Référendum sur la Constitution européenne en Espagne le 20 février, le point à une semaine du scrutin

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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13 février 2005
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Fondation Robert Schuman

La campagne électorale pour le référendum sur la Constitution européenne a officiellement débuté en Espagne le 4 février dernier. Elle durera deux semaines.

34 687 888 électeurs sont appelés aux urnes le 20 février prochain pour se prononcer sur la ratification du texte européen. Ce référendum, en dépit de son importance pour l'Union - les Espagnols sont les premiers Européens à s'exprimer par référendum sur ce texte - n'est que consultatif, la Constitution devant être obligatoirement ratifiée par les deux Chambres du Parlement (Cortes generales). La ratification parlementaire pourrait être signée avant l'été prochain. Selon la loi électorale, le budget dédié à l'organisation du référendum ne peut excéder sept millions d'euro.

Parmi les formations représentées au Parlement, le Parti socialiste (PSOE), le Parti populaire (PP), le Parti nationaliste basque (PNV), Convergencia i Unio (CiU) et la Coalition des Canaries (CC) se sont déclarés en faveur de la ratification de la Constitution européenne. En outre, les deux grandes centrales syndicales espagnoles, l'Union générale des travailleurs (UGT) et la Confédération syndicale des commissions ouvrières (CCOO), appellent également à voter « oui » le 20 février prochain.

En revanche, la Gauche unie (IU), Esquerra republicana de Catalunya (ERC), le Bloc nationaliste galicien (BNG), Nafarroa Bai (Na Bai), formation nationaliste de Navarre, Eusko Les deux tiers des sympathisants des formations opposées à la ratification de la Constitution européenne (65%) déclarent toutefois qu'ils ne suivront pas les consignes de vote de ces partis.

La grande formation catalane, Convergencia i Unio (CiU) a longtemps hésité avant de refuser de rejoindre le camp du « non », constitué par des partis dont la formation ne partage pas les idées politiques. Le Parti socialiste catalan (PSC), au pouvoir à Barcelone depuis les dernières élections régionales du 16 novembre 2003, est également favorable à la ratification de la Constitution européenne. La Gauche unie reproche au texte européen son insuffisance en matière de mesures sociales tandis que les partis régionaux -Esquerra republicana de Catalunya, le Bloc nationaliste galicien, Nafarroa Bai, Eusko Alkartasuna et la Chunta aragonaise- condamnent le fait que la Constitution ne reconnaisse pas le catalan et le basque comme langues officielles et l'accuse de ne pas respecter le fait régional.

Par la voix de son porte-parole Arnaldo Otegi, Batasuna, formation interdite et considérée comme la branche politique de l'organisation terroriste ETA, a également appelé les Basques à voter « non » à la ratification de la Constitution, estimant que celle-ci dessert la cause indépendantiste. « La Constitution européenne sera utilisée comme une arme juridique pour dénier aux Basques leur capacité de décision » a affirmé Arnaldo Otegi qui s'est prononcé en faveur d'une « Europe des peuples ».

Le Parti socialiste organisera environ sept cent réunions pré-électorales, le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero participera à dix d'entre elles. « Nous avons progressé avec l'Europe et nous progresserons davantage si nous appuyons le projet de Constitution européenne. Une Europe forte et unie est ce qu'il y a de mieux pour une Espagne forte et unie » a affirmé le Premier ministre qui a également averti les Espagnols que « le « non » d'un Etat membre engendrerait une situation de crise et un risque de paralysie ». Le 7 février dernier, José Luis Rodriguez Zapatero a reçu José Manuel Barroso à l'Université d'Alcala de Henares. Le Premier ministre a remis une médaille au Président de la Commission européenne pour sa contribution à la rédaction de cette Constitution : « La Constitution nationale de 1978 a apporté à l'Espagne une longue période de paix, de démocratie, de stabilité, de pluralité et de prospérité. La Constitution européenne est une extension naturelle de la Loi fondamentale espagnole et un véritable instrument de paix » a-t-il déclaré.

Le 11 février, le Premier ministre a accueilli le Président de la République française, Jacques Chirac, au Palais des Congrès de Barcelone pour un meeting en faveur du « oui » à la Constitution, qualifié « d'acte civique européen ». Cloués au lit par la grippe, le chancelier allemand, Gerhard Schröder, et le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi n'ont pu honorer leur invitation à participer à cette grande réunion européenne. « Le vote sur la Constitution est un acte de reconnaissance des succès obtenus jusqu'ici mais également un geste d'espoir », a affirmé José Luis Rodriguez Zapatero. « Personne ne peut mettre en doute que nous vivons mieux dans l'Union européenne » a t-il ajouté. De son côté, Jacques Chirac a invité les Espagnols « à montrer le chemin à toute l'Europe de manière éclatante en votant massivement « oui » ».

« Le processus de construction européenne a été un succès pour le continent et aussi pour l'Espagne et la Constitution permettra le développement d'un modèle d'économie sociale de marché hautement compétitif » a déclaré le leader de la principale formation d'opposition, le Parti populaire, Mariano Rajoy, qui devant les Cortes generales le 8 février a appelé les Espagnols à « voter « oui », sans réserves, sans fissures et sans conditions » le 20 février prochain. « La Constitution européenne est la garante d'un Etat démocratique et du respect de la légalité puisqu'elle définit l'Europe comme une union d'Etats et de citoyens, une définition qui ferme la porte aux délires indépendantistes » a ajouté le chef de l'opposition. Le Parti populaire tiendra cinq cents réunions publiques et Mariano Rajoy sera présent à quinze d'entre elles. Ce dernier évitera cependant tout contact avec le Premier ministre durant la campagne.

Après que le secrétaire général de la formation conservatrice, Angel Acebes, a souligné le fait que le gouvernement ne pouvait « à la fois mener une campagne critique et agressive contre le Parti populaire et demander aux électeurs de ce parti de voter « oui » », Maria Teresa Fernandez de la Vega, vice-présidente du gouvernement, a demandé au Parti populaire « plus de clarté » sur son engagement dans la campagne électorale. Elle a exprimé le désir que les dirigeants de la principale formation d'opposition « ne confondent pas les affaires internes à l'Espagne avec un thème qui nous dépasse tous, l'Europe ». « Il s'agit de l'Europe » est d'ailleurs le slogan choisi par le Parti socialiste.

De leur côté, le Parti communiste, la Gauche unie et Esquerra republicana de Catalunya ont tenu, sous l'égide du parti de la gauche européenne dont l'ensemble des membres sont opposés à la Constitution européenne, le 29 janvier dernier un meeting en faveur du « non ». Les représentants de trois formations européennes –Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français, Wolfgang Gehrke, leader du Parti du socialisme démocratique (PDS) allemand et Fausto Bertinotti, secrétaire général de Refondation communiste (RC) en Italie et président du Parti de la gauche européenne- ont participé à cet événement. « Nous ne sommes évidemment pas contre l'Europe, mais contre une famille européenne fondée sur le libéralisme et qui ne prend pas en compte les droits des citoyens » a déclaré le dirigeant de la Gauche unie, Gaspar Llamazares.

Enfin, l'Eglise espagnole a, pour la première fois de son histoire, légitimé l'abstention électorale au référendum du 20 février prochain : « Le « oui », le « non », le vote blanc ou l'abstention sont de possibles options légitimes » indique un communiqué de la conférence épiscopale. Si l'Eglise rappelle que le référendum n'est que consultatif, une abstention élevée constitue cependant la plus grande crainte du gouvernement. Le 9 février dernier, le président du Parlement européen, Josep Borrell Fontelles, a déclaré qu'il serait « satisfait si le taux de participation dépassait les 40% le 20 février prochain ».

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée entre le 19 et le 24 janvier par le Centre d'investigations sociologiques et publié le 10 février, plus de la moitié des Espagnols (51,2%) se déclarent prêts à voter en faveur de la ratification de la Constitution européenne, seuls 5,7% se prononceraient pour le « non ». 16% des personnes interrogées pensent qu'elles s'abstiendront, 4,6% voteront blanc et deux Espagnols sur dix (20%) sont encore indécis. Le nombre d'électeurs favorables à la Constitution a progressé de 8,5 points depuis le dernier sondage réalisé par ce même institut en décembre. Si 60% des personnes interrogées affirment connaître « peu » ou « très peu » la Constitution européenne, les deux tiers des Espagnols (65%) considèrent cependant qu'il est « préférable pour les intérêts espagnols » que la Constitution soit approuvée.

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