Entretien d'EuropeL'ex-RDA, laboratoire de l'élargissement européen ?
L'ex-RDA, laboratoire de l'élargissement européen ?

Élargissements et frontières

Kristel Le Pollotec

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28 avril 2003

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Le Pollotec Kristel

Kristel Le Pollotec

I - Le volet économique

La question économique a été la première des préoccupations, dés la chute du mur de Berlin, avant même la réunification de l'Allemagne, le 3 octobre 1990. Soumis à la pression de la population qui s'inquiétait du coût de la réunification et au risque de crise qui menaçait l'Allemagne à la fin des années 80, le gouvernement Kohl avait décidé de faire de la question économique une priorité absolue. Cette gestion de la réunification sur un plan économique permit dans les premières années de relancer la croissance en Allemagne, grâce à l'apparition soudaine d'un nouveau marché de 18 millions de consommateurs et l'implantation de nombreuses firmes ouest-allemandes dans les anciens Länder de la RDA. Parallèlement, l'introduction rapide de l'économie de marché entraîna l'effondrement économique de la RDA et des préjudices sociaux considérables.

L'union monétaire

La réalisation de l'union monétaire le 1er juillet 1990 fut une étape particulièrement importante de la réunification. Alors que la création du D-Mark en 1948 avait été le premier signe de la division de l'Allemagne, l'union monétaire symbolisait un moment capital de la réunification. La rapidité avec laquelle celle ci s'est déroulée est liée à la volonté du chancelier Kohl, d'une part parce qu'elle faisait partie de ses promesses électorales, d'autre part parce qu'il pensait que l'introduction du D-Mark dans les Länder de l'Est permettrait d'éradiquer la vague d'immigration intérieure d'Est en Ouest qui ne cessait de s'amplifier depuis la chute du mur.

L'union monétaire était donc basée sur une volonté politique plus que sur une véritable nécessité économique. En effet, la plupart des économistes dont Karl Otto Poehl, président de la Bundesbank, émettaient de vives réserves quand à une union monétaire trop rapide qui risquait de mettre en péril l'économie est-allemande déjà fragilisée par sa vétusté et par l'introduction de l'économie de marché.

En effet, l'union monétaire au taux de conversion 1 pour 1 précipita la fin de l'économie est-allemande, comme l'avaient préconisé de nombreux économistes qui conseillaient un taux de conversion de trois pour un afin d'atténuer le choc monétaire et d'évoluer peu à peu à un taux de conversion 1 pour 1. De plus, la brusque réévaluation du mark-est (presque 300%) entraîna immédiatement une chute des exportations vers les pays de l'Est, pays qui constituaient 60% à 80 % des exportations de la RDA. La brusque hausse des prix ferma ces marchés traditionnels aux entreprises est-allemandes, entraînant la faillite de nombreuses usines dans les nouveaux Länder. Le montant des exportations des nouveaux Länder passa ainsi de 29, 8 milliards de DM en 1989 à 3,9 milliards de DM en 1993. Cette chute des exportations profita cependant à l'Allemagne qui s'appropria ce nouveau marché, passant de 29, 3 milliards de DM en 1989 à 46,3 milliards de DM en 1993.

La Treuhand

A la question de l'union monétaire qui avait déjà considérablement affaibli l'économie est-allemande, s'ajoute le problème de la privatisation de l'économie et de la propriété foncière de la RDA.

Afin de procéder à cette privatisation, l'Etat allemand a créé la Treuhand en mars 1990. Son but était de restructurer et de privatiser le patrimoine de la RDA afin de pouvoir l'adapter à l'économie de marché. Elle était officiellement chargée de « sauvegarder le patrimoine du peuple » afin de ne pas léser la population est-allemande.

Très rapidement, cet organisme est devenue la bête noire des habitants des nouveaux Länder qui l'ont accusé de sacrifier l'économie est-allemande et l'ont rendu responsable de la montée vertigineuse du chômage à l'Est. Elle fit aussi l'objet de critiques coté Ouest, concernant les cas de criminalité économique dont certains de ses membres s'étaient rendus coupables et pour ne pas avoir contrôlé plus sévèrement les engagements des acquéreurs en matière d'investissement et d'emploi, stipulés dans les contrats de privatisations. Ainsi, certaines entreprises rentables ont été rachetées par des entreprises concurrentes qui les ont ensuite fermées afin de ne pas subir leur concurrence.

D'autres entreprises viables ont été soldées un mark symbolique. On lui reproche aussi son coût : A sa dissolution, en 1994, les dettes de la Treuhand s'élevaient à 204 milliards de Marks. La Treuhand a réussi en quatre ans à privatiser une économie entièrement communiste mais son bilan reste mitigé: sur les 600 milliards que devait rapporter la vente des entreprises, elle n'en a rapporté qu'un dixième. De plus, sur quatre millions de salariés avant privatisation des entreprises, il n'en restait plus que 1, 1 million en 1994. Néanmoins, le fait que le patrimoine de la RDA ne soit pas passé aux mains de l'ancien pouvoir communiste ni aux organisations mafieuses comme cela est le cas dans de nombreux autres pays d'Europe de l'Est est l'une des principales réussites de la Treuhand.

Elle a permis que le passage de l'économie socialiste à l'économie de marché se déroule dans des conditions saines et exemptes de corruption massive.

II – Les questions sociales

Contrairement aux autres pays de l'ancien bloc soviétique, les Allemands de l'Est sont passés directement d'une société socialiste à l'économie de marché. Ce passage a été très douloureux pour cette population qui avait bénéficié pendant cinquante ans d'un régime social très avantageux et qui a été brutalement confrontée au chômage et à la transformation complète de leur société.

Après l'euphorie de la réunification, les habitants des nouveaux Länder ont du faire face à une refonte complète de leurs institutions, de leurs repères, apprendre à vivre au quotidien dans un nouveau système qui leur était inconnu.

Les réformes et leurs conséquences

L'adhésion à la RFA a entraîné l'adhésion au cadre juridique de la Loi Fondamentale, en vigueur en Allemagne fédérale depuis la fin de la guerre.

Afin de préparer l'unité allemande, le dernier gouvernement temporaire de RDA avait déjà entamé des réformes visant à introduire le système fédéral en RDA.

Ce fut le cas pour le système éducatif, universitaire, administratif (retraites, sécurité sociale, chômage, etc.), mais aussi juridique et politique (découpage des régions, mode de scrutin électoraux, etc.).

Le droit fédéral a été étendu à tous les domaines. Seuls deux points ont bénéficié d'une jurisprudence adaptée: le droit à l'avortement qui était un droit inaliénable en RDA et la question des archives de la Stasi.

La plus grosse difficulté pour les habitants a certainement été l'introduction rapide de l'économie de marché et la désindustrialisation de la RDA qui ont entraîné une flambée du chômage dans les nouveaux Länder.

En janvier 2003, le taux de chômage était toujours de 18, 2 % dans les nouveaux Länder contre 8, 1% ailleurs.

Cette inégalité se retrouve également dans la répartition des postes. Ainsi, après la privatisation, seules 10% des entreprises d'ex-RDA appartenaient encore à des Allemands de l'Est. D'autre part, 80% du personnel de direction des entreprises privatisées vient de l'Allemagne fédérale. Afin de favoriser l'embauche des habitants des Länder, le gouvernement créa une loi temporaire (qui vient d'être reconduite pour dix ans) instaurant une diminution salariale de 16% pour eux (répercutée également sur les allocations chômage).

Cette loi prenait en compte le niveau de vie dans les nouveaux Länder qui était, au début des années 90, plus bas qu'en Allemagne fédérale. Pourtant, le prix des loyers ou des produits de consommations se sont très rapidement alignés. La survie de cette loi est considéré comme une véritable discrimination pour habitants des nouveaux Länder qui, pour le même travail et avec le même niveau de formation perçoivent moins que leurs homologues, alors qu'ils vivent dans la même ville, comme c'est le cas à Berlin.

La "colonisation"

Face au pouvoir économique et politique de l'Allemagne de l'Ouest, de nombreux Allemands de l'Est ont eu l'impression d'être victimes d'une "colonisation". Ce terme est évident impropre puisque ce sont les habitants des nouveaux länder eux-mêmes qui, par un vote démocratique, ont choisi d'adhérer à la RFA. Cependant, ce concept illustre bien le sentiment d'impuissance de la population. Ce terme n'est pas seulement employé par les couches les plus défavorisées de la population, souvent touchées par le chômage et parfois nostalgiques de l'ancien régime qui leur offrait une sécurité désormais idéalisée. Ce phénomène est également lié à la manière dont l'Allemagne a systématiquement remplacé les anciennes élites de la RDA, que ce soit aux postes politiques, administratifs, mais aussi dans l'industrie, les médias ou dans les universités.

Ce processus était nécessaire afin d'écarter du pouvoir les personnes qui avaient directement collaborés avec l'ancien régime. Le problème est que cette régénération n'a pas profité aux élites dissidentes ou non-officielles de l'ex-RDA, mais à des personnalités, parachutées dans les nouveaux Länder, bien souvent accompagnés de leurs équipes.

De fait, peu d'habitants des nouveaux Länder bénéficient de postes proéminents dans leur propre Land ; (sauf dans le domaine politique au niveau local).

La manière dont s'est passée la réforme du système universitaire a ainsi provoqué un grand mécontentement au sein des intellectuels et des chercheurs de l'ex RDA. Il s'agissait dans un premier temps d'écarter toutes les personnes qui étaient soupçonnées d'avoir collaboré avec l'ancien régime puis de faire passer une évaluation au personnel restant. Les conditions de cette évaluation ont fait l'objet de nombreuses controverses. Les personnes chargées de faire passer cette évaluation ne connaissaient pas ni les travaux des chercheurs ni le système universitaire de l'ex-RDA où les instituts de recherche universitaire étaient directement liés à l'industrie, aux laboratoires, etc. Ce système de recherche polytechnique, qui faisait la fierté de la RDA, a été complètement mis à bas, entraînant le licenciement de milliers de chercheurs.

Les habitants des nouveaux Länder ont ainsi eu le sentiment d'être traités comme des citoyens de seconde zone. Ce sentiment s'ancre dans la discrimination salariale dont ils sont victimes, mais aussi dans la manière dont leur héritage a été systématiquement nié ou déprécié par les élites. Cette dépréciation a été amplifiée par les médias qui ont souvent donné d'eux une image négative, en véhiculant des préjugés ou en se focalisant sur les points les plus négatifs comme la résurgence des mouvements néonazis ou les affaires liées à la Stasi. Les difficultés de communication entre les habitants des deux parties de l'Allemagne sont souvent encore liées à une méconnaissance de l'autre. Les préjugés ont la vie dure et la méconnaissance de l'histoire de l'ex-RDA ne fait que renforcer cette distance. La question de l'enseignement de l'histoire de l'ex-RDA fait d'ailleurs l'objet de débats houleux en Allemagne. Le problème est particulièrement lié au fonctionnement des Länder qui ont chacun un droit de regard sur l'enseignement. L'histoire de l'ex-RDA n'est donc toujours pas enseignée dans certains Länder, y compris en ex-RDA où les anciens communistes au pouvoir préfèrent occulter cette période.

III – La réappropiation de l'espace politique

La révolution de 1989, si elle a permis de créer une véritable rupture avec l'ancien système totalitaire, n'a pas réussi à restaurer pleinement la confiance des habitants des nouveaux Länder vis à vis du politique. La réappropriation de l'espace politique reste toujours une question délicate. Passés en 1945 d'une dictature à une autre, l'apprentissage de la démocratie ne semble pas aller de soi pour cette population qui n'a jamais appris à exprimer librement ses opinions politiques.

La désillusion

L'espoir suscité par la révolution de 1989 et la multiplication des mouvements civiques qui avait précédé la chute du mur en novembre 1989 ont rapidement fait place, dès 1990, à la désillusion.

Alors que les habitants des Länder orientaux avaient cru pouvoir prendre enfin leur destin en main, beaucoup ont eu le sentiment de se faire déposséder de leur révolution. De plus, les propositions faites par les mouvements de citoyens n'eurent aucun écho dans la vie politique fédérale. La main-mise de l'Allemagne fédérale concernant les nouveaux Länder et les difficultés à s'adapter à une société de type libérale poussèrent nombre d'entre eux à se refermer sur eux-même et à se couper de la vie politique. A cela s'ajoute le sentiment, largement partagé, de n'être que des citoyens de seconde zone au sein de l'Allemagne réunifiée, témoignant d'une méfiance vis-à-vis de la démocratie et de sa capacité à représenter l'ensemble de la population. Il est vrai que peu d'entre eux ont réussi, jusqu'à maintenant, à faire une carrière politique au niveau fédéral. Les rares personnalités émergentes sont celles qui ont rejoint les partis frères, que ce soit le SPD ou la CDU.

Ces derniers ont le sentiment d'être les laissés pour-compte de la politique fédérale et se désintéressent bien souvent de la vie politique. Ce désintérêt est également lié au vide idéologique qu'a laissé l'effondrement du bloc soviétique. Au delà de la fin des utopies socialistes, les habitants des nouveaux Länder ont également du abandonner les fantasmes qu'ils projetaient sur la vie dans les sociétés occidentales.

Les mouvements civiques et les dissidents

Alors que dans les autres pays issus du bloc soviétique, les anciens dissidents ont réussi à garder leur position sociale, politique ou culturelle, un tiers des dissidents est-allemands qui étaient à l'origine de la chute du mur vivent de l'aide sociale.

L'échec de la reconquête du pouvoir par les dissidents a plusieurs causes et ne peut s'expliquer par le seul fait qu'ils se sont trouvés dans un rapport de concurrence inégale avec les responsables politiques occidentaux, rompus à l'usage de la démocratie et qui bénéficiaient de moyens financiers largement supérieurs aux leurs.

Contrairement au mouvement de Solidarnosc en Pologne qui réunissait toutes les couches de la population, les dissidents est-allemands ont toujours été isolés du reste de la population et des intellectuels qui étaient largement inféodés au pouvoir. Ils n'avaient pas non plus de contacts avec le monde extérieur et n'ont pas bénéficié de médiatisation en Europe occidentale. Cela est en partie du à la situation particulière de l'ex-RDA qui était une société extrêmement soumise à la censure et à la répression de la Stasi.

Ce n'est qu'en 1989 que les dissidents est-allemands ont réellement pu jouer un rôle auprès de la population. Pourtant, dès les élections de 1990, les mouvements civiques issus de l'automne 1989 ne recueillirent que 5 % des voix, en raison de leur manque de cohésion et du fait que les objectifs visés dans leur programme (démocratie, liberté de voyager, etc.) étaient déjà atteints.

La méfiance des dissidents et des intellectuels est-allemands vis-à-vis de la réunification, ou tout du moins leur désir de prendre plus de temps afin d'élaborer une réunification plus juste et plus égale acheva de les couper des couches populaires, qui rêvaient d'accéder le plus vite possible au standard de l'Allemagne fédérale. Marginalisés par les responsables politiques, abandonnés par les électeurs est-allemands, ils n'ont pas réussi à conserver le pouvoir moral qu'ils avaient acquis durant l'automne 1989.

La grande victoire des dissidents reste cependant l'ouverture des fichiers de la Stasi.

Il s'agit là aussi d'une particularité est-allemande puisque dans aucun autre pays la question des anciens services secrets n'a été traité avec autant de transparence. Cette lutte pour l'ouverture des fichiers avait commencé dés l'automne 89, avec l'occupation par des manifestants des bâtiments de la Stasi à Leipzig. L'abolition des services de sécurité était une des revendications les plus fortes des manifestations de 1989. Officiellement abolie en 1990 par la chambre du peuple du dernier gouvernement de RDA, il fallu encore lutter pour que les dossiers deviennent publics. Helmut Kohl, qui craignait que l'ouverture des dossiers n'envenime le climat national, avait proposé de les garder secrets pendant trente années, dans une petite ville à la frontière franco-allemande, comme cela s'est fait dans de nombreux autres pays de l'Est.

Il a fallu toute la détermination des dissidents, soutenus par des intellectuels occidentaux pour que les dossiers soient effectivement accessibles au public, à partir de 1991.

L'ouverture des dossiers de la Stasi a véritablement permis un assainissement de la vie politique en ex-RDA et a brisé ce tabou qui empoisonne encore certaines sociétés d'Europe de l'Est. Il est notable que cette décision provient des habitants des nouveaux Länder eux-mêmes et non des autorités de l'Allemagne fédérale. Il s'agit en fait de l'un des rares domaines où la volonté des dissidents a pu s'affirmer face au gouvernement fédéral. Nombre d'entre eux, comme Joachim Gauck, ont continué de lutter pour la reconnaissance des victimes de la Stasi. D'autres ont choisi de jouer le jeu de la démocratie parlementaire et de s'associer aux partis politiques frères, comme les Verts ou le SPD. Il est également notable que de nombreux anciens dissidents qui avaient tissés des liens avec les réseaux dissidents de Pologne ou de Tchécoslovaquie se sont investis dans la cause de l'élargissement de l'Europe, qui constitue pour eux la suite logique de l'effondrement du bloc soviétique.

L'usage de la démocratie

Lors des premières élections de 1990, les habitants des nouveaux Länder avaient largement voté pour la coalition menée par Helmut Kohl. Comme l'ont montré les élections suivantes, ce vote massif pour la CDU était plus un « oui » à la réunification qu'une véritable adhésion au programme de la CDU. Lors des élections suivantes, on a pu voir que l'électorat des nouveaux Länder votait majoritairement à gauche et restait préoccupé par les questions sociales.

C'est particulièrement frappant à Berlin où la démarcation entre les anciens quartiers de l'Est et de l'Ouest se reforme à chaque élection, suivant exactement le tracé du mur. Le PDS, l'ancien parti communiste réformé de RDA, s'il a perdu beaucoup de terrain lors des dernières élections fédérales de septembre 2002, reste très implanté au niveau local. Il s'agit, en fait, du parti qui représente les revendications, concernant le chômage ou la discrimination salariale. Malgré ses tentatives de réforme, ce parti reste très lié à l'image de l'ancien régime. Il oscille entre la volonté de s'attacher un électorat plus jeune, plus libéral et la crainte de perdre son électorat traditionnel, de plus en plus vieillissant et conservateur. Ainsi, si la majorité des habitants de nouveaux Länder n'ont pas le sentiment d'être représentés par les partis traditionnels, ils se reconnaissent de moins en moins dans le PDS qui ne cesse de jouer sur le clivage est-ouest. Cette attitude réservée à l'égard des partis politiques se retrouve également vis à vis des syndicats. Alors que les habitants des Länder de l'Est sont les plus directement touchés par la crise qui sévit actuellement en Allemagne et qu'ils subissent une discrimination salariale, ils sont très peu présents dans les syndicats.

L'attitude des habitants des Länder de l'Est vis à vis de la politique reste très marquée par l'expérience de la dictature : fatalisme, autocensure, méfiance vis à vis des hommes politiques comme des idéologies, difficultés à revendiquer leurs droits. Cependant, depuis un ou deux ans, on peut noter qu'ils sortent peu à peu de cette position de retrait qu'ils avaient adopté dans les années qui avaient suivi la réunification. Après avoir appris à s'adapter à cette nouvelle société, ils sont de plus en plus nombreux à faire entendre leur voix.

Conclusion

L'augmentation considérable du chômage dans les nouveaux Länder et la crise que traverse actuellement l'Allemagne nous montre les dangers qu'entraînent une politique de rentabilité à court terme.

Les nombreuses subventions, l'attractivité d'un nouveau marché et l'emploi d'une main-d'œuvre à bon marché n'ont pas permis de réussir dans l'immédiat la reconversion d'une économie socialiste en économie de marché performante dans les nouveaux Länder.

La plupart des analystes allemands s'accordent pour dire que le financement d'une politique pour l'emploi, dés la réunification, aurait été plus rentable que le financement des indemnités de chômage.

Il faut aussi noter que si la situation reste viable, c'est grâce au soutien des Länder occidentaux qui financent largement la politique sociale permettant de maintenir les indemnités de chômage, l'accès aux soins et à l'éducation dans les nouveaux Länder. Sur ce point, les habitants des Länder de l'Est, qui ont été touchés plus brutalement que les autres pays de l'Est par l'introduction de l'économie de marché dans leur pays, sont actuellement privilégiés. Grâce à la réunification, ils ont pu sauvegarder des droits sociaux élémentaires aux yeux de nos démocraties occidentales, droits qui sont aujourd'hui fortement remis en cause dans certains pays d'Europe de l'Est.

Directeur de la publication : Pascale Joannin

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