Analyse
Élections en Europe
Corinne Deloy
-
Versions disponibles :
FR
ENCorinne Deloy
Le 6 novembre, les Bulgares sont appelés aux urnes pour désigner le successeur de Rossen Plevneliev à la présidence de la République. Ce dernier a annoncé le 20 mai dernier qu'il renonçait, pour raisons personnelles, à postuler pour un 2e mandat à la tête de l'Etat. La mort accidentelle en août 2015 de son fils âgé de 14 ans n'est certainement pas étrangère à son retrait de la scène politique.
21 candidats se présentent à l'élection présidentielle, soit + 3 par rapport au précédent scrutin présidentiel des 23 et 30 octobre 2011. Environ 34 000 Bulgares résidant à l'étranger se sont inscrits pour remplir leur devoir civique, notamment au Royaume-Uni, en Turquie, en Allemagne, aux Etats-Unis et en Espagne.
Si aucun candidat ne s'impose le 6 novembre prochain, scénario fort probable compte tenu du nombre élevé de candidats, un 2e tour sera organisé le 13 novembre.
La campagne électorale a débuté le 7 octobre et s'achèvera le 4 novembre à minuit. Le parlement bulgare a décidé de se mettre en congé pour une période d'un mois de façon à permettre aux députés qui le souhaitent de s'engager dans la campagne présidentielle.
Nouvelle loi électorale
3 partis du gouvernement du Premier ministre Boïko Borissov - Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB) ; le Bloc réformiste (RB) (qui rassemble les Démocrates pour une Bulgarie forte de Radan Kanev, le Mouvement Bulgarie pour les citoyens de Meglena Kuneva, l'Union des forces démocratiques, le Parti national Liberté et Dignité et l'Union nationale agraire) et le Front patriotique - ont modifié la loi électorale trois semaines avant le 1er tour du scrutin présidentiel. L'Assemblée nationale (Narodno sabranie), chambre unique du Parlement, a entériné ces changements le 18 octobre dernier.
Le 6 novembre, les Bulgares sont aussi appelés à se prononcer par référendum sur la réforme de la loi électorale, et notamment sur le remplacement du vote à la proportionnelle par un vote au scrutin majoritaire, l'introduction du vote obligatoire (mesure adoptée par le parlement) et la réduction des subsides d'Etat versés aux partis politiques (de 11 lev (5,60 €) à 1 lev (0,50 €) pour chaque suffrage recueilli). Le premier point est sans doute celui qui pourrait avoir le plus de conséquences puisqu'il favorise indéniablement les " grands " partis. Par ailleurs, il pourrait apporter de la stabilité à une scène politique qui en a grandement besoin.
La consultation populaire a été proposée par l'animateur de télévision Slavi Trifonov qui a recueilli 572 650 signatures de soutien à son projet, soit au-dessus des 400 000 paraphes que doit absolument récolter tout citoyen désireux d'organiser un référendum sur un projet de loi.
Le porte-parole de la Commission électorale centrale, Tsvetozar Tomov, a déclaré sur la chaîne de télévision Nova TV qu'" aucune sanction ne sera infligée aux personnes qui ne se rendront pas aux urnes " et ce alors même que le vote est désormais obligatoire dans le pays.
Les Bulgares disposent également d'une nouvelle option de vote et pourront dès le 6 novembre se prononcer pour " aucun des candidats ", un choix qui leur sera offert désormais pour toutes les élections qui se déroulent au scrutin majoritaire comme celles permettant de désigner le président de la République et les députés.
Les candidats en lice
Les 21 candidats à l'élection présidentielle des 6 et 13 novembre sont :
– Tsetska Tsatcheva (et Plamen Manushev, candidat à la vice-présidence), 58 ans, candidate du parti au pouvoir (GERB), actuelle présidente de l'Assemblée nationale ;
– Roumen Radev (et Iliana Yotova), 53 ans, ancien chef des forces aériennes, soutenu par un comité d'électeurs et par le Parti socialiste (BSP), dirigé par Kornelia Ninova ;
– Traïtcho Traïkov (et Sabi Sabev), 46 ans, candidat du Bloc réformiste (RB), ancien ministre de l'Economie, de l'Energie et du Tourisme (2009-2012) ;
– Tatiana Doncheva (et Mincho Spasov), 56 ans, candidate de la coalition formée par le Mouvement 21 et le Mouvement national pour la stabilité et le progrès ;
– Krassimir Karakachanov (et Yavor Notev), 51 ans, député, candidat de la coalition Patriotes unis, qui rassemble le Mouvement national pour le salut de la Bulgarie, Ataka et le Mouvement national (VMRO) ;
– Ivaïlo Kalfin (et Lyubomir Halachev), 52 ans, ancien vice-Premier ministre et ministre du Travail et des Politiques sociales (2014-2016), candidat malheureux à la dernière élection présidentielle des 23 et 30 octobre 2011 où il avait recueilli 47,44% des suffrages au 2e tour de scrutin face à Rossen Plevneliev ;
– Plamen Oresharski (et Danail Papazov), ancien Premier ministre (2013-2014) et ministre des Finances (2005-2009), se présente en candidat indépendant ;
– Dimiter Marinov (et Radoslav Petrov), plus connu sous le nom de Mityo the Pistol, organisateur de concours de beauté ;
– Bisser Milanov (et Krasimir Nastev), qui s'est fait connaître durant les mouvements de protestation contre le gouvernement bulgare en 2013 et a fait plusieurs séjours en prison ;
– George Ganchev (et Kolyo Paramov), 77 ans, candidat de l'Union chrétienne-démocrate ;
– Velizar Enchev (et Bilyana Grancharova), 63 ans, candidat du Mouvement pour un changement radical-Printemps bulgare ;
– Alexander Tomov (et Radoslav Radoslavov), candidat des Sociaux-démocrates bulgares-Euroleft ;
– Nikolai Banev (et Sali Ibrayim), 57 ans, milliardaire, se présente en candidat indépendant ;
– Vesselin Mareshki (et Petar Petrov), 49 ans, homme d'affaires ;
– Gospodin Tonchev (et Andrey Andreev), candidat de la Communauté démocratique bulgare ;
– Kamen Popov (et Georgi Nedelchev), se présente en candidat indépendant ;
– Kemil Ramadan (et Momchil Dobrev), candidat de la Ligue démocratique balkanique ;
– Diana Dimitrova (et Gabriel Gerasimov), se présente en candidat indépendant ;
– Yordanka Koleva (et Veselin Hristov), se présente en candidat indépendant ;
– Plamen Paskov (et Svetozar Saev), se présente en candidat indépendant ;
– Roumen Galabinov(et Veska Voleva) se présente en candidat indépendant.
La campagne électorale
Le 3 octobre, le Premier ministre Boïko Borissov, qui a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de ... 2021 !, a indiqué qu'il démissionnerait de ses fonctions à la tête du gouvernement si la candidate du GERB, Tsetska Tsacheva, ne remportait pas l'élection présidentielle dès le 1er tour. Selon lui, ce dernier permet d'évaluer le poids de chaque parti politique. Pour que le GERB conserve sa légitimité à gouverner, sa candidate doit donc impérativement s'imposer. Dans le cas contraire, le chef du gouvernement démissionnera et dans la foulée organisera des élections législatives anticipées pour retrouver sa légitimité.
Selon les analystes politiques, un nouveau scrutin législatif conduirait à une victoire du GERB qui n'obtiendrait cependant pas la majorité absolue.
" La Bulgarie a besoin de stabilité, d'unité nationale et de voir la loi régner " a déclaré Tsetska Tsacheva qui ambitionne de devenir la première femme présidente de la République de Bulgarie.
Le choix de Roumen Radev comme candidat de la gauche du gouvernement marque le rapprochement du Parti socialiste et de l'Alternative pour une renaissance de la Bulgarie (ABV), parti de l'ancien président de la République (2002-2012), Georgi Parvanov. Le choix est judicieux, les forces armées bénéficiant d'une bonne image. Toutefois Roumen Radev est peu connu des Bulgares, ce qui, dans le contexte actuel, est plutôt un avantage. Il a fait parler de lui en 2014 lorsqu'il a présenté sa démission au Premier ministre Boïko Borissov pour protester contre la faiblesse du soutien de l'Etat aux forces militaires aériennes. Il avait repris sa démission après avoir été reçu par le chef u gouvernement.
Meglena Kuneva, dirigeante du Mouvement Bulgarie pour les citoyens, membre du Bloc réformiste, a annoncé le 17 octobre dernier que son parti quitterait le gouvernement si son candidat (celui du Bloc réformiste) Traïtcho Traïkov n'améliore pas le 6 novembre prochain les résultats du candidat du parti lors des deux derniers scrutins présidentiels.
La fonction présidentielle
Le président de la République bulgare (et son vice-président avec lequel il forme un ticket) est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Les candidats à la magistrature suprême peuvent être présentés par des partis politiques, des alliances électorales ou des comités d'électeurs.
La fonction présidentielle est essentiellement honorifique, le chef de l'Etat possède toutefois un pouvoir de veto lui permettant de renvoyer un projet de loi vers l'Assemblée nationale, ce qui oblige les députés à ouvrir un nouveau débat.
Le président de la République est le chef des armées, il conclut les traités internationaux et représente son pays à l'étranger. La Constitution interdit l'appartenance du chef de l'Etat à un parti politique. Par ailleurs, le président et le vice-président ne peuvent pas être issus du même parti.
Rappel des résultats de l'élection présidentielle des 23 et 30 octobre 2011 en Bulgarie
Participation : 52,29% (1er tour) et 48,25% (2e tour)
Les sondages
La dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Mediana crédite Tsetska Tsacheva, de 25,4% des suffrages lors du 1er tour de scrutin et Roumen Radev de 18%. Si la candidate du GERB parvient à rassembler les trois quarts (75%) des sympathisants de son parti, la mobilisation semble plus importante au sein de l'électorat de gauche.
Krassimir Karakachanov arriverait en 3e position avec 9,9% des suffrages, suivi d'Ivaïlo Kalfin, avec 6,1%, et de Tatyana Doncheva, 4,8%, de Traïtcho Traïkov 4,2%, Vesselin Mareshki, 3,2%, de Plamen Oresharski 1,3% et George Ganchev, 0,6%.
Le choix que feront les proches du Mouvement pour les droits et les libertés (DPS), dirigé par Mustafa Karadayi et représentant la minorité turque de Bulgarie, pourrait s'avérer décisif, le parti ne présentant pas de candidat à l'élection présidentielle.
Environ 11% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles s'apprêtaient à voter blanc, nul ou à mettre dans l'urne un bulletin " aucun des candidats ". Ceux qui choisissent cette option sont principalement des jeunes résidant dans les grandes agglomérations. 13,4% des sondés ont affirmé qu'ils ne se rendraient pas aux urnes le 6 novembre. Le référendum devrait néanmoins contribuer à augmenter la participation.
Selon les sondages, au 2e tour de scrutin, Tsetska Tsacheva battrait Roumen Radev.
Sur le même thème
Pour aller plus loin
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
27 janvier 2025
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
13 janvier 2025
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
2 janvier 2025
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
16 décembre 2024
La Lettre
Schuman
L'actualité européenne de la semaine
Unique en son genre, avec ses 200 000 abonnées et ses éditions en 6 langues (français, anglais, allemand, espagnol, polonais et ukrainien), elle apporte jusqu'à vous, depuis 15 ans, un condensé de l'actualité européenne, plus nécessaire aujourd'hui que jamais
Versions :