Parité et mixité
Elena Giunasvili
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Elena Giunasvili
Les dernières décennies ont été marquées par des changements profonds dans la vie sociale et politique de l'Iran moderne. Avec son système républicain de structure d'Etat fondée sur l'idéologie orthodoxe de l'islam ce pays fait face actuellement à un processus profond dans la formation et le développement des structures sociales - économiques, politiques, administratives et juridiques de la société.
Dans ce pays, où prédomine la législation islamiste, la question la plus actuelle et la plus importante reste celle de la situation des femmes dans la société, de leur égalité en droits avec les hommes, en grande partie lésée par les principes de l'islam classique.
A côté de l'attachement aux dogmes islamistes, une certaine tendance à un nouveau respect des droits des femmes dans les différents domaines de l'existence, y compris les structures de l'Etat, du droit et de l'administration, se dessine en Iran.
Les femmes constituent plus de la moitié de la population de l'Iran actuel. Les institutions nationales ont été créées dans le pays dans le but de consolider leur position et de faire évoluer la société en stimulant ce processus. L'un des organismes les plus importants de ce genre - le Centre pour la participation des femmes – a été créé en 1991 près le cabinet de l' ex- président Hashemi Rafsanjani.
Madame Zahra Shojaie, la directrice du Centre, a précisé dans un entretien accordé aux journalistes [1] :
"Ce Centre a pour but de planifier et de coordonner les actes sociaux des femmes. Le Centre offre les services de consultation et établit les plans de participation des femmes aux niveaux importants. Notre stratégie consiste à faire élargir la participation des femmes dans tous les domaines y compris leur engagement dans la vie scientifique, économique, politique et culturelle. On a contribué à l'élaboration des principes de l'engagement des femmes dans la vie sociale et on a perfectionné la stratégie en dirigeant les plans de recherches et de l'équité sociale".
On propose les stages de formation aux femmes qui souhaitent occuper une place dirigeante dans la société. Près de 300 managers délégués ont été formés en deux ans, ce qui a augmenté le ratio du pays de 5.2%.
On garantit la participation des femmes lors des réunions internationales, les femmes sont spécialement formées aux langues étrangères, on leur offre également les cours des consultants dans les domaines administratifs.
Le Centre a également ouvert les bureaux des affaires des femmes dans tous les ministères. Dans 28 provinces du pays existent des commissions aux affaires des femmes. Le nombre des femmes actives augmente d'année en année".
Jusqu'à présent la plupart des femmes en Iran n'étaient employées que dans les domaines de l'agriculture, de l'artisanat, des travaux ménagers, de l'enseignement et de la santé publique. Seule une partie insignifiante des femmes s'engageait dans les domaines administratifs, commerciaux et industriels du pays. Conformément aux relevés statistiques récents les chiffres du pourcentage portant sur la participation des femmes à l'industrie ne s'élèvent qu'à 15%. Le rôle économique des femmes dans la plus-value totale est donc tout à fait insignifiant. [2]
Par conséquent, dans le troisième plan du développement social et économique du pays adopté par le ministère en 1997 on soulignait plus précisément la nécessité de :
1. Elargir les droits économiques des femmes et leur indépendance, y compris l'accès à l'emploi et aux conditions appropriées du travail et aux ressources économiques.
2. Garantir l'accès des femmes en égalité avec les hommes aux ressources, aux débouchés et dans le commerce.
3. Accorder les services d'affaires, les cours de formation et l'accès au marché d'information et des technologies.
4. Consolider les capacités économiques et les réseaux commerciaux.
5. Eliminer la ségrégation d'occupation ainsi que de toutes les formes de la discrimination d'emploi.
6. Développer l'harmonie des responsabilités familiales entre les femmes et les hommes. [3]
Conformément aux statistiques récentes, les femmes constituant 15 % de la main d'œuvre des secteurs industriels du pays participent à la production d'exportation, rapportant 1,600 millions d'euros. En général, en dehors d'exportation non pétrolières de l'Iran, faisant 3.013 milliards de dollars par an, 1.281 milliards de dollars sont rapportés par le travail des femmes.
Conformément aux statistiques, l'activité économique des femmes iraniennes est repartie de la manière suivante :
La population non active: 9.1 %
La population active: 90.9 %
La population employée dans l'agriculture: 23.04 %
La population employé dans l'industrie: 30.7 %
La population employée dans l'hôtellerie: 44.5 % [4]
Les statistiques montrent que la plus grande partie de la population féminine du pays sera engagée dans l'immédiat dans les domaines de planification et de réalisation . La société traditionnelle se transforme ainsi en société avancée. Durant toute la période d'après la révolution (depuis 1978) le mouvement social des femmes continue à évoluer, ce qui s'explique par la demande de la société, par son régime démographique et par son évolution.
Les institutions nationales de l'Etat contribuant au progrès des femmes (en dehors du Centre de la participation des femmes, il existe d'autres organismes tels que le Conseil culturel et social des femmes (1987), la Commission du Parlement pour les questions des femmes, de la famille et de la jeunesse (1997), Le Bureau général pour les questions des femmes et des questions judiciaires) [5] ont pour but de promouvoir l'égalité des sexes dans tous les domaines de la vie sociale, y compris la législation, les programmes et les projets.
La question de la participation des femmes dans des organisations de pouvoir décisionnel et exécutif de l'Iran est de la plus grande importance.
En 1998 les femmes occupaient 5.5 % des postes de managers et de directeurs dans des secteurs sociaux. En deux ans, leur nombre a doublé. Actuellement le nombre des femmes- managers est de 3,029. [6]
Lors des dernières élections (en mai 1997) les femmes ont présenté 7.2 % des candidates au Parlement et elles ont remporté 12 places (4.4 %) [7].
Actuellement les organisations nationales mènent un travail intense pour promouvoir les femmes de formation supérieure pour les postes de vice-président, de conseiller du président, de membre du cabinet de ministres, de conseiller des affaires politiques du cabinet du président, d'attachée de presse, d'adjointe au ministère de la santé publique ou de la culture , des directeurs dans d' importantes institutions administratives, pour les postes de juristes.
Il est pourtant à remarquer que le rôle des femmes dans les structures gouvernementales restait jusqu'à présent peu signifiante. Pour la première fois, durant les dix ans suivant la révolution d'islamique, deux femmes ont été nommées membres du cabinet présidentiel. L'une d'elles est la vice-présidente et directrice du département de l'environnement, l'autre est conseillère du président et directrice du centre pour la participation des femmes. [8]
Le problème du respect des droits juridiques des femmes, de leur protection sociale reste actuel. Comme cela fut déclaré lors de la 5e Conférence Internationale des Femmes qui a eu lieu à Beijing sous l'égide de l'UNESCO en 1995 et ensuite lors de cinq sessions spéciales tenues à New York en 2000 sous le nom «Femme-2000. L'Egalité de sexes, le Développement et la Paix au XXI siècle », - « les femmes de l'Iran moderne sont en grande partie privées de la protection juridique à cause de l'accès limité aux ressources financières et à cause du système traditionnel proclamant la priorité des hommes dans tous les domaines importants de la vie. » [9]
La représentation de l'UNESCO ayant à sa disposition un réseau d' agents et d'organisations en Iran participe d'une manière active aux manifestations humanitaires, techniques, sociales et culturelles du pays.
L'UNESCO a élaboré un programme spécial pour le développement du système social de la protection des femmes – le Programme du développement des Nations Unies, qui fournit des ressources pour le réalisation du projet en commun avec le Centre pour la participation des femmes . Le but principal du projet est de soutenir la création du Centre de diffusion de l'information sur les droits des femmes. Le schéma garantit une grande reconnaissance de leurs droits sociaux et légaux et l'élargissement de leur accès à l'information nouvelle sur toutes les questions de sexes. Il est prévu que ce Centre offrira les services de consultation en couvrant Téhéran et quatre autres grandes villes de province Isfahan, Fars, Mazandéran et Khorasan.
Pour établir et protéger les droits des femmes en Iran, l'une des organisations de l'UNESCO fonctionnant régulièrement dans le pays - le Fonds des Nations Unies pour les intérêts des enfants en coopération avec le Centre de la participation des Femmes a élaboré le module d'étude qui se réalisera sous une forme des ateliers et des réunions. Il seront organisés dans cinq provinces pour les membres des conseils municipaux, pour le personnel des commissions des femmes, des ministères et des institutions de l'Etat, scientifiques et nationales. Le module couvre un vaste spectre des problèmes :
1. Les droits des femmes à l'égalité et à la non-discrimination, l'accès à la santé publique, l'enseignement, la reproduction et la sexualité.
2. La prévention de la violence.
3. Les droits des femmes en famille.
4. Les droits des femmes en économie.
5. Les droits des femmes et l'environnement [10]
Lors de cette dernière décennie les organisations nationales et internationales ont bien avancé dans le domaine de l'amélioration du système de la santé publique. Les résultats considérables ont été obtenus en coopération avec l'Organisation Mondiale de la santé publique qui sert également une des représentations de l'UNESCO en Iran, avec le Ministère de la santé publique et de l'enseignement médical. L'espérance de vie des femmes a augmenté de 61.9 ans (1988) à 69.5 (1997) ; la mortalité des femmes a baissé trois fois ; presque 100 % des femmes habitant en ville et 84 % des femmes des campagnes bénéficient de l'assistance médicale complète et possède l'assurance médicale conforme; le nombre des maladies féminines liées à une infection, au SIDA ou au cancer a considérablement réduit. [11]
L'organisation mondiale de la santé publique a élaboré les programmes stratégiques pour répondre aux besoins des femmes iraniennes. En coopération avec le Ministère de la santé publique elle finance l'activité pour l'assurance de la santé des femmes en utilisant les technologies nouvelles.
Les changements considérables ont marqué le système éducatif des femmes. Actuellement, les femmes ont les mêmes droits pour l'enseignement que les hommes. Près de 60 % d'étudiants des établissements d'enseignement supérieur sont des jeunes femmes. Le niveau de culture générale des femmes a augmenté de 52.2 % en 1989 à 74.2 % en 1999. [12] Le Ministère de l'éducation nationale de l'Iran en coopération avec le Fonds de la population, des Nations Unies organise régulièrement des actions pour donner plus de valeur au rôle des femmes iraniennes dans le système de l'éducation . Les femmes ont accès aux sciences humanitaires, techniques, appliquées et biologiques. Les femmes représentent plus d'une moitié d'enseignants, des professeurs dans les Universités et les centres de recherches de l'Iran.
L'Etat assigne des fonds importants pour approvisionner l'établissement de l'enseignement supérieure par de nouvelles éditions de livres scolaires et de littérature spécialisée. Chaque année paraissent les éditions à fort tirage des traductions en persan des livres des écrivains européens portant sur les domaines différents de la science.
Parmi les nombreux programmes de l'UNESCO réalisés en Iran dans le domaine éducatif en coopération avec la Commission nationale de l'Iran dans le cadre de l'UNESCO, il faut noter des bourses destinées aux femmes-spécialistes pour faire des voyages à l'étranger, participer aux conférences et aux stages.
Le système éducatif en Iran ne se limite pas aux grandes villes. Durant les dix dernières années,un réseau d'établissement de l'enseignement secondaire et supérieure pour les femmes a été implanté en province.
L'Iran est un exemple de pays du Proche Orient, en voie de développement, où le rôle et les fonctions des femmes augmentent chaque année en dépit des restrictions et des interdictions du dogmatique fondamentaliste.
Directeur de la publication : Pascale Joannin
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