veto non plus.
Ils ont maintenu leurs revendications. Que :
• le Président de la République soit élu à l'issue des élections législatives
• le Parti d'Etat présente un inventaire de ses biens
• le Parti d'Etat se retire des entreprises
• la Garde des Travailleurs, corps armé du Parti d'Etat, soit dissoute.
Fin novembre 1989, ces revendications ont été satisfaites à l'issue du « référendum à quatre questions. » En octobre, le 2ème Congrès du FIDESZ décide de participer aux élections législatives libres, du printemps 1990. Le FIDESZ remporte 22 sièges, avec comme Président du groupe parlementaire Viktor Orban. A l'automne 1990, lors des élections municipales, le FIDESZ conquiert 792 sièges, 15 mairies de grandes villes, 2 mairies d'arrondissements de Budapest et 16 mairies de petites communes.
En 1992, la popularité du FIDESZ se situe à environ 30%. Lors du 4ème Congrès, les délégués décident de demander l'adhésion du FIDESZ à l'Internationale Libérale, adhésion acceptée en septembre à Linz (Autriche).
Dès 1993, les premiers changements structurels interviennent au sein du parti, la limite d'âge de 35 ans (seuil symbolique pour pouvoir adhérer) est abolie. Le Conseil National, jusque-là instance dirigeante, disparaît au profit d'une présidence. Le premier président du parti est Viktor Orban. En juillet, les deux partis libéraux, le SzDSz et le FIDESZ, ont signé un accord électoral portant sur le désistement mutuel au profit du candidat le mieux placé lors des législatives de l'année 1994. A la fin 1993, plusieurs députés quittent le FIDESZ pour rejoindre les rangs du SzDSz. Ce fait, et les résultats des législatives à l'issue desquelles le SzDSz entre en coalition gouvernementale avec le successeur du Parti d'Etat, le Parti Socialiste Hongrois, a creusé un fossé profond entre les deux partis libéraux.
2. De l'opposition à l'opposition
Aux législatives de 1994, le FIDESZ recueille 7,02% des voix et dispose de 20 sièges au Parlement. La direction du Parti, tirant les conclusions de ce résultat peu brillant, démissionne. Cependant, les délégués ont à nouveau élu Viktor Orban pour président. A l'automne, le FIDESZ affronte les élections municipales en coopérant avec les partis du précédent gouvernement de centre-droit, le Forum Démocratique Hongrois (MDF) et le Parti Chrétien-Démocrate (KDNP).
En 1995, le parti est rebaptisé FIDESZ – Parti Civique Hongrois. Les instances du parti adoptent la déclaration « Pour une Hongrie civique » qui vise l'épanouissement matériel, spirituel et éthique des individus et des communautés, c'est-à-dire l'avènement d'une nouvelle Hongrie citoyenne. Ainsi, à partir des élections municipales de l'automne 1994, on note une mutation lente sur l'échiquier politique. Le système tripartite (socialiste, libérale et conservateur) glisse vers un système bicéphale (gauche – droite).
Afin que la droite puisse affronter les législatives de 1998 plus unie, Viktor Orban lance l'idée d'une alliance civique tripartite (entre la FIDESZ, le MDF et le KDNP). Durant l'année 1996, les négociations avec le Forum Démocratique Hongrois (MDF) sont engagées. En 1997, lors du 7ème Congrès, le vice-président du Parti, Janos Ader (futur Président du Parlement entre 1998 et 2002) soulignait que « le FIDESZ, parti populaire d'inspiration libérale, d'engagement national et euro-atlantique, souhaite bâtir une Hongrie dans laquelle chaque citoyen pourra vivre pleinement sa liberté et son bonheur. »
En 1998, les conditions d'une union des forces civiques sont réunies, une union dont le parti phare sera le FIDESZ – Parti Civique Hongrois.
3. 1998-2002, « L'avenir a commencé »
A la suite du scrutin législatif du printemps 1998, le FIDESZ (29,48% des voix) entre au gouvernement dans une coalition qui comprend le Forum Démocratique Hongrois (MDF) et le Parti des Petits Propriétaires (FKGP). M. Viktor Orban deviendra Premier ministre, M. Janos Ader occupera le poste de Président du Parlement et M. Jozsef Szajer, sera le président du groupe parlementaire.
Dus aux engagements gouvernementaux, en 2000, le 12ème Congrès du FIDESZ décide de scinder les fonctions de Premier ministre et de Président de parti. M. Laszlo Kover est élu nouveau président du parti. Ce changement à la tête du parti a pour conséquence le renforcement de l'appareil. A la fin de l'année 2000, le FIDESZ quitte l'Internationale Libérale et demande son adhésion au Parti Populaire Européen. Ceci s'explique par le mûrissement idéologique du parti durant les dix dernières années et par le changement de la situation politique intérieure en Hongrie.
Le FIDESZ au PPE
En janvier 2001, le Congrès du PPE accorde au FIDESZ le statut de membre associé. Le parti rejoint également l'Union Démocratique Européenne. Ce pas résulte d'une prise en compte des nouvelles réalités politiques hongroises et européennes.
Le FIDESZ a réalisé - comme l'a souligné M. Orban – que « les idées fondamentales du libéralisme se sont déjà intégrées aux autres grands courants idéologiques. Ses idées sont présentes chez les sociaux-démocrates aussi bien que chez les conservateurs. Ce qu'il a pu apporter à la pensée politique européenne, il l'a déjà fait… mais, le Monde et notre pays doivent faire face aujourd'hui à d'autres défis. Ce qu'on pensait être le nouvel ordre mondial s'est révélé être une période transitoire. Le vrai nouvel ordre est en gestation. »
Le PPE représente le plus important groupe du Parlement Européen et par là, il est le rassemblement politique le plus influent sur le continent. Grâce à son adhésion, le FIDESZ, et par conséquent la Hongrie, peut plus efficacement faire valoir ses intérêts en Europe.
Les acquis du gouvernement Orban ont été salués à l'étranger. En novembre 2001 à Mexico, lors du congrès de l'Internationale Chrétienne-Démocrate (CDI), puis en 2002 à Estoril lors du congrès du PPE, M. Orban a été élu membre de la présidence de ces deux instances.
Allier les forces civiques
Lors du Congrès de mai 2001, M. Zoltan Pokorni, ministre de l'Education, est élu président. Le parti élabore son programme intitulé « L'avenir a commencé. »
Dans le but de préparer les législatives de 2002, Le FIDESZ – Parti Civique Hongrois signe un accord électoral avec l'Alliance Chrétienne-Démocrate et le FIDELITAS (les jeunes du FIDESZ), puis le 31 août avec le Forum Démocratique Hongrois (MDF, membre de la coalition gouvernementale).
Le programme « L'avenir a commencé » est présenté au public par le président du FIDESZ et la présidente du MDF, Mme Ibolya David, Ministre de la Justice.
Juste avant le premier tour du scrutin, le 5 avril, un débat entre MM. Peter Medgyessy et Viktor Orban, a été organisé à l'Université des Sciences Economiques de Budapest.
Le premier tour des législatives n'a pas confirmé l'avance des forces du centre-droit annoncée par les sondages. Entre les deux tours, le 13 avril, sur la place du Parlement, Viktor Orban a prononcé un discours devant une foule d'un million de personnes, en soulignant que « nous étions nombreux au premier tour, mais nous n'étions pas assez ». Au final, les forces civiques ont recueilli 48,7% des suffrages, soit 188 sièges au Parlement (sur un total de 386 sièges).
C'est donc une coalition socialiste – libérale qui formera le gouvernement.
En accord avec les termes du pacte électoral, le Forum Démocratique Hongrois pourra constituer un groupe parlementaire autonome avec 24 députés, le FIDESZ en ayant 164. Lors d'un discours prononcé le 7 mai, Viktor Orban annonce la création du « Centre Démocratie » et demande à son auditoire la mise en place des « cercles citoyens [2] » à travers le pays.
A la mi-juin, un article paru dans le quotidien « Magyar Nemzet » fait éclater un scandale lié au passé du Premier ministre socialiste Peter Medgyessy et donne un coup de projecteur au fonctionnement des services secrets durant le communisme. Le président du FIDESZ, Zoltan Pokorni, a demandé des comptes avec vigueur au Premier ministre concernant son passé d'agent secret, et a parlé de crise morale de la République. Quelques jours plus tard, le 3 juillet, M. Pokorni apprend par la voie de la presse que son père a également été enrôlé par les services de contre-espionnage hongrois. Il démissionne sans tarder de toutes ses fonctions au sein du parti. M. Janos Ader devient le chef du groupe parlementaire et dirige le parti par intérim.
4. L'Europe : notre avenir, la Hongrie : notre patrie
Les Hongrois vivent au cœur de l'Europe depuis mille ans. Ils n'ont pas pu prendre part à la (re)construction européenne engagée dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Lorsqu'en 1989, le Mur de Berlin est tombé, l'objectif naturel de la Hongrie était de rejoindre l'Europe réunifiée. L'économie hongroise s'est rapidement libéralisée. Durant ce processus, il était de la responsabilité des dirigeants de préserver au mieux une certaine « force nationale. » Ainsi, le FIDESZ au gouvernement s'est opposé aux privatisations forcées des entreprises publiques et a soutenu les entrepreneurs hongrois aussi bien que la création de PME-PMI.
Le FIDESZ – Parti Civique Hongrois soutient, depuis sa création, l'adhésion de la Hongrie à l'Union Européenne. L'Union Européenne n'est pas simplement une question économique ; il s'agit d'un mouvement qui vise à unifier des nations appartenant à un même héritage spirituel et culturel et parlant des langues différentes. L'objectif de l'Union est de faire disparaître des frontières. Parallèlement à ce mouvement, les identités nationales se renforcent.
Le papier-débat du parti, intitulé « L'Europe : notre avenir, la Hongrie : notre patrie » conclut comme suit :
« L'Union Européenne signifie pour la Hongrie que – pour réussir – seule une nation forte, capable de respecter ses valeurs, de profiter des chances qui lui sont données, peut adhérer à l'Union. N'oublions pas que l'Europe, c'est notre avenir, c'est une opportunité à saisir ; la Hongrie, c'est notre patrie et pour toujours. »
C'est dans cet esprit que le FIDESZ, au gouvernement en 1998, a ouvert les négociations avec les instances bruxelloises. Le gouvernement s'est efforcé de bâtir des compromis acceptable pour tous les citoyens afin que la Hongrie sorte gagnante de cette intégration. Au terme de la législature, plus de vingt chapitres de l'acquis communautaire ont été clos.
Cependant en 2002, c'est un gouvernement socialiste-libéral qui a clos les négociations d'adhésion. Le FIDESZ a critiqué la coalition dirigée par Peter Medgyessy, car elle n'aurait pas porté assez hauts et forts nos intérêts nationaux.
Les citoyens ont pu exprimer leur opinion lors du référendum du 12 avril 2003. Une partie écrasante des Hongrois a voté favorablement à l'adhésion à l'Union Européenne. Le FIDESZ s'est réjoui de ce résultat, mais a rappelé que la préparation des citoyens ne devait pas s'arrêter là.
5. La naissance d'une Alliance
« Nous, citoyens libres et responsables de la Hongrie, conscients du souhait des Hongrois de voir leur vie publique renouvelée, ayant tiré les conséquences des changements survenus depuis 1990, attachés aux principes de la justice, de la liberté et de l'amour, nous fondons une Alliance » - tels sont les propos de la Lettre Fondatrice du FIDESZ – Alliance Civique Hongroise, adoptée le 17 mai dernier à Budapest.
Cette alliance est fondée par des personnes qui croient que la chose publique ne se situe pas au-dessus d'eux, mais entre leurs mains.
Selon la formule utilisée par les dirigeants du FIDESZ, « c'est plus qu'un parti, c'est une Alliance qui vient d'être créée. » Cela signifie que juridiquement le FIDESZ reste un parti, mais d'un point de vue politique, il s'agit d'une alliance qui propose des points d'attache à la société.
Les changements internes touchent aux structures de base du parti. Au niveau organisationnel, les sections départementales vont disparaître au profit des sections de circonscriptions. En adéquation avec le découpage des 176 circonscriptions, des sections locales seront créées, élisant leur président en leur sein.
La création de « commissions » est également une modification importante. Ces commissions fonctionneront au sein des sections locales et pourront prendre diverses formes en fonction des diversités locales. Le Congrès national a décidé d'en créer huit dans un premier temps, telles que la commission de l'agriculture, des femmes, des retraités etc. Le but est de faire émerger plus rapidement et plus directement au sein de la section les vraies préoccupations des citoyens. Les commissions éliront leurs propres animateurs qui deviendront membres du Conseil National élargi.
Concernant les changements qui touchent à la direction du parti, il faut noter que l'ancienne direction composée de 12 membres sera remplacée par une direction exécutive de 5 membres. Le président de l'Alliance est Viktor Orban, les deux vice-présidents étant Zoltan Pokorni et Pal Schmitt, président du Comité Olympique Hongrois et ancien candidat à la Mairie de Budapest, soutenu par le FIDESZ. Les deux autres membres de la direction sont Janos Ader, président du groupe parlementaire et Laszlo Kover, président du Conseil National.
Le vote interne sera introduit comme moyen d'expression des militants qui pourront se prononcer sur les grandes orientations politiques.
Les accords électoraux passés entre le FIDESZ et les autres organismes expirent le 30 juin 2003. Certains de ces organismes ont déjà manifesté leur souhait de renouveler leur accord. Il s'agit du Lungo Drom (association nationale tzigane), le FIDELITAS (les jeunes du FIDESZ), les Petits Propriétaires (parti agraire) et l'Alliance Chrétienne-Démocrate.
Le processus de transformation vers un parti de type « parti populaire » sera scellé lors d'un Congrès extraordinaire en décembre prochain.
Viktor Orban dans son discours du 17 mai a affirmé que ce n'était pas la globalisation qui liait les peuples entre eux, mais l'amour spirituel. Il a manifesté son souhait de voir la Hongrie devenir « la vitamine C de l'Europe. »
Directeur de la publication : Pascale Joannin
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