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Election présidentielle - 2 janvier 2005

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

-

2 janvier 2005
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

Le 2 janvier prochain, les électeurs croates sont appelés, pour la quatrième fois depuis l'indépendance du pays proclamée le 8 octobre 1991, à élire leur Président de la République. L'actuel Chef d'Etat, Stjepan Mesic, dont le mandat s'achève le 18 février 2005, a annoncé son intention de briguer un deuxième mandat et fait figure de grand favori de ce scrutin. Selon de nombreuses enquêtes d'opinion, l'actuel Président pourrait être réélu dès le premier tour de l'élection présidentielle.

Le système politique croate

Selon la Constitution, l'élection présidentielle doit avoir lieu au plus tard trente jours et au plus tôt soixante jours avant l'échéance du mandat du Président de la République en exercice. Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire. Il n'est rééligible qu'une fois.

Alors que l'ancien Président de la République (1991-1999) et héros de l'indépendance, Franjo Tudjman, possédait des pouvoirs importants, la réforme constitutionnelle du 28 février 2001 a renforcé les pouvoirs du Sabor (Parlement) en supprimant l'ancienne Chambre haute (la Chambre des Comitats) et de ce fait, réduit considérablement les pouvoirs du Président de la République. Celui-ci nomme le Premier ministre et les membres du gouvernement, représente la Croatie à l'étranger et accrédite les ambassadeurs. Il est également associé au gouvernement dans l'élaboration et la conduite de la politique étrangère du pays. Chef des armées, il dispose de pouvoirs exceptionnels en temps de guerre. Enfin, il peut dissoudre le Sabor et soumettre à référendum, avec l'accord du gouvernement, un projet de loi ou une réforme constitutionnelle.

Tout candidat à la fonction présidentielle doit réunir sur son nom dix mille signatures pour pouvoir participer à l'élection, un nombre que la présidente de la Commission électorale, Ivica Crnic, estime trop faible au vu du nombre d'habitants du pays. La présidente considère que la Croatie, qui possède une population quasiment identique à celle de la Slovaquie, devrait comme ce pays doubler le nombre de signatures requises pour pouvoir être candidat à l'élection présidentielle. Ivica Crnic souhaiterait également introduire dans la loi électorale l'obligation pour les candidats de verser, au moment du dépôt de leur candidature, une certaine somme d'argent qui serait reversée aux candidats recueillant le nombre suffisant de signatures et, si ce nombre n'est pas atteint, utilisé à des fins humanitaires.

Treize personnes sont depuis le 13 décembre dernier officiellement candidates au poste de Président de la République. Il s'agit de :

Djurdja Adlesic (Parti social-libéral, HSLS) ;

Miroslav Blazevic (Parti des vétérans), ancien sélectionneur de l'équipe de football qui a terminé troisième de la Coupe du monde de 1998 ;

Ljubo Cesic, candidat indépendant ;

Mladen Keser, candidat indépendant ;

Jadranka Kosor (Communauté démocratique, HDZ), actuelle vice-Premier ministre et ministre des Affaires sociales ;

Doris Kosta, candidat indépendant ;

Anto Kovacevic (Union chrétienne-démocrate, HKDU) ;

Slaven Letica, (Parti du droit, HSP) ;

Stjepan Mesic, actuel Président de la République, candidat du Parti social-démocrate (SDP), du Parti populaire (HNS), du Parti des paysans (HSS), du Parti démocrate d'Istrie (IDS), de la formation indépendante Libra, du Parti libéral (LS), de l'Alliance Primorje-Gorski Kotar (PGS) et du Parti de l'action démocratique ;

Boris Miksic, homme d'affaires, candidat indépendant ;

Tomislav Petrak (Parti du peuple) ;

et Miroslav Rajh (Parti de la jeunesse).

Les enjeux de l'élection présidentielle

Agé de soixante-dix ans, Stjepan Mesic a succédé le 7 février 2000 à Franjo Tudjman qui a dirigé la Croatie de son indépendance en 1991 jusqu'à sa mort en décembre 1999. Stjepan Mesic a également été le dernier Président de la Fédération yougoslave, aujourd'hui démantelée. Les trois principales formations d'opposition de gauche lui ont apporté le 5 décembre dernier leur appui à l'élection présidentielle. Le président du Parti social-démocrate, Ivica Racan, la présidente du Parti populaire croate, Vesna Pusic, et la vice-présidente du Parti des paysans croates, Ljubica Lalic, ont signé un document mentionnant leur soutien à l'actuel Président de la République.

Agée de cinquante-deux ans et entrée en politique en 1995, Jadranka Kosor, vice-présidente de la Communauté démocratique, est la principale rivale de l'actuel Président de la République. Elle a déclaré souhaiter mener une « campagne positive, sans entrer en conflit avec Stjepan Mesic ». Cependant, en dépit de sa popularité et de celle de la Communauté démocratique revenue au pouvoir en novembre 2003 après quatre années passées dans l'opposition – le Premier ministre, Ivo Sanader, est la deuxième personnalité la plus populaire du pays derrière Stjepan Mesic - l'actuelle vice-Premier ministre et ministre des Affaires sociales du gouvernement dirigé par Ivo Sanader ne paraît nullement en mesure d'inquiéter l'actuel Président.

Selon de nombreux analystes politiques, seule la présence d'Ivo Sanader aurait pu mettre en danger l'actuel Président de la République. Mais le Premier ministre a fait le choix de rester à la tête du gouvernement, d'une part parce que la victoire à l'élection présidentielle n'était pas assurée et, d'autre part, parce que les fonctions de chef du gouvernement lui sont apparues comme plus importantes que celle de Chef d'Etat.

Ratko Macek, porte-parole de la Communauté démocratique, a été désigné chef de la campagne présidentielle de Jadranka Kosor. Celui-ci a déjà exercé cette fonction lors des dernières élections législatives du 23 novembre 2003 remportées par la Communauté démocratique. Ratko Macek a affirmé que la campagne de sa candidate serait moins onéreuse que celle de Stjepan Mesic qui a déclaré que la sienne nécessiterait environ quatre millions de kunas.

Anto Kovacevic (HKDU) a justifié sa candidature par le choix fait par la Communauté démocratique de ne pas présenter Andrija Hebrang, représentant de l'aile droite de la formation, à la candidature. Le vice-président de l'Union chrétienne-démocrate estime en effet qu'il pourrait se maintenir au deuxième tour en rassemblant sur son nom les suffrages des personnes qui auraient volontiers voté en faveur de Andrija Hebrang lors de scrutin.

La dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Puls et publiée le 3 décembre crédite l'actuel Président de la République de 51% des suffrages, contre 20% à sa principale adversaire, Jadranka Kosor.

Aucun des autres candidats ne passe, dans ce sondage, la barre des 5% des suffrages, Slaven Letica (HSP) figurant en troisième position.

Les jeux semblent donc faits pour cette élection présidentielle, la seule question qui se pose étant de savoir si Stjepan Mesic l'emportera dès le 2 janvier prochain ou si un deuxième tour de scrutin sera nécessaire à sa réélection.

La campagne électorale, qui a débuté le 16 décembre dernier, s'achèvera le dernier jour de cette année.

Rappel des résultats de l'élection présidentielle croate des 23 janvier et 7 février 2000

Participation : 64,27% au premier tour et 60,88% au deuxième tour

source : le courrier des pays de l'est, n°1036-1037, juin-juillet-août 2003, europe centrale et orientale 2002-2003, l'ancrage dans l'union européenne sur fond de tropisme américain, paris, la documentation française, 2003.

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